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«ménique aura décidé, et m'aura donné par écrit, je le suis, je l'em« brasse, et je le crois. Tenez-vous en là; vous n'aurez point de moi << d'autre réponse (1). » Or, dans l'hypothèse Ultramontaine, Marcien avoit bien d'autres réponses et plus expéditives à faire aux Moines Schismatiques. Depuis long-temps, pouvoit-il leur dire, le Saint Pape Léon a décidé; il m'a envoyé son Jugement par écrit. << Je le suis, je l'embrasse, et je le crois : tenez-vous-en là. » Ce Jugement est rendu, et Marcien le respecte : mais il croit encore devoir, contre le vœu de son cœur, donner la peine au Concile Ecuménique de s'assembler à Calcédoine; peine en effet très-inutile, si, aux yeux de Marcien et de toute l'Eglise, le Jugement de Saint Léon eût été irréformable par lui-même, ou si le Concile Ecuménique n'eût eu qu'une autorité inférieure à celle du Souverain Pontife.

XXXIX. Les preuves s'accumulent, et je sens qu'en effet, pour me servir de l'expression de l'Anonyme, nous sommes investis de lumières. Je voudrois dans cette discussion, dont il a choisi le sujet comme le plus favorable à sa cause, ne pas laisser un faux-fuyant à l'Ultramontanisme, et d'autre part je crains de fatiguer le Lecteur en la prolongeant. Essayons d'abréger ce qui reste à dire.

Le second Concile Ecuménique de Constantinople confirme textuellement les preuves que nous avons données d'une délibération libre de la part des Pères de Calcédoine, et de l'examen comparatif et judiciaire qu'ils firent de la Lettre de Saint Léon avant de la revêtir de leur approbation. En effet, la Lettre d'Ibas, Evêque d'Edesse, avoit certainement été lue à Calcédoine, et on se prévaloit mal à propos de son autorité, comme si elle y eût été approuvée. Pour connoître si l'approbation étoit réelle ou supposée, les Pères de Constantinople examinèrent dans quelle forme on avoit procédé, tant à Ephèse qu'à Calcédoine, avant d'approuver les Lettres de Saint Cyrille et de Saint Léon. Les Actes furent lus en présence des Pères, et le Synode prononça en ces termes : « La lecture qui vient d'être faite, montre évi<< demment quelle est la forme usitée par les Saints Conciles pour ap

(1) Hist. Eccl. de Fleury, 1 XXVIII, n. XVIII.

<< prouver les Ecrits qui leur sont présentés. Quel qu'ait été l'éclat de << la science et de la vertu des Saints Personnages qui écrivirent ces << Lettres, cependant l'approbation des Conciles ne leur fut pas donnée << simplement et sans examen, non simpliciter nec sine inquisitione; << et ils ne les approuvèrent qu'après avoir pleinement connu qu'elles << étoient conformes à la Doctrine des Saints Pères, à laquelle ils pri<< rent soin de les comparer (1). »

Je relis ce passage, et je me demande si on peut être Ultramontain de bonne foi. Or, que peut-on dire à des hommes qui, en plein jour, assurent ne pas voir la lumière ? Rien autre, sinon : Ouvrez les yeux, et voyez.

XL. Montrons, sans sortir du sujet et par d'illustres exemples, la misère de l'esprit de l'homme, lorsqu'il s'abandonne à l'influence de préjugés invétérés. Il étoit clairvoyant sans doute, ce pieux Cardinal Bellarmin, dont les doctes Controverses sont comme un arsenal où les Théologiens vont encore chercher les armes les plus redoutables à l'hérésie. Il étoit clairvoyant, ce pieux Cardinal Baronius, dont les savantes recherches ont, malgré quelques méprises, pleinement vengé l'Eglise Catholique des imputations de la calomnie. Eh bien! le premier, pour soustraire un Jugement Dogmatique prononcé ex Cathedrá s'il en fut jamais, à l'examen d'un Concile Ecuménique, avance que << Saint Léon n'envoya pas sa Lettre à Calcédoine comme contenant <<< un Jugement définitif, mais simplement comme une instruction << propre à diriger les Pères dans leur Jugement » : Ut instructionem tantùm quá adjuti Episcopi meliùs judicárent (2). Le second prend précisément l'inverse; et, en avouant que Saint Léon a écrit sa Lettre comme une Règle de Foi émanée du Siége Apostolique, ut Fidei Re

(1) Sancta Synodus dixit: Ex his quæ recitata sunt, manifestum est quomodò Sanctæ Synodi ea quæ apud eas proferuntur, probare solent. Cùm enim illi Sancti Viri (Cyrillus et Leo) qui recitatas Epistolas scripserunt, sic splenduerint, tamen Epistolarum earum comprobationem non simpliciter nec sine inquisitione fecerunt.... Nisi per omnia cognovissent consonare eas expositioni et doctrinæ Sanctorum Patrum, ad quam collatio facta est. (Conc. Constan. V. gener. Collat. VI.) (2) Bellarm., de Conc., l. II, de Conc., 1. II, cap. XIX.

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gulam (1), il n'a évidemment d'autre ressource que de soutenir qu'elle ne fut pas examinée dans le Concile. Un troisième Adversaire, le Docteur André Duval, prétend qu'à la vérité l'examen de la Lettre eut lieu à Calcédoine, mais que c'étoit uniquement pour y trouver une plus grande abondance de lumières (2). Un quatrième survient, et dit peu près la même chose, en d'autres termes, savoir qu'on examina la Lettre de Saint Léon comme on examine l'Ecriture et la Tradition, ou bien qu'on la lut pour s'assurer que les copies qui circuloient parmi les Fidèles étoient conformes à l'original (3). C'est ainsi que les explications des faits les plus simples sont presque toujours divergentes et forcées, lorsqu'on veut résolument trouver la vérité dans son parti, au lieu d'abandonner tous les partis pour n'embrasser que la vérité. Il suffit, comme on l'a vu, de lire avec impartialité et sans esprit de sytsème, les Actes des Conciles, pour faire évanouir dans un instant tous les subterfuges que nous venons d'exposer.

XLI. Peut-être ceux qui les emploient en croiront-ils Saint Léon lui-même, et je ne pense pas qu'ils veuillent décidément la rendre infaillible malgré lui: car enfin ce Saint Pape savoit mieux que nos Docteurs modernes à quoi s'en tenir sur une prérogative devenue l'objet de tant de controverses, mais qu'il ne s'arrogea jamais.

Sans doute il étoit fermement convaincu que sa Lettre admirable contenoit l'exposition de la Foi Catholique sur l'Incarnation du Verbe; mais il savoit aussi que les Décrets du Siége Apostolique, quoique émanés d'une autorité que tous vénèrent, ne sont pas irréformables avant d'être revêtus de la sanction que leur donne le consentement de l'Eglise Universelle : c'est pourquoi il n'oublia rien pour la faire approuver par les Eglises particulières. Avant de l'envoyer en Orient, il désire qu'elle soit reçue par le Concile de Milan, afin de pouvoir affirmer avec plus de certitude que « les Occidentaux ont tous la même

(1) Baron. an. 449.

(2) Duv. de Supr. R. P. in Eccles. potest.

(3) Baud. de Housta et Dom. Pet. Did.-V. la Justif. de Fleury, part. V, § III,

n. 3.

<< Foi et la même Doctrine que lui (1). » Avant d'en charger ses Légats pour le Concile de Calcédoine, son, voeu est d'apprendre qu'elle a été également reçue par les Evêques des Gaules (2). Enfin, après que la Lettre a obtenu une sanction définitive par l'approbation du Concile de Calcédoine, S. Léon écrit à ces mêmes Evêques des Gaules : « Qu'il « n'est désormais plus permis d'alléguer aucun prétexte d'ignorance ou « d'obscurité, depuis qu'un Synode d'environ six cents de ses Frères et « Go-Evêques, a proscrit les artifices du raisonnement et les prestiges de « l'éloquence qu'on employoit contre le fondement de la Foi. Grâces à « l'assistance Divine et aux travaux de nos Légats, (ajoute Saint Léon) << non seulement les Prêtres de Jésus-Christ, mais encore les Puissances << de la terre, les Cleres, le Peuple, tous les Ordres, ont vu claire<< ment que c'est la Foi Apostolique que nous prêchons comme nous << l'avons reçue, et que nous soutenons, ayant maintenant pour nous <<< le consentement de tout l'Univers (3). » Voilà donc, selon Saint Léon, ce qui donne au Décret Apostolique une force invincible; c'est le consentement général qui ne laisse plus d'excuse à l'ignorance, qui proscrit les artifices du raisonnement, en un mot, qui soumet l'Univers, mais qui ne le soumet qu'après que toutes les difficultés ont élé aplanies par les efforts du zèle des Représentans du Saint-Siége; après que les Prêtres de Jésus-Christ ont examiné, discuté, comparé, et ajouté le témoignage de leur Foi au témoignage glorieux qu'a rendu le Chef de l'Episcopat, ce Pierre immortel, parlant et vivant dans ses Successeurs, comme les autres Apôtres parlent et vivent dans ceux à qui ils ont transmis leur impérissable ministère.

(1) Tillem., tom. XV, p. 627.

(2) Ibid.

(3) Nullum jam excusationis refugium de ignorantia vel de intelligentiæ difficultate conceditur ; cùm sexcentorum ferè Fratrum Co-Episcoporumque nostrorum Synodus congregata, nullam artem ratiocinandi, nullum eloquium disserendi contrà fundamentum Fidei permiserit : quoniam adnitentibus per auxilium Dei Vicariis Nostris, non solum Sacerdotibus Christi, sed etiam Principibus, et Potestatibus Christianis, cunctisque Clericis, Plebibus, Ordinibus, evidenter apparuerit hanc esse verè Apostolicam Fidem quam.... sicut accepimus, prædicamus, et Universo jam Mundo consentiente, defendimus. (Epist. S. Leon. ad Episc. Gall.)

par

Telle est la Doctrine de S. Léon. Nous la trouvons encore plus disertement exprimée, s'il est possible, dans la Lettre où il se réjouit, avec l'illustre Théodoret, de ce que «son Jugement venoit d'être affermi ou «< confirmé le consentement irrétractable de tous les Frères » : Quæ Deus nostro priùs ministerio definiverat, Fraternitatis universæ irretractabili firmavit assensu. « Dieu, continue Saint Léon, a montré « qu'il étoit le véritable auteur de tout ce qui s'est fait, puisque le Ju«gement émané de la Chaire principale et première, a reçu la sanc<< tion de tout l'Univers Chrétien » : Ut verè à se prodiisse ostenderet quòd priùs à primá omnium Sede formatum, totius Christiani Orbis l'adhésion des Eglises particulières au judicium recepisset. « Pour que l'institu«Jugement de l'Eglise Romaine, qui préside sur toutes par «<tion divine, ne parût pas dériver de la flatterie ou de tout autre in<< digne motif, Dieu a permis, ajoute Saint Léon, que des doutes << s'élevassent dans l'Eglise sur la rectitude du Jugement que nous « avions porté >>: Nam, ne aliarum Sedium ad eam quam cæteris Dominus voluit præsidere, assentatio videretur, aut alia quælibet subrepere posset adversa suspicio, inventi priùs sunt qui de Judiciis nostris ambigerent. Et ces doutes, on l'a vu par les Actes du Concile, étoient entretenus par nombre d'Evêques Catholiques: car l'opposition des hérétiques ne sauroit être caractérisée par le nom de doutes; ceuxlà ne doutoient pas, mais ils rejetoient la Lettre, et professoient ouvertement l'erreur dans laquelle ils persistèrent. « Mais Dieu n'a per<< mis ces doutes, ajoute encore Saint Léon, que pour faire briller << plus clairement la vérité et consolider la Foi : ce qui arrive, lorsque « l'examen subséquent confirme les Dogmes qu'une Foi avoit <<< d'abord enseignés » Ipsa quoque veritas clariùs renitescit et fortiùs retinetur, dùm quæ Fides priùs docuerat, hæc posted examinatio confirmat. C'est ainsi, conclut le Saint et Savant Pontife que la Lettre émanée du Siége Apostolique est devenue la Règle de la Foi, « parce qu'elle a été affermie ou confirmée par le con<<< sentement du Saint Concile Universel» Epistolam Sedis Apostolicæ Universalis Sanctæ Synodi assensu firmatam, etc. (1). » Ces

(1) Epist. S. Leon. ad Theod. XCIII. al. LXIII.

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