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les sublimes leçons de charité et de justice que Jésus donnoit à ses disciples, qu'on pourra réussir à inspirer au peuple l'amour et le respect qui sont dus à la religion et à ses ministres ».

Je prends acte de ces aveux, et je regarde un tel langage comme singulièrement édifiant dans le Constitutionnel. Voilà donc que l'on regrette l'indifférence qui règne sur la religion. Voilà que l'on convient que le fanatisme n'a pu être confondu avec la religion que par des esprits superficiels. Voilà que l'on proclame l'excellence du christianisme. Nous n'étions pas accoutumés à entendre ces vérités sortir de la bouche de ceux qui se piquent de philosophie, et nous devons savoir gré aux amis des idées libérales de reconnoître enfin avec franchise la nécessité et la beauté de la religion, ainsi que les torts de ceux qui l'ont attaquée. Les ennemis du christianisme se voient condamnés à un tribunal qui ne leur est pas suspect.

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Malheureusement, après ce beau préambule, l'auteur de l'article descend à des réflexions moins justes, et à une critique moins impartiale. Il n'a pu lire, dit-il, sans étonnement et sans douleur l'Ordonnance des grands vicaires; ce qui prouve qu'il s'affecte aisément. « Ce ne seroit pas, dit-il, servir la religion que de s'attacher seulement à faire revivre des pratiques minutieuses qui, n'étant ni obligatoires ni fondées sur aucun dogme reçu, peuvent prêter des armes à l'incrédulité, et retarder les progrès de l'instruction évangélique. Nous aimons à rendre justice au zèle de MM. les vicaires généraux de Poitiers; mais le zèle doit être réglé par la sagesse. Nous sommes portés à croire que ces respectables ecclésiastiques n'ont pas réfléchi aux dangers de l'initiative qu'ils ont prise dans cette circonstance. La dévotion au Cœur de Jésus est un culte particulier qu'on ne peut prescrire par une Ordonnance, et qui ne fait point partie du culte général auquel l'Eglise assujettit ses enfans. Il est imprudent et dangereux de multiplier ainsi les dogmes et les obligations. L'Eglise universelle a seule ce pouvoir. En agir autrement, seroit ouvrir la porte à la superstition, qui est si opposée à l'esprit de l'Evangile et à la vraie religion ».

Le zèle du critique n'a pas été ici réglé par la sagesse. Les grands vicaires de Poitiers n'ont pas pris l'initiative, 'comme il le croit. S'il eût été un peu plus au courant de ce qui se fait dans l'Eglise, il auroit sú que la dévotion du Sa

cré-Cœur y étoit en honneur avant l'Ordonnance des grands vicaires. Elle est pratiquée à Rome, comme à Paris. Il y a peu de temps encore que, dans cette dernière ville, on en a célébré la fête, à laquelle un grand nombre de fidèles ont pris part. Si le critique avoit été ce jour-là à sa paroisse, il s'en seroit aperçu. Les grands vicaires de Poitiers n'ont point établi un nouveau dogme; ils savent assez qu'ils n'en ont pas le droit. L'Eglise universelle ne l'a même pas, quoiqu'en dise Je journaliste dont la théologie se trouve ici en défaut. Elle ne fait que déclarer et expliquer les dogmes établis dans l'Ecriture. Les grands vicaires n'ont pas non plus multiplié les obligations, comme on les en accuse La dévotion qu'ils ont autorisée n'est point prescrite comme un devoir rigoureux. On sera libre à Poitiers à cet égard, comme on l'est partout, de dire l'Angelus quand la cloche sonne.

Ce qui paroît une pratique minutieuse à des esprits superficiels ou présomptueux, ne semble pas tel aux ames animées d'une piété véritable. La dévotion au Sacré-Cœur compte pour elle de grandes autorités et de grands exemples. Plu sieurs papes l'ont approuvée, et le monarque infortuné, dont la mort inique doit être le sujet de nos larmes, l'a pratiquée. On a publié un vœu qu'il avoit fait au Sacré-Cœur dans le temps de ses désastres. La superstition, qui lui avoit dicté cette démarche, est un peu plus conforme à l'esprit de la religion que l'orgueil qui en rit. Ce ne sont pas les dévots au Sacré-Cœur qui sont dangereux pour l'Eglise ou pour l'Etat. Plût à Dieu que la France n'eût pas à craindre d'autres pratiques ou d'au tres sociétés!

Le journaliste finit par l'objet qui, je crois, le touchoit plus au cœur. Les grands vicaires avoient parlé, en passant, de la destruction d'une société célèbre, comme d'une mesure provoquée par l'impiété. Le critique déclare qu'il est trop pénétré des maximes de l'Evangile, et qu'il a trop de charité pour porter ainsi des jugemens téméraires. J'admire ici son humilité, qui le force à se donner ainsi des éloges. Puisqu'il a tant de charité, qu'il daigne donc juger un peu plus favorablement et les grands vicaires de Poitiers, et les fidèles qui ont de la dévotion au Sacré-Cœur, et même ces religieux sur lesquels il revient à tout propos, et contre lesquels il porte des jugemens fort téméraires. C'est ainsi que je lui rends l'avis qu'il donne aux autres.

J'ai l'honneur d'être.....

C.

(Mercredi 2 octobre 1816.)

(No. 224.)

Le Modèle des Prêtres, ou Vie de Jacques Brydayne, missionnaire; par M. l'abbé Carron, le jeune (1). Nouvelle édition, augmentée.

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Si nous admirons le zèle et les travaux des premiers apôtres de la foi, et de ces hommes apostoliques qui, marchant sur leurs traces, ont évangélisé les différentes nations, et ont porté du nord au midi la connoissance du vrai Dieu et de la loi chrétienne, à travers les obstacles, les contradictions et les dangers de toute espèce, il ne nous est pas permis d'être insensibles au dévouement et aux services de ceux qui, consolidant ou renouvelant ce que les premiers avoient fondé, s'efforcent de ramener les peuples à des vérités oubliées, de ressusciter l'esprit de foi, de ranimer la pratique des vertus évangéliques. Les premiers ont construit l'édifice, les seconds le réparent. Les uns ont planté, les autres arrosent. Ceux-ci n'ont même pas souvent moins de difficultés à vaincre; car il n'est pas rare qu'il soit plus difficile de convertir un mauvais chrétien qu'un idolâtre qui n'a jamais entendu parler de la religion. Tous d'ailleurs travaillent pour les plus nobles tins, la gloire de Dieu, et la sanctification des ames. Tous, et les missionnaires pour les pays idolâtres, et les missionnaires pour lės pays chréhonorent et servent l'Eglise, et méritent notre

tiens,

(1) 1 vol. in-12; prix, 2 fr. 50 c. et 3 fr. 50 c. franc de port. A Lyon, chez Rusand; et à Paris, au bureau du Journal.. Tome IX. L'Ami de la Religion et du Ro1.

P

respect et notre reconnoissance; et la religion et l'Etat, et l'humanité et la morale, applaudissent autant aux courses et aux prédications d'un saint Vincent de Paul, qu'à celles d'un saint François-Xavier.

Les missionnaires

pays chrétiens se sont pour les principalement multipliés dans les derniers siècles, à l'imitation du saint prêtre dont nous venons de parler. Non-seulement il donna lui-même des missions dans les villes et les campagnes; mais il jugea celte bonne œuvre si nécessaire, qu'il établit une congrégation de prêtres destinés à la perpétuer, et depuis. lui, cette pratique a été presque constamment mise en usage, en Frauee, par des hommes qui s'y dévouoient exclusivement. Le 18e. siècle surtout vit un plus grand nombre de missionnaires travailler à faire revivre la foi dans les cœurs, et à mesure que la licence, l'incrédulité et l'indifférence faisoient de plus grands progrès, le spectacle des maux et des besoins de l'Eglise suscitoit de généreux ouvriers, et redonbloit leur zèle pour le salut de leurs frères. Ils parcouroient les différentes contrées, tonnant contre les vices, effrayant les pécheurs par la vue de l'avenir qui les attendoit, et remuant la multitude par de viveş peintures et par des instructions réitérées. C'est par-là que se distinguerent, à cette époque, les Pères Duplessis, Dirlande, Beauregard, et d'autres animés da inême esprit. C'est par-là que brilla surtout le Père Brydayne, ainsi appelé, quoiqu'il n'appartiot à aucun ordre religieux, ni à aucune congrégation ecclésiastiSon activité infatigable tient, en quelque sorte, que. du prodige, et sa vie nous le montre perpétuellement occupé de remplir la mission à laquelle il sembloit destiné par la Providence.

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Jacques Brydayne naquit au diocèse d'Uzès, en 1701, et commença ses prédications dans les contrées mêmes que saint François Régis avoit jadis parcourues avec tant de succès. Il n'étoit encore que diacre lorsque ses supérieurs l'envoyerent faire une mission dans quelques campagnes. Il s'en acquitta de manière à faire juger que c'étoit là sa vocation particulière. Le gouvernement avoit favorisé l'établissement de Missionnaires pour ces pays peuplés de protestaus. Brydayne se joignit à cette société, et se forma à l'école d'un prêtre vertueux, nommé Mahistre, qui étoit depuis long-temps à la tête de cette bonne œuvre, et qui jouissoit d'une vénération universelle. Ils donnérent ensemble plusieurs missions. La réputation naissanté de Brydayne le faisoit déjà rechercher, et il parcourut le Languedoc, la Provence, le Comtat, le Dauphiné. Il produisit des fruits étonnans à Marseille, à Avignon, à Valence, à Lyon, à Grenoble. On avoit peine à résister au feu de ses discours, et l'esprit de piété dont il étoit plein se répandant dans tout son extérieur, donnoit à son débit une force extraordinaire. Il savoit joindre l'onction à l'énergie, et attirer par la douceur en même temps qu'il effrayoit par des grandes images. Des conversions éclatantes, des réconciliations inespérées, des restitutions, des réparations publiques, signaloient son passage dans les villes, et les pasteurs demandoient à l'envi le concours d'un homme si puissant en paroles. Brydayne, allant partout où il y avoit du bien à faire, étendoit ses courses de province en province. En 1744, il donna des mis sions à Chaillot, près Paris, au Mont-Valérien. La Bourgogne, la Champagne l'entendirent avec empressement. Massillon l'avoit attiré à Clermont, et ce grand

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