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A la suite de cet entretien, que je n'avois accepté que pour donner à M. de P. les moyens de se disculper, j'attendis le Mémoire qu'il m'avoit annoncé, et je fus surpris de voir plusieurs mois s'écouler sans qu'il parut rien. La rédaction de cet écrit pouvoit être l'affaire de quelques jours, et il n'a été publié qu'au bout de quatre mois. Il devoit être court et précis; il forme 8 pages in-8°. Il ne devoit renfermer que ce qui étoit nécessaire à la justification de M. de P., et il est plein de digressions inutiles, de réflexions oiseuses, d'avis qu'il me donne, de complimens qu'il se fait, de détails absolument étrangers à l'affaire. A quoi bon, par exemple, la longue note de la page 29? Que servoit à la question de nous parler de son zèle à exercer le ministère à Arras, en 1793; ou s'il vouloit absolument faire l'histoire de sa vie, que ne nous a-t-il raconté aussi les travaux apostoliques qui durent l'occuper depuis sa rentrée en France jusqu'à l'époque où il alla à Troyes comme grand-vicaire? Un homme si zélé n'a pu rester oisif pendant ce laps de temps, et on auroit été curieux d'apprendre ce qu'il fit alors pour l'Eglise et pour la religion. C'est une lacune qu'il remplira dans une autre édition.

Pour venir au fond de la querelle, il étoit dit dans le récit de l'Ami de la Religion et du Roi, du 17 avril, que M. de P. avoit été donné par le ministre des cultes à M. de la Brue comme tuteur et comme conseil. Il paroît blessé de la supposition d'un tel rôle, qu'il regarde comme au-dessous de lui. Le ministre, homme d'esprit, connoissant mon caractère, ma position et mes droits, se garda bien, dit-il, de vouloir entraîner ma résolution. Cela est fier; toutefois il convient que ce ministre lui fit part du désir extréme de M. de la Brue de l'emmener à Gand. Je ne sais pas ce qui se passa entre le ministre et M. de P.; mais je sais qu'à Paris, comme en Flandre, on regarda celui-ci comme l'envoyé du ministre, et l'homme du gouvernement. On savoit qu'il vivoit dans l'intimité avec son excellence, et qu'il étoit de sa société journalière et de sa cour habituelle. Les gens malins, dont le monde est plein, disoient que M. de P. vouloit être évêque, et que sa complaisance à suivre M. de la Brue à Gand, et à le diriger dans un noviciat difficile, étoit dans son intention un nouveau moyen de se concilier les faveurs du gouvernement. Sans cela comment imaginer, ajoutoit-on, qu'un homme avec

le caractère, la position et les droits de M. de P. eût consenti à se faire le pédissèque de son égal? Il veut faire croire dans ses Observations qu'il ne se décida que sur les sollicitations amicales de M. de la Brue; mais les détails où il entre à cet égard seroient vrais, qu'ils ne prouveroient nullement que le ministre ne fut pas intervenu dans cette affaire, et n'eut pas joint ses instances à celles de M. Duvoisin, évêque de Nantes, qui fut aussi chargé de presser M. de P. Il ne veut pas passer pour le conseil de l'évêque nommé. Mais qu'étoit-il donc? Il n'étoit pas grand-vicaire d'un homme qui ne l'étoit pas encore lui-même il rougiroit de passer pour son secrétaire. Tout ce qu'il a fait à Gand indique qu'il se regardoit comme le guide de l'abbé de la Brue. C'étoit toujours lui qui se mettoit en avant, et qui faisoit les démarches. Il parloit pour l'évêque nommé, même celui-ci présent. Je ne dirai rien de trop en remarquant que M. de la Brue ne passoit pas pour un homme d'une science profonde et d'un talent éminent, et l'on avoit prévu que les circonstances seroient difficiles. Il falloit donc envoyer un homine doué de quelques talens pour manier les esprits et diriger les affaires, qualités que M. de P. aime à reconnoître en lui-même. Dans son récit, comme dans le nôtre, c'est toujours lui qui est en scène. M. de la Brue se montre au choeur, à la procession; mais c'est M. de P. qui parle, qui agit, qui négocie. Un mot même de sa brochure insinue jusqu'où alloit son pouvoir. Il étoit question d'obtenir pour M. de la Brue une place honorable dans le choeur de la cathédrale de Gand. On vient dire à M. de P. que cette distinction occasionne de la rumeur dans le séminaire. Allons, dit-il sur-le-champ, M. de la Brue sera malade dimanche, et nous aurons une semaine entière pour négocier. Ainsi il décidoit que M. de la Brue seroit malade, et sans le consulter. L'ascendant d'un tuteur sur son pupille ne va pas plus loin.

Quelques personnes ont demandé ici comment M. de P. avoit accepté une telle mission. Comment avec son caractere, sa position et ses droits, s'est-il réduit à un rôle subalterne et équivoque? Comment, pouvant vivre paisiblement à Paris, est-il allé se jeter, sans nécessité, dans la mêlée ? C'est ce qu'il tâche d'expliquer dans un long narré, où l'on croit apercevoir l'embarras d'un homme qui n'ose découvrir le fond de sa pensée. Cette nomination, dit-il, étoit

vague, éventuelle, provisoire, purement civile, ne préjugeant rien, ne donnant arcune autorité, ne nuisant en aucune manière aux droits de l'évéque ou à ceux du Pape, attendu la position où ils se trouvoient l'un et l'autre (ils étoient en prison ou en exil). On acceptoit évidemment par bienséance (j'avoue que je ne comprends pas quelle bienséance il y avoit à accepter), et pour soigner la chose du véritable propriétaire (pour le coup, celui-là est fort; c'étoit pour l'intérêt inême de M. de Broglie que M. de P. alloit à Gand. Il est probable que ce prélat ne s'en sera pas douté, et je crains qu'il ne s'en soit pas montré reconnoissant). Après avoir, dans la suite de ce morceau, justifié l'ambition de ceux qui ne désirent l'épiscopat que par le zèle le plus pur, ce qui sans doute est le cas de M. de P., il ajoute : Dans les circonstances difficiles, la conservation de l'exercice public du véritable culte est la supréme loi: principe faux; c'est la conservation de la religion qui est la loi suprême. Est-ce que M. de P. confondroit la religion avec l'exercice de culte? De même qu'un voyageur prudent marche long-temps sur les bords d'un précipice sans avoir le malheur d'y tomber, ainsi le prêtre, instruit des véritables règles, sait côtoyer la dernière ligne des concessions sans jamais la franchir. Cette dextérité est bien hasardeuse. Un prêtre prudent tâche de s'éloigner au contraire du précipice; il se défie de ses forces; il sait qu'un moment peut l'éblouir; il craint de se laisser acculer jusqu aux derniers retranchemens. La présomption qu'il auroit de s'y maintenir pourroit seule amener sa chute. Il y en a plus d'un exemple.

On est d'autant plus en droit de s'étonner que M. de P. ait consenti à aller à Gand, qu'il prévoyoit ce qui devoit arriver. J'étois à peu près certain, dit-il, de la disposition des esprits dans ce diocèse et des sentimens du chapitre..... Un séjour ancien dans la Belgique m'avoit instruit des principes et des habitudes du clergé de ce pays. Il ne connoissoit pas moins Buonaparte; il voyoit dans le lointain s'amonceler d'affreux nuages; il présageoit la plus horrible tempéte; et il alloit, les yeux baissés, se lancer au milieu des périls! et il n'étoit point effrayé des contradictions qui l'attendoient, des troubles qui devoient survenir, de la part qu'il sroit obligé d'y prendre! et il se mettoit de gaîté de cœur dans une position où il lui faudroit marcher dans le sens du

gouvernement, et se faire l'instrument d'une politique qu'il se flattoit d'avoir appréciée! Ce n'étoit guère faire preuve de circonspection et de prudence. Mais il n'y avoit rien à craindre, selon M. de P. Dans le même endroit où il parle avec tant de prévoyance de la disposition des esprits, il ajoute qu'on étoit convenu avec le ministre que si le chapitre faisoit difficulté d'accorder des pouvoirs, M. de la Brue ne se mêleroit point de l'administration spirituelle du diocèse; et cependant le ministre l'assuroit qu'il étoit dans l'erreur, et que le chapitre accorderoit infailliblement les pouvoirs. Rien n'étoit moins rassurant sans doute, et on pouvoit s'attendre que le ministre voudroit faire à Gand ce qu'il venoit de faire à Troyes, où le chapitre avoit donné des pouvoirs à M. de Cussy, sur les lettres réitérées de son excellence, et sur une consultation de son théologien, M. de P.

Ce fut au milieu de ces flatteuses espérances et de cette riante perspective que M. de P. partit pour Gand avec l'évêque nommé. Le lendemain de son arrivée, il alla chez le préfet, et le soir chez M. de Meullenaër, un des grandsvicaires. Cette dernière visite est racontée longuement dans ses Observations. Elle se passa, d'après lui, le plus tranquillement et le plus poliment du monde. Des écrits que j'ai sous les yeux attestent cependant le contraire, et M. de P. convient que ce que j'en ai dit étoit conforme aux bruits qui régnoient à ce sujet à Gand. Il devoit donc se dispenser de me faire un crime d'avoir répété ce que tout le monde avoit articulé contre lui. Il étoit un moyen bien simple de faire tomber ces bruits; c'étoit de produire un témoignage de M. de Meullenaër. M. de P. dont le thême est fait depuis long-temps, dit bien que le doyen rioit de tous ces bruits; mais il le dit tout seul. Ĉar ce ne sont pas seulement ses adversaires qui l'ont accusé d'avoir fait une scène chez M. de Meullenaër; les chanoines de son parti semblent autoriser le même rapport. J'ai sous les yeux un écrit de M. de Bast, curé de Saint-Nicolas de Gand, dont M. de P. admire l'érudition et l'amour pour la vérité, et qu'il m'oppose avec confiance, comme un témoin irrécusable, et tout en sa faveur. Or, ce témoin publia, sur les troubles de Gand, un écrit intitulé: Dilucidatio principiorum quibus præcipuè nititur resolutio capituli, 22 julii 1813; écrit divisé en deux parties, publiées successivement. M. de P. dit que la seconde partie n'a jamais vu le jour, et c'est une des

faussetés qu'il me reproche du ton d'un homme sûr de son fait. Eh bien! cette seconde partie qui n'a jamais vu le jour, j'en possède deux exemplaires, et je me trouve heureux de pouvoir en offrir un à M. de P. s'il daigne l'accepter. Il y verra, à la page 71, ce passage qui est véritablement une trahison: Non diffitetur, car l'écrit est en latin, non diffitetur ille Dominus (de Meullenaër) crebrò se opinione discedisse à comite individuo D. de la Brue; hinc quandoque clamores et gesticulationes minùs gratæ ; ce qui signifie, ce me semble, en françois M. de Meullenaër ne disconvient pas qu'il a été plusieurs fois divisé d'opinion avec le compagnon inséparable de M. de la Brue; de là quelquefois des cris et des gestes peu agréables. Que dira le compagnon de M. de la Brue, puisque ses amis de Gand lui donnent cette dénomination plaisante? que dira-t-il de ce témoignage d'un homme qu'il estime et qu'il loue? Je le laisse méditer sur ce démenti, que j'avoue être un peu dur et difficile à digérer.

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NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Il existoit jadis dans la forêt de Senart et aux Camaldules de Gros-Bois, une société de Frères Hermites qui, s'occupant d'un travail utile, trouvoient dans une grande fabrique un moyen d'existence. Ils furent supprimés, le 18 août 1792, et l'on s'empara de leurs maisons, de leur terrain, de leur mobilier, le tout estimé à la valeur de 40,000 fr., et fruit d'une longue industrie et d'un travail assidu. On sentit néanmoins qu'ils avoient droit à une indemnité; et, grâces anx principes de justice et de générosité qui animoient le gouvernement à cette heureuse époque, on leur accorda, dans un premier mouvement de munificence, 6 fr. de pension. Cette excessive libéralité ne pouvoit durer toujours; et lorsque les pensions furent toutes réduites, on retrancha aussi les deux tiers de celles des Frères, et on leur assigna à chacun 20 fr. par an. 20 fr. par an! c'est-à-dire, 33 sous par mois; est-ce une pension ou une dérision? Ces bons Frères ne sont plus qu'au nombre de quatorze, parmi lesquels il y en a cinq de mariés. La plupart sont vieux, et ont adressé leur réclamation pour obtenir un dédommagement d'une injustice si eriante. Assurément si jamais demande fut légitime,

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