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recherches, les autres nous ont su gré de la modéra tion de nos jugemens. On a paru satisfait de voir un ouvrage où sont réunis un grand nombre de faits dont plusieurs n'étoient pas assez connus, et où sont appréciés, sous le rapport religieux, d'esprit et le caractere d'un siècle qui aura tant d'influence sur les siècles à venir. On a eu la bonté de regarder cette publication comme un service rendu à l'Eglise; car nous n'avions rien encore sur l'histoire ecclésiastique du 18e. siècle. Tel est le résultat de la manière de voir de beaucoup d'ecclésiastiques et de personnes attachées à la religion, qui nous ont félicité d'avoir conçu et exécuté ce plan. Nous avons à la vérité reçu en même temps des observations particulières que nous sommes les premiers à solliciter, et parmi lesquelles il y en a de fondées. Elles roulent sur quelques inexactitudes de faits, quelques erreurs de dates, quelques omissions que l'on croit nous être échappées, et qui étoient peut-être inévitables dans un si long travail. Les personnes qui nous ont fait part de ces remarques, nous ont avoué elles-mêmes qu'elles ne les regardoient pas comme fort importantes et qu'elles ne les avoient recueillies que pour la plus grande perfection de l'ouvrage même ; et sans doute les gens impartiaux verront une preuve de notre bonne foi et de notre amour pour la vérité, dans l'aveu de ces défauts, quoique légers, dont rien ne nous obligeoit d'instruire le public.

Mais dans une composition d'une aussi grande étendue que les Mémoires, c'est l'ensemble qu'il faut voir, c'est l'ordonnance générale de l'ouvrage, c'est l'esprit qui y règue, c'est la suite et l'enchaînement des faits principaux. Que l'auteur se soit trompé sur le titre d'un

livre ou sur la date de tel incident, ce n'est pas là ce qui peut infirmer ses jugemens on contredire ses récits. Aucune histoire u'est à l'abri de légères er reurs, et l'on dit que Bossuet, dans son admirable Histoire des variations des églises protestantes, a laissé échapper, du moins par rapport à l'Angleterre, quelques inexactitudes que l'anglican Burnet a relevées, ・ et dont il a voulu triompher. Mais ces foibles taches n'ont point nui à l'ouvrage, parce que la suite des faits en est indépendante; et une menue circonstance, omise ou mal présentée, ne sauroit, auprès de tout lecteur judicieux, atténuer le degré de confiance que mérite le récit principal. Aiusi, la relation d'une bataille n'en est pas moins exacte et moins sûre parce que l'auteur se sera trompé sur la position de tel régiment ou sur l'heure précise où s'est opéré tel mou

evement.

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C'est une réflexion que ne paroît pas avoir faite le rédacteur de la Politique chrétienne dans l'article qu'il engeconsacré aux Méatoires. On se servit attendu que, * puisqu'il vouloit rendre compte de cette production il en auroit d'abord examiné le plan et l'ensemble, la distribution des matières, le ton, l'esprit, la couleur générale de l'ouvrage. L'intérêt du sujet, les recherches de l'auteur, le grand nombre de faits qu'il avoit réunis, devoient, ce semble, attirer l'attention d'un critique exercé. Il se seroit arrêté sur cette longue Introduction qui présente l'état général de la religion à l'ouverture du 18, siècle. Un si grand morceau, entièrement neuf, sur une des époques les plus intéressantes de l'bistoire, méritoit peut-être un coup d'oeil. Le récit des controverses excitées en France pendant seixante ans, les détails sur les églises étran

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gères, le tableau des missions ne pouvoient être indifférens à un ecclésiastique instruit. Il ne devoit pas manquer surtout de considérer la manière dont étoit traitée la partie qui concerne la philosophie moderne, et de s'assurer si l'auteur avoit bien développé l'origine, les progrès et les résultats du complot formé atı 18. siècle contre la religion, et qui est un des principaux événemens de cette époque. Enfin, il ne pouvoit négliger entièrement ce qui regarde la révolution, et les persécutions suscitées contre l'Eglise à deux époques différentes.

Tous ces objets étoient sans doute assez importans pour être examinés avec quelque soin. Eh bien! le rédacteur de la Politique chrétienne n'en dit pas un mot. Il ne daigne pas honorer d'un seul de ses regards, ni l'ensemble du tableau, ni les différentes parties qui le composent. Il n'a jugé dignes de son attention, ni l'Introduction, ni l'histoire de la philosophie, ni le récit de nos derniers malheurs, et sautant à pieds joints sur trois volumes à la fois, laissant de côté une foule d'événemens qui les remplissent, il arrive précisément, pour avoir plutôt fait, à la dernière page du 3. volume, et à la dernière ligne de cette page. L'auteur des Mémoires y avoit appliqué à son sujet ce vers de Virgile: O passi graviora, dabit Deus his quoque finem. Le rédacteur de la Politique s'étonne que des Mémoires consacrés aux choses de notre sainte religion se terminent si étrangement par la savante citation d'un vers d'une très-profane et trèspaïenne églogue de Virgile. D'abord nous ne voyons pas pourquoi ces sortes d'applications seroient interdites. Tous les écrivains s'en permettent de semblables, et il a paru, dans cette circonstance, que cette

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citation étoit assez naturelle, et n'étoit ni savante, ni étrange. Le critique d'ailleurs, qui fait tant le scrupuleux, ne se moutre pas ici plus savant qu'équitable. Le vers cité n'est point tiré d'une très-profane et trèspaienne églogue. Il est tiré du livre Ier, de l'Eneide, après la description de la tempête. Le rédacteur de la Politique chrétienne n'étoit pas obligé de connoître son Virgile; mais la première règle, même pour un critique, est de ne parler que de ce que l'on sait.

Après cet essai de critique assez peu heureux, le rédacteur consent à revenir sur ses pas, et à ouvrir le 3°. volume des Mémoires, mais à un seul endroit. Décidé à ne voir d'important que ce qui a rapport au seul objet qu'il traite dans sa Politique, il choisit l'article des Mémoires où il est question des controverses suscitées en Angleterre, sur cette matière, par deux ecclésiastiques fort connus. Mais telle est la légèreté avec laquelle il a lucet endroit, qu'il cite un article $ sous la date du ro aout 1808, tandis qu'il n'y a aucun article sous cette date, et que celui où il est question de ces disputes est daté du 3 juillet 1809. Le critique fait sur cet article, à l'auteur des Mémoires, des reproches qui ne sont que des chicanes. Il trouve mauvais que l'auteur n'ait point spécifié, en cet endroit, le nombre précis des évêques non-démissionnaires. S'il eût eu la patience de lire quelque chose des Mémoires, il auroit trouvé ce nombre marqué deux fois un peu plus haut, dans ce même volume, savoir aux pages 410 et 431. Il y auroit vu que les évêques non-démissionnaires ne formoient pas la majorité des évêques vivans en 1801, puisqu'il y en avoit alors quatre-vingt-un, et que sur ce nombre quarantecinq donnèrent leur démission. Les autres reproches

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sont de la même force; c'est, par exemple, de n'avoir pas parle avec assez de respect de l'abbé Blanchard et de l'abbé Gaschet; d'avoir dissimulé que l'un étoit curé de Lisieux, ce qui n'est pas vrai, et Jautre curé de Vignolles, ce qui est certainement fort important; d'avoir relevé les énormes excès de l'abbé Gaschet, qui déclare Pie VII un faux pape déchu de l'honneur du sacerdoce et privé de toute juridiction. Le rédacteur de la Politique prend cet abbé Gaschet sous sa protection. Il trouve bon que l'abbé Gaschet insulte au chef de l'Eglise; mais il ne souffre pas qu'on manque de respect à l'abbé Gaschet; il permet à l'abbé Gaschet de contester au Pape ses droits et sa dignité; mais il ne permet pas de contester ou même de taire les droits et la dignité de M. le curé de Vignolles, et il vante un écrit postérieur de cet anti-concordataire comme plein de faits et de raisonnemens qu'on ne réfute roi pas aisément, et d'un sel attique dont il seroit difficile d'éviter le charme, d'autant mieux qu'en Angleterre en en a porté le jugement le plus favorable. Nous avouons avoir assez peu de goût pour ne pas sentir le charme du sel attique de l'abbé Gaschet. C'est un malheur que nous partageons avec de très-honnêtes gens qui ont été révoltés du ton et des assertions de M. le curé de Vignolles. Qu'il y ait en Angleterre deux ou trois têtes exaltées qui aient été charmés du gros sel de ses écrits, nous en sommes peu surpris. Mais ce que nous savons très-bien, c'est que les catholiques de ce pays-là ne témoignent que du mépris pour la doctrine et le langage d'un homme qui a imprimé que Pie VII étoit aussi étranger à l'Eglise que le juif, 1 païen et le publicain. Ce que nous savons, c'est qu'aucun évêque n'autorise ces emportemens,

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