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il n'est point dopné à l'homme ici-bas de connaître toute l'étendue du bonheur dont les élus jouissent dans le ciel. Ce que nous savons, ce que la foi nous enseigne, c'est que Dieu, en devenant lui-même l'objet de la béatitude céleste, remplit le vide de l'intelligence et du cœur de l'homme, satisfait et rassasie ses désirs jusqu'alors insatiables, et le rend souverainement heureux. Le bonheur des saints dans le ciel est un bonheur complet; ils possèdent Dieu, et ils trouvent dans cette possession le repos le plus parfait, et la jouissance de tous les biens; le repos le plus parfait, puisque Dieu est leur fin dernière, et que chaque être parvenu à sa fin s'y repose comme dans son centre; la jouissance de tous les biens, puisque Dieu seul est la vérité par excellence, la vie par excellence, le bien par excellence, et que lui seul, par une conséquence naturelle, leur tient lieu de toutes choses. Le bonheur du ciel est un bonheur complet, non-seulement parce que les élus possèdent le souverain bien, mais encore parce qu'ils le posséderont éternellement: il nous est annoncé, dans l'Écriture, comme devant être éternel. « Les justes, dit le sage, vivront à jamais; justi in perpetuum vivent (1); ils iront dans la vie éternelle; ‹justi (ibunt) in vitam æternam (2). » C'est une joie durable et permanente que personne ne pourra leur ravir; gaudium vestrum nemo tollet a vobis (3). Éternellement ils verront Dieu face à face, éternellement ils aimeront Dieu et ils seront aimés de Dieu; et, dans cet amour mutuel et inaltérable, ils jouiront en paix de la lumière, de la gloire, du bonheur, de la vie même de Dieu, comme s'ils étaient participants de la nature divine, divinæ consortes naturæ (4).

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187. Ils verront Dieu face à face; ils le verront intuitivement, immédiatement, sans intermédiaire : « Heureux ceux qui « ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu (5). Ils le verront eux-mêmes, ipsi Deum videbunt. Je vous déclare, disait NotreSeigneur à ses disciples, que les anges de ces enfants voient sans «cesse la face de mon Père qui est dans les cieux (6). » Ils ne voient pas seulement Dieu, mais ils voient la face de Dieu. Or, dit encore Jésus-Christ, les justes seront dans le ciel comme les anges de Dieu; erunt sicut angeli Dei in cœlo (7). Ils seront

(1) Livre de la Sagesse, c. v, v. 5. (2) Saint Matthieu, c. xxv, v. 46. (3) Saint Jean, c. xvi, v. 22.—(4) Ile épître de saint Pierre, c. 1, V. 4.- (5) Beat mundo corde, quoniam ipsi Deum videbunt. Saint Matthieu, c. v, v. 8. (6) Angeli eorum in cœlis semper vident faciem Patris mei, qui in cœlis est. Ibidem, c. xvIII, v. 10.- (7) Ibidem, c. xxi, v. 30.

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même égaux aux anges; æquales angelis (1). « Maintenant nous « voyons Dieu comme dans un miroir et d'une manière obscure; « mais alors (après cette vie) nous le verrons face à face: maintenant je le connais en partie; mais alors je le connaîtrai comme je suis, moi, connu de lui (2). » C'est cette claire vue, cette connaissance parfaite de Dieu qui nous mettra en possession du bonheur du ciel; alors il n'y aura plus ni foi, ni espérance; la charité seule demeurera pour nous unir à Dieu et nous faire aimer éternellement le souverain bien, que nous connaitrons toujours comme infiniment aimable, et dont nous jouirons pleinement pendant toute l'éternité. C'est pourquoi la vision intuitive est aussi appelée vision béatifique : elle est la source de la béatitude céleste.

188. Saint Jean s'exprime comme saint Paul : « Mes bien« aimés, nous sommes dès à présent enfants de Dieu; mais ce que « nous serons un jour ne parait pas encore. Nous savons que lors« qu'il se montrera dans sa gloire, nous serons semblables à lui, « parce que nous le verrons tel qu'il est (3). » Voir Dieu tel qu'il est, n'est-ce pas le voir intuitivement, face à face? Etre semblable à Dieu, à Jésus-Christ, n'est-ce pas régner avec Jésus-Christ, être glorifié de la gloire de Jésus-Christ, vivre de la vie bienheureuse de Jésus-Christ?

La tradition n'est pas moins expresse que l'Écriture: les Pères grecs et latins, les docteurs de tous les temps, professent comme dogme catholique que les saints jouissent de la vision intuitive de Dieu. Aussi les Pères du concile de Francfort, de 794, font-ils consister la béatitude éternelle, l'heureuse éternité, dans la vision bienheureuse de Jésus-Christ, vrai Dieu, Dieu vivant et vraiment Fils de Dieu (4). Suivant la définition du concile de Florence, les bienheureux « voient intuitivement et clairement Dieu luimême, tel qu'il est, dans l'unité de nature et la trinité de per"sonnes; de sorte, toutefois, que les uns le voient plus parfaite«ment que les autres, selon la diversité des mérites (5). »

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(1) Saint Luc, c. xx, v. 36. - (2) Videmus nunc per speculum in ænigmate, tunc autem facie ad faciem. Nunc cognosco ex parte; tunc autem cognoscani sicut, et cognitus sum. Ire épître aux Corinthiens, c. xIII, v. 12. (3) Carissimi, nunc filii Dei sumus; et nondum apparuit quid erimus. Scimus quoniam cum apparuerit, similes ei erimus ; quoniam videbimus enm sicuti est. Ire épît., C. III, v. 2. (4) Prædicemus eum (Christum) Deum verum et vivum et vere Filium Dei, ut ad ejus beatissimam visionem pervenire mereamur, in qua est eterna beatitudo et beata æternitas. Labbe, Concil., tom. vu, col. 1047.—(5) Il

189. Mais il est important de faire remarquer, premièrement, qu'autre chose est de voir, même par intuition, intueri, ou de connaître clairement la nature divine; et qu'autre chose est de la comprendre, ou de la connaître infiniment. Une créature, quelque parfaite et quelque privilégiée qu'elle soit, étant essentiellement bornée, ne peut comprendre l'infini; Dieu seul peut se connaître infiniment. Tel est, d'ailleurs, l'enseignement de l'Église : « Nous « croyons fermement, disent les Pères du quatrième concile géné«ral de Latran, et nous confessons simplement qu'il y a un seul « vrai Dieu, éternel, immense, tout-puissant, immuable, incompréhensible (1). »

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190. Secondement, qu'il y a des degrés dans la vision béatifique, comme il y en a dans la sainteté : les élus, dans le ciel, voient Dieu d'une manière plus ou moins parfaite, suivant qu'ils ont plus ou moins de mérite, pro meritorum diversitate, comme le dit le concile de Florence; ce qui est conforme à ces paroles de Jésus-Christ : « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon • Père (2). » C'est aussi la doctrine de saint Paul, qui nous apprend que chacun recevra sa récompense selon son travail (3). « Autre est la clarté du soleil, dit-il ailleurs, autre la clarté de la lune, autre la clarté des étoiles; une étoile même diffère d'une « autre étoile en clarté. Il en sera de même à la résurrection des « morts (4). Que celui donc qui est juste se justifie encore, et que « celui qui est saint se sanctifie encore (5); » afin qu'il mérite avec une augmentation de la grâce une augmentation de la gloire, gloriæ augmentum (6), de cette gloire qui, sans être égale dans tous les saints, les rend tous parfaitement heureux, ne leur laissant plus rien à désirer, et leur ôtant tout sujet de crainte pendant l'éternité.

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lorum animos... intueri clare ipsum Deum trinum et unum, sicuti est, pro meritorum tamen diversitate alium alio perfectius. Labbe, tom. xш, col. 1167. — (1) Capit. 1. (2) In domo Patris mei mansiones multæ sunt. Saint Jean, C. XIV, v. 2.- (3) Unusquisque autem propriam mercedem accipiet secundum suum laborem. Ire épître aux Corinthiens, c. 111, v. 8. — (4) Alia claritas solis, alia claritas lunæ, et alia claritas stellarum ; stella enim a stella differt in claritate. Sic et resurrectio mortuorum. Ibidem, c. xv, v. 41 et 42. — (5) Qui justus est, justificetur adhuc; et qui sanctus est, sanctificetur adhuc. Apocal., c. xxi, v. 11. (6) Concile de Trente, sess. vi, can. xxxII.

ARTICLE V.

Les âmes des justes, à qui il ne reste rien à expier, jouissent de la vision béatifique immédiatement après la mort.

191. C'est une erreur assez commune, parmi les Grecs schismatiques, que les justes sortis de ce monde, encore qu'ils soient en repos, ne jouiront de la vision béatifique qu'après la résurrection générale et le jugement dernier. Cette erreur a été condamnée par le second concile œcuménique de Lyon en 1274, et par le concile également œcuménique de Florence en 1439. Suivant le concile de Lyon, « les âmes de ceux qui, après le baptême, n'ont commis « aucun péché, ainsi que celles qui, après avoir contracté la tache « du péché, ont été purifiées en cette vie ou dans le purgatoire, « sont aussitôt reçues dans le ciel (1). » Le concile de Florence renouvelle ce décret, ajoutant que ces âmes voient clairement Dieu tel qu'il est (2). C'est aussi la doctrine du concile de Trente: il parle des saints comme régnant présentement avec Jésus-Christ, comme jouissant, dans le ciel, de la félicité éternelle (3). Outre ces conciles, nous pourrions citer les décrets de plusieurs papes, entre autres celui par lequel Benoît XII a défini de la manière la plus expresse, en 1336, que les âmes des saints voient Dieu, même avant la résurrection genérale, d'une manière intuitive et face à face, visione faciali et intuitiva (4).

192. Tel est l'enseignement de Écriture et de la tradition. Saint Paul écrivait aux Corinthiens : « Nous savons que, pendant « que nous habitons dans ce corps, nous sommes voyageurs et éloignés du Seigneur, parce que nous allons à lui par la foi, et que nous ne le voyons pas encore. Dans cette confiance, nous aimons mieux nous éloigner de ce corps, pour jouir de la pré⚫sence du Seigneur (5). Je désire, dit le même apôtre, d'être dé

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(1) Credimus illorum animas, qui post sacrum Baptisma susceptum, nullam omnino peccati maculam incurrerunt, illas etiam quæ post contractam peccati maculam, vel in suis manentes corporibus, vel eisdem exutæ, sunt purgatæ, mox in cœlum recipi. Labbe, Concil., tom. xi, col. 963. — (2) Labbe, tom. xi, col. 1167.(3) Sess. xxv, De invocatione sanctorum. — (4) Apud Raynaldum, ad an. 1336. (5) Audentes igitur semper, scientes quoniam dum sumus in corpore, peregrinamur a Domino (per fidem enim ambulamus, et non per speciem); audemus autem et bonam voluntatem habemus magis peregrinari a corpore et præsentes esse ad Dominum. II* épitre aux Corinthiens, c. v, v. 6, 7

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» Saint gagé des liens du corps, et d'être avec Jésus-Christ (1). Paul suppose évidemment que, immédiatement après cette vie, le juste qui n'a plus rien à expier jouit de la vision de Dieu, non de celle qui a lieu par la foi, per fidem; mais de celle qui nous montre Dieu face à face, per speciem : autrement le désir d'être délivré de ce corps, afin d'être présent au Seigneur, d'être et de régner avec Jésus-Christ, serait un désir vain, inutile, un désir trompeur, que l'on ne peut admettre dans un apôtre, dans un auteur inspiré de Dieu.

193. Aussi nous pourrions citer, en faveur du dogme catholique, non-seulement, parmi les Latins, saint Cyprien, saint Ambroise, saint Jérôme, saint Augustin, le sacramentaire de saint Gélase; mais encore, parmi les Grecs, saint Ignace d'Antioche et saint Polycarpe de Smyrne, qui ont vécu l'un et l'autre avec les apôtres; la lettre de l'Église de Smyrne sur le martyre de saint Polycarpe, Athénagore, Clément d'Alexandrie, Origène, Eusèbe de Césarée, saint Basile, saint Grégoire de Nysse, saint Grégoire de Nazianze, saint Épiphane, saint Jean Chrysostome (2). Malgré l'erreur de quelques anciens Pères qui se sont montrés plus ou moins favorables aux millénaires, faute de connaître parfaitement l'enseignement de l'Église universelle, partout et dans tous les temps, avant comme après le schisme de Photius, on voit dominer la croyance catholique qui introduit dans le ciel, et met en possession de la vision béatifique, les justes qui n'ont contracté aucune souillure, ou qui, après avoir péché, se sont entièrement purifiés, soit ici-bas, soit dans le purgatoire, sans leur faire attendre le jugement dernier.

ARTICLE VI.

Il est un purgatoire où sont retenus les justes qui n'ont pas encore entièrement satisfait à la justice divine.

194. On entend par purgatoire un état dans lequel sont retenus pour un certain temps les âmes des justes à qui il reste quelque chose à expier après cette vie, soit pour les péchés véniels qui n'ont point été remis, soit pour les péchés mortels qui, quoique

(1) Desiderium habens dissolvi et esse cum Christo. Épître aux Philippiens, C. I, v. 23. — (2) Voyez le P. Petau, Tract. de Deo, lib. vì, c. xш; Tournély, Tract. de Deo, quæst. x11, art. 1; le P. Perrone, Tract. de Deo creatore part. ш, c. vi, etc.

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