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Tout compte fait, la prime à l'exportation n'est point bienfaisante pour le pays à qui le change est défavorable. Ce pays, par hypothèse même, a plus de dettes à payer à l'Étranger qu'il n'a de créances à recouvrer de l'étranger. Souvent l'écart est considérable. Il perd plus qu'il ne gagne. Ses importations se font en perte et il y perd davantage qu'il ne gagne par ses exportations ; il s'appauvrit.

III

L'une des conséquences immédiates de l'inflation c'est le bouleversement des finances publiques.

L'inflation nous l'avons vua habituellement pour point de départ des dépenses de l'État, auxquelles celuici n'est point en mesure de faire face par les ressources normales les impôts et qu'il juge inopportun de couvrir par une opération d'emprunt régulière, par un appel au public.

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Ensuite l'inflation devient elle-même la cause de nouvelles et croissantes dépenses budgétaires. Si le Gouvernement et le Parlement ne freinent pas, c'est la course à l'abîme, dont l'Allemagne offre le spectacle. Le cas de l'Allemagne met aussi en lumière la responsabilité des gouvernants les progrès de l'inflation y sont parallèles à l'accroissement des traites et bons du Trésor escomptés par la Reichsbank.

Sans doute, théoriquement, on peut faire face à l'inflation par l'aggravation des impôts dans leur expression en monnaie-papier. Mais quand l'inflation devient continue, énorme, procède par bonds, les majorations d'impôt, quoi qu'il en soit des textes qui les décrètent, sont rendues inefficaces par la simple circonstance du temps qui s'écoule entre le moment où les lois sont votées et celui où le paiement s'effectue. Et, bien entendu, les contribuables s'ingénient à retarder les paiements, puisque chaque jour

gagné allège leur prestation. Car tel est le jeu de l'inflation: le pouvoir acquisitif des signes monétaires c'est-à-dire leur valeur réelle — décroît à mesure que le temps passe!

Les effets de l'inflation sur les dettes publiques sont contradictoires en apparence et surprenants. La dette intérieure (dette exprimée dans la monnaie du pays) s'allège proportionnellement à l'inflation. La monnaie légale devient-elle sans valeur appréciable c'est le cas du mark les créances des porteurs de titres perdent toute consistance réelle par la banqueroute de l'État.

Au contraire, le poids de la dette extérieure s'accroît par l'inflation et la hausse concomitante du change, bien entendu pour les États qui veulent éviter la banque

route.

L'allégement de la dette intérieure ancienne est pour le Trésor public un profit suspect. Mais les États en proie à l'inflation, s'ils veulent s'arrêter dans la course au chaos, doivent procéder à des emprunts successifs pour faire face aux dépenses normales grossies par l'inflation même, et en ce qui concerne les pays qui ont à réparer les maux de la guerre, pour indemniser les victimes et restaurer les régions dévastées. Ces emprunts, contractés en monnaie dépréciée, donnent lieu à de lourdes charges: l'intérêt est élevé, ils s'expriment en sommes importantes pour l'obtention d'une monnaie de faible pouvoir acquisitif, ils obèrent l'État par les primes ou les lots, ou les taux d'émission sous le pair qu'il faut consentir afin d'attirer la clientèle. Car l'inflation du jour, et celle du lendemain, qu'ils envisagent, fait perdre aux détenteurs de capitaux la confiance, âme de toute opération de crédit.

Les charges budgétaires sous le régime de l'inflation deviennent écrasantes.

M. Jèze a pu écrire que toute émission de papier-monnaie est un pas sur la voie de la banqueroute. Cette voie IVe SÉRIE. T. V.

est glissante. S'arrêter en chemin est malaisé. C'est pourtant l'essentiel. C'est malaisé, car les trois sortes de compression des dépenses rencontrent des adversaires de toutes catégories, qu'il s'agisse de ramener l'État à ses fonctions nécessaires, de réduire le nombre des employés ou d'exercer un contrôle rigoureux sur l'emploi, des deniers publics. La Grande-Bretagne offre cependant l'exemple très remarquable d'efforts efficaces dans les trois ordres d'idées.

Il est une catégorie de dépenses qu'un État soucieux de son crédit ne peut répudier: c'est le service de la dette. Les arrérages des dettes de guerre pour la France pour la France et pour la Belgique ceux des emprunts qu'il a fallu contracter depuis l'armistice - grèvent à ce point les budgets que l'équilibre futur de ceux-ci est lié au paiement des indemnités imposées à l'Allemagne par le traité de Versailles.

IV

La question des réparations est parmi les problèmes financiers d'après guerre les plus angoissants!

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A ces réparations tout l'or du monde serait bien loin de suffire s'il fallait les acquitter effectivement en monnaie de ce métal. Si l'on a dû prévoir des versements échelonnés sur une période assez longue trente ans au moins c'est qu'il a été admis que l'Allemagne trouverait des ressources grâce à ses revenus, c'est-à-dire grâce à l'excédent et aux bénéfices de l'exportation, bénéfices dont l'État, par une législation fiscale appropriée, prélèverait une partie.

Pour la réalisation de ce programme implicitement tracé par le traité de Paix il eût fallu, en plus de la prospérité de l'industrie, le bon vouloir de toute l'Allemagne, celui des gouvernants et celui du peuple.

En France, pareille bonne volonté se manifesta avec élan, avec éclat, après la paix de Francfort. Les Français voulurent hâter la libération du territoire. Cette volonté de payer fait défaut en Allemagne....

Il convient de ne pas l'oublier selon le jeu normal du commerce entre les nations, les produits s'échangent contre des produits, les exportations paient les importations.

Même dans l'hypothèse de l'acceptation par le peuple allemand des obligations inscrites dans le traité de Versailles, il ne faut pas surévaluer les excédents d'exportation possibles, pas plus que les livraisons en nature. Pour que les réparations jouent, il faut que la puissance publique allemande fasse affluer dans les caisses de l'État les sommes nécessaires au rachat des devises et au payement des produits remis en nature aux Alliés. Toujours on se trouve acculé à la même conclusion le rétablissement d'un système monétaire sain et stable est la condition de la politique des réparations. Hors de là il n'y a d'applicables que des mesures de fortune, impuissantes à faire affluer des milliards de marks d'or (ou leur valeur) dans les caisses publiques belges et françaises.

Et, bien entendu, pour l'assainissement des finances allemandes, l'économie est la condition sine qua non. La banqueroute de l'Allemagne commencée pendant la guerre, aujourd'hui avérée, n'a point d'autre cause mesurable que celle-ci : les gouvernants ont abusé du crédit et dépensé sans compter pendant la guerre, parce qu'ils entendaient bien vaincre et faire payer les frais de la victoire par leurs ennemis ; ils ont continué ces errements après l'armistice pour se dérober à l'exécution du traité de Paix !

En ce moment où sonne le glas du mark il est avéré que l'inflation extrême aboutit au chaos. Elle a été inti

mement liée en Allemagne à l'abus du crédit par les appels continus du gouvernement à la Banque d'émission. Par voie de conséquence naturelle et nécessaire, la réforme monétaire doit avoir pour fondement la fin des prêts de la Reichsbank à l'État.

EDOUARD VAN DER SMISSEN, Professeur à l'Université de Liége et à l'École de guerre.

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