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(Mercredi 25 septembre 1816.)

(No. 222.)

Rentrée des Solitaires dans le désert de la GrandeChartreuse (1).

Tel est le titre d'une brochure qui contient le récit d'un voyage à la Grande-Chartreuse, et de la prise de possession de cette maison par les enfans de saint Bruno. Cette relation est certifiée par M. l'abbé Bossard, supérieur du séminaire de Grenoble, chargé de conduire et d'installer le vicaire-général des Chartreux dans l'antique chef-lieu de l'ordre. Nous avons cru que l'on verroit avec plaisir un extrait de cet écrit,

« La religion, qui a vivifié tant de déserts, n'a nulle part produit des effets plus étonnans que dans la Grande-Chartreuse. La patience et l'industrie de pienx solitaires pouvoient seules entreprendre de rendre habitables ces lieux âpres et sauvages, de défricher ces montagnes, de bâtir sur le bord de ces précipices, de cultiver ces solitudes, et de faire retentir les louanges de Dien sur ces rochers où régnoit un silence effrayant. Il y a près de huit cents ans que saint Bruno et ses compagnons, bravant les dangers de ce séjour, allèrent s'y fixer pour ne songer qu'aux années éternelles, et n'être plus distraits par le tumulte du monde. Ils ne quittoient la prière que povr se livrer autour d'eux à un travail utile, et pour conquérir, sur les neiges et sur les torrens, des terrains qui devenoient fertiles sous leurs mains laborieuses. Domptant chaque jour la nature, ils avoient, par de prodigieux efforts, changé l'aspect de ces déserts, et répandu dans les environs l'abondance avec l'exemple de leur industrie. Depuis huit cents ans ils prioient Dieu, accueillojent l'homme

(1) Brochure in-8°. A Lyon, chez Rusand.

Tome IX. L'Ami de la Religion et du Roi.

N

dégoûté du monde, présentoient le modèle de toutes les vertus, et vivifioient le pays par leurs bienfaits, lorsqu'un torrent plus terrible que ceux qu'ils bravoient chaque jour, la révolution, vint les chasser de cet asile saint et de cette propriété antique. En octobre 1792, ils furent forcés de s'exiler de ces lieux où eux seuls avoient le courage de vivre, et on les arracha de celle solitude pour le soul plaisir de la rendre aux oiseaux de proie et à son aridité première. Les religieux se dispersèrent. Les uns furent moissonnés par la tempête révolutionnaire, les autres succombèrent dans Texil. Quelques-uns sortirent de France, entr'autres D. Moissonnier, Lyonnois, qui se retira à la Part Dieu, au canton de Fribourg, et en devint même prieur, et D. Valet qui s'étoit réfugié à Rome. Celui-ci fut nommé vicaire général de l'ordre, et mourut à Romans, dans une maison où s'étoient réunis plusieurs de ses confrères attachés à leur règle. A sa mort, D. Moissonnier lui succéda dans le titre de vicaire général. Ce religieux, que l'on vient de perdre, a eu au moins la satisfaction de voir la Grande-Chartreuse rendue à ses anciens pos sesseurs. Le Roi les ayant autorisés à rentrer dans ce mo nastère, D. Moissonnier quitta Fribourg à la fin de juin et rentra en France. Mr. l'évêque de Grenoble et M. le préfet l'accueillirent avec distinction. Le 8 juillet, ce religieux qui étoit infirme, mais qui soupiroit après son couvent, se mit en route de Voreppe pour y retourner. Ce fut un jour de fête pour les environs. Le curé de Saint-Maurent du Pout, à la tête de sa paroisse, alla au-devant du bon père. On fit une station dans l'église du lieu, puis à Fourvoirie, premier hospice à l'entrée du désert. La procession grossissoit successivement par l'arrivée de beaucoup d'habitans charmés de revoir ces anciens bienfait eurs du canton. Un des vicaires généraux de Grenoble accompagnoit D. Moissonnier, et étoit chargé de l'installer dans son monastère. On marchoit par ces routes autrefois entretenues avec tant de soin,

el aujourd'hui dégradées et d'un accès difficile. Les habitans de Saint-Pierre de Chartreuse firent une décharge de mousqueterie en l'honneur de D. Moissonnier, et à peu de distance du monastère, trois Chartreux, en habit de leur ordre, vinrent saluer leur général. On arriva sur les six heures du soir après une marche longue et pénible, et les enfans de saint Bruno prirent possession de l'héritage de leur saint fondateur. Mais daus quel état ils le trouvèrent? Les cellules ouvertes, les vitres brisées, des murs en ruines, des toitures délabrées, de pieuses inscriptions à demi-effacées, des peintures dégradées,aunonçoient tantôt l'action destructive du temps, tantôt la main plus destructive encore de l'impiété. On avoit dépouillé de leurs plus simples ornemens le cloître, les chapelles, les salles. L'église où les religieux célébroient journellement l'office et la chapelle dite de Famille, sont dans l'état le plus déplorable. L'église de Saint-Louis a moins souffert, parce qu'elle a été constamment fermée. Son dôme n'est point dégradé, et ses peintures et statues sont presque intactes. La chapelle dite des Morts et celle du père général sont assez bien conservées. Ce fut dans la première, que, le 9 juillet, le grand vicaire de Grenoble célébra la messe d'actions de grâces, qui fut chantée suivant le rit, carthusien. Huit à dix religieux y assistoient; on en attend quelques-uns des autres chartreuses. Leur présence va de nouveau ranimer ce désert. Ils releveront ces croix abattues, répareront ces bâtimens en ruines, rouvriront ces sources égarées. Ils sont pauvres et vieux; mais de plus jeunes viendront peut-être se joindre à eux, et chercheront dans ce lieu. J'oubli de leurs peines et le calme de leurs passions, Déjà la maison a fait une perte sensible. D. Moissonnier n'a pas joui long-temps du plaisir d'avoir revu le berceau de l'ordre. Il mourut, le 19 juillet, dix jours après son arrivée. On ne sait pas encore quel sera son

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successeur ».

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Les derniers jours de stations au Calvaire ont été plus fréquentés encore que les précédens. Le samedi 21, MONSIEUR, Mgr. le duc d'Angoulême, et MADAME y sont arrivés sur les neuf heures. LL. AA. RR., après avoir entendu la messe, ont désiré faire les stations, et M. l'abbé Rauzan, pour remplir les intentions de MADAME, a prononcé à chaque station une courte prière. La manière dont LL. AA. RR. ont rempli cet acte de piété, a touché le peuple et comblé de joie les missionnaires. En se retirant, au milieu des plus vives acclamations, elles ont exprimé leur satisfaction de voir retabli cet antique dieu de dévotion, et ont félicité les vertueux et zélés ecclésiastiques à qui on doit cette bonne œuvre. Le lendemain, dimanche, M. de Bernis, ancien archevêque d'Alby, a,officié pontificalement. Mme, la duchesse de Bourbon assistoit à la messe, après laquelle M. l'abbé Fayet, un des missionnaires, a prononcé un discours sur la passion de N. S., et captivé l'attention d'un nombreux auditoire, moins encore par la force de sa voix et l'assurance de son débit, que par la solidité de ses instructions. Le soir on a fait les stations, qui ont été terminées par une amende honorable pour les outrages faits à notre Seigneur et à la croix pendant la révolution. M. l'abbé Rauzan, qui l'a prononcée, a tiré des larmes par la force et le pathétique dont il a accompagné cet acte d'expiation. Le beau temps a favorisé ces exercices de piété : la pluie, qui avoit cessé pendant presque toute l'octave, n'a repris que la nuit suivante.

་ ༥ .

M. l'évêque d'Amyclée a fait, samedi dernier, une ordination dans la chapelle du séminaire, à Issy. Il y a eu six prêtres, huit diacres, cinq sous-diacres, et quatre minorés et tonsurés.

LUXEMBOURG. Un trait de hardiesse scolastique a produit ici quelque sensation. M. Munchen, principal du collége de cette ville, et professeur de philosophie, a fait soutenir par ses écoliers, le 8 août dernier, des thèses de droit naturel où il pose des principes blâmés par les plus sages publicistes, et réprouvés surtout par les catholiques. La thèse est partagée en quarante-deux propositions, dont un assez grand nombre sont répréhensensibles. Par exemple, il est dit dans la 11. que les actions seules des hommes, et non leurs opinions, peuvent troubler le bonheur public et particulier; paradoxe démenti par l'évidence, Combien d'opinions fausses sont la source de mauvaises actions, et ont porté le désordre dans le monde ! L'article 16 porte: L'usure tirée de l'argent prété à intérêt, et permise par la loi du prince, ne répugne à aucun droit; proposition repoussante par son énoncé seul; car on ne s'y borne pas justifier le prêt à intérêt, mais ou y prétend légitimer l'usure, c'est-à-dire, ce qui est proscrit par toutes les lois divines et humaines, et ce qui est odieux aux yeux du monde même, quoique la pratique n'en soit que trop répandue. Le 19. principe est ainsi conçu : Le mariage n'est pas indissoluble de sa nature, et par conséquent le divorce n'est pas contre le droit naturel; et l'axiome suivant dit: Ceux qui se plaignent seulement, pour des motifs religieux, de la loi non encore abrogée parmi nous qui permet le divorce aux citoyens en certains cas, ceux-là montrent ouvertement, où une ignorance crasse, ou une secrète inquiétude d'esprit, ou l'une et l'autre à la fois. Par où l'on voit que M. le professeur est aussi poli qu'orthodoxe. Il y a quelque audace à décider contre l'enseignement commun, que le mariage n'est pas indissoluble de sa nature; mais il y a de l'impudence à taxer d'ignorance ceux qui ne condamment le divorce que par des motifs religieux. C'est montrer le cas que l'on fait de cette sorte de motifs. C'est dans le même esprit que M. Munchen dit, art. 24: La

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