Sayfadaki görseller
PDF
ePub

cet Evêque: Je ne me mêle point des affaires de famille. Telle est l'unique preuve sur laquelle se fonde le Dissertateur, pour avancer que les Princes Français sont indifférens aux Libertés de l'Eglise Galicane lorsqu'ils n'écoutent que leur bon sens.

XXXIX. Sa témérité l'entraîne bientôt dans une effroyable diatribe contre les Parlemens de France, revêtus du titre de Protecteurs des Libertés de l'Eglise Gallicane. Puissances de la terre, et vous Magistrats dépositaires de leur autorité, le Chrétien ne parle de vous qu'avec révérence; averti par Saint Paul, il obéit par conscience et par amour, et non parce qu'il craint votre colère. A l'ombre de votre pouvoir, il observe paisiblement le culte et la loi de son Dieu; et si ce Dieu permet pour l'éprouver que vous touchiez à l'Arche Sainte, le Chrétien, dans sa douleur, ne vous oppose pas d'autres armes que son respect et cette invincible parole non licet. Non, non, ce n'est pas un Français fidèle, ce n'est pas un Prêtre persécuté pour la Foi, qui a écrit ces pages répréhensibles. Ceux-là n'ont pas oublié que l'Eglise Gallicane succomba sous les attaques de l'Impiété, au moment où vousmêmes, succombant sous les attaques du crime, fûtes dans l'impuissance de la protéger. Ils savent que, comme nous, vous avez affronté la mort, et encouru l'indigence, pour la conservation des dogmes utiles à l'humanité, et pour le maintien des dogies sacrés de la Religion.

XL. Les entreprises de Juridiction dont se plaint l'Anonyme ne sont pas un désordre particulier au dix-huitième Siècle. Dans tous les temps l'Eglise a gémi lorsqu'elle a vu ces jalousies de pouvoir, qui sont un apanage de la foiblesse humaine. Elle blâme également les Evêques qui, au septième Siècle, interdisent au Roi Vamba l'exercice de la puissance temporelle; ceux qui, au neuvième, ôtent la couronne à Louis-le-Débonnaire; les Rois de la première Race qui disposent en France des Evêchés sans la participation de l'Eglise, ou les Seigneurs qui font régir les Eglises par des Prêtres de leur choix; les fausses Maximes de Grégoire VII et de Boniface VIII, et les erreurs de Marsile de Padoue qui fait dériver de l'Empereur la Juridiction spirituelle du Pontife.

Par la même raison, l'Eglise a gémi des ordres rigoureux qu'a pu

[ocr errors]

décerner l'autorité laïque pour contraindre ses Ministres à donner les Sacremens à des Jansénistes notoires; et tant que cet abus a subsisté, le Clergé de France n'a pas cessé, quoiqu'en dise l'Anonyme, de faire entendre les plus fortes réclamations.

XLI. Mais cet Ecrivain tombe dans une méprise bien étonnante, si elle n'est pas volontaire, lorsqu'il attribue les écarts de l'autorité Séculière aux Libertés de l'Eglise Gallicane et aux quatre Articles de 1682 sur la Puissance Ecclésiastique. Autant vaudroit imputer à l'Ancien Testament l'allégorie des deux grands Luminaires dont Innocent III s'est prévalu, et au Nouveau, l'usage abusif de l'allégorie des deux Glaives.

De même qu'on a pu citer dans quelques Réquisitoires les quatre Articles de 1682, ou les Libertés de l'Eglise Gallicane, comme la base de jugemens rigoureux et incompétens, de même on avoit dit dans les siècles d'ignorance que les deux Glaives dont parle l'Evangile signifient les deux Puissances par lesquelles le monde est gouverné; et cette allégorie une fois admise menoit évidemment à la puissance directe ou indirecte sur le temporel des Rois; on en peut dire autant de l'autre allégorie des deux grands Luminaires. Maintenant, que répondre aux Chefs de la Religion et de la Société, lorsqu'étant armés du pouvoir ils raisonnent et agissent d'après des prémisses aussi fausses, soit dans les temps d'ignorance, soit dans un siècle où on se vante de tout savoir? L'unique chose qui reste à faire à l'homme de bien ou au Prêtre fidèle, est d'opposer alors à d'injustes commandemens une conscience aussi ferme qu'éclairée, et de souffrir avec résignation les maux passagers qu'entraîne une résistance respectueuse; voilà ce que prescrivent d'un commun accord la raison, l'Evangile, les exemples et les maximes de l'antiquité. Un telle conduite opérera plus sûrement et plus promptement le retour aux vrais principes de la part de ceux qui s'en sont écartés, que toutes les clameurs de l'Anonyme, et surtout les horribles rapprochemens qu'il ose faire, mais dont la transcription ne doit pas souiller cet Ouvrage (1).

Pourvu donc que

les Libertés de l'Eglise Gallicane et les quatre

(1) Voyez la phrase qui commence la page 83, et celle qui termine la page 94 de la Dissertation Historique.

Articles n'aient pas de connexion réelle avec les délires du Jansénisme, ou avec les entreprises de quelques Tribunaux sur la Juridiction Spirituelle, c'en est assez pour qu'on ne doive pas reprocher à cette doctrine salutaire les suites fâcheuses qui indisposent contre elle l'Anonyme: or, il est évident que cette connexion n'existe pas.

En effet les Libertés de l'Eglise Gallicane, que rien n'oblige à suivre ici dans toutes leurs ramifications, se réduisent, comme l'explique Fleury dans son Institution au droit Ecclésiastique, à deux Maximes fondamentales. La première est que la puissance donnée par Jésus-Christ à son « Eglise est purement Spirituelle, et ne s'étend ni directement, ni in« directement sur les choses temporelles. » La seconde est que « la « plénitude de puissance qu'a le Pape, comme Chef de l'Eglise, doit << être exercée conformément aux Canons reçus de toute l'Eglise, et « que lui-même est soumis au jugement du Concile universel dans les <«< cas marqués par le Concile de Constance. Ces Maximes, ajoute << Fleury, ont été déclarées solennellement par le Clergé de France <«< assemblé en 1682, comme étant l'ancienne Doctrine de l'Eglise << Gallicane (1). »

Ainsi les Libertés de cette Eglise, considérées dans leurs principes, se confondent avec les quatre Articles de la Déclaration de 1682; et, pour montrer que ce point de vue général est le seul dont il puisse être ici question, il suffit de citer le préambule de la Déclaration même où le Clergé expose sans équivoque le dessein qu'il a en vue. «Plusieurs, y << est-il dit, s'efforcent de renverser les Décrets de l'Eglise Gallicane « et ses Libertés que nos Ancêtres ont soutenues avec tant de zèle, et « de détruire leurs fondemens qui reposent sur les Saints Canons et << sur la tradition des Pères.... C'est pourquoi, Nous, Archevêques «<et Evêques, et autres Députés Ecclésiastiques, représentant l'Eglise « Gallicane, et assemblés à Paris par ordre du Roi, avons jugé con« venable, après une mûre délibération, de faire les réglemens et la « Déclaration qui suivent (2). »

92.

Or, maintenant quel rapport est-il possible d'imaginer entre les délires

(1) Extrait des Institutions au Droit Ecclesiastique, p. 1 de cet Ouvrage.

(2) Cler Gall. Declar., an. 1682, p. 8 de cet Ouvrage.

«

[ocr errors]

du Jansenisme, ou les entreprises de l'autorité Séculière, et les quatre Articles dont on vient de citer le préambule? Ce rapport, s'il existe, a surtout lieu, comme l'indique l'Anonyme, avec le quatrième Article, parce qu'il y est dit que le jugement du Saint-Siége, dans les questions de Foi, « n'est pas irréformable, à moins que le consentement de l'Eglise n'intervienne. Mais comme, d'une part, les jugemens rendus par le Saint-Siége, dans l'affaire du Jansénisme, sont devenus irréformables par l'accession du consentement de l'Eglise; comme, d'autre part, ces mêmes jugemens sont devenus des Lois de l'Etat aux yeux des Magistrats qui les ont légalemer enregistrées, il s'ensuit évidemment que la condition de l'irréformabilité, insérée dans le quatrième Article de la Déclaration, n'a pu favoriser ni les délires du Jansénisme, ni les entreprises de l'Autorité Séculière sur la Juridiction Spirituelle. Il faut donc recourir à d'autres causes, pour y trouver l'origine des maux qui ont affligé l'Eglise pendant le dix-huitième Siècle; c'est donc mal à propos que l'Anonyme établit une liaison naturelle entre des objets qui n'en ont pas la moindre; et ce n'est qu'à l'aide d'une logique insidieuse, qu'il tente de faire envisager ces mêmes objets, comme ayant entre eux la relation intime qui existe entre l'effet et la cause.

XLII. Mais, dit l'Anonyme, sous prétexte des Libertés de l'Eglise Gallicane, cinquante Avocats ont signé une Consultation Schismatique contre le Concile d'Embrun (1). D'autres Avocats Consultans se sont élevés contre la Bulle de Canonisation d'un Saint qui étoit l'ami de l'humanité, Saint Vincent de Paule; d'autres ont traité indignement, dans une Consultation, M. de Charency, Evêque de Montpellier; d'autres enfin, critiquant le nouveau Catéchisme du Diocèse de Sens, ont également, en vertu des Libertés, autorisé la révolte des Curés de ce Diocèse contre leur Archevêque (2).

Eh oui! des Avocats ont fait tout cela; et peut-être, en le faisant, comptoient-ils, comme l'assure l'Auteur, sur le suffrage de quelquesuns des premiers Magistrats (3). Il dit de plus qu'en 1756 on affirma,

(1) Dissert. Hist., p. 77. (2) Ibid, p. 77, 78, 79. (3) Ibid, p. 79

dans un équisitoire, que l'Eglise de France est indépendante, et que ce fut en invoquant nos Libertés que les Avocats Target et Camus ont enfanté ou prôné la Constitution Civile du Clergé (1).

Loin de nier ces faits, j'ajouterai que les Sectaires de tous les Siècles ont invoqué le témoignage des Livres Saints; que toutes les prétentions injustes, depuis l'origine du Monde, ont eu pour prétexte la fausse application de principes vénérés et incontestables; qu'au défaut des Libertés de l'Eglise Gallicane et des quatre Articles, les Camus et les Target eussent fondé leurs sophismes schismatiques sur les Conciles de la Sainte Eglise d'Afrique, qui servent de base à nos Libertés, sur les Capitulaires de Charlemagne, ou sur les Concordats approuvés par les Papes eux-mêmes; qu'en un mot l'erreur, qui ne sauroit plaire à l'homme comme erreur, ne le trompe jamais qu'en se revêtant du simulacre de la Vérité.

Mais la Vérité, dont le Mensonge emprunte le simulacre, n'en est pas moins auguste; les principes dont on se sert pour colorer l'injustice n'en sont pas moins incontestables; et les Ecritures ne cessent pas d'être divines, par l'abus qu'en font les Novateurs.

Il ne suffit donc pas de dire et de prouver que des Jurisconsultes, des Jansenistes et des Révolutionnaires, ont argumenté d'après les Libertés de l'Eglise Gallicane et la Déclaration du Clergé en 1682; on n'est pas en droit de conclure de ces faits que les Libertés ou les quatre Articles de la Déclaration, ont une liaison prochaine ou éloignée avec l'erreur des uns et les entreprises des autres sur la Juridiction Spirituelle ; il faut encore montrer que cette liaison est réelle, et en quoi elle consiste; et c'est ce qu'il est impossible de montrer, comme on l'a déjà vu. L'Anonyme ne l'a pas même tenté, quoiqu'il s'écrie, en s'applaudissant de ses déclamations séditieuses, comme si elles étoient des preuves sans réplique sans réplique « Demandera t-on encore ce qu'a << de commun le délire du Jansénisme avec les quatre Articles de 1682 « et les Libertés de l'Eglise Gallicane (2)? »

[ocr errors]

L'importance du sujet a prolongé cet examen au delà des bornes que

(1) Dissert. Hist., p. 75.

(2) Ibid, p. 81.

« ÖncekiDevam »