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sa passion. L'auteur a distribué la lecture de ces sermons par journées, en sorte qu'elle fournit pour chaque jour un sujet de méditations pour le matin et pour le soir. On voit par une lettre de Bossuet aux religieuses de la Visitation de Meaux, le 6 juillet 1695, qu'il les avoit commencées pour quelques-unes d'entr'elles. Il leur en envoya alors une copie comme un témoignage de son affection. Cet écrit ne fut point imprimé de son vivant, et ne parnt qu'en 1731, par les soins de son neveu, l'évêque de Troyes, auquel Bossuet avoit, dit-on, expressément recommandé de le mettre au jour. Le jugement du public sur cet ou→ vrage a justifié ce vœu de l'auteur.

Le nouvel éditeur a fait au texte des méditations des changemens dont on lui saura gré. Les premiers qui les ont publiées s'étoient permis un assez grand nombre d'omissions et d'additions qui n'altéroient pas précisément le seus, mais qui atténuoient souvent la force du discours, et qui, peut-être sous le prétexte de lui donner plus de correction, lui ôtoient l'empreinte du génie de Bossuet. L'éditeur ayant comparé les imprimés avec les manuscrits originaux, a rétabli Je texte de Bossuet, et plusieurs des changemens qu'il a faits sout un véritable service rendu au texte. Ainsi on lisoit dans les anciennes éditions: Il faut avaler toute sorte d'amertumes, être dans les souffrances..... la gloire est à ce prix; tandis que Bossuet avoit dit d'une manière bien plus expressive: Avaler toute sorte d'amertumes, étre dans les souffrances.... la gloire est à ce prix. Dans la même méditation, Bossuet s'étoit exprimé ainsi : On ne peut souffrir dans les autres le vice qu'on a en soi-même; éclairé pour reprendre, aveugle · à se corriger et à se connoître; tournure concise et

énergique à laquelle les premiers éditeurs avoient substitué cette phrase trafuante: Chacun est éclairé pour reprendre, et aveugle quand il s'agit de se corriger et de se connottre. Ailleurs, au lieu de cette exclamation vive et courte: Pénitence pendant qu'il est temps! les éditeurs avoient mis: Faisons penitence pendant qu'il est temps. C'étoit avoir bien peu de tact et de goût que de vouloir ainsi corriger Bossuet, et de ne pas sentir tout ce qu'on lui faisoit perdre en lui donnant ce style froid et compassé. Encore un exemple. Bossuet dit: Songez ici comme l'homme se trompe lui-même, comme il fait le sourd quand on veut lui dire ce qui choque ses passions et ses sens, comme, quelque clair qu'on lui parle, il détourne l'oreille, il ne fait pas semblant d'entendre, et craint d'approfondir la matière. Quilte ce commerce, renonce à ce plaisir, renonce à ta propre volonté; il n'entend pas, il ne veut pas entendre, ni savoir, ni interroger celui qui lui parle. Voyez maintenant à quel point les premiers éditeurs avoient gâté ce morceau par leur fâcheuse correction : Songeons ici comment l'homme se trompe lui-même. Dès qu'on veut lui dire ce qui choque ses passions et ses sens, il fait le sourd. Plus on lui parle clairement, plus il ferme l'oreille. Il ne fait pas semblant d'entendre, et craint d'approfondir la matière Si on lui dit : Quitte ce commerce, renonce à ce plaisir, renonce à ta propre volonté, il n'entend pas, il ne veut ni entendre, ni savoir, ni interroger celui qui lui parle. Quelle différence de la première version à celle-ci, et combien il faut plaindre des gens qui croyoient redresser Bossuet, et améliorer son style par ces tournures lâches? Le nouvel éditeur a droit à notre reconnoissance pour avoir rendu au génie de l'évêque de Meaux son allure

vive et franche, et pour avoir fait disparoître l'alliage que des gens sans goût avoient mêlé à sa diction expressive et rapide.

Nous ne mettrons point sous les yeux du lecteur plusieurs passages de ces méditations, qui sont pleins de force et de vigueur. Ce seroit en quelque sorte lui faire injure que de supposer qu'il a besoin qu'on lui fasse sentir le mérite du style de Bossuet. Ces méditations, quoi qu'elles ne soient pas autant travaillées que plusieurs autres ouvrages de ce grand homme, n'ont t pas moins droit de plaire à la piété.

Elles montrent combien l'auteur étoit nourri des grandes vérités de la religion, et combien il avoit médité sur la pratique de nos devoirs. Ses instructions sont aussi touchantes que variées; ses exhortations pressantes, ses tableaux pleins de vérité: l'usage continuel qu'il fait de l'Ecriture, ce qu'il sait tirer de ée trésor, les applications qu'il en fait à la morale, tout cela est d'un homine exercé à conduire les ames dans la voie du salut.

Le Xe. volume est terminé par divers écrits de piété; le Discours sur la vie cachée en Dieu, ou Exposition de ces paroles de saint Paul: Vous étes mɔris, et votre vie est cachée en Dieu avec JésusChrist; discours composé pour Mme. de Luynes, religieuse de Jouarre; le Traité de la Concupiscence, ou Exposition de ces paroles de saint Jean: N'aimez pas le monde, ni ce qui est dans le monde; et divers opus→→ enles de piété, entr'antres sur la prière, sur la communion, sur la préparation à la mort, pour des retraites, etc. On se couvaine de plus en plus en lisant ces écrits, combien Bossuet étoit véritablement pieux, et combien il aimoit à s'occuper lui-même, ou à en

#retenir les autres de tout ce qui concerne la foi on la pratique des vertus chrétiennes.

Les quatre volumes suivans sont remplis en entier par les sermons. Bossuet en avoit composé un graud nombre, et avoit prêché long-temps à Paris et à la cour avec une réputation extraordinaire; mais il n'avoit fait imprimer que deux de ses discours, celui sur l'Unité de l'Eglise, et celui sur la profession de Mme. de la Vallière, avec ses oraisons funèbres. Le reste étoit demeuré manuscrit jusqu'au moment où les Bénédictins des Blancs-Manteaux entreprirent d'en donner une édition. Ils eureat la patience de compulser d'énormes porte-feuilles, et de mettre en `ordre des papiers où il y avoit beaucoup de confusion. On a encore perfectionné cet ordre dans la nouvelle édition, et les sermons sont distribués suivant l'usage des sermonnaires. Ainsi le XI. volume renferme les sermons depuis la Toussaint jusqu'à l'Epiphanie; le XII., depuis la Septuagésime jusqu'à la quatrième semaine de Carême; le XIII., depuis le dimanche de la Passion jusqu'à Pâques; et le XIV., depuis Pâques jusqu'aux dimanches après la Pentecôte. Ily a aussi dans ce dernier volume plusieurs discours et exhortations pour des visites pastorales et pour d'autres circonstances. Les sermons pour les fêtes de la sainte Vierge, les panégyriques et les oraisons funèbres se trouveront, à ce qu'il paroit, dans les volumes suí

vans.

Il faut avouer que la plupart de ces sermons sont imparfaits. Ce ne sont souvent que des canevas que Bossuet remplissoit en chaire. La pensée n'y est qu'ébauchée, et l'orateur y donnoit, ensuite les dévelop¬ pemens suivant la circonstance ou l'inspiration du

moment. Il attachoit sans doute peu d'importance ces espèces de croquis, puisqu'il les laissa dans ses porte-feuilles sans leur donner de publicité, et sans témoigner le désir qu'on leur en donnât après sa mort. Il est à croire que s'il les eût mis au jour, il auroit fait un choix dans ce grand nombre de fragmens qui ne sont pas tous de la même force. Les Bénédictins n'ont pas osé se charger de cette tâche, et ont fait imprimer tout ce qu'ils ont trouvé. Le nouvel éditeur ne s'est permis de retrancher que très-peu de chose. Il aura craint sans doute que son édition ne parût moins complète si elle ne contenoit pas tout ce qui étoit entré dans celle des Blancs-Manteaux, et il a laissé le lecteur faire lui-même le discernement de ce qu'il y a de plus ou de moins beau dans ce vaste recueil. Il a pourtant supprimé, et on doit lui en savoir gré, la plupart des variantes que les Bénédictins avoient mises au bas des pages, et qui ne renfermoient que des différences assez peu importantes dans le choix des mots ou dans les tournures.

Plusieurs littérateurs ont porté des jugemens assez peu favorables des sermons de Bossuet, sans doute parce qu'on n'y trouve pas ce fini de composition, cette suite et cette liaison que présentent les discours des plus célèbres orateurs. Il n'en est pas moins vrai que les sermons de Bossuet sont un excellent sujet d'étude, et une source abondante de grandes pensées. Ceux qui se destinent à la chaire ne sauroient trop les lire et les méditer; et tandis que les gens du monde qui les parcourront rapidement se plaindront de n'y pas voir la régularité et la perfection que l'on recherche dans les ouvrages achevés, les personnes plús rẻfléchies qui se donneront la peine de creuser cette mine

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