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cèrent aussi aux concordats des princes, et reçurent le traité de Vienne, qu'ils considérèrent plus tard comme faisant partie du droit national (1).

Ce contrat pourvoyait bien pour un temps à ce que le siége apostolique romain ne se vît pas dépouiller tout d'un coup, sans dédommagement suffisant, d'une partie notable des revenus qui lui étaient nécessaires; mais il ne remédiait nullement aux maux sans nombre qui s'étendaient comme une lèpre sur tout le corps de l'Église. Hélas! combien le cœur de la chrétienté devait être profondément blessé, en voyant tous ces papes, sourds aux avertissements divins, dont ils auraient dû cependant entendre la voix, leur parlant un langage puissant et terrible dans les tempêtes qui grondaient autour de leur trône, se livrer lâchement à une vie de débauches et dégrader aux yeux du monde entier, par le spectacle de leurs vices, la plus auguste et la plus sublime de toutes les dignités ! Cette réflexion s'applique plus particulièrement à Alexandre VI, dont le pontificat introduisit la chrétienté dans les siècles de l'ère moderne, et fut signalé par l'immense champ que la découverte du nouveau monde ouvrit à l'apostolat chrétien. Oh! sans doute, c'était pour l'Église, abreuvée de tant d'amertumes, une bien grande consolation que de voir la puissance de ses pontifes, honorée même dans la personne de cet indigne pape, au point qu'il lui suffit de tracer de son doigt une ligne sur la carte d'Amérique, pour régler définitivement le partage des nouvelles découvertes faites ou à faire, et terminer les querelles de frontières entre l'Espagne et le Portugal (2); mais l'amour et l'attachement des peuples pour cette Rome d'où leur était venue la lumière de la foi, n'en allaient pas moins se refroidissant de jour en jour pour s'éteindre bientôt dans une longue éclipse. La corruption qui avait souillé le siége pontifical avait grandement contribué à ce désaffec

(1) Reichsabsch, v. I. 1497, § 24; v. I. 1498, § 57; v. I. 1500, tit. 45. Reichsofr. Ordn. v. I. 1654, tit. 7, § 24. Walter, Kirchenrecht, note w. (2) Pour l'appréciation exacte de cette décision de la bulle Inter cætera, voy. Bianchi, a. a. O., tom. II, p. 581. — De Maistre, du Pape, tom. I, p. 388. - M***, Pouvoir du pape au moyen âge, p. 578.

tionnement universel; mais, il faut le dire: là n'était pas tout le mal; il avait pénétré partout dans le collége des cardinaux comme dans le corps des évêques et dans celui des abbés; dans la cellule monastique comme dans les rangs du clergé séculier. Est-il nécessaire d'ajouter qu'au milieu de cette perversion générale, les princes et les peuples n'étaient pas non plus restés hors des atteintes de la contagion? Or, la dissolution de la discipline est la mère des hérésies (1); aussi, à cette funeste époque, le monde se précipitait-il rapidement et sans relâche, de scissions en scissions, de querelles en querelles, toujours de plus en plus envenimées et irrémédiables.

Une autre cause qui concourut encore très-activement à produire ces conflits et ces schismes, ce fut le développement d'un principe entièrement destructif du caractère de catholicité de l'Église chrétienne, le principe de nationalité. C'est là précisément que l'on peut voir avec raison l'une des plus funestes conséquences du séjour des papes à Avignon; ce séjour avait fait l'Église catholique française. Là aussi était le grand malheur de la France: une sorte de nécessité de favoriser le schisme, pour ne pas se laisser enlever l'influence qu'elle avait conquise sur le gouvernement du royaume spirituel. Mais, en présence de ce principe introduit insensiblement dans la législation de l'Église, une opposition très-vive devait inévitablement se manifester dans d'autres pays, et de là de nouveaux ferments de discorde et d'hostilité. Aussi fut-ce un bonheur immense que Martin V, élu à Constance, eût assez de sagesse pour ne pas céder aux sollicitations du roi de France, l'invitant à venir de nouveau résider à Avignon, et pour repousser en même temps les propositions de Sigismond, qui lui offrait d'établir son siége dans une ville d'Allemagne. De semblables propositions prouvent suffisamment par ellesmêmes combien peu cette époque avait conscience de sa triste situation et de ce qui seul pouvait y remédier.

(1) Voy. Aretin, Geschichte des bayrischen Herzogs und Kurfursten Maximilian des Ersten, Bd. I, S. 59.

III.

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Martin V vint à Rome, après avoir fait néanmoins à la maladie du siècle, à ce jaloux nationalisme, une grande concession. Dès l'ouverture du concile, les évêques parurent avoir oublié que, princes d'une même Église, une et universelle, ils ne devaient former qu'un grand corps épiscopal; au lieu de donner leurs voix en commun et de compter chaque vote comme égal à l'autre, ils préférèrent se partager en quatre nations, l'italienne, l'allemande, la française, l'anglaise, auxquelles vint se joindre plus tard, comme cinquième Église, l'espagnole; et, sans égard ni pour le nombre ni pour le poids des voix, les éparpiller dans le particularisme des intérêts nationaux. Procédé indigne; et on l'introduisait dans l'Église, précisément à une époque où l'on avait certes pu se convaincre, par une foule d'expériences désastreuses, de l'action funeste que le principe de nationalité avait exercée sur les universités et sur la science elle-même (1). Cette tendance à diviser, à particulariser ce qui de sa nature et par essence est indivisible et universel, s'accrut encore après l'élection du nouveau pape. Celui-ci avait espéré pouvoir opérer une réconciliation générale sur tous les points contestés au sujet des annates et des anciennes prérogatives papales; mais il fut déçu dans son attente et se vit forcé de conclure à cet égard des concordats particuliers avec la France, l'Allemagne et l'Angleterre, et d'accorder aux deux autres nations un délai de cinq ans (2). C'est ainsi qu'après tant d'efforts et tant de combats, l'intérêt général de l'Église dut enfin céder à l'intérêt particulier des États séculiers, et que le sentiment, autrefois si vif, d'un même centre spirituel embrassant dans sa circonférence tous les peuples et tous les hommes, s'effaçait de plus en plus dans la conscience de la chrétienté. Désormais chacun ne pouvait plus s'écrier, comme un saint Pacien de Barcelone, dans l'enthousiasme de son amour pour l'unité chré

(1) Beitrage zur Geschichte der Universitat Ingolstadt, VIII, p. 15 sqq. (2) Hardouin, Concil., tom. VIII, col. 889 sqq. - Mansi, Concil., t. XXVII, col. 1024. Le concordat français resta sans exécution, le roi et les parlements ayant refusé d'y accéder.

tienne : « Mon nom est chrétien, mon surnom, catholique ($ 27). » Un autre nom, celui de la nation, effaçait presque celui de catholique. Or, plus ce principe séparateur acquérait de force, plus il devenait facile d'exciter le mauvais vouloir des gouvernements et de leurs sujets contre l'Église romaine, parce que, placée au sommet de la hiérarchie sociale, exposée par cela même aux regards de tous les peuples, la décadence universelle des mœurs se montrait en ellé avec plus d'éclat que partout ailleurs.

Si, à cette époque, l'empire eût encore conservé son ancienne splendeur, s'il eût été debout dans toute sa force, groupant autour de lui, comme un centre actif d'unité, toutes les monarchies chrétiennes, il aurait peut-être pu opposer un contre-poids efficace à ce mouvement de séparation; mais la vacance du trône impérial avait presque coïncidé avec le commencement du schisme, et elle durait encore après la pacification de l'Église, un demi-siècle plus tard. Toutefois, l'élection d'un empereur, dans cet intervalle, n'aurait produit que de faibles résultats ; non-seulement la dignité impériale avait perdu sa première importance et son caractère vis-à-vis des différents rois, mais elle n'était plus en état de maintenir énergiquement, à elle seule, l'unité primitive, battue en brèche de tant de manières dans l'intérieur de l'empire.

Le développement toujours plus. considérable de la puissance seigneuriale menaçait de ruine les institutions carlovingiennes, et la féodalité du quinzième siècle portait en elle le germe de la dissolution de l'œuvre de Charlemagne.

Par ses luttes constamment victorieuses contre les petites diètes, et par les nombreuses prérogatives dont les empereurs se dessaisissaient successivement en sa faveur, l'institution seigneuriale était arrivée à l'apogée de son importance et de sa force, et se trouvait ainsi toute prête pour prendre le principal rôle dans le drame de la séparation religieuse.

Un coup d'œil rétrospectif sur les événements du quatorzième et du quinzième siècle nous aidera à comprendre comment la véritable notion du caractère essentiel de l'Église

avait dù nécessairement s'altérer et s'obscurcir, sous plus d'un aspect dans l'intelligence des peuples. L'Église, royaume de Dieu sur la terre, restait sans doute constamment une et identique; mais l'éclat du soleil divin qui répandait dans son sein ses ineffables clartés, ainsi que la plupart de ses magnifiques attributs et de ses caractères distinctifs, était presque devenu invisible, voilé qu'il était par le nuage des iniquités humaines. Ubi Petrus, ibi Ecclesia; ce principe est rigoureusement vrai; mais ce qui ne l'est pas moins, c'est que Rome a été choisie par la Providence pour être le siége du prince des apôtres, et que la translation de ce siége à Avignon, en obligeant les fidèles d'aller chercher en France l'évêque de Rome, créait une anomalie dans l'Église. Les yeux de la chrétienté étaient forcément détournés de la ville prédestinée à la domination universelle, et par là le principe de l'union absolue avec Rome profondément ébranlé. Cette transposition ayant une fois donné carrière au sentiment national, il en résulta que, par un enchaînement fatal, on vit successivement mettre en question la catholicité, par le fait même de cette transposition; l'unité, par la consommation du schisme; la sainteté, par la dégradation morale de la hiérarchie; l'apostolicité, par la prédominance anti apostolique des évêques sur le pape; il ne restait plus qu'à révoquer en doute l'infaillibilité et la nécessité de l'Église, et enfin sa visibilité. C'est là qu'aboutirent un grand nombre de peuples, en réclamant au seizième siècle la réforme ecclésiastique, et en prenant pour y arriver le chemin du schisme et de l'er

reur.

Les tristes observations et expériences auxquelles avaient donné lieu les conciles réformateurs du quinzième siècle, l'extrême indolence des souverains pontifes, qui se montraient tellement oublieux de leur vocation, qu'à être pape à ce titre, un empereur Maximilien ne voyait pas trop pourquoi il n'aurait pas pu être pape lui-même, et peut-être même quelque chose de mieux; tout cela pouvait facilement engendrer l'opinion que ces organes de la puissance ecclésiastique n'étaient pas

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