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étoit admirateur passionné d'Ossian. Dès-lors en effet il n'y avoit pas moyen de n'être pas pénétré de respect et d'estime pour un si grand homme. Il fant avouer que la naïveté de cette confession annonce une imagination bien prompte à s'ébranler, et un engouement bien facile à naître. Quand on a eu le malheur de juger ainsi tout de travers et les hommes et les choses, j'oserois croire qu'on devroit se défier un peu plus de ses opinions, et être moins empressé à en faire part aux autres.

Il n'entre pas dans notre plan de suivre l'auteur dans ses récits. Nous ne voulons parler de son livre que sous un rapport sous lequel elle ne nous paroît pas beaucoup plus exacte que dans ce qui précède. Elle dit, page 56: Buonaparte n'avoit cessé de faire la guerre à la philosophie moderne pour laquelle il éprouvoit une haine implacable. Une telle assertion seule prouveroit que Miss a bien mal observé les événemens, et bien mal apprécié la conduite et l'esprit de son héros. Où sont donc ces actes d'hostilité contre la philosophie moderne? où sont les preuves de cette haine implacable qu'il lui portoit? On le vit deux ou trois fois tonner contre les idéologues; mais c'étoit dans une circonstance particulière, dans un moment de boutade, sur la fin de sa puissance. Il faisoit si peu la guerre aux philosophes, qu'il étoit constamment entouré d'incrédules assez déterminés, et même de gens faisant profession d'athéisme, et qu'il les combla de faveurs, de places et d'argent.

Miss Williams parle, dans son chapitre VII, des projets de Buonaparte relativement à la religion et de la conduite du clergé, et elle en parle avec la même légèreté que de tout le reste. Elle mêlé le vrai et le

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faux, raconte des anecdotes sans autorité, met en opposition le clergé du premier et du second ordre, et prête aux personnages des intentions et des discours sans vraisemblance. Nous devons entr'autres faire mention de deux faits qu'elle cite, et qui tendroient à donner une idée désavantageuse du clergé. Elle raconte que dans un mariage, fait à la Malmaison, entre un protestant et une catholique, le cardinal de Belloy, archevêque de Paris, se trouvoit à côté du président du consistoire protestant, et que même, à cause du privilége du marié, M. Marron occupoit la droite, et le cardinal la ganche. Nous somines autorisés à annoncer que le fait est faux, et que M. le cardinal de Belloy, loin d'avoir joué un rôle si ridicule, n'assista à aucun mariage protestant à la Malmaison. La mémoire de ce respectable prélat est trop précieuse au clergé de Paris pour ne pas la venger d'une accusation injuste.

L'autre anecdote, avancée par Miss Williams, est plus étrange encore. Elle prétend qu'une Angloise protestante étant morte près de Corbeil, ses obsèques furent faites par le ministre protestant, dans l'église catholique, en présence du curé, et qu'on mêla de la manière la plus bizarre les cérémonies des deux rits. L'évéque du diocèse avoit ordonné, dit Miss Williams, que l'on rendit tous les honneurs convenables à la piété et aux bonnes œuvres de la défunte, et le traducteur, qui se prétend mieux instruit, ajoute que le curé avoit obtenu l'adhésion, non de l'évêque du diocèse, mais des vicaires généraux de l'archevêché de Paris. Or, nous pouvons attester, d'après les informations les plus exactes, que les deux versions sont également fausses. M. l'évêque de Versailles, dans le diocèse duquel est Corbeil,

n'a jamais envoyé d'ordre de cette nature, et MM. les vicaires généraux de Paris ont encore moins donné leur adhésion à un pareil arrangement, parce qu'ils n'avoient aucune juridiction dans ce lieu, et plus encore parce qu'ils savent combien un tel mélange est contraire à l'esprit de l'Eglise et aux règles de leur ministère. Il paroît très-vraisemblable que ce petit conte a été imaginé ponr jeter du ridicule sur les prêtres; et quoique Miss Williams et le traducteur n'indiquent pas précisément de qui ils tiennent le fait, ils le donnent assez à entendre, et M. le ministre a été charmé de s'amuser un peu, et d'amuser les lecteurs aux dépens du clergé. Cependant, en supposant le fait vrai, il seroit répréhensible aussi de son côté d'avoir souffert un alliage aussi étrange de cérémonies, que Calvin eût regardé comme une sorte d'idolâtrie. Il est vrai que ses disciples ne se piquent pas d'être aussi difficiles que lui. Quant à nous, nous avons cru, pour l'honneur du clergé catholique, devoir signaler la fausseté d'anecdotes que l'on répétera sur la foi de Miss Williams. Cette dame est étrangère; elle ne connoît ni notre religion ni nos usages, et devoit être un peu plus réservée à les juger. De plus, elle a quelquefois en sa vie, si je ne me trompe, fait des romaus, et les romanciers ont le privilége d'inventer, et l'habitude d'aimer à dire des choses neuves et piquantes. Ce n'est pas trop là le moyen d'écrire fidèlement l'histoire, et la jeune et fougueuse imagination de Miss ne nous semble pas devoir inspirer beaucoup de confiance dans l'exactitude de ses récits, et dans la justesse de ses obscrvations.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. On a appris la nouvelle de la mort du P. François Sua, de l'ordre des frères Prêcheurs, décédé à Ancône. Il étoit né à Nice, sur le Var, en 1732. Il avoit été professeur à Milan pendant douze ans, et s'y étoit fait estimer du maréchal Botta et du comte de Firmian. Il donna, pendant sept ans, des leçons de théologie dogmatique à l'université de Pavie, y soutint avec zèle la véritable doctrine de saint Thomas, et sut résister aux erreurs et à l'exagération du parti qui dominoit dans cette école, et qui, sous le nom d'Augustiniens, prêchoit le jansénisme pur. Pie VI l'appela à Rome, et le fit professeur de controverse, puis de théologie. On cite avec honneur les votes du père Sua contre le synode de Pistoie. Il eut la confiance des cardinaux Borromeo, Crivelli et du duc d'Yorck, et fit des instructions dans l'Académie ecclésiastique. Il laisse manuscrits un Cours entier de Morale, et un Abrégé d'Histoire ecclésiastique. Ce religieux n'étoit pas moins pieux qu'éclairé.

M. l'abbé Nicolet, ancien chanoine et théologal de Lavaur, a été nommé chapelain d'honneur de S. S. extra urbem, en considération de sa fidélité pour le saint Siége pendant les derniers troubles.

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Il y a eu, le 20, chapelle cardinalice dans la basilique des XII Apôtres, pour le service anniversaire du Pape Clément XIV, qui avoit appartenu à l'ordre des Franciscains.

--Le 26, dans la même église, M. Thomas Tomaggian, mineur conventuel, archevêque de Durazzo, du rit grec, étant assisté de M. Belli, archevêque de Nazianze, et de M. Zen, archevêque de Chalcédoine, a sacré le nouvel évêque de Lampsaque, M, François Chierchiaro, du rit grec, précédemment curé de SaintNicolas des Grecs, à Palerme, et recteur du séminaire grec albanois de la même ville.

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PARIS. Au milieu des désastres qui ont privé la France d'une multitude de pieux établissemens, on retrouve encore, avec consolation, des trésors qui, cachés sous des ruines, ont échappé à l'orage, et doivent un jour enrichir la patrie. C'est ainsi que les Filles de la Croix ont traversé, pures et sans tache, toute la révolution. Saint François de Sales et saint Vincent de Paule avoient beaucoup contribué à leur fondation, et M. Abelly, évêque de Rhodez, donna la dernière forme à celle œuvre des saints. Suivant les constitutions des Filles de la Croix, elles doivent, après avoir travaillé à leur pre perfection (en s'attachant inviolablement aux maximes de l'Evangile), contribuer aussi de tout leur pouvoir au salut des personnes de leur sexe, instruire les pauvres petites filles, et même former des filles et des veuves pour aller remplir en différens endroits cet auguste ministère. Il est dit encore qu'elles doivent servir à l'Eglise dans des temps difficiles, et elles sont comparées à ces personnes vertueuses que l'Eglise employoit autrefois dans les exercices de sa charité. Après avoir été dispersées quelque temps, les Filles de la Croix se réunirent aussitôt qu'elles le purent sans imprudence; et depuis ce moment, elles ont rempli paisiblement, dans l'intérieur de leur maison, les devoirs de leur vocation en instruisant de jeunes filles, et faisant l'école gratuite de leur paroisse. Mais leur inviolable fidélité, pendant vingt-cinq ans de preuves, leur méritoit une plus grande récompense: Dieu, voulant leur faire remplir toutes les intentions de leurs saints fondateurs, semble les avoir choisies pour replanter la foi dans les campagnes, et coopérer ainsi aux travaux des Missionnaires françois. Une personne zélée pour l'instruction des pauvres, ayant conçu le projet de former des maîtresses d'écoles pour les villages et petites villes, cherchoit depuis quelque temps les moyens de mettre son plan à exécution, lorsqu'on lui parla des Filles de la Croix. Elle ne leur eût pas plutôt communiqué ses pieuses intentions, qu'ani

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