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été inventés par la Seiche avec son rejet d'encre qui trompe l'assaillant sur la direction de fuite; les gaz lacrymogènes ou autres sont une copie sur une autre échelle des rejets de gaz ou de liquides malodorants ou toxiques que projettent nombre d'animaux dans un but défensif. La solution donnée par la Nature ne diffère de celle de l'artisan que par sa perfection bien plus grande, sa souplesse et sa solidité, son élégance et son luxe de petits détails.

Il faudrait fermer ses yeux à l'évidence pour nier la finalité dans les phénomènes de la vie ; la Physiologie, étude des fonctions, devrait s'appeler science de la finalité biologique. Cette finalité, le créationnisme l'explique sans difficulté puisque le système repose précisément sur elle ; quelle explication nous en fournira l'évolutionnisme ? Évidemment il la cherchera dans les causes strictement naturelles.

Mais vous auriez une idée incomplète et très inexacte des êtres vivants en croyant que chez eux tout est rigoureusement finalisé ; alors que dans une machine inventée par l'Homme, et bien étudiée, il ne doit rien y avoir d'inutile, pas d'écrou en trop, pas d'épaisseur superflue, il en est tout autrement chez un animal sa machinerie comporte des structures ou des aspects qui pourraient être autres sans que l'adaptation globale en soit changée ; il y a aussi des pièces qui ne servent à rien, ce sont les organes rudimentaires (c'est du reste une des preuves que l'on invoque en faveur du transformisme, puisque ces organes ne peuvent provenir que d'ancêtres chez lesquels ils avaient un rôle à jouer). Exemples les poils de la figure des hommes (qui manquent à bien des races), la troisième paupière, les muscles de l'oreille immobile, l'appendice vermiforme du cæcum, le troisième œil des Lézards, les glandes mammaires de l'homme, le rudiment de vertébres caudales, les yeux rudimentaires des animaux qui vivent à l'obscurité, etc. Cette absence certaine de

finalité actuelle dans certains appareils contraste vivement avec la merveilleuse structure et la perfection des organes qui jouent un rôle nécessaire dans l'espèce. Comme je l'ai indiqué tout à l'heure, la genèse des organes rudimentaires a reçu dans l'évolutionnisme une explication tout à fait satisfaisante.

Enfin, ce qui est un corollaire des deux constatations précédentes, il est des organes encore fonctionnels, mais qui sont mal adaptés à leur fonction; ils pourraient être, nous semble-t-il, mieux faits qu'ils ne le sont, plus durables, moins susceptibles de se déranger. Je vous en citerai un exemple topique : les dents de la race blanche; en dépit de leur organisation complexe, ce sont des organes de courte durée, sujets à la destruction, et qui devraient se remplacer automatiquement, comme les dents d'un Requin ou d'un Crocodile. Il est supposable que ces organes dysharmoniques sont en voie d'évolution vers la rudimentation.La construction de l'oreille moyenne laisse aussi beaucoup à désirer, le cœur est ridiculement sensible à des excitations émotives ou à des toxines qui troublent gravement son fonctionnement, etc.

Tout en n'oubliant pas qu'il existe des organes rudimentaires et dysharmoniques, revenons aux organes fonctionnels à finalité certaine il est évident que la finalité intentionnelle des œuvres humaines dénote l'existence d'une intelligence, d'une direction, qui a conçu en pensée des solutions, a écarté les mauvaises et a essayé les bonnes, en les corrigeant au besoin. Les biologistes spiritualistes et les théologiens, croyant à un Esprit dirigeant l'évolution par l'intermédiaire des causes secondes, admettent très volontiers que la finalité des appareils organiques est tout aussi intentionnelle que celle des œuvres humaines, qu'il s'agisse d'un microscopique rail de guidage d'un aiguillon d'Abeille ou d'une barbule d'accrochage d'une plume d'Oiseau; pour le théologien, d'ailleurs, l'harmonie générale de la Nature,

les merveilleux résultats des causes efficientes secondes constituent la preuve la plus apparente de la Cause première. Mais, au point de vue scientifique, ce concept et celui des mécanistes athées se rejoignent absolument ; nous n'avons le droit que de rechercher les causes efficientes des solutions d'ouvriers fournies par la Nature; si on ne trouve pas parmi les facteurs de l'évolution un principe directeur capable de remplacer l'intelligence de l'Homme, il ne restera qu'à avouer notre ignorance et à faire appel à un avenir mieux informé sur le nombre et la valeur de ces causes efficientes.

Les facteurs connus et certains de l'évolution sont: 1o la variation spontanée ou mutation à l'intérieur d'une espèce, ce qui crée parfois des formes plus différentes l'une de l'autre que ne le sont d'authentiques espèces (pensez à la variation dans l'espèce Chien, l'espèce Poule ou l'espèce Chrysanthème); 2o l'hérédité qui transmet la variation spontanée aux générations suivantes; 3o la lutte pour l'existence, qui est la concurrence entre formes voisines habitant le même milieu, ayant les mêmes besoins et tendant chacune à s'accroître (pensez à la concurrence des plantes dans un jardin) ; 4o la sélection naturelle ou choix qui est la survivance des plus résistants, aux organes les mieux adaptés au milieu et l'élimination des autres moins bien doués (pensez à ce qui se passe dans un jardin lorsqu'on plante à côté l'une de l'autre deux variétés de la même espèce; l'une d'elles, « la plus délicate » est refoulée, étouffée et disparaît).

En somme, parmi tous ces facteurs dont la réalité n'est pas niable, il n'y en a qu'un qui vraiment crée du nouveau, qui est constructif : c'est la variation. Il n'y en a qu'un qui, théoriquement, ait la valeur d'un principe dirigeant, c'est la sélection, par la suppression impitoyable des variants engagés dans une mauvaise voie. La question est de savoir si, en combinant ces deux facteurs, on peut arriver à comprendre l'évolution d'un organe fonctionnel;

prenons donc un exemple d'explication sélectionniste : l'œil humain, qui est assurément un étonnant appareil optique ayant la vision pour fin, a pu être, tout à fait à l'origine, une simple tache de couleur innervée donnant à l'animal une sensation vague de luminosité; dans la longue lignée des ancêtres vivant à la lumière et dépendant d'elle pour chercher leur nourriture à la vue ou pour se garder de leurs ennemis, toutes les variations qui ont pu se produire autour de l'appareil visuel ou à son intérieur n'ont été conservées que si elles réalisaient des étapes graduées à la fois dans la structure et dans l'utilité, ou au pis des modifications indifférentes (comme les variations de couleur de l'iris); toutes les variations défavorables, produisant une diminution de la perception lumineuse, ont abouti à la décadence et à la mort des individus, et nous ne les connaissons pas, ou bien les ont contraints à chercher dans le sein de la terre un milieu obscur, où ils pouvaient se passer de la fonction, comme les Taupes, les Poissons aveugles, les Écrevisses aveugles, les Insectes aveugles, etc. La sélection joue donc le rôle de l'ouvrier qui perfectionne graduellement son œuvre ; en ne conservant que les variations favorables, c'està-dire quelque avantage sur l'état précédent, elle réalise une finalité de plus en plus complexe.

Incontestablement, ce raisonnement, d'application générale à presque tous les cas, paraît logique, séduisant même; pendant longtemps il a satisfait l'esprit. Il n'en est plus de même aujourd'hui, pour toutes sortes de raisons l'explication darwinienne suppose que toutes les étapes d'un organe représentent une progression régulière dans l'utilité, ce qui donne prise chaque fois à la sélection; or, si cela peut être à la grande rigueur admissible pour l'œil (et encore faut-il remarquer que l'on part d'un organe rudimentaire, mais déjà visuel), il n'en est plus de même pour de très nombreux organes dont la fonction, c'est-à-dire la finalité, ne se conçoit que lors

qu'ils sont arrivés à la perfection, de même qu'une machine humaine doit être complètement finie pour rendre le service durable qu'on en attend. On n'imagine pas un organe électrique de Torpille qui ne donnerait pas de secousses suffisantes pour engourdir les proies, une ventouse qui ne collerait pas, un bouton-pression qui ne fermerait pas exactement, des glandes mammaires qui ne donneraient que quelques gouttes de lait. Du reste, cette objection de l'inutilité des stades de début avait déjà été opposée à Darwin, qui en était resté fort embarrassé.

Les sélectionnistes supposent implicitement qu'un très minime avantage accidentel peut assurer la survie d'un individu, de préférence à un autre, de même que, dans un duel entre deux escrimeurs de force identique, une différence de quelques millimètres dans la longueur des épées ou des bras peut assurer la victoire à l'un d'eux. Mais c'est une supposition improbable; quand un animal survit jusqu'à l'âge adulte à la sévère lutte pour l'existence (1 sur 100, sur 1000 et même davantage), ce n'est que par une suite de hasards heureux et non pas parce qu'il possède tel ou tel caractère avantageux. La sélection est tout aussi aveugle qu'un accident de chemin de fer ou une bataille moderne. Au mieux, elle est conservatrice du type moyen de l'espèce, en faisant rapidement disparaître les types exceptionnels, de même qu'une armée en campagne perd dès les premiers jours les hommes les moins valides, incapables de supporter la fatigue, et les téméraires, qui se jettent imprudemment en avant.

Il ne reste donc rien ou à peu près rien des tentatives d'explication par causes efficientes naturelles de la finalité organique; c'est un problème non résolu. Il manque quelque chose à nos conceptions de l'évolution et de ses facteurs; la nécessité d'un facteur nouveau, interne ou externe aux organismes, régulateur des variations et capable de les diriger vers une fin, se fait surtout sentir

IVe SÉRIE. T. V.

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