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a qu'elle doit sceller avec son sang, non-seulement tout le « corps de sa doctrine, mais encore chaque article particu« lier (1).

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C'est en ces termes que Bossuet décrit avec une grande vérité l'état où l'Église se trouve, lorsque la puissance temporelle fait divorce avec le pouvoir spirituel et se déclare son ennemie. On ne peut, sans éprouver un vif sentiment de douleur, considérer avec quel acharnement l'esprit de secte, s'emparant de l'Église grecque, déchira par ses mains le cœur de la catholicité (2), et c'est un bien affligeant spectacle que de voir l'empire d'Orient entrer, dès son origine, dans une voie hostile au chef de l'Église et y pénétrer opiniâtrément jusqu'à ce qu'enfin il expiåt son long crime par la ruine du trône byzantin, abattu, non point par les armées qui marchèrent contre Constantinople sous l'étendard de la croix, mais par les hordes infidèles qui suivaient le signe du croissant et que Dieu avait envoyées pour exécuter le terrible arrêt de sa justice.

La cause principale de cette constante hostilité, qui ne dura pas moins de onze siècles, sauf de nombreuses interruptions, ce fut la position respective du patriarche et de l'empereur. Il ne suffisait pas, à l'ambition dont la plupart des patriarches étaient dévorés, de voir toutes les églises d'Orient obligées de se ranger sous leur sceptre pastoral ($ 70); les efforts qu'ils ne cessaient de faire pour obtenir le droit de se décorer du titre de patriarche œcuménique, trahissaient déjà leur tendance à contester la prééminence au pontife romain. Créatures des empereurs, ceux-ci leur servaient à leur tour d'instruments puissants pour l'accomplissement de leurs vues usurpatrices vis-à-vis de Rome. De leur côté, les empereurs, quand il s'élevait quelque conflit entre eux et le saint-siége, trouvaient dans les patriarches un appui d'autant plus efficace, qu'il paraissait donner une sanction spirituelle à leurs entreprises.

(1) Bossuet, Hist. univ., p. II, c. 20,

(2) De Maistre, a. a. O., p. 228.

Le schisme de Photius (1), bien qu'il n'ait éclaté que dans l'année 861, n'était donc pas un événement subit et accidentel, mais il avait été préparé par des siècles. Si des empereurs, qui se considéraient comme les plus dévoués fils de l'Église, s'étaient néanmoins permis tant d'atteintes à l'ordre ecclésiastique (§ 118), il n'y avait pas à s'étonner qu'un homme tout imbu d'idées juives et mahométanes, et de plus, ignorant et grossier comme l'était Léon l'Isaurien (2), signalât son avénement au trône impérial par une violente persécution dirigée contre les fidèles qui refusaient de détruire, à son exemple, les images des saints (S 119). L'époque des iconoclastes, parmi lesquels figurent, au premier rang, Léon l'Arménien (813-820) et Théophile (3) (829-842), précéda immédiatement le règne de ce voluptueux Michel III (842-867), qui, de concert avec Bardas, son oncle, éleva le laïque Photius sur le siége de Constantinople, à la place d'Ignace, envoyé en exil. Le pape Nicolas Ier ayant refusé de reconnaître l'intrus, l'empereur et son complice se liguèrent avec celuici pour s'affranchir de la juridiction de l'Église romaine, et se mirent en même temps à persécuter les évêques qui persistaient à vouloir demeurer fidèles au pape. L'avénement de Basile fer opéra la réconciliation de Byzance avec Rome (867888); mais le schisme couvait encore sourdement sous la cendre, et les différences, même les plus insignifiantes, entre les Églises d'Occident et d'Orient pouvaient servir de prétexte à ces tendances schismatiques.

Elles trouvèrent surtout un partisan zélé et violent dans le

(1) Leo Allatius, de Ecclesiæ occidentalis atque orientalis perpetua consen sione, lib. II, c. 4 sqq. (edit. Colon., 1648), p. 537 sqq. - Maimbourg, Histoire du schisme des Grecs, livre I (édit. Paris, 1677, in-12), tom. I, p. 20. – H. J. Schmitt, Kritische Geschichte der neugriechischen und der russischen Kirche mit besonderer Beruecksichtigung ihrer Verfassung in der Form einer permanenten Synode (Mainz, 1840), p. 343 sqq. Dællinger, Lehrbuch der Kir

chengeschichte, vol. 1, p. 422 sqq.

(2) Dællinger, a. a. O., p. 382.

(3) Dès l'année 821, Théophile était associé au trône et régnait avec son père, Michel II.

patriarche Michel Cérulaire (1), qui poursuivit sans relâche la réalisation de ses rêves ambitieux, et ne recula même pas devant la résistance que lui opposèrent les empereurs Constantin X (1042-1052) et Michel VI (1056-1057); il poussa l'audace jusqu'à faire déposer ce dernier et couronner à sa place Isaac Comnène. Le nouvel empereur déclara ouvertement la guerre au saint-siége, et tous les efforts des papes pour le ramener à l'orthodoxie restèrent infructueux. La conquête de Constantinople par les Latins 1204), et plus encore le résultat du concile de Lyon (1274) (2), vinrent relever les espérances de l'Église; on crut un moment à l'extinction totale du schisme. En effet, la réunion fut opérée, dans cette assemblée, avec les évêques grecs et les délégués de l'empereur Michel Paléologue (1260-1282); et tant que ce prince tint les rênes du gouvernement, le schisme n'osa point se produire de nouveau; mais l'influence d'Eulogie, sœur de l'empereur, sur le faible Andronic II, fils et successeur de Paléologue, détruisit pendant le long règne de ce prince tous les fruits du rapprochement (3). La nouvelle réconciliation qui eut lieu dans le concile de Florence (4) (1439), auquel assista l'empereur Jean VII Paléologue, ne précéda que de quelques années la conquête de Constantinople par les Turcs (1453). Cette conquête, qui fut un grand malheur pour la chrétienté, eut néanmoins un heureux résultat; elle maintint dans la fidélité à l'Église Jean VIII et son fils Constantin XII, qui périt glorieusement sur le champ de bataille en défendant sa couronne et la civilisation chrétienne. Mais ces deux princes furent également impuissants à arrêter les progrès

(1) Leo Allatius, a. a. O., lib. II, c. 9, p. 615 sqq. lib. III, p. 418.

(2) Hardouin, Concil., tom. VH, p. 672 sqq. ann. 1274, n. 3 (tom. XIV, p. 219). Histor. polit.

(3) Leo Allat., a. a. O., lib. II, c. 16, p. 782 sqq. livre 4, tom. II, p. 197..

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Raynald., Annal. eccles.
Blätter, vol. 5, p. 107 sqq.
Maimbourg, a. a. O.,

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Leo Allat., a. a. O., lib. III, c. 1 sqq.,
Histor. polit. Blätter, a. a. O., p.

du schisme. Et c'est ainsi que l'Orient devint la proie de l'islamisme, dont les papes préservèrent le monde occidental, comme ils l'en avaient déjà préservé plusieurs siècles auparavant, et comme plus tard ils le sauvèrent encore des irruptions formidables des Turcs Ottomans. En effet, la chrétienté n'est pas seulement redevable de la victoire de Lépante à la bravoure héroïque de don Juan, mais aussi au zèle infatigable et aux prières de Pie V (1).

En Orient, depuis cette funeste époque, quelques diocèses particuliers se sont seuls maintenus dans la communion de l'Église catholique; le patriarcat de Constantinople et, avec lui, le schisme ont seuls survécu à l'empire. Les Turcs se montrèrent très-tolérants à l'égard des Grecs schismatiques, et déjà le premier sultan qui établit sa résidence à Byzance, Mahomet II, leur avait permis d'élire librement leur patriarche, se réservant le droit de l'investir. Georges Scholarius(2), qui se donna le nom de Gennadius, et fut ensuite promu au patriarcat, avait embrassé la cause de la réunion; mais la plupart de ses successeurs furent schismatiques; et comme ils ne parvenaient au siége patriarcal que par le bon plaisir du sultan et des eunuques du sérail, qui mettaient cet honneur à prix d'argent, leur église tomba nécessairement dans l'asservissement le plus honteux à l'égard des princes infidèles (3).

Comme c'était surtout de Constantinople que le christianisme s'était propagé en Russie (4), l'Église russe suivit naturellement le sort du patriarcat byzantin. Toutefois, la conversion de ces contrées ayant eu lieu dans le dixième siè– cle (988), époque où le patriarche de la nouvelle Rome se trouvait encore dans la communion du pape, l'Église russe

(1) Schmitt, a. a. O., p. 2 sqq.

(2) Il ne faut pas le confondre avec l'écrivain du même nom, ennemi de l'E. glise romaine. · Leo Allat., a. a. O., lib. III, c. 5 et 6, p. 959 sqq, (3) Aug. Theiner, Die Staatskirche Russlands im Jahre 1839 (Schaffhausen, 1844), p. 31 sqq. Schmitt, a. a. O., p. 100 sqq.

(4) La conversion de la Russie commença du temps d'Ignace. La grande-duchesse Olga fit venir des missionnaires de l'Occident.

ne doit point être considérée comme schismatique de naissance (1); bien loin de là, elle s'est montrée dès son origine, et pendant de longues années, sauf de tristes intermittences schismatiques, fidèlement attachée au saint-siége, honorant le successeur de Pierre comme le chef légitime de toute l'Église chrétienne (2). Le premier métropolitain dont il soit fait mention dans les actes de l'Église russe est l'évêque de Kiew, dont le siége fut plus tard transféré à Wladimir (1299) et de là à Moscou (1325), translation qui produisit bientôt une rivalité entre l'ancien siége et le nouveau, prenant tous deux le titre d'église métropolitaine. En effet, à dater de l'année 1332, on voit, à côté du métropolitain de Moscou et de Russie, un métropolitain de Kiew et de toutes les Russies (3).

Pendant un certain laps de temps, les métropolitains étaient institués par le patriarche de Constantinople; aussi, l'épiscopat russe se composait-il en grande partie des clercs de l'Église grecque (4). Cependant, les grands-ducs commencèrent de bonne heure à exercer dans leurs États une grande influence sur les affaires ecclésiastiques, et leur action à cet égard s'étendait si loin et se manifestait par des actes și arbitraires, que l'Église russe dut presque trouver doux, auprès de ce despotisme barbare, le joug des princes mongols (12381480) (5).

Cependant, une grande partie de la Russie fut conquise par les Lithuaniens, sous la conduite de Gédimin (1320). Dans cette portion du territoire se trouvait Kiew, qui, depuis qu'elle avait obtenu la réintégration de son siége épiscopal, n'en était que plus fortement unie au pontife ro

(1) Les historiens russes modernes affectent de représenter l'Église russe comme de tout temps séparée de Rome. V. contre cette supposition les Histor. polit. Blätter, vol. V et IX. Theiner, Neueste Zustände, p. 7.

(2) Theiner, Staatskirche, Docum., n. 2, p. 354 sqq.

stände, p. 17 sqq. — Supra § 21.

(3) Theiner, Staatskirche, p. 27.

(4) Schmitt, a. a. O., p. 149.

Id., Neueste Zu

(5) Theiner, a. a. O., p. 14. — Walter, a. a. O., § 25, p. 55. — Histor. pol. Blätter, vol. XI, p. 120 sqq.

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