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tous sus à l'inf..., écrivoit-il à Damilaville; ce qui m'intéresse, c'est l'avilissement de l'inf... Engagez tous mes frères à poursuivre l'inf... de vive voix et par ecrit, şans lui donner un moment de relâche...... Il ne faut jamais perdre de vue la destruction de l'inf... Ce Damilaville', homme obscur et méprisé d'ailleurs, étoit le confident le plus habituel de ce voeu forcené, et c'est avec lui que Voltaire épanchoit le plus volontiers son noir secret. Toutes les lettres qu'il lui adressa pendant plusieurs annnées renfermoient cet affreux mot du guet, assaisonné d'impiétés et d'invectives. On le retrouve dans les lettres à d'Alembert, à Frédric, à Thiriot, à d'Argental, à Marmontel, à Helyétius, etc. Il aimoit à finir ses lettres par cette formule, écr. l'inf...; quelquefois même il s'en servoit comme d'une signature. C'est principalement depuis 1760 jusqu'en 1766 qu'il usa le plus fréqueminent de ce cri de guerre, monument déplorable d'une fureur que l'âge sembloit accroître. Comment concevoir qu'un homme qui prétendoit combattre le fanatisine, en ait montré tant, et qu'un auteur qui se piquoit de philosophie, ait donné dans cet excès d'emportement et de délire?

Les écrits qu'il enfantoit journellement étoient dignes de cet esprit qui éclate dans sa Correspondance, et ses amis n'avoient pas à lui reprocher de faire mollement cette guerre à laquelle il les ponssoit avec tapt d'acharnement. Les pamphlets se succédoient sous sa plume avec une rapidité à laquelle tout autre que lui n'auroit pu suffire. Depuis 1767, on vit paroître, en peu de temps, l'Examen important de Bolingbroke, les Questions de Zapata, la Défense de mon Oncle, les Lettres sur Rabelais, l'Homme aux 40 écus, le

Diner du comte de Boulainvilliers, la Canonisation de saint Cucufin, la Profession de foi des théistes, les Dialogues entre A, B, C, l'Homélie du pasteur Bourn, les Colimaçons du P. Lescarbotier, les Instructions à frère Pediculoso, les Lettres d'Amabed, le Cri des Nations, les Conseils raisonnables à M. Bergier, l'Epitre aux Romains, le Tocsin des Rois, la Bible commentée, un Chrétien contre six Juifs, l'Histoire de l'établissement du Christianisme, les Dialogues d'Evhémère, etc. etc. La plupart sont des bouffonneries, comme le titre le fait assez voir, ou du moins sont entremêlés de bouffonneries, et dégénèrent souvent en farces et en grossièretés où l'on a peine à reconnoître l'ami de la décence et du goût. Des détails ignobles, des facétics triviales, des personnalités odieuses, des injures choquantes reparoissent incessamment dans ces pamphlets. La même plaisanterie est reproduite sous diverses formes, et malgré le soin de l'auteur à la rechauffer et à la varier, elle n'est le plus souvent ni ingénieuse ni piquante. Il tessasse les mêmes faits sans en administrer des preuves, il répète les mêmes objections, il s'épuise en déclamations, en pasquinades, en sarcasmes, en injures, et prodigue à la religion les épithètes d'absurde, de stupide, de cruelle, d'extravagante, de barbare.

Il employoit volontiers ce même style contre ses adversaires, et cet académicien poli, ce courtisan déJicat, descendoit contre eux à des invectives qui rappeloient le ton des Scioppius et des Garasse. Irritable et intolérant, il ne pouvoit supporter la moindre contradiction. Il appeloit ses ennemis des bêtes puantes, et cette gracieuse épithète est répétée plusieurs fois dans ses lettres. Confondez ce maraud de Crévier, écri

voit-il à d'Alembert, fessez cet ane qui brait et qui rue. Il n'est pas moins ingénieux dans ses complimens à Fréron, à Nonotte, à Gauchat, au P. Hayer, et à tous ceux qui avoient eu l'imprudence de le harceler. Il les apppelle des faquins, des polissons, des cuistres. Dans un pamphlet contre Nonotte, il le traite agréablement de pédant, d'oison et de sot. Le chancelier d'Aguesseau n'est à ses yeux qu'un plat janséniste et un pédant. De ces douceurs il passoit quelquefois à des souhaits pleins d'humanité. C'est bien dommage, écrivoit-il à Damilaville, que les philosophes ne soient encore ni assez nombreux, ni assez zélés, ni assez riches pour aller détruire par le fer et par la flamme ces ennemis du genre humain, et la secte abominable qui a produit tant d'horreurs! Il ne seroit pas mal, marquoit-il à Chabanon, qu'on envoyát chaque Jésuite dans le fond de la mer, avec un janseniste au cou. Cette riante image lui plaît même tant qu'il la répète dans des lettres écrites du même jour à d'autres amis, et ce you peut aller de pair avec celui qui est consigné dans le Testament de Meslier.

Telle étoit l'aménité du philanthrope vieillard, et c'est au milieu de ces accès de colère, de ces épanchemens de bile contre les hommes, et de cette fureur irréligieuse et de plus en plus croissante, qu'il donna au monde un nouveau genre de scandale, comme s'il eût pris à tâche de réunir en lui tous les excès. Je veux parler de ses communions hypocrites et sacriléges. On voit par sa Correspondance qu'il joua quatre fois cette horrible et déshonorante comédie. La première fut en 1754, à Colmar, où il se trouvoit alors; la seconde fut en 1761, dans le temps de son plus grand déchaînement contre le christianisme. C'est

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à travers un torrent d'invectives qu'il annonce au comte d'Argental sa résolution de faire ses Pâques, et il parle sur le ton le plus tristement plaisant d'une démarche dont il auroit dû rougir. Il renouvela ce scandale en 1768, et ce fut à cette occasion que M. Biord, son évêque, lui écrivit, le 11 avril, pour lui faire des représentations dignes d'un pasteur si zélé. Voltaire lui répondit, et le prélat lui adressa deux autres lettres remplies des meilleurs conseils qui malheureusement ne firent pas beaucoup d'impression sur un vieillard endurci. Bravant tout, le ciel et l'opinion, il prétend justifier, dans sa Correspondance, une action horrible aux yeux de la religion, lâche et basse aux yeux du monde même, et il raille avec ses amis sur ce qu'il venoit de faire. En vain s'accordèrent-ils à blâmer ce trait d'hypocrisie. Il répéta la même scène en 1769, se fit apporter le Viatique chez lui, sous prétexte de quelques accès de fièvre, fit là une déclaration dérisoire, et rendit compte, en riant, à ses amis de ses parjures honteux, et de ses profanations monstrueuses. Quel lecteur, je ne dirai pas chrétien et pieux, mais seulement droit, honnête et modéré, ne seroit pas révolté d'un langage et d'une conduite si contraires à tous les sentimens de délicatesse et d'honneur! Où y a-t-il de l'emportement, de l'esprit de parti, de l'hypocrisie et du fanatisme, si ce n'est dans cet assemblage odieux de sacrileges, d'invectives et de dérisions?

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Voilà donc l'homme qui a nsurpé sur son siècle une si prodigieuse influence! Voilà quel fut ce philosophe par excellence, cet ennemi des préjugés, ce bienfaiteur de l'humanité, cet ami de la vérité et de la morale! Ne suffit-il pas, pour le bien juger, de le

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mettre en regard avec lui-même? et sa Correspondance et ses écrits ne sont-ils pas une source plus sûre pour le connoître que les éloges de ses panégyristes? Ce n'est point par des conjectures hasardées, par des commentaires malius, que nous avons cherché à apprécier cet écrivain si renommé. C'est lui-même qui parle ici, ce sont ses propres ouvrages qui nous ont éclairés sur son compte, c'est dans l'intimité de sa Correspondance que nous avons découvert les vérita

bles secrets de son ame.

Dans un troisième et dernier article nous parlerons de l'Introduction aux ouvrages de Voltaire. Nos deux articles pourroient aussi passer pour une espèce d'introduction à ces ouvrages, quoique nous ayons vu la chose sous un autre jour que l'auteur, dont il est temps d'examiner le plan, et de suivre les développemens.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le dimanche 4 août, S. S. sacra, dans la chapelle du Quirinal, le nouvel évêque d'Evara in partibus infidelium, M. Keller, commandeur de l'ordre du Mérite, et chargé d'une mission extraordinaire, de la part du roi de Wurtemberg, près le saint Siége. Mgrs. Menochio et Bertazzoli assistoient S. S. dans cette cérémonie. M. Keller dîna ensuite chez le majordome du palais, et le soir il alla faire ses remercimens au saint Père, qui l'accueillit avec bonté.

- Le P. Thomas Tomagian, des Mineurs Conventuels, né à Pera, faubourg de Constantinople, a été désigné, par le cardinal di Pietro, de faire les fonctions épiscopales dans l'église grecque de Saint-Athanase, à Rome.

-Le

Le cardinal Spina, à son passage par Massacar

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