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nature humaine; ce qui serait aussi contraire à la raison qu'à la foi.

422. D'après la seconde règle, ce serait une erreur non moins grossière de dire que la divinité de Jésus-Christ est l'humanité, qu'elle est née, qu'elle a souffert, qu'elle est morte, qu'elle est ressuscitée; ou que son humanité est la divinité, qu'elle est toutepuissante, infinie, immense, qu'elle est partout.

423. Selon la troisième règle, on dira: Le Verbe, le Fils de Dieu est la divinité, la sagesse, la toute-puissance de Dieu, puisqu'il est Dieu lui-même : Et Deus erat Verbum. Mais on ne dira pas qu'il est l'humanité; car, quoiqu'il ait pris notre nature, il n'est pas une même chose avec elle; la nature divine, en JésusChrist, demeure essentiellement distincte de la nature humaine.

424. Peut-on dire que Jésus-Christ se compose de la divinité et de l'humanité? On peut dire avec les Pères que Jésus-Christ est composé de la nature divine et de la nature humaine; mais, pour ne point s'écarter de leur pensée, il faut remarquer qu'il y a bien de la différence entre la manière dont la divinité et l'humanité cornposent Jésus-Christ, et celle dont sont composées les autres choses. «< Car dans les autres choses composées les parties composantes se perfectionnent mutuellement, et le corps méme ajoute « quelque chose à l'âme, tandis que l'humanité n'ajoute rien à la « divinité. Ainsi, dans cette divine composition formée par l'Incar<< nation, la divinité donne et ne reçoit rien. Elle est aussi grande ■ à elle seule que le tout; elle communique ses richesses infinies à l'humanité, mais elle ne reçoit rien d'elle. Dans cette composi⚫tion la divinité tient lieu de tout, parce qu'elle possède en soi la plénitude de toute perfection (1). » Mais, quoiqu'on puisse dire que l'âme et le corps de l'homme sont une nature composée, on ne peut dire qu'il en soit de même de Jésus-Christ; il n'est point une nature composée de la divinité et de l'humanité. L'âme et le corps, étant deux êtres imparfaits et destinés à être unis l'un à l'autre, peuvent composer ensemble une nature, parce qu'ils se perfectionnent mutuellement, eu égard à la fin que se propose le Créateur; mais la divinité contenant en elle toutes sortes de perfections, n'en peut recevoir de nouvelles. Elle peut donc s'unir à la nature humaine pour la perfectionner, mais non pour se perfectionner elle-même, ce qui lui est uni ne lui donnant absolument rien.

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(1) Nicole, III instruction sur le symbole, c. xvV!!. nély, Tract. de Incarnatione, quæst. ix, art. m.

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425. Il est encore d'autres questions soulevées par les scolastiques touchant l'Incarnation du Fils de Dieu; mais parce que ces questions ne touchent point à la foi, et qu'il vaut mieux se pénétrer de ce mystère d'amour que d'entrer dans des discussions qui n'édifient point, nous finirons en disant avec le pape saint Léon: « Rendons grâce à Dieu le Père, par son Fils, dans le SaintEsprit ; dans sa grande miséricorde et son amour pour les hom⚫ mes, il a eu pitié de nous, et lorsque nous étions morts par le • péché, il nous a rendu la vie par Jésus-Christ, afin que nous • fussions en lui de nouvelles créatures et un nouvel ouvrage de « ses mains. Dépouillons-nous donc du vieil homme et de ses « actes; et, participant au bienfait de la naissance de Jésus-Christ, • renonçons aux œuvres de la chair. Reconnais, ô chrétien, ta dignité; et, associé à la nature divine, ne retombe plus dans ton ⚫ ancienne bassesse par une conduite indigne de ton caractère. • Souviens-toi de quel chef et de quel corps tu es membre. N'oublie pas que, retiré de la puissance des ténèbres, tu es parvenu à « la lumière et au royaume de Dieu. Par le baptême tu es devenu le temple du Saint-Esprit : garde-toi de bannir de ton cœur par « des affections criminelles un hôte aussi auguste, et de retomber au pouvoir du démon. Le prix de ta rédemption est le sang de Jésus-Christ, qui doit te juger dans sa justice, après t'avoir ra«cheté dans sa miséricorde (1). Jésus-Christ a annulé le pacte « que l'homme trompé avait fait avec le tentateur. Toute ta dette « a été acquittée par le rédempteur. Le fort armé est garrotté par « ses propres liens, et ses artifices retombent sur sa tête; le prince << du monde étant lié, la liberté nous est rendue; la nature humaine, purifiée de ses taches, recouvre son ancienne dignité; la mort est détruite par la mort; la naissance est réparée par

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(1) Agamus ergo, dilectissimi, gratias Deo Patri, per Filium ejus, in Spiritu Sancto, qui, propter multam misericordiam suam qua dilexit nos, misertus est nostri : et cum essemus mortui peccatis, convivificavit nos Christo, ut essemus in ipso nova creatura novumque figmentum. Deponamus ergo veterem hominem cum actibus suis; et adepti participationem generationis Christi, carnis renuntiemus operibus. Agnosce, o christiane, dignitatem tuam, et divinæ consors factus naturæ, noli in veterem vilitatem degeneri conversatione redire. Memento cujus capitis et cujus corporis sis membrum. Reminiscere, quia erutus de potestate tenebrarum, translatus es in Dei lumen et regnum. Per baptismatis sacramentum Spiritus Sancti factus es templum : noli tantum habitatorem pravis de te actibus effugare, et diaboli te iterum subjicere servituti : qina pretium tuum sanguis est Christi : quia in veritate te judicabit, qui in misericordia te redemit. Sermon 1, sur la nativité de Notre-Seigneur.

« une naissance nouvelle. Puisque la rédemption nous tire de l'es⚫ elavage, la régénération change notre origine, et la foi justifie les pécheurs (1). »

CHAPITRE VIII.

Du culte de Jésus-Christ.

426. Le mot culte exprime le témoignage d'honneur ou de respect que nous rendons à un être qui est au-dessus de nous. Le culte est intérieur ou extérieur : intérieur, lorsqu'il ne se manifeste par aucun signe, demeurant concentré dans le fond de notre âme ; extérieur, lorsqu'il se produit au dehors par la parole ou les mouvements du corps. Comme le culte change de nature suivant le sujet auquel il se rapporte et le motif qui l'inspire, on distingue le culte civil et le culte religieux; le culte suprême et le culte inférieur ou subordonné; le culte absolu et le culte relatif. Lorsque nous honorons un roi, c'est un culte civil, culte suprême en son genre: si nous honorons ses ministres, c'est un culte civil, mais un culte inférieur; si nous respectons son image, sa statue, c'est encore une espèce de culte civil, culte tout à fait relatif, qui se termine à la dignité royale. Il en est de même du culte religieux, quoiqu'il appartienne à un ordre supérieur : le culte que nous rendons à Dieu comme au créateur et au souverain Seigneur de toutes choses, est le culte suprême, qu'on appelle aussi culte de látrie, l'adoration proprement dite, qui ne convient qu'à Dieu : Dominum tuum adorabis, et illi soli servies (2). Le culte que l'Église rend aux anges et aux saints est un culte également religieux, mais un culte inférieur, appelé le culte de dulie: ce culte, sans être purement relatif comme le culte des images, se rapporte à Dieu lui-même, comme à l'auteur de tout don, de tout bien ; ce

(1) Solvitur itaque letiferæ pactionis malesuasa conscriptio, et per injustitiam plus petendi, totius debiti summa vacuatur. Fortis ille (diabolus) nectitur suis vinculis, et omne commentum maligni in caput ipsius retorquetur. Ligato mundi principe, captivitatis vasa rapiuntur. Redit in honorem suum ab antiquis contagiis purgata natura, mors morte destruitur, nativitas nativitate reparatur : quoniam simul et redemptio aufert servitutem, et regeneratio mutat originem, et fides justificat peccatorem. Sermon 11, sur la nativité de Notre-Seigneur — (2) Saint Matthieu, c. iv, v 10

qui est vrai même du culte d'hyperdulie, c'est-à-dire du culte spécial qu'on rend à la sainte Vierge, comme étant élevée par sa qualité de mere de Dieu au-dessus des anges et des hommes, audessus de toute créature. Enfin, honorer les images et les corps des saints, ou ce qui nous en reste, reliquiæ, c'est honorer les saints eux-mêmes; et cet honneur revient encore principalement à Dieu. 427. Pour ce qui regarde l'adoration qui est due à Dieu, « l'Église catholique enseigne qu'elle consiste principalement à croire « qu'il est le créateur et le Seigneur de toutes choses, et à nous « attacher à lui de toutes les puissances de notre âme par la foi, « par l'espérance et par la charité, comme à celui qui seul peut « faire notre félicité, par la communication du bien infini, qui est « lui-même (1). » La même Église enseigne que tout culte religieux « se doit terminer à Dieu, comme à sa fin nécessaire; et si l'hona neur qu'elle rend à la sainte Vierge et aux saints peut être ap«-pelé religieux, c'est à cause qu'il se rapporte nécessairement à « Dieu (2). Pour les images, le concile de Trente (3) défend ex• pressément d'y croire aucune divinité ou vertu pour laquelle on « doive les révérer, de leur demander aucune grâce, et d'y attacher sa confiance; et veut que tout honneur se rapporte aux originaux qu'elles représentent (4). Ainsi, à parler précisément et « selon le style ecclésiastique, quand nous rendons l'honneur à l'image d'un apôtre ou d'un martyr, notre intention n'est pas « tant d'honorer l'image, que d'honorer l'apôtre ou le martyr en « présence de l'image (5). On doit entendre de la même sorte - l'honneur que nous rendons aux reliques, à l'exemple des pre« miers siècles de l'Église (6). ›

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428. Après avoir dit en quoi consiste le culte que nous rendons à Dieu et aux saints, nous parlerons, dans ce chapitre, du culte de Jésus-Christ comme homme, et, dans les chapitres suivants, du culte et de l'invocation des saints, du culte des images et des reliques, du culte et des prérogatives de la sainte Vierge Marie, mère de Dieu.

429. C'est un dogme catholique qu'on doit adorer Jésus-Christ, et comme Dieu et comme homme : comme Dieu, puisque JésusChrist est Dieu, et que l'adoration est le culte qu'on rend à Dieu; comme homme, puisqu'en vertu de l'union hypostatique, il ne

(1) Bossuet, Exposition de la doctrine de l'Église catholique, no '2) Ibidem. (3) Session xxv, décret De l'invocation des saints. — (4) Bossuet, Exposition de la doctrine de l'Église catholique, no v. - (5) Ibidem.

- (6) Ibidem.

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peut être adoré comme homme sans être adoré comme Dieu; cette adoration s'adresse à la personne même du Verbe fait chair. On ne distingue point, à l'égard de Jésus-Christ, un culte pour la nature divine et un culte pour la nature humaine; car les deux natures n'ont qu'une seule et mème personne, la personne divine, à laquelle se rapporte le culte que nous rendons à Jésus-Christ. C'est pourquoi, quand nous disons que l'on doit adorer l'humanité, nous ne la séparons point du Verbe, comme nous ne séparons point le Verbe de l'humanité dont il s'est revêtu : « Neque vero hujusmodi (Domini) corpus a Verbo dividentes adoramus, dit « saint Athanase, neque cum Verbum volumus adorare, ipsum a «< carne removemus (1). » Suivant le cinquième concile œcuménique et le concile de Latran, de 649 : « Si quelqu'un dit qu'on « adore Jésus-Christ dans deux natures, admettant deux espèces d'adoration, l'une pour Dieu le Verbe, et l'autre pour l'homme * pris séparément; ou si, confondant l'humanité avec la divinité, « il adore Jésus-Christ comme étant une seule nature ou une seule « essence; au lieu d'adorer, par une adoration unique, Dieu le « Verbe incarné conjointement avec la nature humaine, selon ce qui a été transmis dès le commencement à la sainte Église de Dieu; qu'il soit anathème (2). » En effet, les Pères, entre autres saint Cyrille de Jérusalem, saint Augustin, saint Épiphane, saint Ambroise, saint Grégoire de Nysse, saint Grégoire de Nazianze, saint Athanase, enseignent clairement que l'on doit adorer l'humanité de Jésus-Christ; ce qui est d'ailleurs conforme à l'Écriture. Certainement saint Paul parlait de l'homme-Dieu ou de JésusChrist comme homme, lorsqu'il dit : « Il s'est abaissé lui-même, « se rendant obéissant jusqu'à la mort, et jusqu'à la mort de la croix. C'est pourquoi Dieu l'a élevé, et lui a donné un nom qui « est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou

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« fléchisse dans le ciel, sur la terre et dans les enfers, et que toute

langue confesse que le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire « de Dieu le Père (3).

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(1) Lettre à Adelphius.— (2) Si quis adorari in duabus naturis dicit Christum, ex quo duas adorationes introducunt, semotim Deo Verbo, et semotim homini : aut si quis ad peremptionem carnis, aut ad confusionem deitatis et humanitatis, unam naturam sive essentiam convenientium pertentose dicens, sic adorat Christum, sed non una adoratione Deum Verbum incarnatum, cum ejus carne adorat, juxta quod sanctæ Dei Ecclesiæ ab initio traditum est, talis anathema sit. Labbe, tom. V, col. 574, et tom. vi, col. 251. — (3) Humiliavit semetipsum factus obediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Propter quod et Deus exaltavit illum,

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