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bienheureuse Trinité, nous vous invoquons, nous vous louons, nous vous adorons! Te invocamus, te laudamus, te adoramus, o beata Trinitas!

CHAPITRE V.

De la distinction du Père, du Fils, et du Saint-Esprit; de la génération du Fils, et de la procession du Saint-Esprit; de la mission des personnes divines.

ARTICLE I.

Ce qui distingue le Père, le Fils, et le Saint-Esprit.

313. Il est de foi que les trois personnes divines sont distinctes entre elles. Le Père n'est ni le Fils ni le Saint-Esprit; le Fils n'est ni le Père ni le Saint-Esprit; le Saint-Esprit n'est ni le Père ni le Fils. Or ce n'est point par la substance ni par les attributs absolus, qui ne sont pas autre chose que la substance, que les trois personnes divines sont distinguées entre elles, car elles ont toutes trois une seule et même substance: et hi tres unum sunt (1). Elles sont coéternelles, consubstantielles, coégales en toutes choses, à raison de l'unité parfaite de la substance divine, qui est commune au Père, au Fils et au Saint-Esprit, étant indivise et tout entière dans chaque personne. Elles sont unies entre elles dans une même substance, sans se confondre, et néanmoins tellement unies qu'elles sont véritablement l'une dans l'autre : Je suis dans mon Père, et mon Père est en moi, dit Jésus-Christ (2).

314. Il faut donc chercher ailleurs que dans la substance divine ce qui distingue le Père, le Fils, et le Saint-Esprit. Ce qui les distingue, ce sont les propriétés relatives ou personnelles, qu'on appelle aussi simplement relations. Or, les propriétés relatives sont la paternité, la filiation, et la spiration. La paternité distingue le Père du Fils et du Saint-Esprit, qui n'ont ni l'un ni l'autre la qualité de Père; la filiation distingue le Fils du Père et du SaintEsprit, qui ne sont point engendrés; la spiration, en tant qu'elle

(1) I épitne de saint Jean, c. V, V. Saint Jean, c. XIV, v. 10.

(2) Ego in Patre, et Pater in me est

est passive, distingue le Saint-Esprit du Père et du Fils. La paternité constitue la personne du Père, qui n'est d'aucun autre ; il est le principe du Fils, et le principe du Saint-Esprit conjointement avec le Fils. La filiation constitue la personne du Fils, qui est engendré du Père, et qui, avec le Père, est un seul et même principe, d'où procède le Saint-Esprit. La spiration constitue la personne du Saint-Esprit, qui procède et du Père et du Fils; le Père et le Fils sont l'un et l'autre le principe de la spiration qui produit le SaintEsprit. Ainsi, la personne du Père vient en premier lieu, et se nomme la première personne de la Trinité; la personne du Fils vient en second lieu, et se nomme la seconde personne; la personne du Saint-Esprit vient en troisième lieu, et se nomme la troisième personne. Néanmoins ces trois personnes sont éternelles.

ARTICLE II.

De la génération du Fils, et de la procession du Saint-Esprit.

315. Quand il s'agit d'exprimer l'origine de la seconde et de la troisième personne de la sainte Trinité, on doit se conformer au langage consacré par l'Église, et distinguer la génération du Fils de la procession du Saint-Esprit. Le Fils est engendré et non procédant; le Saint-Esprit est procédant et non engendré: Filius nascens, et Spiritus Sanctus procedens; Filius gignitur, et Spiritus Sanctus procedit. Ainsi s'exprime le quatrième concile général de Latran (1); ce qui s'accorde parfaitement avec les symboles de Constantinople et de saint Athanase, où le mot procéder n'est employé que pour exprimer l'origine du Saint-Esprit.

316. Or, premièrement, il est de foi que le Fils est engendré du Père, et du Père seul, Filius a Patre solo est genitus (2). Suivant les symboles de Nicée et de Constantinople, nous devons croire en un seul Seigneur, Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré et non fait, genitum, non factum. Aussi l'Écriture et la tradition nous représentent le Verbe comme Fils de Dieu, engendré de Dieu, né de Dieu. D'ailleurs, tous ceux qui reconnaissent la divinité du Verbe reconnaissent en même temps qu'il est le vrai Fils de Dieu, engendré de Dieu de

(1) Labbe, tom. xi, col. 142 et 145. — (2) Symbole de saint Athanase.

toute éternité; génération mystérieuse, qu'il ne nous est pas donné de comprendre: Generationem ejus quis enarrabit (1)?

317. Secondement, il est de foi que le Saint-Esprit procède du Père, comme il est dit dans le symbole de Constantinople, conformément à l'enseignement des livres saints et des Pères de l'Église. Les Grecs schismatiques sont d'accord avec nous sur ce point; mais ils rejettent assez généralement le Filioque du Credo, parce qu'ils prétendent que le Saint-Esprit ne procède point du Fils.

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318. Troisièmement, il est encore de foi que le Saint-Esprit procède et du Père et du Fils, a Patre Filioque. Le concile œcuménique de Florence, de l'an 1439, a défini solennellement, comme une vérité de foi, que tout chrétien doit croire, recevoir et professer, « que le Saint-Esprit est éternellement du Père et du Fils, qu'il a son essence et son être subsistant du Père et du Fils « tout ensemble, et qu'il procède éternellement de l'un et de l'au« tre, comme d'un seul principe et d'une seule spiration (2). » Déjà, avant le concile de Florence, le second concile général de Lyon, de 1274 (3), et le quatrième concile également général de Latran, de l'an 1215, avaient rendu la même décision (4), qui est d'ailleurs conforme au symbole de saint Athanase et à celui de Constantinople, tel que le chante l'Église depuis plusieurs siècles. Il est vrai que le mot Filioque, en français, et du Fils, a été ajouté à ce dernier symbole. Mais cette addition, qui n'a rencontré de contradiction que parmi les schismatiques grecs, ne s'est faite par l'autorité de l'Église que pour prémunir les fidèles contre l'erreur, en formulant le dogme catholique. Il en est de cette addition comme de celle que le concile de Nicée a faite au symbole des apôtres contre les ariens, et de celle que le concile de Constantinople lui-même a faite au symbole de Nicée contre les macédoniens. L'Église a certainement le droit de développer ses symboles ou professions de foi, en ajoutant un ou plusieurs mots, une ou plusieurs propositions, non pour introduire de nouveaux dogmes, mais pour mieux faire connaftre ce qu'elle croit et qu'elle a toujours cru, et confondre les novateurs. Et c'est précisément ce qu'elle a fait concernant la procession du Saint-Esprit, comme venant du Père et du Fils. Cette croyance n'est pas nouvelle; elle est aussi ancienne que le christianisme.

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(1) Isaie, c. LI, V. 8. (2) Spiritus Sanctus ex Patre et Filio æternaliter est, et essentiam suam suumque esse subsistens habet ex Patre, simul et Filio, el ex utroque æternaliter tanquam ab uno principio et unica spiratione procedit. Labbe, tom. xi, col. 514, 530 et 1166. — (3) Ibidem, tom. x1, col. 974. ➡ (4) Ibidem, col. 145.

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319. En effet, cinq conciles œcuméniques, savoir, le deuxième, le troisième et le quatrième de Constantinople, celui de Chalcédoine, et celui d'Ephèse de l'an 431, approuvèrent la lettre de saint Cyrille d'Alexandrie à Nestorius. Or, cette lettre exprime clairement que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. Voici ce qu'on y lit : « Quoique le Saint-Esprit subsiste en sa proprè « personne, si on le considère en lui-même et en tant qu'il est le Saint-Esprit et non le Fils, il n'est cependant point étranger au Fils, puisqu'il est appelé l'Esprit de vérité, et que Jésus-Christ « est la vérité : par conséquent il procède du Fils comme il pro« cède de Dieu le Père (1). » Si nous remontons un peu plus haut, nous rencontrons saint Augustin, qui n'est pas moins exprès que saint Cyrille. Écoutez: « Nous ne pouvons pas dire que le SaintEsprit ne procède pas aussi du Fils; car ce n'est point en vain « que le Saint-Esprit est appelé l'Esprit du Père et du Fils (2). » Suivant saint Jean Chrysostome, « le Saint-Esprit, procédant du ■ Père et du Fils, distribue ses dons à chacun comme il lui plaît (3). » Saint Ambroise : « Le Saint-Esprit n'est point séparé du Père ni « du Fils, parce qu'il procède du Père et du Fils (4). » Ailleurs : « Le Saint-Esprit est vraiment l'Esprit procédant, il est vrai, du << Père et du Fils; mais il n'est pas le Fils lui-même, puisqu'il n'est point engendré; ni le Père, puisqu'il procède de l'un et de l'autre (5). » Saint Épiphane : « Le Saint-Esprit est toujours avec 16 « Père et le Fils; non engendré, non créé, mais procédant du Père « et recevant du Fils; non étranger au Père et au Fils, étant de la « même substance et de la même divinité, venant du Père et du Fils (6). L'Esprit de Dieu est l'Esprit du Père et l'Esprit du Fils...

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(1) Et si Spiritus in propria persona subsistat, eatenusque in seipso consideretur, quatenus Spiritus est et non Filius, non est tamen ab eo alienus : quandoquidem Spiritus veritatis nominatur, Christus autem veritas est; et proinde quoque ab illo atque a Deo Patre procedit. Labbe, tom. 1, col. 405. — (2) Nec possumus dicere quod Spiritus Sanctus et a Filio non procedat: neque enim frustra idem Spiritus et Patris et Filii dicitur. Liv. iv, de la Trinité, c. xx. (3) Hic est Spiritus procedens de Patre et Filio, qui dividit propria dona singulis prout vult. Homél. Ire sur le symbole des apôtres. — (4) Spiritus quoque Sanctus, cum procedit a Patre et Filio, non separatur a Patre, non separatur a Filio. Liv. 1, du Saint-Esprit, c. x1. — (5) Spiritus Sanctus vere Spiritus est, procedens quidem a Patre et Filio, sed non est ipse Filius. Sur le symbole des apótres, c. m.-(6) Semper cum Patre Filioque Spiritus est... Non genitus, aut creatus... Sed a Patre procedens et accipiens a Filio, a Patre Filioque non alienus, verum eadem ex substantia, eademque divinitate, ex Patre et Filio. Hérésie LXII

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a procédant du Père et du Fils (1).» Didyme d'Alexandrie (2), saint Grégoire de Nysse (3), samt Basile (4), saint Athanase (5), saint Hilaire de Poitiers (6) et Tertullien (7), enseignent la même chose, d'une manière moins explicite, mais suffisante pour nous convaincre que de leur temps on croyait, dans l'Église grecque comme dans l'Église latine, que le Saint-Esprit procède et du Père et du Fils, a Patre Filioque.

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320. Et cette croyance était fondée tout à la fois sur la tradition et les oracles sacrés. Jésus-Christ dit à ses disciples: Le Consolateur, qui est le Saint-Esprit, que mon Père enverra en mon « nom, vous enseignera toutes choses (8). Quand sera venu le « Consolateur que je vous enverrai, l'Esprit de vérité, qui procède « du Père, il rendra témoignage de moi (9). Il vous enseignera « toute vérité; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira << tout ce qu'il aura entendu (10). Il me glorifiera, parce qu'il re« cevra de ce qui est à moi, et il vous l'annoncera. Tout ce qui est « à mon père est à moi; c'est pourquoi je vous ai dit qu'il rece« vra de ce qui est à moi (11). » Ccs paroles prouvent que le SaintEsprit procède du Fils. D'abord, il est dit que le Saint-Esprit est envoyé par le Fils. Or, cette mission suppose que le Saint-Esprit procède du Fils, comme la mission du Fils de la part du Père suppose que le Fils vient du Père. Nulle part on ne lit que le Père ait été envoyé ni par le Fils ni par le Saint-Esprit; c'est qu'en effet le Père n'est d'aucun autre. D'ailleurs, Notre-Seigneur ajoute que le Saint-Esprit ne parlera pas de lui-même, mais qu'il recevra de ce qui est au Fils, parce que tout ce qui est au Père est au Fils. Or, comment le Saint-Esprit peut-il recevoir quelque chose du Fils, si ce n'est par la procession qui le fait venir du Fils? Enfin, tout est commun entre le Père et le Fils, excepté la paternité et la filiation qui les distingue l'un et l'autre; tout ce qui est à mon

(1) Spiritus Dei ac Spiritus Patris et Filii Spiritus.... ex Patre Filioque procedeus. Ancorat, no vшi. · (2) Liv. 11, du Saint-Esprit, no xxxiv et xxxvII. (4) Liv. 11, du Saint-Esprit, no xxiv.

3) Liv. 1, contre Eunomius, sur la fin.

· (5) Lettre 111, à Sérapion ; discours III contre les ariens, no xxIV. —(6) Liv. II, de la Trinité. —(7) Liv. contre Praxéas, c. iv, etc.— (8) Paracletus autem Spiritus Sanctus, quem mittet Pater in nomine meo, ille vos docebit omnia. Saint Jean, c. xiv, v. 26. (9) Cum autem venerit Paracletus, quem ego mittam vobis a Patre, Spiritum veritatis, qui a Patre procedit, ille testimonium perhi bebit de me. Ibidem, c. xv, v. 26. (10) Docebit vos omnem veritatem; non enim loquetur a semetipso, sed quæcumque audiet, loquetur. Ibidem, c. XVI, v. 13. (11) Ille clarificabit; quia de meo accipiet, et annuntiabit vobis. Omnia quæcumque habet Pater, mea sunt. Ibidem, v. 14 et 15.

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