Sayfadaki görseller
PDF
ePub

cipale de ces Décisions consiste dans l'universalité : Credo in Sanctam Ecclesiam Catholicam.

V. Les Ultramontains regardent comme un développement du pouvoir des Clefs, l'ordre général qui fut donné à Saint Pierre de paître les Agneaux et les Brebis (1). Ils en concluent, avec raison, la prééminence du Saint-Siége, et l'obligation où sont les Papes de veiller sur tout le Troupeau ; et quand nos Frères égarés cherchent à incidenter sur le texte, on leur oppose victorieusement la suite de la Tradition. Mais ni la force du texte, ni le témoignage de la Tradition, n'établissent par ces paroles la prérogative de l'infaillibilité du Pape. On tombe dans une étrange illusion, si l'on se persuade que l'ordre d'exercer la surintendance emporte la certitude d'une gestion fidèle; et, s'il en étoit ainsi pour le Souverain Pontife, non seulement il seroit infaillible dans la Doctrine, mais impeccable dans l'exercice de son Ministère; car toutes les parties de l'Office Pastoral sont renfermées dans l'injonction faite au Chef des Apôtres : Paissez les Agneaux et les Brebis. Aussi voyonsnous que Saint Pierre lui-même ne se sert pas d'une autre expression pour recommander à tous les Pasteurs en général l'accomplissement de leurs devoirs : « Paissez, leur dit-il, le Troupeau qui vous est con« fié. » Puis il ajoute : « Et quand le Prince des Pasteurs apparoîtra, « vous recevrez une couronne de gloire qui ne se fanera jamais (2). » Voilà leur récompense; mais ni l'injonction, ni la promesse, ne sont des garans de la fidélité de ceux à qui le soin des Troupeaux est commis. Sans doute, en imposant à Pierre et à ses Successeurs l'obligation d'un plus grand amour et une plus grande charge, Jésus-Christ proportionne ses grâces à l'importance des devoirs qu'ils ont à remplir; mais, puisque la grâce dont on a besoin pour être fidèle n'est pas nécessairement liée avec la prérogative de l'infaillibilité, il n'y a qu'un abus manifeste du langage qui puisse faire conclure l'une de l'autre. VI. Mais, répliquent les Ultramontains, Jésus-Christ, dont la

(1) Pasce Agnos meos.... Pasce Oves meas. (Joan. XXI, 15, 16, 17.)

(2) Pascite qui in vobis est Gregem Dei.... Et cùm apparuerit Princeps Pastorum, percipietis immareessibilem gloriæ coronam. (I. Petr. V, 2, 4. )

prière est toute-puissante, a prié pour que la Foi de Pierre ne défaillit pas, et l'a chargé de confirmer ses Frères dans la Foi (1).

La prière de Jésus-Christ est toute-puissante, et ce seroit un blasphème que d'en douter. Mais quel a été précisément l'objet de sa prière ? C'est ce que les Ultramontains ne sauroient fixer, et ils ne le tenteront pas, de peur que la gloire de Dieu n'opprime soudainement le scrutateur de sa Majesté (2). La prière de Jésus-Christ est toutepuissante, et la grâce qu'obtient sa prière ne détruit pas la liberté de l'homme. La prière de Jésus-Christ est toute-puissante, et après qu'il a prié pour que la Foi de Pierre ne défaille pas, cet Apôtre le renie extérieurement par la plus lamentable apostasie. La prière de JésusChrist est toute - puissante, et, lorsque Dieu « l'eut frappé pour le «< crime de son peuple, il pria pour les transgresseurs (3). » Cependant le monde ne cesse pas d'abonder en transgressions qui recevront une rétribution fatale. Enfin, la prière de Jésus-Christ est toute-puissante, et lui-même « est toujours vivant à la droite du Père, afin d'in<< tercéder pour l'homme. » Mais peut-être y a-t-il des hommes assez malheureux « pour fouler aux pieds le Fils de Dieu, pour outra« ger l'Esprit de grâce, pour profaner le sang de la nouvelle « Alliance (4). »

Ainsi, avant de conclure l'infaillibilité du Pape de la prière que fit Jésus-Christ pour que la Foi de Pierre ne défaille la Foi de Pierre ne défaille pas, il faudroit avoir une multitude de données que nous n'avons pas. Il faudroit savoir si l'efficacité de la prière de Jésus-Christ est liée avec son effet d'une manière qui soit visible pour nous, pendant que nous voyageons sur la terre; quelle sorte de coopération libre de la volonté devient néces

(1) Ego autem rogavi pro te, ut non deficiat Fides tua; et tu aliquandò conversus confirma Fratres tuos. (Luc. XXII, 32. )

(2) Sic qui scrutator est Majestatis, opprimetur à gloriâ. ( Proverb. XXV, 27.) (3) Propter scelus populi mei percussi eum.... et pro transgressoribus rogavit. (Is. LIII, 8, 12.)

(4) Semper vivens ad interpellandum pro nobis. Quantò magis putatis deteriora mereri supplicia.... qui Filium Dei conculcaverit et sanguinem testamenti pollutum duxerit.... et Spiritui gratiæ contumeliam fecerit. (Hebr. VII, 25. — X, 29. )

saire pour correspondre à la grâce obtenue par la prière de JésusChrist; si cette prière n'avoit pour objet que la Foi interne de l'Apôtre, ou si elle renfermoit aussi la Profession extérieure de la Foi; si elle concernoit uniquement la personne de Saint Pierre, ou si elle s'étendoit à ses Successeurs. Il faudroit fixer avec précision ce que veut dire le mot défaillir, appliqué à la Foi de Pierre, ut non deficiat Fides tua. Signifie-t-il une extinction totale et perpétuelle de la Foi dans la Chaire de Pierre? Est-il aussi relatif à l'éclipse momentanée de la Foi d'un Pontife Romain, éclipse promptement réparée par celui qui le remplace, et qui n'empêcheroit pas l'intégrité morale d'une Foi pure dans l'ensemble de la succession? Tant que nous serons hors d'état de répondre à ces questions avec certitude, nous ne pouvons que nous égarer, si nous donnons à la prière de Jésus-Christ un sens plus étendu que 'Eglise ne lui donne. Nous établissons des conceptions humaines, de simples opinions sur les notions imparfaites que nous avons des choses divines. Nous ne comprenons pas encore assez la profonde instruction que donne l'Apôtre Saint Pierre lui-même, lorsqu'il avertit que « l'exposition de l'Ecriture ne << doit pas être faite à l'aide d'une interprétation arbitraire et pri« vée (1). »

Jésus-Christ pria pour que la Foi de Saint Pierre ne défaillît pas ; et Saint Bonaventure, expliquant la toute-puissance de cette prière, en fait successivement l'application à Saint Pierre et à l'Eglise, dont sa Foi est le fondement. « Notre Seigneur a prié, dit le Docteur Séra<< phique, non pour que Pierre ne tombât point, mais pour que la Foi « ne s'éteignît pas en lui pour toujours: de sorte qu'après sa chute, il << ressuscita. L'Eglise, désignée par la nacelle de Pierre, ajoute Saint << Bonaventure, peut être agitée, et non faire naufrage (2). » En suivant l'interprétation du Saint Docteur, que confirme l'evidence du

(1) Hoc primùm intelligentes, quod omnis prophetia Scripturæ propriâ interpretatione non fit. (II. Petr. I, 29.)

(2) Hic rogavit Dominus, non ut Petrus non caderet, sed ut non deficeret; quia, quamvis ceciderit, resurrexit... Ecclesia, quæ designatur per Petri naviculam, licet concutiatur, tamen non naufragatur. (Bonav. t. II. Expos. in Ev. Luc., cap. XXII.)

[ocr errors]

fait, il est clair que la prière de Jésus-Christ n'avoit pas pour objet d'empêcher la chute momentanée de Pierre, et dès lors on ne peut en rien conclure pour l'infaillibilité de ses Successeurs. Il est vrai que Pierre fut ensuite pour toujours confirmé dans la Foi, mais les autres Apôtres y furent confirmés ainsi que lui, et conséquemment sa Foi, désormais invincible, fut une grâce purement personnelle, qu'on ne tente même pas d'attribuer à ses Successeurs. Quant à eux, la prière de Jésus-Christ pour la Foi de Pierre, en qualité de fondement ministériel de son Eglise, peut former une pieuse présomption de la constance de leur Foi; mais nulle présomption n'est une certitude, et moins que jamais lorsqu'il s'agit des choses de la Foi. C'est ce que le Savant Pape Innocent III a parfaitement distingué dans son troisième Sermon de Consecratione, lorsqu'il explique la prière de Jésus-Christ en faveur de Pierre. Il ne s'attribue pas, en vertu de cette prière, l'infaillibilité qui lui donneroit une certitude absolue de la constance de sa Foi ; mais il se contente de dire : « Je ne croirois pas facilement que Dieu permît « que le Pontife Romain errât dans la Foi, lai pour qui Jésus-Christ a « prié spirituellement dans Pierre, en disant : J'ai prié pour toi, afin << que ta Foi ne défaille point (1). » Telle est, telle doit être la pieuse présomption qui anime les Fidèles, lorsque le Saint-Siége, exerçant le Suprême Apostolat, prononce sur les Questions de Foi; telle est la source du respect qu'ils montrent pour les Décisions Doctrinales des Souverains Pontifes, sans néanmoins les croire infaillibles ou irréformables, indépendamment du consentement de l'Eglise.

Jésus-Christ, ajoute-t-on, a chargé Pierre de confirmer ses Frères dans la Foi. Oui, sans doute; et ce texte, tant par lui-même que par la commune exposition qu'en font les Pères, sert encore de preuve à l'obligation qui pèse sur les Successeurs de Pierre d'exercer une sollicitude universelle, ainsi qu'à leur prééminence sur tous les Frères. Encore une fois, personne ne doute de ces vérités parmi les Catholiques; mais la question est de savoir si l'infaillibilité du Pape en est

(1) Ego tamen facilè non crediderim, ut Deus permitteret Romanum Pontificem contra Fidem errare, pro quo spiritualiter oravit in Petro: Ego, inquit, pro te rogavi ut non deficiat Fides tua. (Innoc. III. Serm. III, de de Consecr.)

une conséquence. Jésus-Christ a prié pour la Foi de Pierre, et il ne s'ensuit pas que tous ses Successeurs garderont fidèlement le dépôt de la Foi. Jésus-Christ a donné ordre aux Successeurs de Pierre de confirmer leurs Frères, et il ne s'ensuit pas qu'aucun d'eux ne manquera jamais à ce devoir principal de leur Ministère. Sans examiner si Libère a trahi la Foi, si Honorius a formellement professé l'hérésie, peut-on nier qu'ils furent pusillanimes, ou peu clairvoyans, ou même absolument infidèles à leur obligation de confirmer les Frères dans la Foi? Quel est d'ailleurs le sens précis du mot confirmer, confirmare? Et pourquoi, en y annexant l'idée de l'infaillibilité ou d'une autorité irréformable, lui donner ici un sens qu'il n'a pas dans les autres endroits de l'Ecriture? « Nous avons envoyé Timothée, dit l'Apôtre aux

Thessaloniciens, afin de vous confirmer et de vous exhorter dans la (c Foi que vous avez reçue (1). » Timothée étoit-il donc aussi infaillible? L'Ange de l'Eglise de Sardes est averti, par celui qui a les sept Esprits de Dieu, « « de confirmer les restes qui sont sur le point de « mourir (2). » Or, cet Ange étoit-il infaillible, lui « qui, avec le « renom d'être vivant, ne laissoit pas que d'être mort devant Dieu ? » Tous les Pasteurs qui, dans sa personne, ont reçu la même injonction, jouissent-ils du privilége de l'infaillibilité ? Non; mais tous ont une charge semblable, et Pierre a reçu, par-dessus tous, l'ordre de confirmer ses Frères, sans qu'on puisse en conclure que ses Successeurs s'acquilleront pleinement et avec certitude de ce grand Ministère.

VII. C'est encore ce qu'a parfaitement senti le Pape Innocent III, comme on le voit dans son second Sermon de Consecratione, où il expose le besoin qu'il a de la Foi pour remplir l'Office Papal, sans néanmoins s'assurer qu'il possédera toujours ce don précieux : « Si je n'é« tois pas moi-même, dit ce Pontife, affermi dans la Foi, comment pourrois-je y confirmer les autres, ce que tout le monde sait être

«

(1) Misimus Timotheum.... ad confirmandos vos, et exhortandos pro Fide vestrâ. (I Thess. III, 2.)

(2) Et Angelo Ecclesiæ Sardis scribe: Hæc dicit qui habet septem Spiritus Dei et septem stellas: Scio opera tua, quia nomen habes quod vivas, et mortuus es: Esto vigilans, et confirma cætera quæ moritura erant. (Apoc. III, 1, 2.)

« ÖncekiDevam »