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voient fidèlement leurs costume particulier? Combien ces dpenses disproportionnées n'ont-elles pas troublé de ménages? Que de fautes, pour me servir du terme le plus doux, n'a pas occasionné au sexe le plus esclave de la mode l'ambition dispendieuse de s'envelopper des laines de l'Orient!

» Nous déplorons la perte des mœurs. Les lois viendrontelles à notre secours? Hélas!... Les lois sont selon nos mœurs. Sous prétexte de se prêter à l'état de la société, de ne pas heurter l'opinion du siècle, le législateur a mis le poison presque dans le remède. Nous étions désireux du bien d'autrui, et la spoliation a obtenu son code. L'avarice nous dévoroit, et l'usure a été consacrée. Tous les liens nous pesoient, la majorité d'àge a été rapprochée, la prodigalité permise, l'interdiction entravée. Le mariage s'est vu converti en un contrat de louage, et on a crié à la rigueur et à l'intolérance des qu'il a été question de resserrer les premiers nœuds des humains. Enfin l'adoption est là pour favoriser tous les égaremens d'une prétendue philanthropie, et légitimer le plus souvent les fruits du désordre..... Si telle est la dépravation du cœur, que sera-ce de celle de l'esprit >> ?

Après avoir tracé ce tableau de notre situation morale, et y avoir opposé l'autorité des règles antiques, le sage magistrat revient pourtant à des images plus consolantes: «Malgré la pente rapide qui nous entraîne, a-t-il dit, on voit toujours au milien de la foule un certain nombre de sages lutter contre le torrent. Sur les bords du précipice, ils considèrent d'un ceil compatissant les égaremens de la multitude, ils, tendent une main secourable au malheureux qui implore leur secours, et par les conseils autant que par l'exemple, ils l'encouragent à revenir sur ses pas, et à l'arracher au gouffre qui s'approfondit pour l'ensevelir. Quels sont ces sages, ces ames courageuses qui entreprennent de censurer le vice par leur conduite, et de retenir les vertus prêtes à s'exiler? Pourroiton s'y tromper dans ce sanctuaire, aux pieds de l'image divine qui préside à nos délibérations, surtout lorsqu'au milieu de nous siége le vénérable Pontife qui a daigné invoquer l'Esprit saint, et répandre ses bénédictions sur les œuvres de la justice? Oui, le vrai sage, le sincère ami de l'humanité, est l'homme de Dien qui, dans le cours de nos longs désordres, a supporté les outrages du Calvaire avec l'humble résignation qu'on y apprend, et la grâce héroïque qu'on y obtient, qui rappelle au monde par quel bienfait la religion chrétienne a

tiré les nations du paganisme et de la barbarie, et peut encore aujourd'hui réhabiliter l'ordre moral et politique ».

L'orateur a fini par rappeler aux magistrats, qu'investis aussi d'une sorte de sacerdoce, ils doivent partager avec les ministres de la religion l'honorable tâche d'arrêter les progrès de la corruption, et il les a encouragés à y travailler par l'exemple d'un Prince dont les touchautes vertus commandent l'admiration et l'amour, et dont l'éloge a terminé ce dis

cours.

La religion et la magistrature viennent de faire une perte (1), pour ainsi dire, irréparable, en la personne de M. Auguste. d'Haranguier de Quincerot, né à Versailles, le 6 février 1783, volontaire royal en mars 1815, chevalier de la Légion d'honneur, conseiller en la cour royale de Paris, membre du conseil des prisons, et de la société instituée pour la délivrance et le soulagement des prisonniers, décédé à Paris, le 16 octobre 1816.

Appartenant à une de ces anciennes familles, où les vertus et la piété, non moins héréditaires que la noblesse, ini prêtent comme une nouvelle et plus touchante illustration, la religión avoit été, dès sa jeunesse, une de ses principales études; bientôt elle devint la grande, l'unique pensée qui régla ses vues et ses affections. Sa vie entière n'a été qu'un fidèle accomplissement des préceptes du christianisme, et même de ces conseils que l'Evangile propose aux ames fortes tourmentées du besoin d'une plus haute perfection. M. de Quincerot se distinguoit surtout par son ardente charité, par son zèle compatissant; vrai disciple de celui qui passa en faisant le bien, il consacroit au soulagement des malheureux, et particulièrement à la délivrance des détenus pour dettes,

(1) Nous avons annoncé précédemment la mort de M. d'Haranguier, et nous avons donné quelques larmes à la fin prématurée de ce pieux jeune homme, modèle de vertus et de charité. Ce peu de mots que nous lui avions consacrés eût suffi pour célébrer un mérite ordinaire. Mais on a pensé que M. d'Haranguier, quoique laïque, avoit droit, par ses services précoces, à une notice plus développée, et nous insérons volontiers celle-ci, que la vérité, encore plus que l'amitié, a dictée à un magistrat qui avoit connu intimement M. d'Haranguier, et qui ressent vivement une telle perte.

l'emploi de tous les momens qui n'étoient point réclamés par ses devoirs de sa charge.

Doué d'un jugement sûr, d'une prudence et d'une activité extraordinaires, il avoit dans ses vues cette élévation qui fait concevoir les choses utiles; et dans sa volonté, cette constance qui les réalise, malgré tous les obstacles. D'un esprit aussi solide qu'étendu, il embrassoit la législation dans son ensemble, et en saisissoit les considérations les plus générales,' sans négliger les moindres détails. On voyoit en lui un de ces hommes qu'une supériorité incontestable élève d'abord à une sorte de domination dans les sciences auxquelles ils s'appliquent, et qui honorent, dès le premier moment, les compagnies qui les adoptent, Passionné pour la justice, portant jusqu'au scrupule le respect pour la vérité, d'une loyauté à toute épreuve, et à laquelle on ne pouvoit rien reprocher, si ce n'est peut-être cet excès de franchise qui suppose dans l'ame une si parfaite droiture que l'estime et la confiance ne peuvent qu'y gagner, il sembloit, par l'austérité de ses mœurs et par leur extrême simplicité, par la candeur de son caractère et par sa fermeté inébranlable, appartenir à un autre siècle, rappeler des jours meilleurs et des temps plus heureux. Quelle amitié plus sûre! Quelle intimité plus aimable! Nou-seulement chéri, mais vénéré, ses amis le prenoient pour modèle; il devenoit leur guide, leur appui, leur conseil, et son opinion faisoit autorité, tant il lui étoit donné. de se tromper rarement.

En proie, depuis quelque temps, aux douleurs aiguës d'une maladie incurable, qui ne lassa pas un seul instant sa patience, ni n'altéra sa sérénité, il se flattoit encore de reprendre ses utiles travaux, lorsque tout à coup la mort le frappa. A son approche inopinée, il ne conçut aucune alarme; peu de mois auparavant il vouloit la braver pour la défense du Rot légitime. Etendu, défaillant, sur le lit de la douleur, toujours calme au milieu des souffrances, il ne paroissoit occupé que du soin de consoler sa famille, de fortifier ses amis: «Nous » nous aimons, répétoit-il, non pas pour quelques jours, ni » pour quelques années, mais pour l'éternité. Je désire que » vous ne me parliez que de Dieu ». Ayant fait appeler de nouveau l'ecclésiastique, digne dépositaire de sa confiance, il reçut, avec la foi la plus vive, les derniers sacremens. Tous ceux qui l'entouroient fondoient en plears. Il les conjura de demander pour lui les secours spirituels, et cette der

nière assistance que l'Eglise doit à ses enfans. On lui récita la prière des mourans; il y répondit par de si touchantes paroles, que le ministre de l'Evangile, édifié, attendri, au lieu de l'exhorter, ne s'entretint que des récompenses promises à la vertu et à la piété, et cette ame si pure s'abandonna sans réserve au sentiment de la plus douce espérance. Ainsi s'est endormi le juste, ainsi commencerent pour lui cette paix inaltérable et ce repos éternel, que les gémissemens et les afflictions de la terre ne sauroient troubler.

Quelques jours après son décès, les prisonniers pour dettes, affranchis dans ces dernières années, se réunirent dans une même église; ils en remplissoient la nef, avec leurs femmes et leurs enfans, et là, ces nombreux pères de famille, naguère dans les liens d'une dure captivité, maintenant rendus à la liberté et à leur industrie, grâce à la charité de M. de Quincerot, assistoient à une messe des morts; et dans le recueillement qu'inspirent la reconnoissance et la religion, ils impioroient avec larmes le Dieu des miséricordes, pour hater, s'il en étoit besoin, la délivrance de cette ame, qui les avoit eux-mêmes si généreusement secourus. En les voyant ainsi prosternés, et priant pour leur bienfaiteur, qui n'est plus, comment résister à l'émotion qu'on éprouve, comment ne pas s'écrier, avec l'archevêque de Cambrai : Que la religion est belle! Que ses vertus sont admirables et ses vérités consolantes?

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FIN DU NEUVIÈME VOLUME.

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