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en nom collectif. C'étoit le moment de la crise; Paris alloit être attaqué par cent quatre-vingt mille hommes. « L'approche de ces momens suprêmes ne nous avoit pas trouvés endormis; de moment en moment, nous nous réunissions pour aviser à ce qu'il y avoit à faire. Le jour de l'attaque, nous nous portâmes, M. le duc d'Alberg et moi, sur plusieurs points où l'on combattoit. Nous nous trouvâmes à la barrière du Trône au moment où les Russes enlevoient la batterie qui étoit placée en dehors de la grille. Nous vîmes sortir l'artillerie de réserve, servie par les élèves de l'Ecole Polytechnique. Il étoit onze heures: nous jugeâmes que l'ennemi, s'il le vouloit, pouvoit être dans le cœur de la ville une heure après. Il n'y avoit pas un moment à perdre. Je courus chez M. de Talleyrand.....................». En un mot, tout ce que le prélat nous apprend de nouveau sur les événemens qui précédèrent et accompagnèrent la restauration, c'est qu'il courut beaucoup les 30 et 31 mars. Si la France décernoit un prix à qui s'est donné le plus de mouvement pendant ces deux journées, il y auroit des droits incontestables, encore bien que son cocher et ses chevaux pussent le lui disputer. Mais l'objet de ses courses étoit toujours d'aller chez le duc d'Alberg, chez M. de Talleyrand, chez M. l'abbé Louis, voire même chez le duc de Rovigo, afin de leur parler avec véhémence, et d'aviser à ce qu'il y avoit à faire. Il y avisoit encore, lorsque, le 31 mars, d'une fenêtre qui donnoit sur la place de Louis XV, il entendit des cris de Vive le Ror, et vit des cocardes blanches et des drapeaux blancs. «Quoique j'eusse beaucoup couru dans la matinée, poursuit-il, je n'en avois pas aperçu une seule. On prend la cocarde blanche, cria M. le

duc d'Alberg. Aussitôt je me précipite vers lui, et je l'entraîne nous arrivons au lieu du rassemblement... »). On ne voit pas trop ce que fit de si merveilleux M. de Pradt dans ces groupes. Mais nous voici arrivés au moment où il joua le plus grand rôle. Ecoutons bien, et ne perdons pas un mot de ce récit.

Vers cinq henres du soir, M. de Pradt étoit chez M. de Talleyrand avec M. Louis. L'empereur Alexandre y arriva peu après, et fut suivi du roi de Prusse, du prince de Schwartzenberg, etc. Le roi de Prusse reconnut M. de Pradt et lui dit: M. l'archevêque, je vous ai vụ à Dresde, il y a deux ans. M. de Nesselrode fut plus poli encore. Je suis très-aise de vous voir, dit-il à M. de Pradt, nous vous cherchions. (Nous vous cherchions, sent-on bien la force de ce peu de mots?) M. de Schwartzenberg vint à lui avec empressement, et lui exprima sa reconnoissance sur ce qu'en Pologne il avoit fait pour son armée. Il est donc clair que ces princes et ces généraux attendoient M. de Pradt pour se décider. La suite va le prouver nieux encore. Le conseil s'ouvrit. M. de Pradt n'en étoit pas encore; mais il étoit à la porte de la salle, et bientôt on sentit le besoin qu'on avoit de lui, et on le fit entrer. L'empereur Alexandre répéta devant lui qu'il ne faisoit point la guerre à la France, et lui demanda quel étoit, le vœu de la nation. J'éclatai, dit l'historien par la déclaration que nous étions tous royalistes, et que toute la France l'étoit comme nous. L'empereur avoit hésité jusque là; mais à ce coup il ne put s'empêcher de se rendre à un si puissant témoignage. Eh bien! je déclare que je ne traiterai plus avec Napoléon. L'effet ne snit pas la cause plus promptement que cette résolution ne suivit le discours de M. de Pradt. On ne peut trop

le dire, ajoute le modeste diplomáte, la restauration est sortie de ce conseil. Cette déclaration étoit tout c'est elle qui a fixé le sort de la France. Il y a un point. décisif dans les affaires, et il étoit là. Combien la France et les Bourbons ont d'obligations à celui qui a provoqué cette résolution, et pourront-ils jamais acquitter une telle dette, et reconnoître un tel bienfait? Que faudroit-il penser d'eux si jamais l'indifférence et l'ingratitude.....? Mais non, cette seule pensée révolte. Un tel service n'est pas de ceux qu'on oublie. Il est bien démontré que sans M. de Pradt tant de souverains ligués, tant de peuples en armes n'auroient rien fait qui vaille. Nous étions perdus et l'Europe avec nous, s'il n'avoit pas couru et parlé.

J'ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.

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Au surplus faisons ici une réflexion générale; c'est qu'il est à Paris plusieurs milliers de personnes dont chacune croit sincèrement avoir eu une très-grande, part à l'œuvre de la restauration. L'une a, la première depuis vingt-cinq ans, fait retentir le cri de Vive le Ror! l'autre (et c'est une femme), a distribué plus de cent cocardes blanches. Celui-ci, dans l'assemblée qui eut lieu chez M. de Morfontaine, fit partie d'une députation chargée d'exprimer aux sonverains alliés les voeux de la capitale et de la France; celui-là, envoyé eu tirailleur, à la tête d'un peloton de gardes nationaux, s'est présenté aux troupes étrangères avec les signes du royalisme. Il résulte de là, pour quiconque observe et réfléchit, la preuve de cette vérité, qu'au moment de la chute du tyran, une grande partie de la France eut, en même temps et spontanément, la même idée, forma et exprima

le même vœu chacun contribua, en raison du degré de son influence ou de son énergie personnelle, à ce mouvement général, et la restauration du trône fut en effet l'ouvrage de la nation. M. de Pradt, selon sa coutume, a voulu se donner beaucoup d'importance dans un événement auquel il n'eut aucune part; et en se donnant un ridicule de plus, il a mis au jour un des plus médiocres écrits qui soient sortis de sa plume. Hélas! il ne lui restoit plus à perdre que sa réputation d'homme d'esprit.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

B.

ROME. Le 12 août, S. S. admit à une audience particulière MM. Paul et Joseph Sébastiani, députés de Constantinople près le saint Siége. Elle s'entretint avec eux, et leur donna des marques de sa bienveillance.

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Le souverain Pontife sort fréquemment pour visiter nos églises et se montrer au peuple. Dimanche il alla dire la messe au couvent de Saint-Dominique et de Saint-Sixte.

-Un ordre de la Congrégation des évêques et des réguliers, du 15 août 1814, rappeloit à leur première 'destination les édifices affectés au logement des évêques, des religieux et des religieuses des divers ordres et aliénés sous le gouvernement françois, pourvu qu'ils n'eussent pas changé de nature. On promit en même temps aux acquéreurs une indemnité sitôt que l'état des finances le permettroit. Le 6 juillet dernier, S. S. chargea une congrégation de fixer ces indemnités. Cette Congrégation prévient donc les acquérenrs qu'ils aient à fournir leurs titres dans l'espace de quarante jours, en justifiant qu'ils ont restitué.

-L'Académie de la religion catholique a tenu, le 8, sa séance ordinaire, où on lut un dialogue sur un point

de critique de l'ancien Testament. M. Jean Marchetti; archevêque d'Ancyre, et censeur en exercice, lut ensuite un discours où, à propos des lévites, il examina si les ministres du sanctuaire peuvent posséder des biens. Il traita ce sujet avec solidité, et répondit aux objections. -Les Capucins d'Imola sont rentrés dans leur couvent, et ont repris leur habit. Le cardinal Rusconi, évêque de cette ville, présidoit à la cérémonie, à laquelle beaucoup d'habitans ont pris part. Les bons religieux ont renouvelé à cette occasion leurs vœux avec beaucoup de ferveur.

PARIS. On assure que les négociations avec Rome ont pris depuis quelque temps un nouveau degré d'activité. On alloit jusqu'à dire que les bases de l'arrangement étoient posées et convenues de part et d'autre; en supposant que cette nouvelle soit encore prématurée, on a du moins lieu de penser que l'on travaille avec plus d'ardeur que par le passé à préparer cet arrangement. On parle de courriers plus fréquens, de communications plus rapprochées. C'est le moment où les amis de l'Eglise doivent redoubler leurs voeux pour håter la conclusion d'une affaire si importante.

-Les journaux s'étoient trop hâtés de nommer à la cure de Saint-Germain-l'Auxerrois. Ce n'est que ces jours derniers que cette place vient d'être remplie, et elle ne l'est par aucun de ceux que l'on s'étoit pressé de désigner, quoique d'ailleurs ils en fussent très-dignes. L'ecclésiastique promu à cette cure est M. l'abbé Keravenant, premier vicaire de Saint-Sulpice, plus recommandable encore par ses qualités et son zèle, que par le long exil qu'il subit sons Buonaparte pour le punir d'avoir assisté à la mort le célèbre Georges, cet intrépide ennemi de l'usurpateur. On sait que Saint-Germain-l'Auxerrois est la paroisse du Roi.

- De toutes les parties de la France on avoit adressé des prières au ciel pour demander un temps plus se→

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