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LES STAROVÈRES

L'ÉGLISE RUSSE

ET LE PAPE

Истинно древняя и истинно православная Христова церковь, изложеніе въ отношеніи къ глаголемому старообрядству, Григорія архіепископа Казанскаго, въ двухъ частяхъ. Изданіе третіе, снова пересмотрѣнное и нѣсколько умноженное. Санктпетербургъ. 1856.

L'ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST VRAIMENT ANCIENNE ET VRAIMENT ORTHODOXE; EXPOSITION FAITE EN VUE DES SOI-DISANTS STAROVÉRES, par Mgr GRÉGOIRE, archevêque (non uni) de Cazan. 3e édition, revue et augmentée; 2 vol. in-8°. SaintPétersbourg, 1856, vi et 363 pp., vii et 364 pp.

L

I

'OUVRAGE dont nous venons de donner le titre, est digne, sous plus d'un rapport, d'attirer l'attention des hommes sérieux. Il se recommande d'abord

par

le nom et la position de son auteur. Mg Grégoire est un des prélats les plus éminents et les plus justement vénérés de l'Église russe, et tout récemment, son mérite l'a fait transférer du siége de Cazan à celui de Saint-Pétersbourg. Il n'est pas nécessaire de faire ressortir l'importance de ce

siége; le métropolitain' de Saint-Pétersbourg, résidant dans la capitale de l'empire, au centre du gouvernement, et prenant une part active et non interrompue aux délibérations du synode, où il occupe la première place, tient dans l'Église russe un rang très élevé, et y exerce une grande influence.

Mais le nom de Mer Grégoire ne serait pas sur la couverture du volume, que cet ouvrage se recommanderait suffisamment par la question qui y est traitée et par la manière dont elle est traitée.

Depuis deux siècles, le starovérisme fait la guerre à l'Église russe; on a eu recours à toute espèce de moyens pour se défaire d'un aussi dangereux ennemi; et loin d'avoir rien perdu de ses forces, il est aujourd'hui plus menaçant que jamais. Il nous serait difficile de préciser le nombre de ses adhérents, mais il est certain qu'ils sont très-nombreux, qu'ils se comptent par millions, et qu'au lieu de diminuer, ils augmentent chaque année.

La question du starovérisme est intimement liée aux questions qui intéressent le plus profondément la Russie. Elle jette un très-grand jour sur la situation intellectuelle, morale et religieuse des masses populaires; les hommes d'État s'en préoccupent avec raison, et à un moment donné elle peut prendre une importance bien plus grande encore, que celle que l'on est disposé à lui accorder.

Jusqu'à présent, en effet, le starovérisme est resté renfermé dans les classes ignorantes de la nation, et n'a eu qu'une action latente; mais le temps semble arrivé où il va

1 Dans la hiérarchie de l'Eglise orientale les métropolitains ou métropolites forment un degré distinct, au-dessus des archevêques.

éclater au grand jour. Il a trouvé des sympathies dans les classes les plus élevées de la société russe. Tous les hommes qui se laissent dominer par les répugnances que les réformes de Pierre Ier et les tendances européennes de ses successeurs ont excitées et excitent encore, se rapprochent instinctivement des starovères, et tendent à identifier leur cause avec la leur. C'est là un fait d'une très-grande portée. On ne contestera pas la force que le parti de la résistance, le parti ultra-national retirerait de cette alliance avec les starovères; mais les starovères aussi y trouveraient un élément de puissance qui leur a manqué jusqu'ici. Le starovérisme pénétrant dans les classes élevées et instruites de la nation, entrerait dans une phase nouvelle; il se transformerait sans doute; mais en même temps il verrait grandir son influence, multiplierait ses moyens d'action, et se trouverait mêlé à toutes les questions religieuses, sociales, politiques, dont la solution intéresse la Russie.

Tous nos lecteurs n'étant peut-être pas suffisamment renseignés sur cette question des starovères, il nous faut absolument entrer dans quelques explications préliminaires.

On sait généralement qu'il y a en Russie un-très grand nombre de sectes qui se sont successivement détachées de l'Église dominante, et dont les adhérents sont désignés sous le nom générique de rascolniques. Cette appellation leur vient du mot russe raskol, qui a lui-même son étymologie dans le verbe raskoloti, fendre, séparer en fendant. On voit donc que le mot raskol correspond exactement au oxíaux des Grecs, dont on a fait en français schisme; et le mot rascolnique est par conséquent la traduction et l'équivalent du mot

y

schismatique. Toutes ces sectés étant séparées de la communion de l'Église dominante, et refusant de reconnaître son autorité, il est évident qu'elles sont en état de schisme vis-àvis de cette Église, et, sous ce rapport, il n'y a rien de plus juste que le nom de schismatique ou de rascolnique qui leur est donné. Il y a cependant une observation à faire. Il peut avoir schisme sans qu'il y ait hérésie; on peut avoir la même foi, la même doctrine, les mêmes enseignements sans appartenir à la même communion, sans être soumis à la même autorité ecclésiastique. Mais il arrive quelquefois que le schisme et l'hérésie se trouvent réunis ; il y a divergence dans la doctrine et dans la foi, en même temps qu'il y a rupture dans les liens de la communion et de la hiérarchie. Or, ces deux catégories se retrouvent dans les nombreuses sectes qui existent en Russie. Les sectaires qui se décernent à eux-mêmes le nom de starovères ou vieux-croyants, sont à l'état de schisme vis-à-vis de l'Église dominante, mais ils ne sont pas hérétiques à proprement parler; tandis que les molocanes et beaucoup d'autres professent des doctrines dans lesquelles on trouve des traces de gnosticisme, de manichéisme, de protestantisme, évidemment contraires aux dogmes professés par l'Église russe. Toutes ces sectes ne sont donc pas simplement schismatiques, elles sont encore hérétiques. Par conséquent, voilà deux groupes bien distincts, entre lesquels se partagent les sectes issues de l'Église russe; les unes simplement schismatiques, les autres à la fois schismatiques et hérétiques.

Nous ne nous occuperons pour le moment que des premières, et nous donnerons à leurs adhérents le nom générique de starovères.

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