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fournir des missionnaires aux colonies. Mais comment, dirá t-on, remplir un si grand vide, et s'il faut jusqu'à cent prêtres pour nos colonies, où les trouver? En France. Oui, c'est la France qui doit venir au secours des colonies, puisqu'elles sont habitées par des François. Je sais qu'en France même on éprouve les plus grands besoins spirituels; cependant personne en France ne meurt sans sacrement quand on a envie de les recevoir. Pour la messe, tous les dimanches dans les paroisses, même où il n'y a pas de prêtres, il suffit de faire une liene ou deux. Mais les habitans des colonies, avec la meilleure volonté, le plus arden. désir, ne sauroient se procurer ces avantages; ils sont quelquefois éloignés d'un prêtre de vingt, trente, quarante lieues et plus, comme dans une grande partie de la Guyane.

Chaque diocèse de France pourroit fournir deux prêtres; on s'apercevroit à peine de ce sacrifice : et quel bien n'en résulteroit-il pas dans nos colonies? les prêtres pleins de l'esprit apostolique, et je les suppose ¡els (car autrement ils fiuiroient par détruire le peu de religion qui reste), quels fruits ne produiroient-ils pas dans les pays où ils seroient envoyés? La connoissance de la religion y est presque perdue, les sacremens n'y sont point administrés, d'où suit nécessairement une effroyable corruption de mours. Or, les prêtres que le zèle de la gloire de Dieu et du salut des ames conduiroit dans ces contrées, détruiroient, déracineroient le mal, comme il a été dit au prophète Jérémie; ensuite ils planteroient et édifieroient le bien, et ne tarderoient pas à recueillir une abondante moisson de toutes sortes de vertus. Ils y auroient peut-être moins à souffrir qu'ils ne pensent. Les habitans sont chrétiens; ils parlent la même langue que nous, et il n'y a point d'étude préparatoire à faire pour se mettre en état de remplir cette mission.

Le gouvernement a donc un grand intérêt de favoriser les Missions dans nos colonies, quelles que soient les dépenses qu'il sera obligé de faire. Les évêques, n'en doutons pas, se prêteroient à cette bonne œuvre, et ne voudront pas restreindre leur zèle aux bornes de leur diocèse. Les prêtres, surtout les plus jeunes, n'étoufferont pas les mouvemens de la grâce, qui les invite à aller porter le flambeau de l'Evangile dans les colonies, et les ames fidèles, рак leurs prières et leurs aumônes, s'empresseront de prendre part à la sanctification de tant de peuples.

(Samedi 24 août 1816.)

(No. 213.)

Introduction aux ouvrages de Voltaire, par un homme du monde qui a lu avec fruit ces ouvrages immortels (1).

SECOND ARTICLE.

Les années où nous nous sommes arrêtés dans notre premier article, forment une époque remarquable, non-seulement dans la vie de Voltaire, mais dans l'histoire même du siècle, et dans celle de la littérature. Jusque-là l'incrédulité ne comptoit guère que des partisans isolés, timides, indécis. Alors elle devint un systême lié, une affaire de parti. Alors elle eut ses foyers, ses chefs, ses agens, ses prôneurs. L'Encyclopédie fut un de ses premiers et de ses principaux moyens. Cet ouvrage prit dès l'origine une couleur philosophique entre les mains de sès principaux rédacteurs. Voltaire ne fut pas des moins zélés à leur fournir des articles, où il leur donnoit l'exemple de la manière dont il falloit attaquer le christianisme. Il leur reprochoit en même temps ce qu'il appeloit leur timidité et leur modération. Il soutenoit leur courage contre les traverses que leur attiroit le but assez marqué du Dictionnaire, les exhortoit à ameuter l'opinion publique en leur faveur, et leur rappeloit que toutes ses espérances étoient dans l'Encyclopédie.

Il n'étoit pas cependant tellement occupé de cette

(1) Brochure in-12 de 100 pages. A Montpellier, chez Tournel.

Tome IX. L'Ami de la Religion et du Ror. D

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vaste compilation, qu'il négligeât les autres moyens. de succès; et en même temps qu'il contribuoit à remplir les in-folios du Dictionnaire, il composoit à lui seul des romans, des pièces de vers, des brochures sous toutes les formes, qui attestoient encore plus l'ardeur de son zèle que la fécondité de sa plume. Candide, ou l'Optimisme, la traduction de l'Ecclésiaste, celle du Cantique des Cantiques, et plusieurs facéties, furent les premiers écrits où il déploya ces sarcasmies, cette âcreté et cette humeur anti-chrétiennes, qui formèrent depuis comme son cachet, et qui rendent son style impossible à méconnoître. M. de Pompignan s'étant permis, en 1760, de signaler les dangers de la philosophie, Voltaire, qui se regardoit comme un des écrivains, désignés par le magistrat fit pleuvoir sur lui une grêle de pamphlets, que cha que courrier de Genève apportoit à Paris, et qui, colportés et prônés par de nombreux amis, décidérent la victoire en sa faveur. M. de Pompignan fut réduik au silence, et ses adversaires montrèrent dès-lors combien ils étoient unis et puissans.

Voltaire, encouragé par ce premier succès, fut encore plus fortement excité, peu après, par la vogue de l'Emile. La hardiesse de cet ouvrage l'étonna, et lui donna plus d'émulation, comme le dit Condorcet fui-même. Electrisé par les éloges que l'on prodiguoit à Rousseau, jaloux même de la réputation extraordi naire de cet autre ennemi de la religion, il fit paroître, coup sur coup, plusieurs écrits où il ne gardoit plus de mesure. Le premier de ce genre est le Sermon des cinquante, où il se livre au ton le plus outrageant, et à une incroyable profusion d'invectives. Le Sermon du rabbin Akib et les Homélies, sont de

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la même force. L'Extrait du Testament de Meslier, le Traité sur la tolérance, le Dialogue entre un Barbare et un Mourant, la Lettre supposée écrite au Jésuite Le Tellier, en 1714, le drame de Saül, le Catéchisme de l'honnéte homme, le Dictionnaire philosophique, les Questions sur les Miracles, le Pyrrhonisme de l'Histoire, la Philosophie de l'Histoire, se succédèrent rapidement. On est confondu de la légèreté avec laquelle l'auteur dans ces écrits traite les sujets les plus graves, et on ne revient pas de cette fécondité déplorable qui entassoit tant de pamphlets sous mille titres divers. Etoit-il soupçonné de les avoir faits? il le nioit hardiment; il recouroit à des protestations qui ne trompoient personne; il déterroit des gens morts ou inconnus, pour faire passer sous leur nom ce qu'il n'osoit avouer. Ce qu'il recommardoit plus instamment à ses amis, c'étoit de ne pas nommer, d'user de discrétion, de cacher la main qui frappoit. Il se fit, dit M. Lacretelle, une triste nécessité ou un jeu plus triste encore de ces suppositions de noms et de faits, de ces ruses et de ces déguisemens qui embarrassent l'esprit dans de honteuses combinaisons, qui rendent une doctrine suspecte par le manége clandestin avec lequel on la propage, qui éteroient à la vérité ses deux plus beaux attributs, la candeur et le courage, et qui semblent si loin du philosophe qu'ils sont méme importuns à la pensée de l'honnéte homme.

le

En même temps que Voltaire faisoit la guerre à la révélation avec ce mélange d'audace et d'hypocrisie, il excitoit dans sa Correspondance ses amis à le seconder, et ses lettres sont pleines d'instances, de reproches, de provocations réitérées. Si vous vous étiez tenus unis, écrivoit-il à d'Alembert, vous donnerięz

des lois. Tous les cacouacs devroient composer une meute...... Ah! pauvres frères, les premiers fidèles se conduisoient mieux que vous. Patience, ne nous décourageons point..... J'ai toujours peur que vous ne soyez pas assez zélés. Vous enfouissez vos talens. Vous vous ⚫ contentez de mépriser un monstre qu'il faut abhorrer et détruire. Que vous coúteroit-il de l'écraser en quatre pages? lancez la flèche sans montrer la main; faitesmoi quelque jour ce petit plaisir, consolez ma vieillesse. Les lettres à Thiriot, à Damilaville, à Saurin, au comte d'Argental, à Helvétius, à Marmoutel, respirent les mêmes exhortations sous mille formules différentes. En digne chef de parti, le vieux philosophe est sans cesse occupé à ameuter ses amis, à échauffer. leur ardeur pour la cause, à leur inspirer les trausports dont il étoit plein lui-même. Il en revenoit tonjours là, ainsi qu'il le dit lui-même, et répétoit comme Caton, Delenda est Carthago (tom. LVII de ses OEuvres, in-8°., pag. 262).

Bientôt même, les formules ordinaires ne lui suffisant pas, il en imagina uue qui ne pouvoit être inspirée que par un sentiment de haine aussi profond qu'aveugle. Ce n'est qu'à un homme tourmenté d'une passion violente, qu'il pouvoit venir dans l'idée de donner à la religion la plus pure l'épithète la plus outrageante. Appeler infame la doctrine céleste qui a prêché le plus efficacement la vertu, et qui a donné au monde de si hautes lecons et de si beaux exemples! Et ce n'est point rarement, ce n'est point en passant que cette expression grossière est appliquée à la religion. Elle est, au contraire, répétée à satiété dans la Correspondance. Elle se trouve dans une foule de lettres, et plusieurs fois dans la même lettre. Courez

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