Sayfadaki görseller
PDF
ePub

« n'en peuvent être dispensés, sous quelque prétexte que ce « soit (1).

[ocr errors]

Enfin, sans peser plus long-temps sur la licence des opinions qu'on s'efforça de propager en France, pendant tout le cours du dix-septième Siècle, sur ces matières délicates, le Père Malagula, Italien, et Bachelier de la Faculté de Théologie de Paris, inséra frauduleusement, dans une de ses Thèses, que le Pape avoit un pouvoir légitime sur le temporel des Rois, et fut, en conséquence, chassé de la Faculté.

Cet événement, qui eut lieu peu de temps après la Thèse du Père Buhy, achève de prouver que, malgré la puissance de Louis XIV, et le Concours des Evêques, le fanatisme de la Ligue n'étoit pas toutà-fait éteint, et qu'il étoit nécessaire de le réprimer. L'Anonyme, qui censure amèrement la rigueur exercée contre Malagula (2), voudroit-il qu'on eût laissé un libre cours à l'audace de cet Italien, tandis que le Père Buhy ne remportoit qu'un Interdit humiliant, pour prix de sa loyauté et de son exactitude Théologique ?

Quoi qu'il en soit, il reste démontré que, dans la Thèse du Carme de la place Maubert, il ne s'agissoit pas du tout d'anciennes animosités, mais bien d'une Doctrine importante au repos public, et trop souvent, et trop récemment contredite. Qu'on juge par ces détails de la bonne foi de l'Anonyme, qui, d'un trait de plume, dénature les faits les plus authentiques, et donne le change à ses Lecteurs, en représentant ceux qui soutenoient les vrais principes, comme gens éminemment brouillons et malfaisans.

« On n'auroit sûrement pas imaginé, continue-t-il, que le Roi se « fùt mêlé de cet exercice monastique. » Etoit-ce un exercice monas

(1) I. Non esse Doctrinam Facultatis quòd Summus Pontifex aliquam in temporalia Regis Christianissimi auctoritatem habeat; imò Facultatem semper obstitisse etiam iis qui indirectam tantùm esse illam auctoritatem voluerunt. II. Esse doctrinam Facultatis ejusdem qudd Rex Christianissimus nullum omnind agnoscit, nec habet, in temporalibus superiorem præter Deum; eamque suam esse antiquam Doctrinam, à quâ nunquam recessura est. III. Doctrinam Facultatis esse quòd subditi Fidem et obedientiam Regi Christianissimo ita debent, ut ab iis nullo prætextu dispensari possint. (Decl. S. Facult. Paris. an. 1663.

(2) Dissert Hist., p. 45.

[ocr errors]

tique, que la signification d'un jugement pénal, émané de Rome; et le Roi abusa-t-il de son autorité, en défendant au Prieur des Carmes de signifier un Interdit aussi irrégulier sous tous les rapports? Et, lorsque le Prieur désobéit formellement aux ordres du Roi, le Parlement de Paris eut-il tort de lui défendre de récidiver, sous peine de punition exemplaire?» Quand on lit dans l'interrogatoire légal les réponses évasives, mensongères, et d'une subtilité pitoyable de ce Supérieur de la maison des Carmes, on ne peut qu'admirer la modération de la Cour Souveraine qui lui fit dire par son Chef : « Le « moindre reproche seroit sensible à un homme de votre caractère ; «< retournez à votre fonction, et faites que votre vie soit un modèle d'obéissance, comme elle est un exemple de piété.

Mais l'Anonyme n'a pas pris la peine de lire l'interrogatoire, et les pièces originales de cette affaire, ni de toutes les autres, dont il a la manie coupable de parler sans connoissance de cause.

«

[ocr errors]

Il reproche au Parlement d'avoir, par son Arrêt, « suivi le plan Et qu'il sembloit avoir formé de se faire juge de la Doctrine (1). pourtant le Parlement s'est borné à enjoindre au Prieur des Carmes « de présenter le Père Buhy à l'Archevêque de Paris avec les autres Religieux de la maison, pour qu'il lui donne dans son Diocèse les emplois dont il le jugera capable (2). » Il n'y a là aucune trace d'un jugement sur la Doctrine, mais, au contraire, un discernement trèsjudicieux des bornes des deux Puissances.

[ocr errors]
[ocr errors]

Enfin l'Anonyme tance rigoureusement M. Bérault-Bercastel, auteur récent d'une Histoire de l'Eglise, pour avoir regardé comme ́ peu réfléchie la conduite du Prieur des Carmes et de sa Communauté. La raison qu'il en donne est que « le Pape avoit prononcé la peine « d'excommunication contre les Supérieurs, s'ils souffroient que leur Religieux contrevînt à son jugement (3). » La peine d'excommunication! Quel malheur pour l'Eglise lorsque cette peine, la plus redoutable qu'elle puisse infliger, est prodiguée pour de semblables

[ocr errors]

(1) Diss. Hist., p. 12.

(2) Arrêt du Parlement de Paris, du 14 Avril 1682.

(3) Dissert. Hist., p. 12.

causes! Et quelle pitié de voir un Ecrivain justifier aujourd'hui cette excommunication, sous prétexte que « l'Ordre des Carmes est sous

la juridiction immédiate du Souverain Pontife (1)! » Si, en effet, l'exemption de la Jurisdiction ordinaire autorisoit de tels abus, il n'en faudroit pas davantage pour montrer que l'Eglise, et tout Etat sagement gouverné, ne doivent plus tolérer les Exemptions des Ordres Religieux. A Dieu ne plaise que nous tirions ici une conséquence qui pourroit déplaire à ces Corps respectables! Ils ne doivent pas répondre des témérités impardonnables de l'Anonyme.

XXXVI. Connoissant le pouvoir des anecdotes sur les esprits foibles, l'Auteur ne néglige pas ce genre facile, et il emprunte de Leydecker le récit d'une aventure qu'eut à Zurich l'Abbé de Valcroissant, Député du Parti Janséniste, à son retour de Rome, en 1655. Comme je n'ai pas sous les yeux la Vie de Jansenius, par Leydecker, je n'essayerai pas de discerner le faux et le vrai du récit que fait, d'après lui, l'Anonyme (2). En l'admettant tel qu'il est rapporté, on voit que le savant Hottinger, Ministre à Zurich, reprochoit avec raison à l'Abbé Valcroissant la contradiction où il tombe, lorsqu'il soutient comme orthodoxes des propositions condamnées à Rome, parce qu'en effet le jugement de Rome étoit déjà devenu celui de toute l'Eglise, par l'acceptation qu'elle en avoit faite. La distinction du droit et du fait, proposée par cet Abbé, prêtoit visiblement le flanc aux objections du Ministre; et l'autre distinction d'un jugement accepté ou non accepté par l'Eglise, devenoit inadmissible, à cause de la notoriété de l'acceptation. Ainsi, on peut croire sans difficulté que les Députés Jansénistes montrèrent, par leur contenance, comme l'assure Leydecker, qu'ils ne savoient plus que dire. Mais il faut être bien dépourvu de preuves plausibles, lorsqu'on est réduit à conclure de cette anecdote que l'infaillibilité du Pape étoit généralement établie dans le dix-septième Siècle, et enracinée dans l'esprit des Catholiques (3). Est-il besoin de faire remarquer au Lecteur que Leydecker, Ecrivain Protestant,

[blocks in formation]

obtient toute créance de la part de l'Anonyme, parce que son récit lui semble favoriser l'opinion de l'infaillibilité du Pape, et peut-être aussi parce qu'il jette un vernis de ridicule sur des Jansénistes assis à la table du Ministre de Zurich; tandis que, d'autre part, il refuse d'ajouter foi au Cardinal Orsi, qui lui certifie qu'en 1741 nombre de Théologiens Romains renonçoient à soutenir la même infaillibilité, et la regardoient comme une cause absolument perdue et désespérée.

XXXVII. Quelques pages après l'anecdote tirée de Leydecker, se trouve une discussion animée sur l'abolition faite par Innocent XI de la franchise du quartier des Ambassadeurs à Rome. Le Lecteur se perd dans cette foule d'incidens isolés l'un de l'autre, et qui n'ont, pour la plupart, aucun rapport avec le sujet principal; il se demande sans cesse où donc est la Dissertation promise sur les Libertés de l'Eglise Gallicane et l'Assemblée du Clergé de France de 1682? Près de deux pages, copiées du vingt-troisième volume de l'Histoire de l'Eglise, par M. Bercastel, contiennent le récit de l'affaire des Franchises, et de la conduite du Marquis de Lavardin. Puis l'Anonyme s'attache à prouver la tendresse et l'attachement du Pape pour la France, en 1688, par les deux Brefs qu'il écrivit à Bossuet en Janvier et Juillet 1679. Mais tous les Historiens qui n'ont pas senti, comme l'Anonyme, la force rétrograde de cet argument, s'accordent à reconnoître les injustes préventions d'Innocent XI contre Louis XIV et la France, sa roideur inflexible et sa fierté chagrine; car c'est ainsi que le caractérise l'historien de l'Eglise (1). Il est impossible de ne pas convenir de ces dispositions. fâcheuses du Pontife, à la simple lecture de la Lettre que le Roi écrivit à Rome au Cardinal d'Estrée, vers la fin de 1688 (2); Lettre dans laquelle on remarque le contraste frappant des démarches conciliantes et du ton modéré d'un Monarque puissant provoqué sans mesure, avec la conduite hautaine du Père commun des Fidèles. Et de plus, ceux à qui les préjugés n'empêchent pas de voir un abus déplorable dans l'usage des Censures spirituelles pour le maintien de droits purement tempo

(1) Histoire de l'Eglise, par Bercast., t. XXII, p. 524.

(2) Lettre du Roi à M. le Cardinal d'Estrées, du 6 Septembre 1688. V. Libertés de l'Eglise Gallicane, par Dur. de Maill, t. IV, p. 531.

rels, ne blâmeront ni l'Appel au Concile qui fut alors interjeté par le Procureur général et par l'Université de Paris, ni l'approbation donnée à cet Appel, non seulement, comme le dit l'Anonyme, par l'Archevêque de Paris, mais encore par une Assemblée nombreuse d'Evêques, qui eut lieu à cette occasion. Tous ces actes n'ont rien de commun avec les Libertés de l'Eglise Gallicane et les quatre Articles. Ils sont le résultat de la querelle d'un Prince temporel avec un autre Prince temporel; et si dans leur lutte inégale le plus foible ne succombe pas, la louange en est uniquement due à la justice et à la modération du plus

fort.

XXXVIII. A l'exemple de M. Plowden, l'Anonyme tâche de persuader que les Evêques de France, postérieurs au siècle de Louis XIV, ont abandonné les Libertés de l'Eglise Gallicane et les quatre Articles de 1682. « Parcourez, dit-il, la liste des personnages qui depuis un << Siècle ont brillé dans l'Episcopat par leur zèle, leurs vertus et leurs << lumières, tels que les Bissy, les Languet, les Beaumont, les La « Mothe; en trouvez vous un seul qui, dans ses Missions, Mande<«< mens, ou Lettres Pastorales, se soit appuyé sur les quatre Ar«ticles, ou les Libertés de l'Eglise Gallicane (1)?» En se servant des mêmes inductions, il seroit facile de ranger Bossuet, l'Evêque de Tournai, et tous les Prélats de l'Assemblée de 1682 parmi les partisans des Maximes Ultramontaines; car sûrement aucun d'eux ne s'est appuyé, dans ses Missions, Mandemens et Lettres Pastorales, sur les Libertés de l'Eglise Gallicane, ou sur les quatre Articles.

Des Evêques, l'Anonyme passe aux Princes Français, et il ajoute : << Tout le monde sait ce qu'en pensoient même les Princes Français « quand ils n'écoutoient que leur bon sens. » Là-dessus il rapporte l'anecdote d'un Bref de réprimande qui fut adressé par le Pape Clément XIII à un Evêque. L'Evêque, dit l'Auteur, se plaignit à Louis XV de la publicité de ce Bref, comme d'une violation des Maximes reçues en France; et ce Prince, ne croyant pas que ni les Libertés de l'Eglise Gallicane, ni les droits de sa Couronne, privassent le Père commun des Fidèles du droit de correction paternelle, répondit froidement à

(1) Diss. Hist., p. 75, 76.

« ÖncekiDevam »