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excluait toute volonté charnelle et déréglée, sans méconnaître en lui la volonté humaine, toujours soumise à la volonté divine; soit enfin parce qu'on ne peut lui reprocher que d'être entré dans de dangereux ménagements avec les hérétiques, en consentant au silence, où, comme le dit Bossuet, l'erreur et la vérité furent également supprimées (1). Autre chose est de taire la vérité, même lorsqu'on est obligé de parler; autre chose est d'enseigner l'erreur.

402. Aussi le pape saint Agathon, dans sa lettre aux empereurs Constantin, Héraclius et Tibère au sujet du monothélisme, ne craint pas d'avancer qu'à partir du moment que les évêques de Constantinople s'efforcèrent d'introduire cette nouveauté dans l'Église immaculée de Jésus-Christ, ses prédécesseurs n'ont point cessé de les exhorter, de les avertir et de les conjurer de se désister de ce dogme hérétique, du moins en se taisant: Numquam neglexerunt eos hortari, atque obsecrando commonere, ut a pravi dogmatis hæretico errore, SALTEM TACENDO, desisterent (2). Ces paroles renferment une apologie expresse d'Honorius. Agathon aurait-il pu dire que les papes ses successeurs se sont constamment opposés aux nouveautés et à l'erreur des monothélites, si Honorius eût enseigné cette erreur dans ses lettres à Sergius? Nous trouvons un témoignage qui n'est pas moins exprès dans la lettre que le même pape fit rédiger au concile de Rome composé de cent vingtcinq évêques, et qui servit d'instruction aux légats qu'il envoya au sixième concile œcuménique. Agathon dit dans cette lettre que la foi qu'il professe contre les monothélites est la foi qu'il a puisée à la source de la vraie lumière, celle que les successeurs de saint Pierre ont toujours conservée pure, et sans mélange d'erreur ou de nuages: Nulla hæretici erroris tetra caligine tenebratum (3). Comment concilier ce témoignage avec l'accusation d'hérésie dirigée contre Honorius?

403. Le concile de Latran, de l'an 649, sous le pape saint Martin, condamna l'Ecthèse d'Héraclius, le Type ou formulaire de l'empereur Constant, et les auteurs du monothélisme, savoir, Théodore de Pharan, Cyrus d'Alexandrie, Sergius de Constantinople, Pyrrhus, Pierre et Paul, successeurs de Sergius. Cependant on ne fit aucune mention du pape Honorius, ni de ses lettres à Sergius: on ne croyait donc pas ces lettres infectées de l'erreur des

(1) Discours sur l'histoire universelle, 1 partie. — (2) Labbe, tom. vi, col. 637. — (3) Ibidem, col. 680.

monothélistes. Loin de regarder Honorius comme hérétique, saint Martin dit, dans la lettre encyclique qu'il adresse à tous les fidèles tant en son nom qu'au nom du concile, que les papes ses prédécesseurs n'ont cessé d'avertir et de reprendre Sergius et Pyrrhus, pour les ramener de l'erreur à la saine doctrine: Antecessores nostri non destilerunt admonentes eos et contestantes recedere a sua hujusmodi hæresi, et sanam doctrinam amplecti (1). Enfin, le pape Jean IV, qui occupa la chaire de saint Pierre très-peu de temps après la mort d'Honorius, rapporte, dans sa lettre à l'empereur Constantin, que tout l'Occident fut révolté en apprenant que Pyrrhus invoquait le nom de ce pape en faveur de l'erreur qu'Honorius lui-mème regardait comme contraire à la foi catholique (2). Puis le même pape ajoute qu'Honorius son prédécesseur ne voulait pas qu'on reconnût dans Notre-Seigneur, comme dans l'homme pécheur, deux volontés contraires, celle de la chair et celle de l'esprit; ce qui évidemment n'exclut point la volonté humaine (3). Ce serait donc sans fondement que l'on prétendrait qu'Honorius a enseigné l'hérésie dans ses lettres à Sergius.

404. Mais si le pape Honorius est réellement orthodoxe, comment justifiera-t-on le sixième concile général qui a condamné ses lettres et anathématisé sa personne en le traitant comme hérétique? On peut dire, premièrement, que ce n'est pas sans fondement que le cardinal Baronius et d'autres savants critiques révoquent en doute la condamnation d'Honorius par ce concile, soutenant que les actes, en ce qui concerne le pape, ont été falsifiés (4). Secondement, en admettant comme certaine la condamnation de ce pape, on est forcé de reconnaitre qu'il a été condamné plutôt pour avoir imposé le silence sur la question d'une seule ou de deux opérations en Jésus-Christ, que pour avoir enseigné le monothélisme. On ne peut lui reprocher que de ne s'être pas élevé contre l'erreur, et de l'avoir favorisée par sa négligence, au lieu de l'éteindre dans son principe, comme il convenait à l'autorité apostolique; et c'est précisément ce que dit le pape saint Léon II: « Honorius flammam hæretici dogmatis, non, ut decuit apostoli«< cam auctoritatem, incipientem extinxit, sed negligendo confovit (5). »

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(1) Ibidem, col. 371.—(2) Ibidem, tom. v, col. 1759.— (3) Ibidem, col. 1761. — (4) Voyez l'ouvrage du Pape, par l'abbé Barruel, etc. — (5) Lettre aux évêques d'Espagne, Labbe, tom. vi, col. 1247.

ARTICLE IV.

De la liberté de Jésus-Christ comme homme.

405. Il y a deux volontés en Jésus-Christ, la volonté divine et la volonté humaine; volontés distinctes et parfaites, volontés libres par conséquent. Jésus-Christ était donc libre comme Dieu, libre comme homme. La liberté, qui consiste essentiellement dans la faculté de vouloir et de ne vouloir pas, d'agir et de n'agir pas, est une perfection qui convient nécessairement à Dieu : si elle convient à Dieu, elle convient au Verbe fait chair, puisque le Verbe, en s'incarnant, n'a pas cessé d'être ce qu'il était auparavant. Si elle convient au Verbe fait chair, elle convient à l'humanité de Jésus-Christ; car le Verbe, en prenant la nature humaine, l'a élevée, ennoblie et perfectionnée; et, en la perfectionnant, il ne lui a point ravi la liberté, qui est une de ses plus grandes perfections. Quoique Jésus-Christ fût sans péché, et qu'il fût impeccable, il était véritablement libre; le pouvoir ou la faculté de pécher n'est ni la liberté, ni une partie de la liberté, dit saint Anselme : Nec libertas nec pars libertatis est potestas peccandi; elle n'est au contraire, suivant l'expression de saint Thomas, qu'un défaut de la liberté Defectus libertatis.

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406. Aussi, nous lisons dans l'Évangile ces paroles du Sauveur:

Je quitte ma vie pour la reprendre. Personne ne me la ravit;

mais je la quitte de moi-même, et j'ai le pouvoir de la quitter, et j'ai le pouvoir de la reprendre (1). »-Ce qui s'accorde parfaitement avec ce que dit le prophète Isaïe: « Il s'est offert, parce qu'il l'a « voulu (2); » ainsi qu'avec ce passage de l'Apôtre : « Il s'est abaissé « lui-même en se rendant obéissant jusqu'à la mort, jusqu'à la mort de la croix (3). » D'ailleurs, comme on le voit dans l'Ecriture, Jésus-Christ nous a rachetés au prix de son sang; il a satisfait à la justice divine, et nous a mérité le pardon de nos péchés. Or, il n'a pu nous racheter, ni satisfaire à la justice divine, ni nous mériter le pardon de nos péchés, qu'autant qu'il était

(1) Ego pono animam meam, ut iterum sumam eam. Nemo tollit eam a me: sed ego pono eam a meipso, et potestatem habeo ponendi eam : et potestatem habeo iterum sumendi eam. Saint Jean, c. x, v. 17 et 18. — (2) Oblatus est quia ipse voluit. Isaïe, c. LIII, v. 7. — (3) Humiliavit semetipsum, factus obediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Épitre aux Philippiens, c. 1,

libre, une satisfaction qui se fait sous l'empire de la nécessité n'est point une vraie satisfaction. Il faut donc reconnaitre la liberté de Jésus-Christ comme homme pour tout ce qui regarde le mystère de notre rédemption, qui était l'objet principal de sa mission. La croyance de l'Église sur ce point ne souffre pas de difficulté. Les docteurs, il est vrai, ne sont pas d'accord sur la manière de concilier en Notre-Seigneur la liberté avec le commandement qu'il a reçu de son Père, de donner sa vie pour notre salut; mais ils s'accordent tous à dire qu'il est mort pour nous, parce qu'il l'a voulu, pouvant très-bien ne pas mourir : Qui posset non mori, si nollet, procul dubio quia voluit mortuus est (1). Il est mort, parce qu'il l'a bien voulu; l'ordre qu'il en avait reçu de Dieu le Père n'était point un ordre absolu, mais un ordre conditionnel, dépendant de la volonté du Fils. Il est mort sur la croix, et ce genre de mort ne lui avait point été commandé par le Père; il dépendait de lui de l'éviter sans aller contre la volonté du Père : il dit lui-même qu'il aurait pu prier son Père, et que son Père lui aurait envoyé plus de douze légions d'anges pour le délivrer d'entre les mains des Juifs (2). Vous êtes donc digne, Seigneur, Vous qui avez souffert la mort par amour pour nous, de recevoir de toute créature honneur, gloire et bénédiction, dans les siècles des siècles (3).

ARTICLE V.

De la sainteté de Jésus-Christ comme homme.

407. Jésus-Christ est saint en tant que Dieu; il est le Saint des saints, la source de toute sainteté avec le Père et le Saint-Esprit, qui sont avec le Fils un seul et même Dieu trois fois saint. Il est saint comme homme; c'est le pontife saint, innocent et sans tache Pontifex sanctus, innocens, impollutus (4). Il est saint dans sa conception : il a été conçu par l'opération du Saint-Esprit; il est sage, il est juste, il est saint dans son humanité : sage de la sagesse de Dieu, juste de la justice de Dieu, saint de la sainteté

(1) Saint Augustin, liv. vv de la Trinité, c. x. (2) An putas, quia non possum rogare Patrem meum, et exhibebit mihi modo plusquam duodecim legiones angelorum? Saint Matthieu, c. xxvi, v. 53. — (3) Dignus est agnus, qui occisus est, accipere virtutem, et divinitatem, et sapientiam, et fortitudinem, et honorem, et gloriam, et benedictionem.... Sedenti in throno, et agno, benedictio, et honor, et gloria, et potestas in sæcula sæculorum. Apocalypse, C. v, v 12 et 13. - (4) Épître aux Hébreux, c, VII, v. 26.

même de Dieu, puisque le Verbe, qui est la sagesse, la justice et la sainteté de Dieu, a pris la nature humaine, et se l'est personnellement et substantiellement unie. Par cette union, le Verbe remplit l'humanité de Jésus-Christ, il la pénètre et la sanctifie lui-même,

la rendant pleine de grâce et de vérité : Plenum gratiæ et ritatis (1). Les actions de Notre-Seigneur, même en tant qu'homme, appartiennent au Verbe de Dieu; c'est le Verbe qui les commande et les dirige, encore qu'elles soient failes par la nature humaine. C'est pourquoi non-seulement Jésus-Christ n'a jamais commis le péché, mais il ne pouvait pas même le commettre, le péché étant essentiellement contraire à la sainteté de l'homme-Dieu, du Verbe fait chair, du Fils de Dieu fait homme. Pour la même raison, il était exempt de toute concupiscence qui porte au péché, dirigeant à son gré les mouvements de son âme, toujours conformes à la volonté de son Père: Ego quæ beneplacita sunt ei, fucio semper (2). Ainsi, quand il est dit dans l'Évangile qu'il a été tenté par le démon, cela doit s'entendre d'une tentation purement extérieure qui n'a rien de commun avec les mouvements indélibérés et le trouble involontaire de notre âme.

CHAPITRE V.

Des mérites et de ia satisfaction de Jésus-Christ.

408. Satisfaire à la justice divine, c'est réparer l'injure que nous avons faite à Dieu par le péché, et rentrer en grâce avec lui. Or c'est un dogme catholique que Notre-Seigneur Jésus-Christ a satisfait pour nos péchés et qu'il nous a rachetés, en payant luimême le prix de notre rançon. Suivant le prophète Isaïe, le Sauveur du monde s'est véritablement chargé de nos langueurs, et il a porté nos douleurs; c'est pour nos iniquités qu'il a été couvert de plaies; il a été brisé pour nos crimes; le châtiment qui devait nous procurer la paix est tombé sur lui, et nous avons été guéris par ses blessures. Le Seigneur a mis sur lui l'iniquité de nous tous: Dominus posuit in eo iniquitatem omnium nostrum (3). Jésus-Christ lui-même dit que « le Fils de l'homme n'est pas venu

(1) Saint Jean, C. I, v. 14. d'Isaïe, ci-dessus, no 390.

(2) Ibidem, c. vIII, v. 29.

(3) Voyez le texte

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