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ORIGINES CATHOLIQUES

DE

L'ÉGLISE RUSSE

JUSQU'AU XIIe SIÈCLE

L

Attendite ad petram unde excisi estis.

ISAI. LI. 1.

E P. Gagarin a dernièrement posé cette question:

La Russie sera-t-elle catholique? Il a prouvé qu'une

solution affirmative de cette question était souverainement désirable pour les Russes, non-seulement au point de vue de leurs destinées éternelles, mais même sous le rapport de leurs destinées sociales et politiques; et, pour hâter la réalisation de cette grande chose, il a développé les motifs nombreux et fondés de ses espérances.

Le sujet que nous abordons est comme le complément du sien. « La Russie a été catholique, constamment catholique, dans toutes ses origines, soit religieuses, soit nationales, au moins jusqu'au temps des croisades. » Raison puissante pour qu'elle redevienne ce qu'elle fut, gage précieux de son retour à l'unité. Nous trouvons donc là, tout en nous renfermant dans les origines reculées de l'Église russe, la

source d'un intérêt vivant et actuel. Il ne s'agit plus ici de probabilités, de vraisemblances; il s'agit d'un fait, et ce fait une fois établi, il ne reste plus qu'à délibérer sur ses conséquences, ou plutôt à conclure. Et quand même la nation tarderait longtemps encore à se convertir en masse, tout individu sincère et généreux qui réfléchira sur la portée de ce fait, connaîtra son devoir et se sentira pressé de l'accomplir.

Le P. Possevin, dont les glorieuses missions préparèrent, à la fin du xvio siècle, la réunion d'une partie des Russes à l'Église romaine, nous a laissé sur ce peuple de précieux documents. Mais le schisme, arrivé alors à toute sa puissance

et aux derniers excès d'un fanatisme secondé par la ruse, lui déroba sa nouveauté et sa faiblesse passée. Possevin1 écrit que les Moscovites avaient, cinq cents ans auparavant, sous le duc Vladimir, reçu la foi chrétienne de missionnaires schismatiques et hérétiques. C'est que les Russes, dans leur aveugle reconnaissance, avaient trop facilement ajouté foi aux calomnies des Grecs, jaloux des Latins; acceptant de confiance des chroniques falsifiées, sans que personne pût les prémunir contre les erreurs qu'elles renfermaient, ils en étaient venus au point d'avoir les catholiques en horreur. Lorsque Possevin passe en revue les difficultés de leur conversion, celle-ci ne lui semble pas la moindre, non

minima.

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« Ils se glorifient, dit-il, de conserver en entier les reliques de plusieurs personnages,» schismatiques, au jugement

1 Antonius Possevinus. De Moscovia, commentarius primus, de rebus Moscoviticis ad religionem pertinentibus. Historic Ruthenicæ scriptores exteri seculi XVI. - Edid. Starczewski, Berolini et Petropoli, 1852, t. II. p. 276.

de Possevin, « et ils affirment avec constance que des miracles se font souvent à leur tombeau : les aveugles y recouvrent la vue, les malades la santé. Il y aurait grand péril à émettre le moindre doute sur leur sainteté ou sur la vérité de leur martyre 1. » Parmi ces saints, douteux à première vue, le père nomme les premiers Cliba et Boris, que les hagiographes catholiques ont précisément offerts plus tard à notre vénération sous les noms de saint Romain et de saint David. L'Église autorise leur fête, célébrée chez les Russes catholiques le 24 juillet et le jour de la translation de leurs reliques, 2 mai, par décret du synode tenu à Zamosk en 1720, approuvé par la congrégation de la Propagande et confirmé par le pape Benoît XIII.

Bien avant ces décisions solennelles, le génie de l'érudi– tion, sous l'inspiration de la piété et de la charité, avait deviné l'orthodoxie primitive et plusieurs fois séculaire de la Russie, et il avait cueilli les premières fleurs des saints qui ont germé alors dans ces vastes contrées. Dès la deuxième moitié du xvir siècle, le bollandiste Henschenius et surtout Papebroch, qui ne se présente que comme son disciple3, jetèrent un grand jour sur un fait si remarquable et si consolant. Mais dans toute réaction il est difficile de ne pas dépasser les bornes, en raison même de l'élan de la science et du zèle; et sous ce rapport, les généreux excès de Papebroch sont connus. Il appartint à une école qui présumait que tous les Russes avaient été catholiques presque jusqu'au siècle

1 Possevin. De Moscovia, etc. p. 282.

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2 Le P. Stilting. Acta Sanctorum, Boll., t. II, sept. die 5a p. 633. Butler et Godescard, Vies des Saints, édit. de Versailles, 1819, t. VI, p. 379.

3 Præfatio ad Ephemeridas Græco-Moschas, init. t. 1, maii, p. 11, col. 2, publié en 1680.

précédent ; et tout en discutant beaucoup de points avec justesse, il tendit trop généralement à laver du soupçon de schisme tous les personnages que la Russie honore comme saints.

Le P. Dusollier (Sollerius) procéda avec plus de précaution et même avec timidité, suivant le P. Stilting'. Arrivé au 15 juillet, jour où les Russes font la fête de saint Vladimir, il n'en fit mémoire que parmi les prætermissi, jusqu'à plus ample informé.

Il agit de même quand il parvint au 24, jour où l'on solennise le culte des fils de saint Vladimir que nous avons déjà nommés, saint Romain et saint David.

Il n'en parut pas moins, en 1734, un opuscule imprimé à Rome et dédié au pape Clément XII. Le russe Kulczynski en était l'auteur. C'était le procureur général de l'ordre des Basiliens, résidant à Rome, comme recteur du monastère des saints Serge et Bacchus ad Montes; et il faut remarquer qu'un général des moines de saint Basile avait fait autrefois des difficultés à Papebroch pour la traduction des vies de quelques saints russes 2. Le titre de la dissertation était pompeux : Specimen de l'Église des Ruthènes (ou Russes catho– liques) toujours unie dans la personne de ses chefs, ou primats de Russie, avec le saint-siége apostolique romain3. Belles promesses qui eussent fort abrégé les travaux subséquents, si l'auteur eût été en mesure de les tenir ! Mais il tourna les obstacles au lieu de les surmonter.

Cependant l'œuvre immense des Bollandistes marchait

1 Acta Sanct., t. II, sept. Dissertatio de fide et conversione Russorum, p. 1, 2 T. I, maii, p. III, col. 1-2.

3 Cité

II, sept., ibid. C.

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