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spirituelle (1), on les vit se jeter comme à plaisir dans les plus grossiers abus. Ils traitèrent les évêchés et les abbayes comme les autres fiefs, et ne se tinrent même pas pour obligés, après la mort d'un évêque, de conférer immédiatement à un autre la crosse et l'anneau qu'il était d'usage de déposer entre leurs mains (2). La collation elle-même était livrée à tous les caprices. de l'arbitraire (3), et la qualification de larrons et de voleurs, dont la sainte Écriture (4) flétrit ceux qui n'entrent point dans la bergerie par la véritable porte, ne s'appliquait qu'à trop juste titre à des hommes qui l'escaladaient par les moyens les plus criminels, ne rougissant pas d'acheter à prix d'argent les dignités ecclésiastiques (5), dont les rois faisaient un sacrilége trafic, et se rendant ainsi coupables de simonie. Les prélats qui se livraient à ce crime avec la plus scandaleuse audace étaient naturellement ceux qui foulaient le plus impudemment aux pieds les lois de l'Église sur le célibat; de sorte que les investitures, la simonie et le concubinage semblaient se donner la main pour porter les sujets les plus indignes aux charges ecclésiastiques les plus élevées et les plus saintes (6), et faire de l'épouse immaculée du Christ l'esclave de la puissance séculière.

L'investiture par l'anneau et la crosse (7) était déjà généralement pratiquée par les empereurs saxons, qui s'étaient

(1) Paschal. II, P., Epist. 9, ad Henr. I, reg. Angl. (Hardouin, a. a. O., c. 1783.) Noris, a. a. O., c. 3, p. 74.

(2) Ekkehard. IV, de Casib. S. Galli, c. 16, p. 141.

pag. 4.

(3) Gerhoh. Reichersp., Syntagma, c. 10, p. 240.

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(4) Ev. Joann., X, 1. - Anselm. Luc., c. Guibert., lib. I (Canisius, Antiq. lect., tom. VI, p. 204). — Paschal. II, Ep. cit. (note 26).

(5) Rodulf. Glaber., Chron., lib. II, c. 6 (Pertz, tom. VII, p. 50, not. 22). (6) Vita Anselm. Luc. (Gretser, Opera, tom. VI, p. 471): Hle Sacerdos laudabilior, cujus vestis comptior, cujus mensa copiosior, cujus concubina splendidior.

(7) Ekkeh. IV, Cas. S. Galli, c. 10 (Pertz, a. a. O., tom. II, p. 121), c. 16, p. 141. - Thietm., Chron., lib. II, 14, p. 749 ( eod., tom. V, p. 750), c. 16, p. 751; IV, c. 39, p. 785; V, c. 24, p. 802; VI, c. 1, p. 805, c. 44, p. 825, c. 49, p. 830. Thietm., Chron. IV, 27, p. 780.s

arrogé le droit de confirmer les évêques et les abbés (1) élus canoniquement, ou même, ce qui arrivait fréquemment, de les instituer sans élection préalable (2). Néanmoins, on ne peut les accuser de s'être faits les initiateurs des abus et des crimes que nous venons de retracer; bien loin de là, ces princes pieux, qui avaient secondé les papes et les évèques dans l'érection d'un grand nombre de siéges épiscopaux (3), se montrèrent toujours animés d'un très-grand zèle pour donner à l'Église des pasteurs dignes et capables (4). Mais il n'en fut pas de même de Conrad; de grands désordres signalèrent le règne de ce souverain, qui encouragea par son propre exemple la vénalité des fonctions sacerdotales, et introduisit ainsi dans l'Église un fléau destructeur de la discipline. Son fils, Henri III, voulut remédier au mal; mais les mesures rigoureuses qu'il employa (5) échouèrent bien soutvent devant l'intensité de la contagion, qui avait envahi l'Église romaine elle-même, et jusqu'au siége apostolique! Le suprême pontificat fut plus d'une fois le prix de l'intrigue et des manœuvres les plus odieuses; et, tels étaient les scandales auxquels donnait lieu à cette époque l'élection des papes, qu'on doit reconnaître que ce fut un véritable bonheur pour l'Église de rencontrer alors des empereurs s'attribuant provisoirement le droit de disposer à leur gré du trône pontifical (6).

(1) Annal. Aug., ann. 954 (Pertz, à. a. O., tom. I, p. 69).— Contin. Regin., ann. 957, p. 623. Thietm., Chron., lib. II, c. 14, p. 749; VI, č. 44, p. 826,

c. 46, p. 827, c. 49, p. 830.

(2) Quelquefois même nonobstant l'élection et la volonté du clergé et du peuple. Annal. Colon., ann. 1008 (Pertz, I, p. 99).-Thietm., Chron. V, c. 24, p. 802; VI, c. 54, p. 832. Thietm., Chron. II, C. 15, p. 751, c. 17, p. 752;

VI, c. 29, p. 818. -1, c. 15, p. 742.
(3) Thielm., Chron. II, 14, p. 750.

235.

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(4) Thietm., Chron. III, c. 3, p. 759. Gfrærer, Allgem. Kirchengesch., vol. IV, p. I, p. 145..

(5) Wippo, Vita Conrad. Sal. (Pistorius, Script. rer. Germ., tom. Í, p. 470.) (6) Petr. Damiani Opusc. VI (Lib. Gratissimus), c. 36 (Op., tom. III, p. 137). Glab. Rodulf., V, 5 (Pertz, tom. IX, p.71). Thomassin, à. a. O., Hofler, Deutsche Päpšte, vol. 1, p. 223 sqq.

c. 24, n. 1 et 2, p. 128.

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La mort prématurée d'Henri III éleva à l'empire son fils âgé seulement de cinq ans, et qui, à deux ans, avait été couronné roi d'Allemagne. L'éducation de ce jeune prince se ressentit profondément de la perte qu'il venait de faire; elle fut entièrement négligée, et lui-même se trouva fatalement engagé, par les conseils pervers de ses courtisans, dans une voie toute contraire à celle que son père lui avait si dignement tracée. Accoutumé dès l'enfance à n'avoir d'autre règle que sa volonté, à ne réprimer ses mauvais penchants par aucun frein moral ou religieux, recherchant de préférence la compagnie de gens corrompus et uniquement adonnés au culte des plaisirs, Henri IV se livra, avec tout l'entraînement de son âge, à tous les genres de désordres et de passions (1).

L'Église eut cruellement à souffrir de son libertinage éhonté, de ses emportements tyranniques, et du honteux trafic qu'il fit des évêchés et des abbayes. On pourrait citer à cet égard une foule d'exemples, et cet Hermann de Bamberg (2), connu par son ignorance, qui acheta au poids de l'or un siége épiscopal (3), et ce Robert, qui portait déjà le surnom de Banquier (4), et qui acquit, au prix de mille livres de l'argent le plus pur, l'abbaye de Reichenau... Mais à quoi bon avoir recours à des exemples (5)? Henri luimême y supplée amplement par son aveu, lui qui osait écrire au pape (6): « Non-seulement nous nous sommes at

(1) Lamb. Hersf. (Schaffn.), Annal., ann. 1073 (Pertz, a. a. O., tom. VII, p. 192) Rex-in omnia genera flagitiorum, ruptis omnium modestiæ et temperantiæ frenis, præcipitem se dedit. - Vita S. Anselmi Luc. (Tengnagel, Vetera Monum., p. 92). Noris, a. a. O., c. 1, p. 12. Voigt, a. a. O., p.

107 sqq.

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(2) Gregor. VII, Epist., lib. II, ep. 76 (Hardouin, Concil., tom. VI, p. 1, c. 13, p. 21) dit de lui : Quidam idiota, prædictam ecclesiam simoniacæ perfidiæ hæretica pravitate subversus invaserat.

(3) Lamb. Hersfeld. Ann., ann. 1065, p. 171: Profuso in coemtionem ejus argenti et auri inestimabili pondere.

(4) Nummularius. Lamb. Añnal., ann. 1071, p. 183.

(5) Steph. Halberst., Epist. ad Waltramn. Gretser, a. à. O, p. 536.

(6) Henr. IV, Epist. ad Gregor. post Gregor. Ep. I, 29. Hardouin, à. â. O., col. 1220. Hugo Flav., Chron. Virdun. dans Labbe, Nov. Bibliotheca MSS. libr., tom. I, p. 209.

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tribué les biens ecclésiastiques, mais nous avons encore vendu les églises elles-mêmes aux plus indignes, et à ceux qui sont infectés de la peste de la simonie, et qui sont en« trés, non par la porte, mais par toutes les voies possibles... » C'est ainsi que la cour de cet empereur était devenue le rendez-vous des clercs mariés et d'une multitude d'aventuriers perdus de mœurs et de réputation, qui accouraient de tous les points du royaume dans l'espoir d'obtenir, à la curée des bénéfices et des dignités ecclésiastiques, une riche abbaye ou une crosse d'évêque (1),

-L'Allemagne n'était pas le seul pays affligé par ces désordres ; à la même époque, les mêmes abus déshonoraient en France le règne de Philippe Ier, qui avait succédé, en l'an 1060, à son père, Henri Ier. Là aussi, les investitures étaient depuis longtemps en usage, à cette différence près, que la nomination de l'évêque n'y était point laissée au bon plaisir du monarque, mais à l'élection du chapitre (2). Toutefois, Philippe ne sut pas toujours respecter ce droit de l'Église gallicane, dernier rempart de l'indépendance de ses pasteurs, et, sous une foule de rapports, il peut soutenir le parallèle avec Henri IV (3).

En Angleterre, l'investiture par l'anneau et la crosse était usitée déjà sous la dynastie des rois saxons, et dans ce pays, comme en France et en Allemagne, le bon plaisir royal était l'unique règle de la collation des évêchés et des abbayes (4). La conquête normande, qui fut le signal d'une réforme gé

(1) Anselm. Luc. appelait cela : Sub spe episcopandi regum curiæ militare. (2) Noris, a. a. O., c. 3, p. 58. Des écrivains français, Thomassin, par exemple, s'évertuent à établir que leur pays était moins atteint que d'autres Etats de la lèpre des investitures simoniaques; cela est vrai, mais non au point où ils le prétendent. Philippe Ier fut un certain temps le digne émule de Henril V. V. Noris, c. 1, p. 12, p. 45, 65, 77.

(3) Noris, a. a. O., c. 12, p. 409.

(4) Ingulph., Hist. Croyl. (Savile, Rer. anglic. Script., p. 596). — Flor. Wigorn., Chron., ann. 1062. Hist. Eliens. II, 38, 38. Angelsächsische Rechtsgeschichte, p. 232 et 257.- Englische Reich- und Rechtsgeschichte, vol. II, p. 21 et 161.-Hasse, Anselm von Canterbury, vol. I, p. 255 sqq., p. 363 sqq. Strutt, Horda Angelcynna, vol. I, p. 66.

nérale des mœurs du clergé britannique, arrêta un moment les progrès funestes de la sécularisation et de la vénalité des offices ecclésiastiques. Guillaume Ier n'eut à se reprocher aucun acte de simonie; mais, sous le règne de Guillaume II, on vit éclater dans ce royaume tous les maux qu'entraîna, dans ceux de France et d'Allemagne, l'abus sacrilége des investitures (1). Henri Ier, successeur de Guillaume, ne se montra pas meilleur que lui, malgré les promesses qu'il avait faites au saint-siége en montant sur le trône (2).

C'est dans ce même temps que fut mise au jour une dis position apocryphe (3) du pape Adrien Ier, rendue, à ce qu'on prétendait, dans un concile tenu à Rome en 773, laquelle aurait conféré à Charlemagne et à ses successeurs le droit de donner l'investiture à tous les archevêques et évêqués, menaçant d'anathème les prélats qui refuseraient de recevoir cette investiture avant la consécration (4). Cette invention, quoique notoirement étrangère à la plume de Sigebert de Gemblours (5), s'est néanmoins glissée dans sa Chronique (6), et le passage qui s'y rapporte figure également dans les décrets de Gratien, sous le titre de Canon Adrianus (7). Aucun doute ne peut s'élever sur la fausseté de ce document (8), aussi flagrante que celle du canon subséquent (§ 123), In synodo (9), que nous avons déjà signalé, et d'après lequel Léon VIII aurait confirmé ce droit d'investiture à Othon le

(1) Noris, a. a. O., c. 9, p. 245. Thomassin, a. a. O., c. 34, n. 3, p. 204. Englische Reichs- und Rechtsgeschichte, vol. I, p. 116. - Hasse, a. a. O., p. 262 sqq.

(2) Leg. Henr. I, c. 1, § 1.

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(3) Bianchi, a. a. O., tom. II, p. 288. - Nat. Alexander, Hist. eccles. sæc. VIII, c. 1, art. 9 (tom. XI, p. 24). — Thomassin, a. a. Q., c. 20, n. 5, p. 109.. (4) Placid. Nonant., a. a. O., c. 102, p. 149; c. 116, p. 154.

Reichersp. (Synt., c. 10, p. 249).

(5) Bianchi, a. a. O., p. 289.

Gerhoh.

(6) Sigeb. Auctár. Aquinic., ann. 773 (Pertz, a. a. O., tom. VIII, p. 393).

(7) Can. 22, d. 63.

(8) Berardi, Canon. Gratiani genuini, tom. II, p. II, p. 187.

tra replicat. lib. II, c. 1, p. 266.

(9) Can. 23, d. 63.

Gretser, Con

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