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qu'il réserve, de toute éternité, la vie éternelle à ceux qui auront persévéré jusqu'à la fin; ou, en d'autres termes, qu'il faut admettre en Dieu la prédestination d'un certain nombre d'hommes à la gloire du royaume céleste. « Cette croyance, dit saint Augus« tin, a toujours été celle de l'Église de Jésus-Christ (1). » Suivant saint Prosper, aucun catholique ne nie la prédestination de « Dieu (2). Tel est, d'ailleurs, l'enseignement de l'Écriture. Au jugement dernier, Notre-Seigneur s'adressant aux élus ieur dira: Venez, les bénis de mon Père; possédez le royaume qui vous a « été préparé dès le commencement du monde (3). » Saint Paul n'est pas moins exprès; il écrivait aux Romains : « Ceux que Dieu • a connus par sa prescience, il les a prédestinés comme devant « être conformes à l'image de son Fils, afin qu'il fût l'aîné entre « plusieurs frères; et ceux qu'il a prédestinés, il les a appelés; et « ceux qu'il a appelés, il les a justifiés; et ceux qu'il a justifiés, il les a glorifiés (4). Dieu, dit-il ailleurs, nous a élus en lui avant « la création du monde, afin que, par l'amour qu'il nous a porté, « nous fussions saints et sans tache devant ses yeux, nous ayant, " selon le bon plaisir de sa volonté, prédestinés en l'adoption de - ses enfants par Jésus-Christ et en Jésus-Christ (5). »

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181. Ceux qui sont prédestinés à la gloire seront infailliblement sauvés; le décret de prédestination est aussi infaillible que la prescience divine. «Mes brebis, dit Notre-Seigneur, entendent ma « voix ; et je les connais, et elles me suivent; et je leur donne la « vie éternelle; et elles ne périront jamais, et personne ne les ar◄rachera de mes mains (6). » Ainsi, le nombre des prédestinés est fixe et immuable; il ne sera ni augmenté ni diminué, puisque

(1) Prædestinationis hujus fidem nunquam Ecclesia Christi non habuit. Du Don de persévérance, c. xx. (2) Prædestinationem Dei nullus catholicus negat. Respons. 1, ad objectiones Gallorum. — (3) Venite, benedicti Patris mei; possidete paratum vobis regnum a constitutione mundi. Saint Matth., C. XXV, v. 34.-(4) Quos præscivit et prædestinavit conformes fieri imaginis Filii sni, ut sit ipse primogenitus in multis fratribus. Quos autem prædestinavit, hos et vocavit; et quos vocavit, hos et justificavit; quos autem justificavit, illos et glorificavit. Epitre aux Romains, c. vi, v. 29 et 30. — (5) Elegit nos in ipso, ut essemus sancti et immaculati in conspectu ejus in charitate. Qui prædesti. navit nos in adoptionem filiorum per Jesum Christum in ipsum, secundum propositum voluntatis suæ. Épitre aux Éphésiens, c. 1, v. 4 el 5. —(6) Oves meæ vocem meam audiunt : et ego cognosco eas, et sequuntur me : et ego vitam æternam do eis: et non peribunt in æternum, et non rapiet cas quisquam de manu mea. Saint Jean, c. x, v. 27 el 28.

Dieu l'a fixé de toute éternité, et que sa prescience ne peut être trompée. Néanmoins ceux qui font leur salut le font librement; ils conservent toujours leur libre arbitre: au moment même où il faut correspondre à la grâce, ils peuvent y résister.

ARTICLE II.

De la gratuité de la prédestination.

182. Il est de foi que la prédestination est gratuite. La vie éternelle est une grâce de Dieu, gratia Dei vita æterna (1); la grâce des grâces, la grâce par excellence, qui suppose toutes les autres grâces. Néanmoins la prédestination, considérée sous le rapport de la gloire en ce qui concerne les adultes, suppose aussi les mérites du juste. La vie éternelle est tout à la fois une grâce de Dieu, et la récompense des bonnes œuvres faites en état de grâce; elle est appelée, dans l'Évangile et dans les Épîtres de saint Paul, le salaire du juste, merces, le prix qu'il a mérité, bravium, la couronne de justice, corona justitiæ. C'est un dogme catholique, que les bonnes œuvres d'un homme justifié sont des dons de Dieu, et en même temps des mérites de cet homme justifié; ou que, par ces bonnes œuvres qu'il fait avec la grâce de Dieu et par les mérites de Jésus-Christ, il mérite lui-même véritablement la vie éternelle (2).

183. Ici s'élève une question qui a beaucoup occupé les scolastiques: il s'agit de savoir si le décret de la prédestination à la gloire est absolu, et antérieur, suivant notre manière de concevoir, à la prévision des mérites de l'homme aidé par la grâce; ou s'il est conditionnel, et postérieur à la prévision de nos mérites. Les uns pensent que ce décret est absolu, et que Dieu l'a porté de toute éternité, sans égard aux mérites de ceux qui en sont l'objet. Selon ce système, le juste n'arrive pas à la gloire, parce qu'il correspond à la grâce; mais il correspond à la grâce, parce qu'il est prédestiné

(1) Épître aux Romains, c. VI, v. 23. · (2) Si quis dixerit hominis justificati bona opera ita esse dona Dei, ut non sint etiam bona ipsius justificati merita; aut ipsum justificatum bonis operibus, quæ ab eo per Dei gratiam, et Jesu Christi meritum, cujus vivum membrum est, fiunt, non vere mereri augmen. tum gratiæ, vitam æternam, et ipsius vitæ æternæ, si tamen in gratia decesserit, consecutionem, atque etiam gloriæ augmentum, anathema sit. Concile de Trente, sess. vi, can. 32.

à la gloire; en le prédestinant, Dieu s'engage à lui donner des grâces efficaces qui, sans nuire à son libre arbitre, doivent le faire arriver infailliblement au salut éternel. Les autres, au contraire, croient que le décret de la prédestination à la gloire est conditionnel, et fondé sur la prévision des mérites surnaturels de l'homme. Dieu, disent-ils, voulant le salut de tous les hommes, leur accorde à tous les grâces nécessaires au salut, sans toutefois que ces grâces soient les mêmes pour tous; et, dans la prévision que les uns feront bon usage de ces grâces, il les prédestine à la gloire; comme il réprouve ceux dont il a prévu la désobéissance et l'impénitence finale. Suivant le premier de ces deux sentiments, le décret de la prédestination est absolu, antécédent, et gratuit à tous égards; suivant le second, ce décret est conditionnel et conséquent, mais réellement gratuit, en ce qu'il ne suppose que des mérites acquis par la grâce, qui est essentiellement gratuite. Ainsi l'on ne doit point confondre le second sentiment avec l'erreur des Pélagiens et des semi-pélagiens, qui niaient que la grâce fût nécessaire pour toutes les œuvres du salut; comme il ne faut pas confondre le premier système avec l'erreur des hérétiques connus sous le nom de prédestinatiens, qui prétendent que, par un décret absolu et antécédent, Dieu prédestine au malheur éternel ceux qui ne sont point prédestinés au royaume des cieux. Tout catholique reconnaît que le décret de réprobation n'est fondé que sur la prévision de l'abus des grâces.

184. Les théologiens qui défendent le décret absolu de la prédestination à la gloire invoquent les oracles sacrés et les saints Pères; ceux qui sont pour le décret conditionnel leur opposent, avec plus ou moins d'avantage, les mêmes autorités. On ne peut donc décider directement la question par l'Écriture ni par la tradition; elle ne peut être décidée que par l'autorité de l'Église. Or, jusqu'ici l'Église s'est abstenue de prononcer; elle laisse à chacun la liberté d'abonder en son sens ; de sorte qu'on peut indifféremment se déclarer pour le décret absolu ou pour le décret conditionnel. Il est vrai que ce dernier décret se concilie plus facilement que le décret absolu avec la volonté de Dieu de sauver tous les hommes; il est vrai qu'il offre moins de difficultés, et qu'il paraît plus conforme à l'idée que nous avons de la providence et de la bonté divine: mais si cette considération suffit pour nous faire préférer le sentiment qui fonde le décret de la prédestination sur la prévision des mérites futurs de l'homme juste, au sentiment qui le fonde sur une volonté absolue, antérieure à cette prévision, elle n'est pas assez

forte pour dissiper tout doute, ou pour faire rejeter l'autre sentiment comme une opinion erronée ou téméraire.

ARTICLE III.

Du nombre des prédestinés.

185. Dieu seul connaît le nombre des prédestinés. Toutes les conjectures qu'on a faites sur ce point sont dénuées de fondement. Mais il se présente une question, savoir si le nombre des prédestinés ou des élus l'emporte sur le nombre des réprouvés, ou si le nombre des réprouvés l'emporte sur le nombre des élus? Au sujet de cette question, qui a été soulevée, dit Benoit XIV, avec plus de curiosité que d'utilité, sane curiosius quam utilius (1), nous pourrions nous contenter de dire: 1o qu'il est certain que tous les hommes ne seront pas sauvés; que, malheureusement, il y en a un trop grand nombre qui transgressent la loi de Dieu. qui meurent dans l'impénitence et encourent la damuation éternelle; 2o que la moitié du genre humain dût-elle être sauvée, n'y eut-il même parmi les catholiques qu'un seul réprouvé sur cinq, sur dix, sur vingt, sur cinquante, sur cent, nous devrions toujours craindre souverainement d'être du nombre de ceux qui se perdent, et opérer notre salut avec crainte et tremblement. Cependant, parce que les prédicateurs se permettent facilement des exagérations en parlant du petit nombre des élus, nous ferons observer: qu'on n'est pas dans le vrai lorsqu'on présente le petit nombre des élus parmi les fidèles comme un dogme catholique; soit parce que l'Église n'a rien décidé sur ce point, soit parce qu'en admettant (ce que nous admettons en effet) que le plus grand nombre des hommes se damnent, il ne s'ensuit pas que le plus grand nombre des catholiques soient damnés, vu surtout qu'il y a près de la moitié des enfants qui, après avoir reçu le baptême, meurent avant d'avoir perdu l'innocence baptismale. Il existe trois sentiments, parmi les interprètes sacrés, sur la question de savoir si dans l'Église de Jésus-Christ le nombre des réprouvés l'emporte sur celui des élus. Quelques-uns pensent qu'il y a plus d'élus que de réprouvés, s'appuyant sur la parabole où Notre-Seigneur compare le royaume des cieux au festin des noces, dont un seul des convives a été exclu pour n'être pas revêtu de la robe nuptiale. D'autres

(1) Institutions ecclésiastiques, Instit. xxvi.

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disent qu'il y a autant de prédestinés que dé réprouvés ; ils s'appuient sur la parabole des cinq vierges prudentes et des cinq vierges folles. D'autres enfin croient que les réprouvés l'emportent en nombre sur les prédestinés. On invoque en faveur de ce senti- ' ment ces paroles de Notre-Seigneur : « Il y en a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus (1). Entrez par la porte étroite, car la porte large et la voie spacieuse est celle qui conduit à la perdition, et il y en a beaucoup qui y passent. Qu'elle est petite la ▪ porte, qu'elle est étroite la voie qui conduit à la vie! et qu'il y • en a peu qui la trouvent (2)! » Ce troisième sentiment est le plus commun: cependant, parce que les textes que l'on cite à l'appui, tout en prouvant que le plus grand nombre des hommes se perdent, ne déterminent pas s'il y a moins d'élus que de réprouvés parmi les catholiques, la chose demeure douteuse, comme le dit très-bien Suarez; res dubia est. Ce docteur, que Benoît XIV appelle une des grandes lumières de l'école, ajoute qu'il est plus vraisemblable pour lui que le plus grand nombre de ceux qui meurent dans le sein de l'Église catholique sont sauvés (3).

ARTICLE IV.

Du bonheur des prédestinés après cette vie.

186. Il existe une autre vie, où les bons sont récompensés et les méchants punis (4). C'est un dogme admis chez tous les peuples (5). Mais en quoi consiste la récompense des bons ou des prédestinés? La récompense du juste, après cette vie, consiste dans la possession du souverain bien. Dieu lui-même est la récompense des saints, ego ero merces tua (6). Il est écrit : « L'œil de l'homme « n'a point vu, l'oreille n'a point entendu, le cœur de l'homme n'a < point compris ce que Dieu a préparé à ceux qui l'aiment (7). » Non,

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(1) Multi enim sunt vocati, pauci vero electi. Saint Matthieu, c. xx, v. 16; et xvII, v. 14. — (2) Intrate per angustam portam : quia lata porta et spatiosa via est, quæ ducit ad perditionem; et multi sunt qui intrant per eam. Quam angusta porta et arcta via est, quæ ducit ad vitam, et pauci sunt qui inveniunt eam! Ibidem, c. vn, v. 13 et 14. — (3) Tract. de divina prædestinatione et reprobatione, lib. vi, c. I. - Voyez aussi les Institutiones ecclesiasticæ, de Benolt XIV, Instit. xxvi; le Traité de la vraie religion, par l'abbé Bergier, tom. x, pag. 355, édit. in-8", etc., etc. · (4) Voyez, ci-dessus, le n° 109 et le n° 150.- (5) Voyez le tome er, no 591, etc. — (6) Genèse, c. xxv, v. 1. (7) Oculus non vidit, nec auris audivit, nec in cor hominis ascendit quæ præparavit Deus iis qui diligunt illum. Ire épître aux Corinthiens, c. 11, v. 9.

II.

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