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la guerre, on enregistre les résultats globaux ci-dessous indiqués.

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1919. Malgré l'appauvrissement du pays, nous exportons pour 2.300 millions de francs de marchandises. L'écart déficitaire comparativement aux importations est de 2.945 millions.

1920. Nous exportons pour 8.862 millions de francs de marchandises. Déficit par rapport aux importations: 4.079 millions. Il s'agit de francs-papier. Le dollar cote en janvier, 12 francs ; en décembre, 16 francs.

1921.

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Exportations: 7.273 millions. Écart déficitaire : 1.925 millions de francs.

1922. C'est l'année de la conclusion de l'Union économique belgo-luxembourgeoise. La population du Grand-Duché est de 3% seulement de la population groupée par l'Union.

Si l'on additionne les importations belges des quatre premiers mois de l'année et les importations de l'Union de mai à décembre, si l'on groupe de même les chiffres relatifs aux exportations, on obtient 6.233 millions de francs d'exportations, en déficit de 3 milliards par rapport à l'importation.

1923.

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D'après le tableau récapitulatif du bulletin mensuel officiel du commerce extérieur tel qu'il a été publié dans la livraison de décembre, les importations de l'Union économique belgo-luxembourgeoise atteignent 12.5 milliards de francs; les exportations 8.890 millions. Le déficit est de 3674 millions. Compte tenu de l'inflation et du change, ce déficit ne dépasse pas celui qu'enregistraient les documents officiels d'avant-guerre.

Ne passons pas outre sans peser la valeur des données. statistiques. Cette valeur n'est pas semblable pour toutes les statistiques. Il en est qui touchent de très près le réel. Il en est qui sont fantaisie pure, j'entends qu'il s'y mêle des éléments de nature tout à fait conjecturale. Les statistiques du commerce international appartiennent à la catégorie moyenne. Elles sont fort utiles, bien entendu. Les causes d'erreur, d'ordinaire, sont les mêmes à travers les années de sorte que les statistiques du commerce international donnent une idée suffisamment exacte du développement des phénomènes économiques dans le temps.

Mais il s'en faut

à mon sens

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qu'elles renseigennt.

avec exactitude sur l'écart des importations et des exportations annuelles. Cela tient à de multiples raisons : la méthode d'évaluation n'est point la même pour les produits importés et exportés : les premiers voient leur valeur accrue des frais et frets de toute sorte, les seconds pas; on ne sait point par les chiffres quel pays a tiré bénéfice de la manutention, du transport, de l'assurance... Certains produits, par leur nature même, doivent pour une part échapper à la déclaration d'exportation : c'est le cas des diamants taillés. On a soin de les faire voyager sans le dire !

Ces réserves faites sur la valeur des statistiques officielles, il semble bien qu'à la suite de la guerre, notre balance des comptes internationaux doive être assez largement déficitaire. A s'en tenir à la balance officielle du commerce, le déficit serait de 12 à 13 milliards pour les années 1919-1923. Mais il faut distinguer de la balance théorique des documents statistiques la balance des transactions effectives, celle que l'offre et la demande maintiennent chaque jour en équilibre, par le jeu du crédit et de la spéculation. Depuis cinq ans banquiers, cambistes et spéculateurs nous ont fait confiance, rendant ainsi possible le paiement du surplus de nos achats en monnaie de papier de chez nous.

Notre rôle est ainsi tout tracé continuer à mériter cette confiance traditionnellement, j'allais dire immémorialement acquise aux vertus laborieuses de notre peuple.

L'on n'a point, en Belgique, de données exactes, pouvant s'exprimer en chiffres, sur l'ensemble des éléments de la balance des comptes internationaux. L'on n'est renseigné que sur la balance du commerce extérieur et dans des conditions bien imparfaites.

Si pourtant on admet que la balance a été constamment déficitaire depuis que la Belgique a dans le monde rang de Nation indépendante, depuis près d'un siècle ! il s'agit d'expliquer le miracle des changes d'avant-guerre

qui côtoyaient le pair et parfois le dépassaient, à l'exception du change sur Paris pourtant qui nous était constamment défavorable.

Deux explications peuvent être fournies qui, bien entendu, ne s'excluent pas.

C'est d'une part l'existence, dans les plateaux de la balance générale des comptes, d'éléments partiellement compensateurs de l'insuffisance des exportations. Cette insuffisance elle-même est probablement moindre qu'elle n'apparaît dans les documents officiels.

C'est ensuite le jeu des réactions du régime monétaire de l'Union latine. Tant que nous gardâmes une circulation d'écus, nos billets de banque étaient échangeables contre 4 pièces de 5 francs qui valaient pratiquement vingt francs-or. Le franc belge avant la guerre comme aujourd'hui mais aujourd'hui les conditions sont différentes était remorqué par le franc français !

Cette dépendance vis-à-vis du franc français qui persiste, après l'abandon des paiements en métal précieux, sous le régime de la monnaie de banque à cours forcé, tient à des causes multiples, les unes économiques, les autres qui dépassent le cadre de l'économie politique et dues à la position respective de la France et de la Belgique dans le monde. Elle est flagrante et les événements récents l'ont encore soulignée. Nous avons assisté à de vraies convulsions du change, dont la cause est surtout psychologique et politique : l'assaut livré au franc français - et au nôtre - par la finance germanophile.

Pour ce qui est de l'assaut déclanché contre le franc belge, il est aisé de comprendre comment les conditions du commerce international de la Belgique ont pu mettre aux mains des assaillants les munitions nécessaires.

Que s'est-il passé récemment ? Notre franc, tandis que son remorqueur paraissait aller à la dérive, a subi, au change, une baisse énorme portant le cours de la livre, en quelques jours, de 80 à plus de 130 francs, sans raison tenant à la valeur intrinsèque du franc belge. Puis le

franc s'est redressé presque aussi promptement qu'il s'était effondré, sans autre motif qu'une saute de vent de la spéculation, les baissiers se trouvant obligés de racheter des francs par millions, pour se couvrir. La seule nouvelle des crédits obtenus, par l'État français, des banquiers de New-York et de Londres, a suffi pour produire l'apparent prestige. Les baissiers de la veille ont eux-mêmes contribué au relèvement du franc, en rachetant au plus tôt ce qu'ils avaient vendu sans le détenir effectivement.

Que notre soi-disant mesure des valeurs se trouve soumise à des écarts considérables autant que brusques, incessants même, c'est là un mal profond.

Ce mal, on ne le guérira point par des remèdes artificiels. Si l'on fait abstraction aussi des réparations dues par l'Allemagne, que peut-on attendre ?

Il est permis de compter sur le redressement lent et naturel de la balance économique par le bon sens de la population, l'activité du monde industriel, le développe ment du Congo, la mise en valeur de la Campine...

Afin d'appeler l'attention de tous sur la nécessité de l'économie et de la restriction des importations qui ne sont point nécessaires, on vient de fonder la Ligue nationale pour la défense du franc. Souhaitons qu'elle fasse de bonne et prompte besogne. Son rôle très important est de créer un milieu nouveau: c'est, pour le franc malade, le changement d'air indispensable à sa convalescence.

De l'entregent de nos industriels, il n'est pas permis de douter. Ils ont fait merveille depuis l'armistice, en dépit de la loi des 8 heures, réforme de la plus haute portée sociale et morale, mais introduite peut-être inopportunément à un moment critique de la vie nationale.

Par l'acquisition de la Colonie, par sa mise en exploitation et par la mise en exploitation de la Campine, nous profiterons de circonstances providentielles. L'œuvre est commencée.

IVe SÉRIE. T. VI.

8

Pour la petite Belgique de jadis un changement d'être s'est produit récemment, profond, formidable et, chose curieuse, a passé presque inaperçu, de sorte que l'adaptation n'est point suffisamment faite...

De petite nation neutre elle est devenue presque en même temps un État pleinement souverain et une grande puissance coloniale maîtresse d'un territoire africain très riche ayant l'étendue du quart de l'Europe et quatrevingts fois celle de la métropole. Les possibilités d'exploitation minérale et végétale y sont illimitées, ne rencontrant d'autre obstacle que l'insuffisance des moyens de communication. Mais on développe ceux-ci avec un zèle acharné et l'on pourra bientôt électrifier la ligne de chemin de fer Matadi-Léopoldville, grâce à la houille blanche, qui n'est pas l'une des moindres richesses du Congo. Des accidents comme celui de l'embouteillement du chemin de fer doivent rester sans lendemain.

CONCLUSION

La guérison du franc français et du franc belge apparaît ainsi liée à l'arrêt de l'inflation, à la certitude que la monnaie du pays est à l'abri de nouveaux appels à la banque d'émission.

Elle est liée aussi à l'assainissement des finances, à la fin des emprunts de couverture du déficit.

Enfin, pour mettre le franc à l'abri des rechutes de fièvre, j'entends dire des soubresauts du change, il faut une politique du commerce international, libérale et dirigée de façon à réaliser l'équilibre des comptes.

L'on vient de voir que l'application de ce traitement est réalisable, mais son efficacité requiert de l'énergie, de la ténacité et un rigoureux esprit de suite.

ÉDOUARD VAN DER SMISSEN, Professeur à l'Université de Liége et à l'École de guerre.

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