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UNE

TRAGÉDIE LATINE A ROME

L'AN 1600

L

E titre seul que nous avons placé en tête de ces lignes fera peut-être sourire plus d'un lecteur.

Et que nous importent des tragédies latines jouées à Rome l'an 1600, au moment où la littérature nationale fleurit depuis longtemps en Italie et va bientôt briller du même éclat dans toute l'Europe chrétienne? Et d'ailleurs, Boileau, le sage Boileau, n'a-t-il pas finement tourné en ridicule l'usage des vers latins? Voltaire n'a-t-il pas établi qu'il est aujourd'hui non moins inutile qu'impossible de bien écrire une langue morte 1? »

Je ne discute pas ici la valeur de ces autorités. Qu'il me soit seulement permis de m'inquiéter peu des plaisanteries de Boileau, après que, de nos jours, ses décisions les plus solennelles ont été remises en question avec une liberté plus qu'irrévérencieuse. Quant à Voltaire, n'ai-je pas droit de le récuser, s'il a jugé sans pleine connaissance de cause et avec la légèreté qui lui est trop ordinaire? Au reste, on aurait

Catalogue des écrivains du XVIIe siècle.

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Art. Commire, Jouvancy, etc.

tort de s'étonner que l'irréflexion et l'ignorance aient adopté une opinion commode, qui avait eu le singulier bonheur de réunir les suffrages de Voltaire et de Boileau. De cette cause et de bien d'autres sont nées tant de préventions contre la littérature latine moderne.

Et pourtant, à n'envisager ici que les anciens instituteurs de la jeunesse catholique en Europe, et leurs ouvrages

sans nombre, — qu'on croit avoir jugés quand on a dit avec un dédain quelque peu pédantesque : Littérature de collége, oserait-on demander à ces Aristarques les motifs sur lesquels se fondent les faciles arrêts de leur prétendue infaillibilité? Littérature de collége, nous dit-on: soit, puisque souvent elle est née au collége. Mais que s'ensuitil? Les mêmes hommes qui, de l'aveu de tous, apprirent avec succès aux générations naissantes l'art de bien penser, de bien parler, de bien écrire, qui formèrent tant de poëtes, tant d'orateurs éminents, ces habiles maîtres, enfin, dont plusieurs ont encore un nom, auraient donc toujours manqué pour eux-mêmes du bon goût et de l'inspiration qu'ils surent communiquer aux autres? Ce serait là un phénomène inexplicable. Heureusement, ce phenomène n'existe pas. Dans cette littérature de collége, ignorée aujourd'hui, parce que les lettres anciennes sont en décadence, il y a de véritables richesses enfouies, une mine féconde de conceptions gracieuses, spirituelles ou sublimes, un trésor de poésies nationales et chrétiennes, qui, pour reconquérir de l'importance aux yeux de tout littérateur sérieux, n'attendent qu'une plume patiente et capable de les présenter avec tous leurs avantages à l'attention de notre siècle. J'ajoute même que tout ce qu'il y eut d'inspirations nobles et légitimes, cachées

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