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Le cancer est extrêmement fréquent chez les animaux. La chèvre semble y échapper, mais on l'a rencontré chez la plupart des animaux domestiques ou sauvages; chez les vertébrés comme chez les invertébrés.

Les tumeurs malignes sont toutefois particulièrement fréquentes chez le rat et chez la souris. Ces deux classes d'animaux sont pour le biologiste un objet d'étude remarquable, grâce à la facilité avec laquelle ils deviennent spontanément cancéreux, grâce aussi à la possibilité de déterminer artificiellement chez eux la production de tumeurs variées. Dans les laboratoires où l'on étudie spécialement le cancer, on se livre donc à l'élevage de souris et de rats. Il existe même en Amérique, à Chicago, une maison spéciale Mouse-House, destinée à l'élevage des souris. Miss Slye, la directrice de cet établissement, a commencé ses expériences avec 3 souris. Elle a obtenu en une dizaine d'années plus de 500.000 élèves placés dans les meilleures conditions d'hygiène et de nourriture. L'observation minutieuse de cette nombreuse postérité a permis à Miss Slye des conclusions auxquelles je ferai allusion par la suite.

Si nous passons en revue les animaux domestiques, nous trouvons fréquemment le cancer chez le chien, le chat, le lapin, le cobaye, le cheval, l'âne, le mulet, les bovidés, les suidés, etc.

Le cancer a été observé aussi chez les mammifères sauvages lion, tigre, ours, kanguroo, éléphant, hippopotame. Le singe semble toutefois relativement réfractaire.

Le cancer existe chez les oiseaux : les perroquets, dont le grand âge est bien connu, en sont souvent atteints.

Le cancer a été reconnu aussi chez les animaux à sang froid. Il est rare chez les reptiles, mais on en a trouvé des cas incontestables chez les grenouilles et chez les poissons. Vers 1900, on constata même en Amérique une apparente épidémie de cancer. Elle décima les poissons

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des grands lacs des États du Nord. Les éleveurs ayant jeté en peu de temps sur le marché des quantités énormes de poissons avariés dont on fit des conserves, la presse s'empara du fait, le public étant peu satisfait d'avoir mangé du cancer frais ou en conserve !...

On reconnut l'existence de nombreuses hypertrophies du corps thyroïde et chez certains animaux la tumeur avait incontestablement une allure maligne. Cette hypertrophie goitreuse susceptible, dans certains cas, de dégénérer en cancer fut attribuée en grande partie aux conditions artificielles d'élevage et des précautions adéquates firent disparaître cette épizootie qui menaçait de devenir un véritable fléau. On fit le silence sur cette affaire. Il fut reconnu d'ailleurs que le cancer des poissons n'était pas transmissible à l'homme, même s'il était mangé cru. Cette dernière constatation est rassurante, car le cancer se retrouve chez des animaux invertébrés que l'on a justement coutume de manger crus, telles les huîtres.

Les insectes eux-mêmes n'échappent pas au cancer et on a étudié chez la mouche à fruit ou à vinaigre, la drosophila melanogaster, une tumeur extrêmement curieuse ayant absolument l'allure du cancer, mais présentant cependant la particularité de n'être pas, dit-on, sensible aux rayons X. Le cancer de la drosophila melanogaster a fait l'objet de travaux importants, mais il faut attendre la confirmation de ces recherches.

Passons maintenant au cancer chez l'homme. C'est une maladie très répandue: elle fait chaque année, de par le monde 500.000 victimes. Ce chiffre est certainement très au-dessous de la réalité, car si les cas de cancer sont relevés à peu près exactement chez les peuples civilisés, il n'en saurait être de même chez les peuples sauvages, où le cancer sévit tout en étant souvent méconnu.

Le cancer augmente de fréquence avec l'âge, c'est une maladie de l'âge moyen et surtout de la vieillesse.

Depuis plusieurs années le nombre des cancers augmente manifestement. En France, il meurt chaque année 35.000 cancéreux. La répartition géographique des cas est assez irrégulière; certaines régions, telles que la Somme et le Loir-et-Cher, sont fortement frappées ; d'autres, telles l'Aveyron et surtout la Lozère, sont singulièrement épargnées.

Si l'on considère maintenant les différents pays d'Europe, en mettant en tête les pays les plus éprouvés, ils se placent dans l'ordre suivant: Suisse, Hollande, Écosse, Suède, ngleterre, Norvège, Allemagne, Autriche, France, Belgique, Italie, Espagne. Pour 100.000 habitants, la mortalité cancéreuse est à Copenhague de 161, à Berlin de 133, à Paris de 110, à Rome de 100, à Madrid de 96. Ces quelques chiffres, volontairement incomplets, sont suffisants pour permettre aux lecteurs une appréciation sommaire de la répartition des cas de cancer.

Ces préliminaires ayant montré l'importance du problème à résoudre, je m'efforcerai de faire comprendre, maintenant, ce qu'il faut entendre par ce mot cancer.

Je décrirai ensuite sommairement l'évolution d' n cas type, cet exposé symptomatologique étant destiné à compléter la définition du processus, ébauchée dans la première partie.

Je m'appliquerai enfin à rechercher la cause de cette affection. L'observation des maladies, l'expérimentation biologique, l'analyse des examens histologiques me fourniront un certain nombre de faits positifs. Ils me permettront d'exposer non pas une théorie, loin de moi cette prétention, mais une manière de concevoir le mécanisme de la formation des tumeurs, d'une façon rationnelle et en accord tout au moins avec les notions biologiques basées sur l'expérimentation.

Cet exposé général est l'amorce d'un second article. ayant pour objet la lutte contre le cancer. J'y essaierai une justification des différentes méthodes préconisées.

et montrerai l'espoir raisonnable des chercheurs. Je décrirai aussi comment s'organise la lutte de par le monde, car tous les peuples civilisés unissent aujourd'hui leurs efforts pour combattre le fléau.

II

DÉFINITION ET MODE DE DÉVELOPPEMENT DU CANCER

1° Qu'est-ce que le cancer?

On peut le définir provisoirement : un amas de cellules douées d'une activité prolifératrice remarquable et vivant en parasites dans l'organisme.

Toute accumulation anormale de cellules constitue une prolifération que l'on appelle tumeur ou néoplasie, c'est-à-dire tissu de formation nouvelle. Il existe deux catégories de tumeurs : les unes sont dites bénignes, les autres méritent l'épithète de malignes et comprennent les diverses variétés de cancer.

La tumeur bénigne a une croissance relativement limitée; elle n'exerce aucune action toxique sur l'organisme. Elle peut, dans certaines circonstances, engendrer des troubles graves, mettre même les jours en danger, mais sa nocivité est secondaire; la malignité n'est pas son essence. Les tumeurs bénignes sont extrêmement répandues. Qu'il me suffise de citer les verrues, les cors aux pieds, les lipomes, les fibromes, les ostéomes et cette énumération, d'ailleurs très incomplète, montre qu'il faut classer sous cette étiquette des lésions vraiment disparates.

Les tumeurs malignes sont caractérisées par une croissance progressive continue, illimitée. Elles intoxiquent profondément l'organisme. Abandonnées à elles-mêmes elles sont invariablement mortelles, même dans les cas où elles ne déterminent pas les accidents secondaires,

d'origine le plus souvent mécanique, auxquels j'ai fait allusion tout à l'heure, à propos des tumeurs bénignes. Le mot cancer vient du greс кαρкívоg. Il signifie καρκίνος. <«< crabe », car les anciens, considérant la tumeur maligne et ses ramifications envahissant l'organisme, la comparaient à un crabe dont les pattes s'accrochaient désespérément à leur proie.

Il existe, en fait, deux variétés principales de cancer : L'épithélioma, observé chez l'adulte;

Le sarcome, plus répandu chez les enfants.

Chaque variété comprend un certain nombre de types caractérisés à l'examen microscopique par la forme ou l'assemblage des éléments cellulaires. Mais il n'est pas possible d'entrer dans le détail et il me suffira de faire comprendre la différence qui existe entre ces deux variétés principales épithélioma et sarcome.

Les cellules plus ou moins différenciées forment nos tissus. Le ciment qui relie entre eux les différents éléments constituant nos organes s'appelle le tissu conjonctif. Le tissu conjonctif s'est spécialisé au cours du développement embryonnaire dérivant du feuillet moyen. Si par un processus inverse il se dédifférencie, retournant à un état plus ou moins voisin de l'état embryonnaire, ses cellules acquièrent le pouvoir prolifératif propre à ce stade primitif, elles se divisent, se multiplient et constituent le processus dénommé sarcome.

La surface extérieure de notre corps, l'intérieur de nos viscères, la lumière de nos canaux glandulaires, sont protégés par un revêtement cellulaire appelé épithélium. Il est constitué par des cellules tantôt pavimenteuses, tantôt cylindriques.

Qu'il se produise une coulée de tissu épithélial dans le tissu sous-jacent, que la cellule s'affranchisse de l'action mystérieuse qui la maintient à un poste fixé, que cette cellule spécialisée au cours du développement embryonnaire se dédifférencie, nous avons, comme dans le cas

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