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orateur, alors à la fin de sa carrière, avoit été frappé d'un genre de talent qu'il pouvoit mieux que personе sentir et apprécier. Plusieurs autres vertueux évêques de ce siècle ne témoignoient pas moins d'estime au P. Brydayne. Languet, archevêque de Sens; Saleon de Vienne, de Pompignan, de Bauyn, de Suarez d'Aulan, de Charency, se félicitèrent d'avoir obtenu de lui quelques missions pour leurs diocèses. L'archevêque de Paris, le charitable et courageux de Beaumont, le rappela dans cette ville, et Brydayne s'y fit entendre dans plusieurs paroisses. Il promenoit ainsi son zèle dans toutes les provinces, sans se laisser effrayer par la multiplicité des courses, par la distance des lieux, et par les fatigues inséparables de ses fonctions. Simple, pauvre, ne possédant rien, il marchoit comme un apôtre, et pouvoit prêcher le désintéressement, dont il donnoit un si grand exemple; car ce qui rendoit surtout ses travaux efficaces, c'est qu'ils étoient soutenus par la pratique des vertus chrétiennes et sacerdotales. Une ardente charité, upe foi vive, une humilité sincère, un courage à toute épreuve, animoient cette ame généreuse, et passoient dans ses discours. Il avoit donné deux cent cinquante six missions différentes, lorsqu'il fut frappé de la maladie qui le conduisit au tombeau, le 22 décembre 1767, à Roquemaure, près Avignon.

Les services de cet homme de Dieu ne pouvoient être oubliés dans les lieux qui furent le théâtre de ses travaux. Toutefois telle est l'indifférence et l'ingratitude de ce siècle frivole et dédaigneux qu'on ne sauroit trop lui rappeler les noms et les vertus des prê tres vénérables qui ont arrosé notre sol de leurs sueurs, et qui se sont consumés pour établir parmi nous l'em

pire de la religion et de la morale. On ne peut donc qu'applaudir au zèle de l'auteur de cette vie, et c'étoit à M. l'abbé Carron qu'il appartenoit de célébrer les bienfaits et la charité d'un saint prêtre avec lequel il a plus d'un rapport. Son ouvrage, précieux sous le rapport historique, le sera encore comme livre de piété. C'est avec bien de la raison qu'il lui a donné le titre de Modèle des Prétres, et il s'est étendu sur les vertus du P. Brydayne de manière à rendre cette histoire aussi édifiante qu'elle est instructive.

L'auteur cite plusieurs extraits des discours et des écrits du missionnaire, qui seront lus avec intérêt par les personnes accoutumées à se nourrir de pensées. graves. Mais de tous les morceaux qu'il rapporte, aucun n'est plus frappant que l'exorde suivant, prononcé à Saint-Sulpice, en 1751. Voici le récit de M. l'abbé Carron:

«La première fois que Brydayne parut dans cette église, les classes les plus distinguées de la société voulurent l'entendre il aperçut dans l'assemblée plusieurs évêques, des personnes décorées, une foule innombrable d'ecclésiastiques; et ce spectacle, loin de l'intimider, lui inspira l'exorde suivant:

« A la vue d'un auditoire si nouveau pour moi, il semble, ines Frères, que je ne devrois ouvrir la bouche que pour vous demander grâce, en faveur d'un pauvre missionnaire dépourvu de tous les talens que vous exigez quand on vient vous parler de votre salut. J'éprouve cependant aujourd'hui un sentiment bien différent; et si je suis humilié, gardezvous de croire que je m'abaisse aux misérables inquiétudes de la vanité, comme si j'étois accoutumé à me prêcher moimême. A Dieu ne plaise qu'un ministre du ciel pense jamais avoir besoin d'excuse auprès de vous; car qui que vous soyez, vous n'êtes tous, comme moi, que des pécheurs : c'est devant votre Dieu et le mien que je me sens pressé dans ce moment de frapper ma poitrine : jusqu'à présent j'ai publié. les justices du Très-Haut dans des temples couverts de chaume;

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j'ai prêché les rigueurs de la pénitence à des infortunés quí manquoient de pain; j'ai annoncé aux bons habitans des campagnes les vérités les plus effrayantes de ina religion. Qu'aije fait, malheureux! j'ai contristé les pauvres, les meilleurs amis de mon Dieu; j'ai porté l'épouvante et la douleur dans ces ames simples et fidèles, que j'aurois dû plaindre et consoler. C'est ici où mes regards ne tombent que sur des grands, sur des riches, sur des oppresseurs de l'humanité souffrante, ou sur des pécheurs audacieux et endurcis : ah! c'est ici sculement qu'il falloit faire retentir la parole sainte dans toute la force de son tonnerre, et placer avec moi dans cette chaire, d'un côté, la mort qui vous menace, de l'autre, mon grand Dieu qui vient vous juger. Je tiens aujourd'hui votre sentence à la main : tremblez donc devant moi, hommes su- . perbes et dédaigneux qui m'écoutez! La nécessité du salut, la certitude de la mort, l'incertitude de cette heure si effrayante pour vous, l'impénitence finale, le jugement dernier, le petit nombre des élus, l'enfer, et pardessus tout l'éternité....... l'éternité! Voilà les sujets dont je viens vous entretenir, et que j'aurois dû sans doute réserver pour vous seuls. Eh! qu'ai-je besoin de vos suffrages, qui me damneroient peut-être sans vous sauver? Dieu va vous émouvoir, tandis que son indigne ministre vous parlera; car j'ai acquis une longue expérience de ses miséricordes: alors, pénétrés d'horreur pour vos iniquités passées, vous viendrez vous jeter entre mes bras en versant des larmes de componction et de repentir, et à force de remords vous me trouverez assez éloquent ».

Ce morceau dût être d'un grand effet, et un missionnaire qui s'annonçoit ainsi devoit produire une grande impression sur son auditoire. Toutefois il est bon de remarquer que nous n'avons cet exorde que sur le témoignage d'un écrivain dont les anecdotes ne sont pas toujours sûres, et chez qui l'esprit a suppléé plus d'une fois à la mémoire (1). C'est dans l'Essai

(1) On assure que le C. M. se vantoit depuis d'avoir trompé le public dans cette occasion. Ce ne seroit pas la seule où il se seroit moqué du monde.

sur l'éloquence de la chaire, que M. Carron a pris cer exorde, et il n'a pas osé même citer la source où il avoit puisé. Quoi qu'il en soit, le talent de Brydayne n'étoit pas équivoque, et le zèle de ce digne missionnaire, son infatigable activité, ses travaux assidus ne peuvent être trop célébrés dans un temps surtout où la France a besoin d'hommes de cette trempe, et où il s'est formé des sociétés d'ecclésiastiques pour continuer une œuvre que les désordres de la révolution ont rendue plus nécessaire que jamais.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.'

ROME. La nouvelle de l'entreprise de lord Exmouth sur Alger a fait ici la plus grande sensation. Il a obtenu la mise en liberté de tous les esclaves qui se trouvoient à Alger. Dans le nombre, il se trouve 170 sujets de l'Etat de l'Eglise, qui doivent être transportés à Civita-Vecchia par une frégate angloise.

La congrégation des rites a approuvé, le 7 septembre, le culte du bienheureux Jacques de Varazze, Dominicain, archevêque de Gênes. Ce saint serviteur de Dieu ne se rendit pas seulement recommandable par le grand nombre d'ouvrages qu'il publia, mais par son zèle à annoncer la parole de Dieu, par sa charité envers les pauvres, et par ses soins pour faire refleurir la discipline ecclésiastique.

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On écrit de Galata, faubourg de Constantinople, que M. le marquis de Rivière, ambassadeur de France, a fait célébrer une messe solennelle dans l'église des Dominicains, qui est dédiée à saint Pierre, et que S. Exc. paroît avoir choisie pour son usage ordinaire. M. le coadjuteur- archevêque Corressi, officioit. La messe a été suivie du Te Deum. M. l'ambassadeur y assistoir

avec toutes les personnes attachées à l'ambassade. Il a paru très-satisfait du zèle qu'ont montré les religieux de Saint-Dominique dans les temps les plus fâcheux.

M. le chanoine Gonetti, vicaire général de Tụrin, a conféré le baptême, le 28 août, à toute une famille juive, qui a été présentée sur les fonts par M. le conte Gattinara de Zublena et la comtesse Chays de Civrone.

-C'est à Paris que se décident actuellement les affaires ecclésiastiques de France. On attend la réponse au dernier courrier; elle apportera probablement les nouvelles importantes que souhaitent les amis de l'Eglise, et que sollicite le bien de la religion.

PARIS. Depuis que l'on sait que les affaires ecclésiastiques touchent à leur conclusion, on cherche à en savoir les conditions, et on s'épuise à cet égard en conjectures. On prétend savoir ou deviner les articles sur Jesquels on est d'accord, et ceux sur lesquels il reste encore quelque doute. Nous ne répéterons point les bruits qui ont circulé sur ce sujet, et qui ne reposent sur aucun fondement solide. Le plus sage est d'attendre les révélations que le temps amènera, et qui ne sont probablement pas éloignées. Sans essayer de percer les nuages de l'avenir, quelques faits passés suffisent pour rassurer les esprits. Les oppositions que l'on avoit pu craindre se sont évanouies devant les considérations les plus sages et les intérêts les plus pressans. Un acte déjà connu a fait cesser toute distinction entre des hommes revêtus d'un caractère éminent, et ils se sont empressés tous de faire au bien de l'Eglise le sacrifice de ce qui devoit leur être le plus cher, Depuis un nouvel acte a mis, dit-on, le sceau au premier, et une démarche pleine de déférence et de respect pour le saint Siége a achevé de dissiper les anciens nuages, et d'applanir les obstacles. Après ce grand exemple, il ne doit plus y avoir de divisions ni de partis. Il n'y a plus pour le prêtre et pour le fidèle

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