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Sales: « Je hais par inclination naturelle..., et comme je pense, par « l'inspiration céleste, toutes les contentions et disputes qui se font << entre les Catholiques... En cet âge où nous avons tant d'ennemis de«hors, je crois que nous ne devons rien émouvoir au dedans du corps « de l'Eglise. La pauvre Mère Poule qui, comme ses petits Poussins, <<nous tient dessous ses ailes, a bien assez de peine de nous délendre << du milan, sans que nous nous entrebecquetions les uns les autres, et « que nous lui donnions des entorses (1). » Piût à Dieu que l'Anonyme se fût nourri des écrits vraiment Catholiques du saint Evêque dont on vient de rapporter les paroles! Au lieu des faux brillans, on trouveroit dans sa Dissertation le ton de vérité et de simplicité, et il ne se vanteroit pas, comme il le fait, d'avoir su se garantir du sentiment de l'amour de la paix (2).

XXXIV. Probablement, comme les autres personnages dont parle l'Anonyme, M. de Ferrières, Docteur en Droit de l'Université de Paris, a payé le tribut à la nature, et ne peut plus lui faire expier les froides et lâches ironies dont il l'accable (3). Rien n'oblige ici à prendre la défense de ce Jurisconsulte; mais on doit réprimer la témérité avec laquelle l'Anonyme se joue d'un Corps respectable, et ridiculise les choses les plus sérieuses.

Quelles que soient les expressions contenues dans les Cahiers que dictoit M. de Ferrières, il a été facile à l'Auteur de leur donner un air d'ineptie, à l'aide de ces rapprochemens dont l'usage est aussi facile que méprisable et trompeur. Mais le fond de la doctrine du Clergé de France, le sentiment de la Faculté de Droit, et selon toute apparence celui du Professeur, reviennent à ce passage du Commentaire de Dupuy sur les trois premiers Articles des Libertés de l'Eglise Gallicane. « Le Con« cile général d'Ephèse a dit que la Liberté de l'Eglise consistoit en « l'observation des anciens Canons et anciennes Coutumes, et qu'il fal«loit prendre garde, Ne clam paulatim Libertas amittatur quam « nobis donavit sanguine suo Dominus noster Jesus-Christus, omnium

(1) Lettres de Saint François de Sales, 1. VII, ép. 59.

(2) Dissert. Hist., p. 3.

(3) Ibid, p. 23 et suiv.

<< hominum liberator. C'est ce que nous disons aujourd'hui, et parlons << avec les Pères de ce grand Concile, que nos Libertés consistent en « l'observation des anciens Canons et des Coutumes anciennes, que << nous opposons à un nombre effréné de Décrétales qui n'ont été pu<< bliées que pour abolir peu à peu les anciens Droits et tout ce qui a « été ordonné de plus saint dans l'Eglise pour y maintenir la pureté. » Bossuet lui-même, dans son Sermon sur l'unité de l'Eglise, n'a pas dédaigné de faire la même application des paroles du Concile. << L'Eglise de France, dit-il, est zélée pour ses Libertés; elle a raison, << puisque le grand Concile d'Ephèse nous apprend que ces libertés

particulières des Eglises sont un des fruits de la Rédemption par la<< quelle Jésus-Christ nous a affranchis; et il est certain qu'en matière << de religion et de conscience, des libertés modérées entretiennent « l'ordre de l'Eglise, et y affermissent la paix. »

Ce n'est pas ici le lieu d'examiner si l'on doit opposer à l'abus des fausses Décrétales, le passage du Concile d'Ephèse qui ordonne l'observation des saints Canons et des anciennes Coutumes des Eglises; il suffit de nommer Bossuet, et de réfléchir un instant pour sentir que la substance de cette doctrine et l'application elle-même ne sont ni un outrage contre le bon sens, ni une absurdité indigne de servir de páture intellectuelle, ni un objet décent de comparaison avec les discours des révolutionnaires, destructeurs de la Religion et de la Monarchie (1). Et celui qui ose se servir de telles expressions, celui qui se permet ces fanatiques parallèles, montre par là qu'il ne fait pas plus de cas de la justesse des idées que des règles de la modération Chrétienne.

Ce qu'il importe surtout de remarquer, c'est que l'Anonyme, en se moquant des prétendues absurdite's de M. de Ferrières, trahit luimême sa honteuse ignorance, et critique audacieusement ce qu'il n'entend pas du tout. «Nestorius, dit-il à propos de la citation du Concile << d'Ephèse par M. de Ferrières, s'étoit servi de son crédit auprès de <«<l'Empereur pour tyranniser le Clergé Catholique. Le Concile « d'Ephèse, assemblé contre ce Patriarche impie, voulant éloigner de

(1) Diss. Hist., p. 24, 25, 26.

<< plus en plus de l'Eglise ce funeste esprit de domination, rappelle <<< en d'autres termes le bel avis de Saint-Pierre aux Pasteurs : Pascite « qui in vobis est gregem Dei, etc. Quelle ressemblance ont les Cons<«<titutions des Papes avec les violences d'un Nestorius (1)? » D'où il suit que, selon l'Anonyme, le passage du Concile d'Ephèse cité par le Professeur en Droit étoit uniquement dirigé contre les violences de Nestorius. La vérité est que ce passage n'a pas le moindre rapport à Nestorius, ni à sa tyrannie contre le Clergé Catholique. Les Evêques de l'Ile de Chypre se plaignirent, dans la septième Session, de ce que Jean, Evêque d'Antioche, s'arrogeoit le droit d'ordonner les Evêques de Chypre, contre la teneur des Canons et l'ancienne Coutume. Le Concile ordonna que les Canons des Saints Pères et les Coutumes anciennes seroient religieusement observés, défendit aux Evêques d'usurper le Gouvernement des Provinces qui n'avoient pas été soumises à l'autorité de leurs Prédécesseurs; « de peur, est il dit, que les Canons « des Saints Pères ne soient violés, et que, sous prétexte du Sacer« doce, le faste de l'autorité mondaine ne se glisse dans l'Eglise; de << peur encore qu'insensiblement on ne vienne à perdre la liberté que « Jésus-Christ, le Libérateur de tous les Hommes, nous a acquise par << son sang : c'est pourquoi il a plu au Saint Concile ŒEcuménique de «< conserver purs et inviolables les droits que chaque Province pos« sède par une ancienne Coutume; et si on oppose à ces Décrets du << Saint Concile général des Lettres qui les contredisent, elles sont dé<< clarées nulles et de nul effet (2). » Telle est l'exacte vérité, cons<<< tatée par les Actes mêmes du Concile d'Ephèse.

XXXV. Voici maintenant un autre épisode; car il est bon d'observer que dans l'étrange Dissertation de l'Anonyme presque tout consiste

(1) Diss. Hist. p. 26, 27.

(2) Ne Patrum Canones prætereantur, neve sub Sacerdotii prætextu, mundanæ potestatis fastus irrepat; ne clam paulatim libertas amittatur quam nobis donavit sanguine suo Dominus noster Jesus-Christus omniuin hominum liberator. Placuit igitur Sanctæ et Ecumenicæ Synodo ut unicuique Provinciæ pura et inviolata, quæ jam indè ab initio habuit, sua jura serventur, juxtà veterem consuetudinem...... Et si quis his quæ nunc decreta sunt pugnantes litteras attulerit, irritas esse decrevit Sancta et Universalis Synodus. (Conc. Ephes. Act. VII.)

en épisodes. Il s'agit d'une Thèse soutenue en 1681 par le Père Félix Baby, Carme de la place Maubert, que l'Auteur, en débutant, appelle un homme éminemment brouillon et malfaisant. La preuve qu'il en donne est que ce Religieux « soutint, dans une Thèse publique, non << seulement que le droit de Régale étoit solidement fondé, mais qu'il « y avoit des lois Ecclésiastiques auxquelles le Pape étoit soumis ; << qu'il ne peut pas toujours dispenser des Canons; qu'il n'est point du des tributs au << Clergé de leur Royaume; que les Evêques tiennent de Dieu leur « Juridiction; qu'on peut croire, avec la première Ecole du Monde « Chrétien, que les Papes ne sont ni infaillibles, ni au-dessus des « Conciles (1). »

<< tout en son pouvoir de déposer les Rois, ni d'imposer Monde

Remarquons que, dans la première proposition, il ne s'agit pas de l'extension de la Régale, sur laquelle on disputoit alors; mais du droit de Régale en lui-même, dont les Papes et les Conciles ont reconnu la légitimité.

Tels sont donc les crimes qui ont valu au Père Buby les noms d'homme malfaisant et brouillon. L'Anonyme ne lui en impute pas d'autres, et je m'étonne que, pour en mieux faire sentir toute l'énormité, il n'ait pas essayé d'ériger en maximes les propositions contradictoires.

Mais, dit l'Anonyme, le Pontife, justement offensé, crut devoir interdire ce Religieux (2).

D'abord, par respect pour l'éminence et la sainteté du ministère, je me garderai de penser et de dire que le Pontife fut offensé; mais je crois aisément que les Officiers de la Cour de Rome, se trouvant mal à propos offensés, surprirent dans cette occasion, comme ils l'ont fait dans d'autres, la religion du Pontife; et quiconque connaît les piéges et la déception dont le pouvoir suprême est environné, ne s'en étonnera pas.

Reprenons la phrase de l'Anonyme : Le Pontife, justement offensé ! Et de quoi? De ce que le Père Buhy avoit soutenu des propositions

(1) Dissert. Hist., p. 10.

(2 Ibid, p. 11.

qui semblent incontestables, et dont aucune n'est condamnée par l'Eglise; il n'y a pas en cela un juste sujet d'offense.

Ce Religieux fut interdit! Tant pis: car interdire sans cause est un abus manifeste d'autorité. C'en est un autre d'interdire, sur de simples rapports, à trois cents lieues de distance, sans entendre ni l'Accusé, ni ses Supérieurs Monastiques, ni son Archevêque.

Ces propositions, ajoute l'Anonyme, étoient propres à réveiller d'anciennes animosités. Pourquoi se trouve-t-il de l'animosité contre une doctrine saine? Vous parlez d'anciennes animosités ! Et pourtant, quelques années auparavant, la Faculté de Théologie avoit condamné plusieurs propositions extraites des Livres de Jacques Vernant, et d'Amadeus Guimeneus, entr'autres, que l'infaillibilité du Pape est un dogme de Foi; que ni les Evêques dispersés, ni l'Eglise assemblée en Concile, ne tiennent pas immédiatement de Dieu leur autorité spirituelle; que les Apôtres furent consacrés Evêques par les mains de Saint Pierre; que les Religieux n'ont pas besoin, pour absoudre, de l'approbation de l'Ordinaire, et une foule d'assertions fausses, scandaleuses et séditieuses, contenues dans ces mêmes Livres.

En 1625, le Jésuite Sanctarel avoit avancé, dans un Ouvrage imprimé à Rome, et répandu en France, que l'autorité du Pape s'étend de droit divin sur le temporel et sur le spirituel ; qu'il peut déposer les Rois, et dispenser leurs Sujets du serment de fidélité.

En 1663, cette pernicieuse doctrine, quoique condamnée, faisoit assez de progrès en France, pour que la Faculté de Théologie se crût obligée de protester solennellement qu'elle persévéroit dans la doctrine contraire; qu'en conséquence elle déclaroit, par un premier Article: «Que ce n'est point la Doctrine de la Faculté que le Pape "ait aucune autorité sur le temporel du Roi ; qu'elle a toujours résisté « même à ceux qui n'ont voulu lui attribuer qu'une puissance indi« recte.» Par l'Article second, elle déclare : «< Que c'est la Doctrine « de la Faculté que le Roi ne reconnoît et n'a d'autre Supérieur, au temporel, que Dieu seul; que c'est son ancienne Doctrine, et qu'elle ne s'en départira jamais. » Et, dans l'Article trois, la Faculté déclare : « Que c'est la Doctrine de la Faculté que les Sujets du Roi lui doivent tellement fidélité et obéissance, qu'ils

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