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233. La seconde peine de l'enfer est la peine du feu : ignis non extinguitur. Mais en est-il de ce feu comme du ver rongeur? Ce feu est-il un feu matériel ou un feu intérieur, un feu qui, en agissant directement sur l'âme, agit indirectement sur le corps? C'est une question au sujet de laquelle il n'existe aucune décision de l'Église. Il est de foi que les damnés seront éternellement privés du bonheur du ciel, et qu'ils seront éternellement tourmentés en enfer; mais il n'est pas de foi que le feu qui les fait souffrir soit un feu matériel. Plusieurs docteurs, dont l'opinion n'a point été condamnée, pensent que le second membre de ce texte, vermis eorum non moritur, et ignis non extinguitur, peut s'entendre comme le premier, c'est-à-dire, dans un sens figuré ; et que le mot ignis exprime plutôt une douleur vive et analogue à celle du feu, que la douleur même causée par le feu. Néanmoins, le sentiment qui est pour la réalité ou la matérialité du feu est si général parmi les catholiques, que nous ne croyons pas qu'on puisse enseigner l'opinion contraire. Mais il est important de faire remarquer que, dans le second comme dans le premier sentiment, l'enfer est un lieu de supplices: locum tormentorum, dit l'Évangile (1). Tous reconnaissent, d'après l'Écriture, que les réprouvés souffriront cruellement jour et nuit dans les siècles des siècles: cruciabuntur die ac nocte in sæcula sœculorum (2); et que c'est une chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant : horrendum est incidere in manus Dei viventis (3). L'opinion selon laquelle le feu de l'enfer n'est que métaphorique « n'exclut pas la peine du sens, consistant dans une vive afflic<«<tion du corps, quoique non causée par le feu. Les Israélites, << pendant leur servitude en Égypte, comparée à une fournaise ardente, n'enduraient pas le supplice du feu; mais ils souffraient « de grandes peines corporelles. Il est dans l'ordre de la justice « que les corps qui ont coopéré avec les âmes des réprouvés aux crimes, en partagent avec elles le châtiment. L'Écriture donne « à entendre que leur chair aura part à ce châtiment : vindicta a carnis impii ignis et vermis. (Eccli., VII, 19.) Sur quoi saint Augustin fait cette remarque: Potuit brevius dici vindicta im« pii; cur ergo dictum est CARNIS impii, nisi quia utrumque, id « est, et ignis et vermis, pæna sit carnis? (De Civit., lib. xxi, « c. 9.) La même Écriture se sert souvent du mot ignis pour signifier affliction, peine, soit de l'esprit, soit du corps, épreuve par

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(1) Saint Luc, c. xvi, v. 23. Hébreux, c. x, v. 31.

- (2) Apocalypse, c. xx, v. 10. — (3) Epitre aux

- tribulation. Ainsi s'exprime M. de Pressy, évêque de Boulogne (1).

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234. En parlant du bonheur des saints, nous avons dit qu'il y a plusieurs demeures dans la maison du Père céleste, dans le royaume de Dieu (2): de même, il y en a plusieurs en enfer. Dieu rend à chacun selon ses œuvres; il récompense les justes suivant le degré de leur mérite; il punit les méchants suivant le degré de leur culpabilité, ayant égard au nombre et à la gravité des péchés qu'on aura commis, aux dons qu'on aura reçus du ciel, et à l'abus qu'on en aura fait. « On exigera beaucoup de celui à qui on aura « beaucoup donné; et on fera rendre un plus grand compte à celui " qui aura reçu davantage (3). » C'est pourquoi, parce qu'il n'y a peut-être pas deux hommes qui aient reçu les mêmes grâces et qui soient coupables au même degré, il n'y a peut-être pas deux réprouvés qui soient punis avec la même sévérité. Ceux qui seront condamnés au feu éternel seront tous punis, et ils le seront tous éternellement, mais plus ou moins sévèrement, selon qu'ils auront été plus ou moins coupables. Leur supplice, quoique inégal, sera éternel pour tous; et, une fois fixé par la justice divine, il demeurera toujours le même, sans s'aggraver ni diminuer avec le temps.

Il est vrai que quelques docteurs, entre autres saint Augustin, paraissent favorables à l'opinion de la mitigation des peines de l'enfer. Ils pensent ou plutôt ils conjecturent que quoique les prières des vivants ne puissent faire cesser le supplice des réprouvés, elles peuvent cependant leur procurer quelque soulagement. Mais encore que cette opinion ne soit point condamnée par l'Église, elle ne pourrait être soutenue sans témérité. Comment, en effet, accorder cette diminution ou cet adoucissement de la peine des damnés avec la parabole du mauvais riche, qui, étant en enfer, ne peut obtenir la moindre goutte d'eau pour rafraîchir sa langue? D’ailleurs, s'il entrait dans les desseins de Dieu d'adoucir les peines de l'enfer par la prière et les bonnes œuvres des fidèles, pourquoi donc l'Église ne prie-t-elle pas pour les damnés? N'aurait-on pas droit de lui reprocher, à elle qui est si bonne et si miséricordieuse, de méconnaître les miséricordes de Dieu, dont elle est cependant la fidèle interprète auprès des hommes ?

(1) Instructions pastorales, etc., de Mgr. l'évêque de Boulogne, tom. 1, p. 474, édit. de 1786. (2) Voyez, ci-dessus, le n° 191.— (3) Omni autem cui multum datum est, multum quæretur ab eo : et cui commendaverunt multum, plus petent ab eo. Saint Luc, c. xi, v. 48.

CHAPITRE V.

De la résurrection des corps.

Tous les hommes ressusciteront, mais ils ne ressusciteront pas tous dans le même état.

ARTICLE I.

Il est de foi que tous les hommes ressusciteront un jour.

235. Suivant le Ive concile général de Latran, de 1215, tous les hommes, les réprouvés comme les élus, ressusciteront avec leurs propres corps (1). C'est la croyance de tous les temps. Le symbole de saint Athanase, qui est reçu dans toute l'Église, porte: Tous les hommes doivent ressusciter avec leurs corps (2). Nous trouvons la même profession de foi dans le symbole du premier concile œcuménique de Constantinople, de 381; on lit dans ce symbole, qui se chante dans l'Église grecque comme dans l'Église latine Nous attendons la résurrection des morts (3); ce qui est conforme au symbole des apôtres : Je crois la résurrection de la chair (4).

236. Aussi les Pères de l'Église, s'appuyant tout à la fois sur la tradition apostolique et sur les oracles de l'Ancien et du Nou. veau Testament, ont constamment professé et défendu le dogme de la résurrection des corps. Tertullien, Origène, saint Justin, Athénagore, saint Théophile d'Antioche, saint Irénée, saint Athanase, saint Hilaire de Poitiers, saint Cyrille de Jérusalem, saint Grégoire de Nysse, saint Ambroise, saint Jean Chrysostome, saint Épiphane, saint Jérôme, Ruffin d'Aquilée, saint Augustin, Théodoret, saint Grégoire le Grand, et généralement tous les docSeurs de l'Église, proclament, d'une voix unanime, le dogme de la résurrection des morts. Obligés de nous restreindre, nous nous bornerons à faire parler Tertullien, qui touche aux temps apostoliques.

(1) Omnes (tam reprobi quam electi) cum suis propriis corporibus resurgent, quæ nunc gestant, ut recipiant secundum merita sua, sive bona fuerint, sive mala, illi cum diabolo pœnam perpetuam, et isti cum Christo gloriam sempiternam. Capit. 1. (2) Ad cujus (Christi) adventum resurgere habent cum corporibus suis. — (3) Expectamus resurrectionem mortuorum. — (4) Credo... carnis resurrectionem.

237. Ce célèbre docteur commence ainsi son livre de la Résurrection de la chair: « La résurrection des morts est la confiance ⚫ des chrétiens. Nous y croyons, parce que la vérité nous force

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d'y croire. C'est Dieu lui-même qui nous a révélé cette vérité : ■ Fiducia christianorum, resurrectio mortuorum. Illa, credentes ▪ sumus, hoc credere veritas cogit. Veritatem Deus aperit. » Puis il prouve, contre les païens et quelques hérétiques, la résurrection future des corps par la dignité de la chair, par son union avec l'âme, par la part qu'elle prend à ses actes, et par la promesse de Dieu. « Qu'on se représente Dieu tout occupé à former le premier

homme. A chaque linéament qu'il imprime au limon, il pensait « au Christ, qui un jour devait être homme, au Verbe, qui devait « se faire chair et limon, autrement terre. Le Père dit au Fils : « Faisons l'homme à notre image et ressemblance. Et Dieu fit l'homme, savoir, cela même qu'il formait ; et il le fit à l'image de Dieu, c'est-à-dire, du Christ (1). Ainsi ce limon, qui recevait dès lors l'image du Christ à venir dans la chair, était non-seulement l'ouvrage de Dieu, mais son gage (2).

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238. «Voilà pour l'âme de l'homme. Voyons maintenant l'âme du chrétien. Aucune âme ne peut être sauvée, si elle ne croit pendant qu'elle est dans la chair. La chair est le pivot du salut. Lorsque l'âme est consacrée à Dieu, c'est par la chair qu'elle peut l'être. On lave la chair pour purifier l'âme; on oint la chair « pour consacrer l'âme; on fait sur la chair le signe de la croix pour que l'âme soit confirmée; la chair est couverte comme << d'une ombre par l'imposition de la main, afin que l'âme soit éclairée par le Saint-Esprit; la chair mange le corps et le sang « de Jésus-Christ, afin que l'âme soit engraissée de Dieu même: unies dans l'opération, elles ne peuvent être séparées dans la « récompense. Les sacrifices agréables à Dieu, je veux dire les « laborieux exercices de l'âme, tels que les jeûnes, les dures « abstinences et tout ce qu'amène la mortification des sens, c'est « la chair qui les exécute à ses propres dépens. La pureté de la vierge, la chasteté de la veuve, la continence observée secrète«ment dans le mariage, c'est encore la chair qui offre à Dieu ces parfums. Enfin, dis-moi toi-même, que penses-tu de la chair, « lorsqu'étant exposée, pour la confession du nom de chrétien, aux << regards et à la haine publique, elle soutient le généreux combat? lorsque, dans la sombre horreur des prisons, privée de la lu

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(1) De la résurrection de la chair, c. vi.

(2) Ibidem

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mière du jour, condamnée à toutes les privations, en proie à l'in«fection qui pénètre tous les sens, abreuvée d'humiliations, ne pouvant même compter sur la liberté du sommeil, enchai⚫née, tourmentée qu'elle est sur sa couche même, elle a déjà épuisé toutes les tortures, jusqu'au moment où, appelée au grand jour, elle subit tout ce que la rage des bourreaux peut in« venter de plus barbare; déchirée, mise en pièces, dévorée par « une mort lente; heureuse de donner sa vie pour le Dieu qui lui a « donné la sienne, de périr quelquefois de la même mort que lui, « si elle n'a pas à en subir une plus cruelle encore? O chair for« tunée et glorieuse, de pouvoir satisfaire à Jésus-Christ par le payement d'une si grande dette (1)!

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239. « Hé quoi! cette chair serait sans espérance de ressusciter, « elle que Dieu a formée de ses mains à l'image de Dieu; elle qu'il « anima du souffle de sa propre vie; elle qu'il n'établit dans cet « univers que pour lui en donner l'empire; elle qu'il a revêtue de « ses sacrements; elle dont il aime la pureté, dont il approuve la mortification, dont il apprécie les souffrances! Comment cette « chair ne ressusciterait point, elle qui tant de fois est à Dieu (2) ! « L'univers entier nous crie qu'elle ressuscitera. Oui, ces révolu«tions continuelles de la nature, où rien ne meurt que pour renaître, sont un témoignage universel de la résurrection des morts. ‹ Dieu l'a écrite par ses œuvres avant de l'écrire par des lettres; il ⚫ l'a prêchée par sa puissance avant de la prêcher par sa parole (3). » 240. Tertullien prouve même que la résurrection de la chair est nécessaire, ajoutant que Dieu doit récompenser ou punir l'homme tout entier; que le corps servant d'instrument à l'âme pour le vice comme pour la vertu, le châtiment, comme la récompense, doit être commun au corps et à l'âme. Ensuite, comme il s'agit d'un dogme qui est fondé sur la révélation, le même docteur invoque à l'appui les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament.

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241. En effet, les oracles sacrés nous annoncent, de la manière la plus expresse, la résurrection des morts. Le saint homme Job, se trouvant plongé dans les afflictions, s'écriait, avec l'accent d'une voix divine: « Je sais que mon Rédempteur est vivant, et qu'à la fin des temps il me ressuscitera de la poussière; et je serai revêtu de nouveau de ma peau, et je verrai mon Dieu dans ma chair ; je « le verrai moi-mème, je le verrai de mes propres yeux, et non un autre. Cette espérance repose en mon sein (4). » Job n'avait pas (1) Ibidem, c. vIII. —(2) Ibidem, c. ix. (3) Ibidem, c. XII. (4) Scio quod Redemptor meus vivit, et in novissimo die de terra surrecturus sam; et rursum

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