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XXXIV. Il en a été de même du rétablissement de Théodoret dans son Siége Episcopal de Cyr. Déposé par le Conciliabule d'Ephèse, il appela de la Sentence de ce Tribunal inique au Tribunal du Souverain Pontife et aux Evêques d'Occident. Saint Léon, après un mûr examen, le reçut à sa communion, et lui rendit le rang d'Evêque. Toutefois Théodoret ne regarda son rétablissement comme tout-à-fait définitif, qu'après qu'il eût été ratifié par le Concile. Saint Léon, l'Empereur et les Pères de Calcédoine en eurent la même opinion: Théodoret, puisqu'il se présenta au Concile de Calcédoine pour être rétabli sur son Siége Episcopal ; Saint Léon, lorsqu'après le rétablissement de Théodoret le Concile, il écrivit que « la vérité invincible de Dieu avoit « fait voir à Calcédoine l'équité du Jugement du Siége Apostolique » ; l'Empereur, quand il permit, et les Pères de Calcédoine quand ils ordonnèrent que l'affaire de Théodoret fût soumise à un nouvel exaafin d'être déterminée par un nouveau Jugement du Concile Ecuménique (1).

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L'entrée de Théodoret à la première Session du Concile excita, malgré le Jugement du Pape bien connu de tous, une vive réclamation de la part de quelques Evêques. « La Foi est en danger, la Foi périt, s'écrièrent-ils: renvoyez le Maître de Nestorius; sa présence «est proscrite par les Canons. » Fides perit; istum Canones ejiciunt... Magistrum Nestorii foras mittite (2). » La Session devint tumultueuse, et « les Officiers de l'Empereur, dit M. de Tillemont, n'osè« rent forcer la répugnance de la moindre partie des Evêques. Ils de« mandèrent seulement que Théodoret demeurât en qualité d'accusa<< teur de Dioscore jusqu'à ce qu'on eût examiné son affaire. Ainsi, « Théodoret prit place au milieu des Evêques avec Eusèbe de Dorylée (3).

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Ajoutons au récit de M. de Tillemont, que Théodoret fut aussi reçu à Calcédoine comme accusé ou comme pouvant l'être à chaque instant, puisque les Officiers Impériaux déclarèrent que « sa présence

(1) Tillem., t. XV, p. 307.
(2) Conc. Calced. Act. I.
(3) Tillem., t. XV, p. 649.

au Concile ne préjudicieroit aux droits de personne, et n'empêche«roit pas qu'il ne fût accusé par ceux qui croiroient devoir le faire »>: Ne præsentia Theodoreti cuiquam faceret præjudicium, quòminùs posteà qui vellent, illum possent accusare.

Au commencement de la huitième Session, les Pères ne voulurent rien entendre en faveur de Théodoret avant qu'il eût dit anathème à Nestorius, et cet Evêque illustre tenta vainement d'entrer dans des explications qu'il jugeoit nécessaires pour son apologie, jusqu'à ce qu'il eût satisfait le Concile sur cet article important. Il dit donc enfin anathème à Nestorius; il prouva clairement la pureté de sa Foi par la teneur de toute sa vie, et par la promptitude avec laquelle il avoit signé tant la définition de Foi du Concile, que la Lettre de Saint Léon à Flavien; de sorte qu'il ne restoit plus de doutes sur son innocence Il avoit de plus en sa faveur, comme on l'a vu, le Jugement du Pape ; et cependant les Officiers de l'Empereur trouvent encore son rétablissement imparfait; ils disent que Théodoret ne peut pas recevoir de nouveau son Eglise, si le Concile ne prononce pas régulièrement une Sentence confirmative de celle de Saint Léon: Deest igitur ut Sententia proferatur à Reverentiá Vestrá, ut Ecclesiam suam recipiat, sicut et Sanctissimus Leo Archiepiscopus judicavit. Alors le Jugement irrévocable est proféré; mais comment, et par qui? Est-ce l'ancien Jugement du Pape dont les Légats font lecture pour qu'il devienne la règle du Concile? Non. Sont-ce les Légats du Pape qui rendent, par son autorité, un nouveau Jugement? Non. Le Pape avoit pleinement usé de tous ses pouvoirs, et Théodoret n'étoit pas rétabli. Mais les Evêques terminent toutes les incertitudes en s'écriant unanimement : « Théodoret <«<est digne de sa Chaire; nous voulons que l'Eglise de Cyr reçoive << son Pasteur orthodoxe. » Les Vicaires de Saint Léon viennent ensuite et parlent de la conformité du Jugement du Concile avec celui de Saint Léon; ils disent que Théodoret « ayant anathématisé de vive << voix et par écrit Nestorius et Eutychès, le saint et vénérable Cou« cile a défini par un juste Jugement auquel ils accèdent, que son « Eglise doit lui être rendue. » Enfin les Officiers de l'Empereur concluent en présence des Légats par ces paroles où il n'est pas fait mention du Jugement de Saint Léon : « Conformément au Décret du Saint

<< Concile, Théodoret, très-Saint Evêque, sera rétabli dans l'Eglise « de la ville de Cyr (1). »

Quand on lit toutes ces circonstances, on ne conçoit pas comment le Cardinal Bellarmin a eu le courage de commenter quelques expressions de Théodoret, pour en conclure qu'il avoit appelé du Conciliabule d'Ephèse au Jugement infaillible et final du Pape, Judicium ultimum.... in sententia Romani Pontificis (2); comme si le recours a l'Eglise Romaine exercé par un Evêque persécuté, à l'Eglise Romaine << soutenant toutes les Eglises, ainsi que le dit Bossuet, et portant le << fardeau de tous ceux qui souffrent (3)», pouvoit avoir le moindre rapport avec l'infaillibilité du Souverain Pontife. Les inductions que tire Bellarmin des paroles de Théodoret sont si légères, elles sont si clairement démenties par les faits subséquens, qu'il est inutile de s'en occuper. Leur réfutation se trouve d'ailleurs contenue dans ces paroles déjà citées de Empereur Paléologue au Concile de Florence: An si quis Sanctorum in Epistold honoret Papam, excipiet hoc pro privilegio? Il suffit présentement d'avoir démontré, par les Actes du Concile de Calcédoine, que le Jugement de Saint Léon, en faveur de Théodoret, ne fut pas regardé dans l'Eglise comme final et irréformable, puisque le Concile en ayant une fois pris connoissance, cet Evêque ne fut rétabli dans sa Chaire qu'après avoir convaincu les Pères de la pu. reté de sa Foi, et après que le Jugement du Pape eût été confirmé en grande connoissance de cause par le Concile cuménique.

(1) Deest igitur ut Sententia proferatur a Reverentiâ Vestrâ, ut Ecclesiam suam recipiat, sicut et Sanctissimus Leo Archiepiscopus judicavit. Omnes Reverendissimi Episcopi clamaverunt : Theodoretus dignus est Sede; Ecclesia Orthodoxum Ecclesia Pastorem recipiat...... ( Legati dixerunt) Theodoretum Sanctissimus Leo in communionem suscepit...... Igitur quoniam et Nestorium, et Eutychem non solim scripto, sed et sub præsentiâ totius consessùs ore proprio anathematizavit, hoc judicio Sanctissima et Venerandissima Synodus insuper verò et nostra humilitas reddi ei Ecclesiam definivit...... Gloriosissimi Judices dixerunt: secundùm Decretum Sancti Concilii, Theodoretus Sanctissimus Episcopus Ecclesiam civitatis Cyri recipiet. (Conc. Calc., Act. VIII. )

(2) Bellarm., de Rom. Pont., lib. IV, cap. I.

(3) Sermon sur l'Unité de l'Eglise.

XXXV. Outre la déposition de Dioscore, et le rétablissement de Théodoret, nous devons examiner ce qui se fit à Calcédoine touchant la Foi, et surtout l'approbation solennelle qui fut donnée à la fameuse Lettre Dogmatique de Saint Léon à Flavien. Comme l'Histoire Ecclésiastique de Fleury contient la narration concise des événemens', distribués avec méthode suivant l'ordre des Sessions, son récit nous servira principalement de guide, en supprimant ce qui est sans rapport avec la question présente, et n'ajoutant que les observations ou les traits frappans qui ont pu lui échapper (1).

Déjà presque tout l'Occident, plusieurs Evêques Orientaux, et en particulier Anatole, Patriarche de Constantinople, avoient approuvé et souscrit la Lettre de Saint Léon; de sorte qu'au commencement de la seconde Session la plupart des Pères du Concile inclinoient à ne pas faire de nouvelle exposition sur la Foi. Malgré cette espèce d'accord, les Officiers de l'Empereur insistèrent en son nom pour que le Concile exprimât le Dogme de l'Eglise par une définition propre à réunir tous les esprits. Alors, Florentius de Sardes observa que les Evêques ne pouvoient pas dicter sur-le-champ une profession de Foi, et demanda, au nom de ses Collègues, un terme suffisant pour qu'on pût le faire avec réflexion. Cécropius de Sébastopolis dit : « La Foi a été bien expliquée << par les trois cent dix-huit Pères de Nicée, et par les Saints Pères Atha<< nase, Cyrille, Célestin, Hilaire, Basile et Grégoire, et maintenant le très-Saint Léon; c'est pourquoi nous demandons qu'on lise leurs Ecrits. >> On lut le Symbole de Nicée, celui de Constantinople, la Lettre de Saint Léon, celle de Saint Cyrille à Nestorius, nombre de passages des Pères, entr'autres, de Saint Hilaire, de Saint Ambroise, de Saint Augustin, de Saint Grégoire de Nazianze, de Saint JeanChrysostôme et de Saint Cyrille.

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Pendant qu'on lisoit la Lettre de Saint Léon, les Evêques d'Illyrie et de Palestine, loin de montrer une soumission implicite, firent quelques difficultés sur trois endroits où la distinction des deux Natures est fortement exprimée; et quand leurs doutes furent résolus, les Evêques

(1) Hist. Eccl. de Fleury, 1. XXVIII.

opinèrent par

<< Mémoire éternelle à Cyrille.

Leo, ita credimus.

acclamation : « Nous avons la même Foi que Léon. « C'est la Foi des Apôtres. - Léon et Cyrille ont enseigné de même. Pierre a parlé par Léon. » Sicut Petrus per Leonem locutus est. Mais au milieu des troubles dont l'Eglise étoit agitée, on ne crut pas, dit le grand Evêque de Meaux, que les acclamations des Pères, ni les adhésions particulières données avant le Synode, fussent suffisantes pour fixer la Foi et ramener la paix. Atticus de Nicopolis, revenant sur l'avis de Florentius de Sardes, demanda quelques jours pour examiner plus tranquillement les passages des Pères. Tous les Evêques appuyèrent cette demande, et cinq jours d'intervalle furent fixés avant la reprise des discussions sur la Foi; on les employa en assemblées particulières chez Anatolius, pour consulter plus à loisir et achever d'éclaircir ceux qui pouvoient douter encore.

Paschasin et les autres Légats assistèrent aux conférences tenues chez Anatolius. Ils s'employèrent avec zèle et activité à faire approuver unanimement la Lettre de Saint Léon, et ils réussirent, parce qu'elle étoit conforme à la vraie Foi sur l'Incarnation du Verbe. Mais ils ne durent pas leur succès à la simple assertion que l'Oracle de Rome avoit parlé, et à une fallacieuse ostentation de l'infaillibilité du Pape. Ils réussirent, en s'appliquant à dissiper tous les doutes, à résoudre les difficultés que proposoient encore les Evêques, à montrer la conformité de la Lettre de Saint Léon avec la Doctrine de l'Ecriture, des anciens Pères, et des Conciles qui avoient précédé; en un mot, ils réussirent, en laissant aux Evêques la liberté d'examiner et de juger, au lieu de les en priver, comme s'ils cessoient d'être Juges de la Foi au moment où le Saint-Siége a prononcé sa Décision.

Au commencement de la quatrième Session, les Officiers de l'Empereur posèrent la question en ces termes : « Que les Révérendissimes <«< Evêques nous enseignent, en présence des Saints Evangiles, si la « Lettre du très-Saint Léon s'accorde avec l'exposition des trois cent << dix-huit Peres de Nicée, et avec celle des cent cinquante Pères de << Constantinople (1). » Les Pères du Concile opinèrent alors, non

(1) Quoniam Sacra Evangelia posita à Reverentiâ Vestrâ perspicimus, Singuli

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