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celui qui, dès l'aurore de son règne, se proclame à la face du monde le serviteur de Dieu et le fils de l'Église, et fait le vœu solennel de gouverner son royaume dans la vérité et la justice.

Cette double cérémonie du couronnement et du sacre, incontestablement empruntée à la coutume de l'Ancien Testament (1), est passée en usage chez tous les peuples germaniques, qui l'ont transmise à leur tour à d'autres nations. L'histoire en fournit plusieurs exemples célèbres, dont l'un des plus anciens est le couronnement et le sacre de Vamba, roi visigoth (2), en l'an 672. Erwig, son successeur (3), se conforma à cet usage, observé depuis, sans interruption, par les rois d'Espagne (4). Dans les États britanniques, où cette pieuse pratique s'était introduite dès les temps des rois scots (5), on trouve dans le Pontifical d'Egbert, évêque d'York, au huitième siècle, un cérémonial particulier pour le couronnement des souverains anglo-saxons (6). Quant à la France, il y a toute apparence qu'on s'y borna, pendant toute la période mérovingienne, à suivre l'antique coutume des Germains (7); on élevait le nouveau monarque sur un pavois, et on le montrait au peuple (8). Le premier couronne ment certain des rois français est celui de Pepin, qui reçut la couronne de saint Boniface, et celui de ses fils, couronnés

(1) Gonzalez Tellez, Comment. ad cap. un. X, de Sacra unct. (I, 15), n. 18, tom. I, p. 512.

(2) Julian. Tolet.

(3) Conc. Tolet. XII, c. 1 (Hardouin, Concil., tom. III, col. 1718).

(4) Gonzalez Tellez, a. a. O., p. 512, p. 513.-Barbosa, de Officio episcopi, p. II, alleg. 31, n. 9, 10, p. 322.

(5) Martène, de Antiq. eccles. ritib., tom. II, c. 10, n. 1, p. 594.-Lingard, Alterthumer der angelsachs. Kirche (ubers. v. F. H.), S. 306.

(6) Lingard, a. a. O., S. 141.- Th. Silver, The coronation-service or consecration of the Anglo-Saxon kings, London, 1831.

(7) Tacit. Histor. IV, 15. — Gregor. Turon., a. a. O., II, 40, IV, 51, VII, 10. Cassiod., Var. X, 31. - Jornand., de Reb. Get., c. 60. Deutsche Geschichte, Bd. I, S. 432.

(8) Chifflet, Tract. de ampulla Remensi, Antw. 1651, et de Vertot, Diss. sur le sujet de la Sainte ampoule.

par Étienne II (1). A partir de cette époque, le couronnement a été universellement pratiqué dans tous les États issus de la monarchie carlovingienne (2); l'étrange conduite de Henri de Saxe, qui ne voulait pas être considéré comme un successeur des Carlovingiens, et se refusa pareillement à se faire couronner par le pape, peut être signalée comme une exception unique en ce genre (3).

Le cérémonial usité dans le couronnement varie selon la différence des pays et des temps; mais il est partout et toujours le même quant au fond (4), et on retrouve dans le Pontifical romain (5) toutes les prescriptions essentielles qui s'y réfèrent, et même plusieurs des prières en usage dès l'origine de cette institution.

« Cette cérémonie est sublime, dit Pierre Damien (6), « parce qu'elle confère un pouvoir sublime. Lorsqu'un reje« ton de race noble, appelé au trône par droit de naissance « ou par l'élection, est couronné et sacré roi, la noblesse « cléricale et la noblesse séculière, ces deux forces vives de « la nation, sont convoquées dans tout le royaume; ici l'on « voit l'auguste corps des primats, des métropolitains et des évêques; là l'illustre famille des ducs, des comtes et des «< châtelains au milieu s'avance majestueusement, entouré « d'un brillant cortége, l'homme qui doit commander aux « hommes, et il est conduit à l'autel du prince suprême pour << recevoir l'investiture royale de Celui par qui règnent tous « les rois. >>

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(1) Voir mon traité sur cet objet dans les Munch. gel. Anzeigen, Bd. 24. (2) Hallier, de Sacris electionib. et ordinat., p. III, sect. 8, c. 10, § 2, n. 8, p. 469. - R. C., Histoire des sacres et couronnements de nos rois, Reims, 1722. — Clausel de Coussergues, Du sacre des rois de France, Paris, 1825. Stein et Warnkænig, Franzosische Rechtsgeschichte, Bd. I, S. 206.

(3) Beitrage zur Geschichte Deutschlands, S. 99 u. ff. in den Abhandlungen per k, bayr. Akademie der Wissensch., Bd. III, Abth. 2.

(4) Martène, a. a. O., Ordo, V (ex manuscr. cod. Ratoldi abb. Corbej.), col. 605 Quem-in regnum Albionis videlicet Francorum pariter eligimus. Ordo VI, col. 615, ut regale solium, videlicet Saxonum, Merciorum, Nordan-Chimbrorum sceptra non deserat. — Lingard, a. a. O., S. 306.

(5) Pontif. Roman., edit. 1818, p. 1, p. 153 sqq.

(6) Petr., Damian. Serm. 69, in dedicatione Eccles., tom. II, p. 374.

Au pied de l'autel du Seigneur, le primat ou consécrateur rappelle au prince, revêtu de ses insignes de chevalier, les graves obligations et les grands devoirs qu'il est sur le point de contracter. Autrefois cette exhortation avait lieu le plus souvent sous la forme interrogative (1), et le roi, avant de recevoir la couronne, promettait sous serment de remplir fidèlement chacune des obligations énoncées. Vient ensuite le serment du couronnement (2), après quoi il est assez généralement d'usage, surtout dans les États électifs, d'adresser à la noblesse, au clergé et au peuple réunis, cette question : Voulez-vous avoir ce prince pour roi et lui obéir? pour les inviter à acclamer le nouveau souverain (3). La prestation du serment se fait à genoux, les doigts de la main droite placés sur l'Évangile. Une formule usitée, dès la plus haute antiquité, en France et en Angleterre (n. 4, p. 8), fait prononcer au prince les trois promesses suivantes :

(Je jure :) « 1o Que l'Église de Dieu et tout le peuple chré« tien jouiront sous mon règne d'une paix véritable;

« 2o Que je poursuivrai toute espèce de vol et d'iniquité, «< sans distinction de rang ni de personnes;

« 3° Que j'ordonnerai d'unir dans tous les jugements l'im« partialité à la miséricorde, afin que le Dieu tout-puissant «< et tout miséricordieux daigne nous pardonner à tous... « Amen (4)! »

(1) Martène, a. a. O., cap. 9, Ord. IV (ad consecr. Regem Alemanniæ hoc modo proceditur), col. 580.-Coron. Aquisgr. dans Pertz, Monum. Germ. hist., tom. IV, p. 386.

(2) Cet ordre n'était cependant pas invariable.

(3) Coron. Aquisgr.: Et dominus Coloniensis a principibus Alemanniæ clero et populo circumstantibus quærat, dicens: Vultis tali principi ac rectori vos subjicere, ipsiusque regnum firmare, fide stabilire, atque jussionibus illius obtemperare, juxta apostolum: Omnis anima potestatibus sublimioribus subdita sit sive regi quasi præcellenti? Ad quam quæstionem, domini archiepiscopi Ma. guntinensis et Trevirensis, principes Alemanniæ, clerus, populus, assistentes respondeant dicentes: Fiat, Fiat, Fiat.— Martène, a. a. O., c. 10, Ord. V, col. 604.- Ord. VI, col. 611. Petr. Damiani, a. a. O. Prius autem quam imperatoriis cultibus vestiatur, requiritur super eo cleri voluntas et populi et manu propria jurat libertatem Ecclesiarum.

(4) Pontif. Egberti (Martène, a. a. O., Ordo I, col. 599): Rectitudo est re

En Angleterre, le roi déposait, en outre, sur l'autel son serment écrit (1).

Après le serment suivent plusieurs bénédictions données au nouveau monarque, tant pendant qu'après les litanies des saints, puis l'onction. Elle se fait, comme dans la consécration des prêtres, avec l'huile des catéchumènes (2), et on la réitère sur plusieurs endroits du bras (3) avec des prières correspondantes. Il y avait cependant à cet égard quelques exceptions dérogeant à la lettre des canons (4). Par exemple, les rois de France étaient sacrés avec du saint chrême (5), et recevaient, ainsi que les rois d'Angleterre (6), les onctions sur la tête, la poitrine et le bras, par où, selon l'explication de Thomas Becket, étaient figurées la gloire, la sainteté et la force de la royauté (7).

Lorsque le sacre est accompli et que le prince couronné à revêtu les insignes royaux, le sacrifice commence et continue jusqu'au graduel; à ce moment a lieu la présentation des em

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gis noviter ordinati et in solium sublevati hæc tria præcepta populo christiano sibi subdito præcipere: in primis ut Ecclesia et omnis populus christianus veram pacem servent in omni tempore. Amen. Aliud est, ut rapacitates et omnes iniquitates omnibus gradibus interdicat. Amen. Tertium est, ut in omnibus judiciis æquitatem et misericordiam præcipiat, ut per hoc nobis indulgeat misericordiam nobis clemens et misericors Dominus. Amen. Lingard, a. a. O., S. 142. Pertz, Monum. Germ. hist., tom. III, p. 543. - Pontif. Roman., a. a. O., p. 156: Ego, Deo annuente, futurus Rex, profiteor et promitto coram Deo et Angelis ejus deinceps legem, justitiam, et pacem Ecclesiæ Dei, populoque mihi subjecto pro posse et nosse facere ac servare, salvo condigno misericordiæ Dei respectu, sicut in consilio fidelium meorum melius potero invenire. Pontificibus quoque Ecclesiarum Dei condignum et canonicum honorem exhibere atque ea, quæ ab Imperatoribus et Regibus Ecclesiis collata et reddita sunt, inviolabiliter observare. Abbatibus, Comitibus, et vassallis meis congruum honorem secundum consilium fidelium meorum præstare.

(1) Matth. Paris. ann. 1166.- Martène, a. a. O., n. 5, col. 595.

(2) Cap. un. X, de Sacr. unct. (I, 15; § 116, S. 621).

158.

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Pontif. Roman., p.

· Coron. Aquisgr., p. 387.- Barbosa, a. a. O., n. 12, p. 322. (3) Pontif. Roman., p. 158.

(4) Hallier, a. a. O., p. 473. — Gonzalez Tellez, a. a. O., n. 19, p. 513.

(5) Marlène, a. a. O., Ordo VI, col. 613.

Clausel, a. a. O., p. 597.

(6) Martène, a. a. O., Ordo II, col. 601 (Roger. Hoved., Annal., p. II).

1

(7) Matth. Paris., a. a. O. Roger. Hoved., a. a. O. : Quod significat glo.

riam, fortitudinem et scientiam.

blèmes de l'autorité royale. Le prélat consécrateur présente d'abord le glaive, placé sur l'autel, en disant (1): « Recevez « des mains des évêques, qui, quoique indignes, ont été con« sacrés par l'autorité des apôtres et pour en tenir la place, « recevez de leurs mains l'épée royale qui vous est confiée, « et souvenez-vous de la parole du prophète : « Ceins tes reins « de ton glaive, ô puissant (2)!... » pour, avec cette épée, « donner force au bon droit, écraser les oppresseurs, défendre « et protéger la sainte Église de Dieu et les vrais croyants; dissiper et anéantir les hérétiques et tous les ennemis du << nom chrétien; venir doucement en aide à la veuve et à l'orphelin; rétablir ce qui tombe et soutenir ce qui est debout; « venger l'injustice et affermir l'ordre où il existe, afin qu'ainsi faisant, comblé de gloire par le triomphe des bons, « exalté par le ministère de la justice, vous méritiez de régner « à jamais avec le Rédempteur du monde, dont vous portez « l'image dans votre nom : lui qui, étant Dieu, vit et règne «< avec le Père et le Saint-Esprit dans l'éternité. Amen. »

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Ceint de l'épée, le roi la tire du fourreau et la brandit avec force au-dessus de sa tête (3); après quoi l'anneau est mis à son doigt comme signe de l'alliance qu'il contracte avec la foi chrétienne (4). Suit le couronnement proprement dit, dont voici la formule (5) : « Recevez la couronne du royaume, qui <«< est mise sur votre tête, par les mains des évêques, quoique indignes reconnaissez-y l'emblème de la gloire, de la sainteté et de la force; et sachez que par elle vous êtes rendu participant de notre ministère, afin que, comme nous « sommes les pasteurs et les conducteurs des âmes à l'intérieur, vous soyez au dehors le vrai serviteur de Dieu, le « fort défenseur de l'Église de Jésus-Christ contre tout ce qui

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(1) Coron. Aquisgr., p. 389. Pontif. Roman., p. 161.

(2) Psalm. XLIV, 4.

(3) Pontif. Roman., p. 162.

(4) Coron. Aquisgr., p. 389. — Martène, a. a. O., Ordo V, col. 616; Ordo VI, col. 616.

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(5) Coron. Aquisgr., p. 389 sq. - Pontif. Roman,, p. 168. — Martène, a. a. O., Ordo VI, col. 618.

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