Sayfadaki görseller
PDF
ePub

de Dieu, le glaive qu'ils devaient consacrer à sa défense. C'est ainsi que, pour le plus grand mal des générations futures, l'empire était venu se briser sur le roc de Pierre ; son éclat s'était éclipsé pour toujours, bien qu'il continuât, s'éteignant peu à peu pendant un demi-siècle encore, à jeter quelques lueurs passagères. Le siècle qui suivit immédiatement la déposition de Frédéric, jugée par ses successeurs eux-mêmes, entre autres, par Rodolphe de Hapsbourg, comme un acte de toute justice (1), ne vit déjà plus lui-même qu'un seul empereur, qui ne fit qu'apparaître, comme un météore fugitif (2).

En cessant de briller au zénith de la société chrétienne, l'astre impérial laissa se lever d'autres lumières, dont sa splendeur avait jusqu'alors effacé l'éclat plus modeste. En Allemagne, ce furent les grands feudataires terriens, qui commencèrent à rivaliser de puissance avec le souverain, et à s'efforcer entre eux de soumettre à leur domination d'autres seigneurs qui ne relevaient point de l'empire. Mais, en même temps qu'ils poursuivaient sans obstacle leur marche ascensionnelle vers la suzeraineté, les fiefs dominants acquéraient, même pour les rapports de l'Église et de l'État, une importance de jour en jour plus considérable. A la chute de Frédéric, la France, cette éternelle rivale de l'Angleterre, aurait dû revendiquer le titre glorieux de protectrice de l'épouse de Jésus-Christ; elle ne lui prépara que des fers. C'est dans ce royaume que nous allons voir la première application du faux principe de la domination absolue de l'État, par un roi dont le surnom, tiré de la beauté de son corps, ne répondait guère à ses autres qualités (§ 130). Mais l'importance politique de la monarchie française, qui prenait alors tous les jours une plus grande extension, au grand détriment de la liberté de l'Église, et, par contre-coup aussi, de celle des peuples occidentaux, exige que nous jetions un regard ra

(1) Bohmer, Reg. Imp. II, p. 54.

(2) Henri VII n'occupa le trône impérial que du 29 juin 1312 au 24 août 1313; moins de quatorze mois.

pide sur certains événements de l'histoire de France antérieurs au règne de Philippe le Bel. C'est à quoi nous conduit naturellement l'examen d'une décrétale d'Innocent III, au sujet des deux royaumes de France et d'Angleterre (1).

S CXXIX.

4. La décrétale Novit.

Pendant le règne de Charles le Simple, Rollon, le célèbre conquérant normand, était devenu vassal de la couronne de France. Un siècle et demi plus tard, Guillaume, duc de Normandie, conquérait le trône des Anglo-Saxons. Cet événement ne modifiait en rien les rapports de subordination féo

(1) Annal. Mettens, ann. 1215 (Pertz, Monum. Germ. hist., tom. V, p. 159), et Richard de S. Germano, Chron. Concilium Romæ sub Innocentio papa. Ibi degradatus est Otto quondam imperator, et excommunicatus est ab omni concilio.-Muratori, Script. rer. Ital, tom. VII, p. 989 : Dictus Papa Romæ apud Lateranum in ecclesia Salvatoris quæ Constantiniana dicitur, sanctam synodum celebravit, in qua cum fuerint Patres circiter quadringenti, de reformatione Ecclesiæ in suo sermone proposuit, et liberatione potissimum Terræ Sanctæ. Interfuerunt autem Regum et Principum totius Orbis Nuntii, Legatus quoque Regis Friderici Panormitanus Archiepiscopus, Berandus nomine, et Mediolanensis quidam pro parte Othonis ad mandatum Ecclesiæ redire volentis. Sed Marchio Montis-Ferrati, qui erat pro parte Regis ipsius, adversarium se opponens, quod pro Othone ipso non deberent audiri, sex in medio capitula protulit. Primum, quia juramentum, quod Romanæ Ecclesiæ fecerat, nod servavit ut debuit. Secundum, quia propter quæ fuit excommunicatus adhuc detinet nec reddidit, ut juravit. Tertium, quia Episcopum quemdam excommunicatum tanquam ipsius fautorem nititur confovere. Quartum, quia Legatum Episcopum alium capere, et in majoris iniquitatis cumulum incarcerare præsumpsit. Quintum, quia in contemptum Romanæ Ecclesiæ Regem Fridericum Regem appellavit Presbyterorum. Sextum, quia quoddam Monialium Monasterium destruxit et erexit in arcem. Adjecit etiam, quod cum ipsi Mediolanenses simili essent excommunicatione notati, tanquam ipsius Othonis complices et fautores, et quia eorum civitas Paterenos fovebat, nulla prorsus debebant ratione audiri. - Sedit autem usque tertio ipse Dominus Papa et tunc electionem factam per Principes de Rege Friderico in Imperatorem Romanum, approbans, confirmavit.- En rapprochant ce qui se passe ici dans le concile de Latran avec ce qui eut lieu dans le concile de Lyon, en 1245, on voit que Frédéric perdait le trône par les mêmes raisons qui l'avaient appelé à y monter à la place d'Othon. Frédéric connaissait la déposition de son prédécesseur, et ainsi il n'était point recevable à se plaindre, comme d'une injustice, d'encourir le même sort pour les mêmes motifs.

-

dale du nouveau roi vis-à-vis du monarque français; seulement, il donnait au vassal un accroissement de puissance inquiétant pour le suzerain. Mais un autre vassal du roi de France, bien plus dangereux encore, fut Henri Plantagenêt d'Anjou, qui, comme petit-fils de Henri Ier, réunit sous son sceptre l'Angleterre et la Normandie, auxquelles vint se joindre l'Irlande, qui lui fut donnée par le pape (1).

Ce lien féodal, qui tenait les possessions continentales des rois d'Angleterre sous la suzeraineté de la couronne de France, était, non-seulement une source de démêlés incessants, mais, en contribuant à alimenter l'animosité et la rivalité des souverains des deux nations, leur mettait sans cesse les armes à la main, et les poussait l'un contre l'autre dans des luttes longues et sanglantes.

La conduite honteuse de Jean d'Angleterre avait plusieurs fois déjà obligé Philippe-Auguste à lui déclarer la guerre, lorsque le pape Innocent III se vit dans le cas d'intervenir en faveur de cet odieux rejeton des Plantagenêts, et de sommer le roi de France de cesser les hostilités.

Assurément l'Église avait peu de motifs pour être favorable à la maison des Plantagenêts; elle ne pouvait se louer beaucoup du règne de Henri II, dont l'attitude à l'égard du saint-siége était si ouvertement hostile, qu'il devait nécessairement et inévitablement en sortir des occasions de violents conflits. La querelle des investitures avait, il est vrai, été vidée pour l'Angleterre dès le commencement du douzième siècle; mais à côté des investitures, il s'était établi une foule de coutumes extrêmement onéreuses pour l'Église (S 126). Henri II tenait à ces coutumes avec la même opiniâtreté que si cette parole de Jésus-Christ, Je suis la vérité, eût été pour lui synonyme de celle-ci : Je suis la coutume (2). Dans

(1) Rymer, Fœder., tom. I, p. 19.- Bianchi, Della potestà e della politia della Chiesa, tom. II, p. 352.- Englische Reich- und Rechtsgeschichte, vol. 1, p. 175 sqq.

(2) Gottfr. Vindoc., Opusc. IV, col. 888. Cum igitur Christus veritas sit, sicut ipse dixit: « Ego sum veritas, » nec unquam, « Ego sum consuetudo,

[ocr errors]

ce qu'on décora du nom de Constitutions de Clarendon (1), on avait revêtu de la forme écrite ces divers usages, qui ne remontaient pas au delà du règne de l'aïeul de Henri II, et qui, par cette raison, étaient désignées sous le nom de Consuetudines avitæ, qui lui convenait mieux, en effet, que la qualification d'antiquæ (1164). Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry, eut la faiblesse d'admettre ces constitutions; mais bientôt, déplorant cette première faute, il défendit courageusement la liberté de l'Église, et mourut martyr de cette sainte cause. Toute la chrétienté vit avec horreur le meurtre commis par les sicaires du despote sur les marches mêmes de l'autel. Emporté par son indignation, Louis VII, roi de France, écrivit à Alexandre III : « Que le glaive de Pierre soit tiré pour venger le martyr de Cantorbéry; car son sang crie vengeance, non-seulement pour lui, mais pour toute l'Église (2). »

[ocr errors]

«

«

Cependant Henri n'avait point participé directement à cet attentat, il l'avait seulement provoqué par la manifestation violente de sa haine contre l'héroïque prélat. Son fils Jean alla plus loin que lui, il trempa ses propres mains dans le sang de son neveu Arthur. Si donc, malgré l'énormité de son crime, le pape Innocent a pu s'intéresser à ce prince cruel et fourbe, mais qui n'était encore, il faut le dire, signalé comme assassin que par la rumeur publique (3), on doit évidemment supposer qu'il y avait eu, en réalité ou en apparence, violation de ses prérogatives royales, et une violation telle, que le jugement en devait être réservé au chef de l'Église. Voici le fait dans son ensemble.

Une haine irréconciliable existait entre le roi de France Philippe et la maison des Plantagenêts. Cette haine avait enfanté plusieurs querelles, presque toujours vidées par les

dixerit; qui Christianus est Christum, qui rex est, regem regum, ipsam scilicet veritatem sequatur, non consuetudinem.

(1) Englische Reichs und Rechtsgeschichte, vol. 1, p. 161 sqq. (2) Rymer, Fœdera, tom. I.

(3) Hurter, Gesch. Innocenz III, und seiner Zeitgenossen, vol. 1, p. 551.

[ocr errors]

armes, et qui ne se terminaient quelquefois par des traités de paix que pour recommencer bientôt avec une nouvelle animosité. Philippe avait déjà combattu tour à tour contre Richard Cœur de Lion et son frère Jean, lorsque le bruit de l'assassinat du prince Arthur arriva jusqu'à sa cour. Aussitôt il cita le roi d'Angleterre à son tribunal féodal, comme vassal de la couronne de France, pour avoir à se justifier de l'accusation portée contre lui. Jean n'ayant point comparu dans le délai fixé, Philippe envahit à main armée la Normandie, qui faisait alors partie de l'apanage des princes d'Anjou. Jean dénonça cet acte au saint-siége, en accusant le roi de France, selon les formalités canoniques, d'avoir repris déloyalement les hostilités avant l'expiration de la trêye. Ces luttes sanglantes et perpétuelles des deux plus puissants princes de la chrétienté étaient déjà par elles-mêmes un sujet de grande affliction pour l'Église et pour le pape. Indépendamment des calamités que la guerre entraîne toujours à sa suite, il y avait à cette époque un motif tout particulier de déplorer la colère aveugle qui poussait ainsi l'un contre l'autre les rois de France et d'Angleterre ; toutes les forces qu'ils employaient à se combattre, ils auraient pu, en les réunissant sous le drapeau de la croisade, les conduire glorieusement à la conquête de la Terre sainte, tombée de nouveau sous le joug des infidèles (1).

Cette conquête, Innocent l'appelait de tous ses vœux, et c'est pourquoi il avait toujours eu recours à toutes les voies de la conciliation pour opérer un rapprochement pacifique entre le suzerain et le vassal, dans l'espoir de les amener à marcher ensemble à la délivrance des saints lieux. Mais toutes ses exhortations n'avaient abouti qu'à des résultats peu importants, aucun des deux rois ne voulant céder de ses prétentions.

Sans négliger l'occasion de dire à Jean de sévères vérités

(1) Innoc. III, Epist., lib. VI, ep. 68 (Bréquigny, Diplomat., P. II, tom. I, p: 278).

« ÖncekiDevam »