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clara solidaire de l'erreur poursuivie, et soutint qu'il n'était pas hérétique de dire que Jésus-Christ et ses apôtres ne possédaient rien, ni individuellement, ni en commun (1). Jean XXII, persuadé que, vu qu'il n'était pas intervenu de définition dogmatique sur la pauvreté évangélique, il pouvait -être utile de discuter scientifiquement cette question, suspendit, par la constitution Quia nonnunquam (2), la disposition contraire de Nicolas III, dans la décrétale Exiit. Mais au lieu d'attendre la définition dogmatique du chef de l'Église, Michel de Césène, général de l'ordre, se crut autorisé à la prononcer lui-même dans un chapitre tenu à Pérouse, auquel ́assistait aussi l'Anglais Guillaume d'Occam. Cette décision, dont l'idée seule aurait dû être repoussée en présence de la disposition de Nicolas III, portant que toutes les questions douteuses de ce genre devaient être réservées au saintsiége (3), entrait pleinement dans les opinions de Bérenger de Tolom. Elle fut suivie des deux bulles pontificales: Ad conditorem et Cum inter nonnullos, insérées l'une et l'autre dans la collection des extravagantes de Jean, sous le titre : De verborum significatione (4). Dans la première, le pape restituait aux frères mineurs la propriété des biens mobiliers ou immobiliers, transportée par Nicolas III à l'Église romaine (5); dans la dernière, pour mettre fin à la dispute, il rendait une décision dogmatique portant qu'il fallait considérer comme erronée et hérétique l'opinion d'après laquelle Jésus-Christ et ses apôtres n'auraient rien possédé en propre, soit en particulier, soit en commun (6). Le pape réitérait la même déclaration touchant cette autre proposition, que Jésus-Christ n'avait eu aucun droit de propriété ni d'usage sur les choses qu'il avait possédées en commun avec ses disciples.

(1) Raynald., ann. 1322, n. 53, p. 242.

(2) Cap. 2, d. V. S. Extrav. Joann. XXII, tit. 14.

(3) Cap. Exiit. § Sed si quid.

(4) Cap. 3 et 4.

(5) Raynald., ann. 1322, n. 70, p. 249.

(6) $ 114.

III.

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La bulle Ad conditorem avait vu, dès son apparition, s'élever un contradicteur: Bonagratia, frère mineur de Bergame, avait avancé que le pape n'était pas en droit de rejeter le chapitre Exiit sanctionné par le concile de Vienne; à son exemple, Jean et Michel de Césène (1), suivis de Guillaume d'Occam (2), protestèrent aussi contre la décrétale de Jean XXII. En présence de cette opposition, le pape publia la deuxième bulle Quia quorumdam (3), qui mettait au ban de l'Église tous ceux qui hésitaient encore à se soumettre aux décisions apostoliques; mais, au lieu d'imiter la sage conduite de Jean de Poilly, docteur de l'Université de Paris, qui, par la rétractation de ses erreurs, a immortalisé son nom dans le Corpus juris canonici (4), ces religieux franciscains, condamnés également par le chapitre tenu en 1331, à Perpignan, sous la présidence de Gérald, général de l'ordre, par leur orgueil intraitable portèrent le trouble dans l'Église et rompirent les liens de l'unité (5).

C'est ainsi que les pseudo-frères mineurs, dont faisait encore partie l'antipape de la création de Louis de Bavière, Pierre de Corbario (6), jouèrent le principal rôle dans cet acte du grand drame de la lutte du pouvoir temporel contre la puissance ecclésiastique. Ce n'est qu'en le rapprochant de l'alliance de Louis avec ces sectaires et de l'acceptation faite par ce prince de leurs principes à l'endroit du pouvoir papal, que l'on peut mettre cet incident sous son véritable jour. A cet égard, l'appel à un concile universel, formé par Louis contre la sentence du pape, présente une importance toute particulière (28 octobre 1324).

(1) Cap. 4, d. V. S. Extrav. Joann. XXII.

(2) Son ouvrage : Contra errores Johannis XXII super utili dominio, se trouve dans Goldast, Monarchia S. Rom. Imp., tom. II, p. 1236 sqq.

(3) Guil. de Occam, Compendium error. Joann. XXII (dans Goldast, tom. II, p. 957). Opus nonag. dierum, p. 993.

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(4) Cap. Vas electionis, 2, de Hæret. in Extrav. commun. (V, 3).

(5) Raynald., ann. 1331, n. 15, p. 422.

(6) Raynald., ann. 1325, n. 20, p. 304.- Baluze, Vit. Pap. Aven., tom. II, n. 75, p. 494.

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On lit dans cette pièce : « Ce n'était pas assez pour le pape « de s'arroger les droits de la souveraineté impériale, il fallait « encore qu'il s'élevât contre Notre-Seigneur Jésus-Christ lui« même et sa très-sainte Mère, qui vécut dans la pratique de <«< la pauvreté, en communauté de cœur et d'état avec son « divin Fils, partageant son humble condition et ses senti<< ments plus humbles encore; contre le sacré collége des apôtres, en dénigrant leur manière de vivre et leur con« duite (1), contre la doctrine évangélique, en jetant l'outrage de la parole et de l'exemple sur ce dépouillement absolu, sublime, sur lequel est basée, comme sur un fonde<<< ment immuable, la perfection de la vie extérieure des premiers disciples du Christ, cette vie passée tout entière dans « un mépris suprême du monde ! Et ce fondement, non-seule« ment le pape s'efforce de le renverser par sa conduite per« verse, mais il a osé encore, par une proposition hérétique « et par une doctrine empoisonnée, proclamer solennellement a que Jésus-Christ et ses apôtres avaient, comme toutes autres «< communautés, possédé en propre des biens temporels, as «< sertion entièrement hérétique et profane, formellement opposée au texte du saint Évangile. »

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Qui ne reconnaît dans ces paroles le langage d'un Michel de Césène, d'un Guillaume Occam et d'un Bonagratia? Louis les avait gagnés à sa cause, et leur plume le servit plus puissamment qu'une armée entière qui eût combattu pour lui.

A cette ligue s'associèrent encore plusieurs autres hommes qui s'enrôlèrent également sous la bannière du prince bavarois avec les armes de la science. De ce nombre furent deux docteurs de l'Université de Paris, Marsilius de Menandrino, de Padoue, et Jean de Jando (2). Ils se réunirent à Ubertin de

(1) Nisi .in Jesum Christum insurgeret; d'après Baluze, Olenschlager, et d'après Raynald. Nicol. Minor. Nisi Jesum Christum infringeret.

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(2) Raynald., ann. 1327, n. 1, p. 319, dit de ces deux docteurs : Marsilius Patavinus theologica scientiæ improbus interpres, et Jandunus philosophicarum argutiarum nugarumque artifex, qui novis hæresibus ex inferis excitatis, id unum moliebantur, ut Ecclesiam Dei exscinderent, vel fœdissimæ subjicerent servituti.

Cazalès (1), pseudo - franciscain réfugié auprès de Louis, pour composer en commun un ouvrage qui, sous le titre de Defensor pacis (2), visait à fonder la paix dans la société chrétienne sur la subordination du pouvoir spirituel à la puissance temporelle. En écrivant ce livre, les alliés de Louis avaient certainement sous les yeux le traité De monarchia (3), que l'on place à tort à cette époque; il est évident que la pensée de la nécessité de la paix, par laquelle ils entrent en matière, est un emprunt fait au Danté. L'œuvre de l'illustre poëte, éclose des aspirations de ce cœur généreux vers un principe d'unité nationale, est divisée en trois livres et traite de ces trois questions principales ;

1o La nécessité de la monarchie en général;

2o La destination et la vocation du peuple romain à la monarchie universelle;

3o Enfin, l'origine immédiatement divine de la puissance impériale.

Le Dante subordonnait le pape à l'empereur dans toutes les choses de l'ordre temporel; placé à ce point de vue, le pouvoir indirect revendiqué par les pontifes romains sur le domaine temporel des empereurs et des rois, ne lui apparaissait plus que comme une perturbation permanente de la paix et de l'harmonie sociale (4), Mais, bien qu'il fût dans l'erreur sous ce rapport, comme aussi en professant la doctrine de l'égalité des deux pouvoirs (§ 113), il était loin de sa pensée de s'insurger contre l'autorité du saint-siége et de vouloir

(1) Raynald., ann. 1325, n. 20, p. 304. — Baluze, Miscell., tom. II, p. 293, p. 257.

(2) Goldast, Monarchia S. Romani Imper., tom. II, p. 154. Marsilius a écrit en outre un livre intitulé: De translatione Imperii (Goldást, a. a. O., p. 147; Schard, de Jurisd. auctoritate et præeminentia imperiali ac potestate ecclesiastica, p. 224), Jean de Jandon., Informatio de nullitate processuum papæ Johannis XXII, contra Ludov. Bavar. (Goldast, a. a. O., tom. 1, p. 18 sqq.)

(3) Edit. Zatta (Venez. 1758), tom. IV, p. II. - Schard, a. a. O., p. 237. (4) Monarchia, lib. III, p. 57 (edit. Zatta); dans tout cela, du reste, le Dante ne voyait que le zèle du dépositaire des clefs, zelo clavium, et non l'orgueil de l'homme, non superbia, langage bien différent de celui du Defensor pacis, Dict. 1, c. 19, p. 188.

déserter le terrain de l'orthodoxie. Bien différents de lui, les auteurs du Defensor pacis, véritable libelle, plein d'invectives contre le chef de l'Église (1), et qu'ils dédièrent à Louis, dépassèrent à tel point la ligne si nettement tracée par Alighieri, qu'ils émirent sur l'origine du pouvoir spirituel des principes qu'on pourrait croire, à ne tenir aucun compte de l'ordre chronologique, empruntés aux écrivains anticatholiques du seizième siècle (2). D'après ces étranges théories, la puissance spirituelle aurait appartenu originairement à la société des fidèles, dont l'empereur est le représentant suprême; de la société elle avait passé au clergé, dont la gradation hiérarchique repose uniquement sur la concession de l'empereur et non sur le droit divin. Conséquemment c'était à l'empereur qu'appartenait le droit d'instituer et de déposer les papes, et l'Église ne pouvait poursuivre, juger et punir personne sans sa permission. De plus, comme le Christ avait payé le tribut, non point spontanément et de son plein gré, mais par force (3), l'empereur pouvait disposer aussi de tous les biens de l'Église.

De tels hommes appelaient inévitablement sur leur tête les foudres pontificales; elles ne se firent pas attendre, et le pape frappa d'excommunication par la bulle Sicut juxta doctrinam les auteurs de ce libelle (4). Comme cela ne pouvait manquer, Louis les prit alors sous sa protection et se servait d'eux comme d'instruments parfaitement appropriés à l'exécution de ses ambitieux projets sur l'Italie. Marsilius, dont l'âme orgueilleuse n'aspirait à rien moins qu'à l'honneur de la tiare pontificale (5), fut nommé vicaire de l'Église romaine (6), et eut ainsi la plus grande part à la déposition du

(1) Dict. I, c. 19, p. 187 sqq.; II, 23, 24 et 25; III, 1.

(2) ́Raynald., ann. 1327, n. 23, p. 324.

(3) Supra, § 113.

(4) Raynald., ann. 1327, n. 27, p. 326.—Bianchi, Della potestà e della po-litia della Chiesa, tom. II, p. 564.

(5) Raynald., ann. 1328, n. 63, p. 356.

(6) Idem, ann. 1328, n. 9, p. 338.

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