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niâtreté qui constituent l'hérésie proprement dite. Ailleurs, il tente l'Apologie de ce Pape, en lui donnant pour motif l'amour de la paix, le désir et l'espoir de la conserver dans l'Eglise ; comme si, par amour pour la paix, il étoit permis de renverser la Foi, d'approuver le langage de l'hérésie, et de confirmer ses doctrines fausses et impies! Bellarmin ajoute que les Réponses d'Honorius ne furent que provisoires. La teneur même des Réponses dément cette assertion; mais si une telle excuse étoit valable, il s'ensuivroit que, par provision, un Pape peut enseigner l'erreur, s'engager à la précher, et en recommander la prédication aux autres Evêques.

Tant de subtilités consternent le Lecteur, quand il les voit sortir de la plume d'un Theologien aussi habile que l'étoit le Cardinal Bellarmin. Sans lui imputer la mauvaise foi qui veut faire triompher une mauvaise cause en accumulant les sophismes, on s'émerveille de la toute-puissance qu'exerce le préjugé sur les meilleurs esprits. Chacun des argumens qu'il propose paroît subsidiaire de celui qui le précède, non pas dans ce sens qu'il y ajoute plus de force en développant l'idée fondamentale, mais avec une sorte de luxe Scholastique qui tend à éblouir, en suppléant à la foiblesse des argumens par leur nombre ; comme si un raisonnement défectueux devenoit plausible par l'addition d'un ou de plusieurs autres non moins défectueux. C'est ce dont il est impossible de ne pas s'apercevoir, si l'on suit avec attention la marche du Chapitre XI du quatrième Livre de Bellarmin, de Romano Pontifice.

X. Qu'on lise surtout la solution fausse et dangereuse qu'il propose à quiconque n'auroit pas été suffisamment convaincu par ses précédentes « solutions. Je leur réponds avec Jean de Turrecremata, dit Bellarmin, que les Pères du sixième Concile ont, à la vérité, condamné Honorius, « mais d'après de fausses informations, et qu'ainsi ils ont erré dans << leur Jugement (1). » En lisant ce texte, je ne m'étonne plus que

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(1) Is accipiat alteram solutionem, quæ est Joannis à Turrecremata (lib. II, de Ecclesid, cap. XCIII), qui docet Patres sexta Synodi damnasse quidem Honorium, sed ex falsá informatione, ac proinde in eo judicio errasse. (Bellarm. de Rom. Pont., 1. IV, cap. XI.)

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l'Ouvrage du Cardinal Bellarmin ait été mis à l'Index par ordre d'un Pape, et on ne peut qu'applaudir à cette rigueur, si tel en a été le motif réel (1). Bellarmin ajoute, pour essayer de donner, aux dépens de l'évidence, un sens Catholique à sa proposition «< que les Conciles « Généraux, quoique infaillibles dans la définition des Dogmes de Foi, ne le sont pas sur les Questions de fait; qu'ainsi on peut dire que les Pères ont été trompés par de fausses rumeurs, qu'ils n'ont pas compris les Lettres d'Honorius, et qu'ils ont eu tort "de le ranger parmi les Hérétiques (2). » Quoi done! S'agissoit - il d'informations et de rumeurs, lorsque Honorius a été condamné par le sixième Concile ŒEcuménique? Il y avoit plus de quarante ans que ce Pape étoit mort. Sa mémoire, recommandable d'ailleurs, n'étoit entachée que par la Doctrine contenue dans ses Lettres Dogmatiques, et jamais on ne lui reprocha l'opiniâtreté ni les manoeuvres de l'hérésie. Le seul motif de sa condamnation est pris des Lettres mêmes que le Concile avoit sous les yeux, qu'il insère dans ses Actes, et en présence et sans réclamation des Légats du Saint-Siége, et sur lesquelles il prononce en Juge suprême de la Foi Catholique. Ce n'est donc plus un fait simplement personnel à Honorius qui se juge à Constantinople, mais un fait essentiellement Dogmatique ; et, en accusant d'erreur le Jugement du sixième Concile, vous indiquez à tous les Hérétiques un moyen sûr de se soustraire aux Jugemens des Papes, des Conciles et de l'Eglise Universelle. Vous les fortifiez dans leur révolte en ajoutant que les Pères du Concile n'ont pas bien compris le sens des Lettres d'Honorius, et qu'ils ont eu tort de le condamner : car il n'y a pas un Sectateur de l'Arianisme, du Nestorianisme, ou des erreurs de Macédonius, qui ne puisse également imputer aux Conciles de Nicée, de

(1) Mém. Chron. et Dogm., t. I, p. 148. Hist. de l'Eglise, par Bercastel, t. XX,

p. 197.

(2) Quamvis enim generale Concilium legitimum non possit errare, ut neque erravit hoc sextum, in Dogmatibus Fidei definiendis, tamen errare potest in Quæstionibus de facto. Itaque tutò dicere possumus, hos Patres deceptos ex falsis rumoribus, et · non intellectis Honorii Epistolis, immeritò cum Hæreticis connumerasse Honorium. (Bellarm. loc. cit.)

Constantinople ou d'Ephèse, d'avoir mal compris les Ecrits ou les Discours par lesquels ces hérésies furent propagées. Ah! si des assertions aussi dangereuses eussent échappé à l'Eglise Gallicane en établissant sa doctrine, ou à Bossuet en la défendant, avec quelle alacrité les Jan sénistes s'en seroient saisis pour colorer leur manque de soumission! Avec quelle amertume les Ultramontains eussent flétri la mémoire de ce Théologien aussi exact que profond et lumineux!

XI. Les ressources de la dialectique semblent maintenant épuisées pour disculper Honorius, et cependant'elles n'ont été que le prélude de paradoxes encore plus insoutenables. Mais à quoi sert au docte Bellarmin de venir, après mille ans, soupçonner de falsification les Actes du sixième Concile (1)? Qu'ont produit les immenses recherches et les fictions de Baronius pour appuyer les soupçons imaginaires de Bellarmin? Sans doute il a été facile au Savant Annaliste de l'Eglise de composer un long Discours que le Patriarche Théodore a a pu débiter à l'Empereur, afin de lui persuader de se prêter à la fourberie. Admettons néanmoins la Harangue dont Baronius ne produit ni indices, ni garans; supposons que tout l'Orient de connivence se soit endormi pour qu'il fût loisible à Théodore d'effacer son propre nom des Actes du Concile, d'y substituer celui du Pape Honorius, et d'abolir ainsi la mémoire de ce qui s'est passé un an auparavant à la face de tout l'Univers : Baronius sent à merveille qu'il n'en est pas plus avancé ; il sent encore le besoin de s'enfoncer dans des hypothèses plus incohérentes, s'il est possible, et il ne réfléchit pas qu'en les proposant, il ébranle jusqu'aux bases de toute certitude historique. Il faut qu'il étende la supposition jusqu'à la Lettre écrite par le Pape Léon II à Constantin Pogonat, à celle qu'il adressa subséquemment aux Evêques d'Espagne, à l'Edit de l'Empereur lui-même, qui, d'après le sixième Concile, parle d'Honorius comme « fauteur de l'hérésie, «comme ayant concouru à l'établir et à la confirmer (2). » Il faut croire qu'un faussaire, aussi agile que puissant et rusé, a parcouru le

(1) Bellarm. loc. cit.

(2) Hæreseos fautor, concursor, confirmator. (T. VI, Conc. Act. XVII. Conc. VI.)

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Monde, s'emparant des Actes publics, et corrompant les exemplaires Latins aussi bien que les Grecs; de sorte que la fiction a dû voyager ainsi d'Orient en Occident, sans que personne l'ait connue ou s'y soit opposé. Il faut nier les faits innombrables qui se rapportent à la condanination d'Honorius, et donner le démenti à toutes les histoires, même au Bibliothécaire Anastase, défenseur ardent de la mémoire de ce Pape, et qui a écrit la Vie des Papes d'après le relevé des Archives de l'Eglise Romaine (1). Ces chimères, ingénieuses si l'on veut, mais dont l'absurdité est palpable, ne coûtent rien à Baronius, et il se résout à défigurer ses savantes Annales en les y insérant, parce qu'il veut, à tout prix, douter d'un fait inconciliable avec l'infaillibilité du Pape (2). Mais, encore une fois, à quoi lui sert sa fiction, puisqu'une fois admise, on seroit contraint d'avouer que les Papes, les Conciles Généraux ou particuliers, en un mot, l'Eglise toute entière, trompés par l'imposture, ont pendant mille ans dit anathème au Pape Honorius, et l'ont condamné mal à propos pour cause d'hérésie : ce qui prouveroit au moins que les Papes, les Conciles et l'Eglise, ont cru, pendant mille ans, qu'un Pape dûment consulté sur une Question de Foi, répondant ex Cathedrá, et en qualité de Docteur suprême des Fidèles, a confirmé ses Frères dans l'erreur, au lieu de les confirmer dans la Foi, suivant l'exigeance de son Ministère.

XII. S'il en est ainsi, s'écrient tout d'une voix les Ultramontains, que devient la suite non interrompue de la Tradition, dont le langage indique uniformément la Foi de Pierre comme ne devant jamais périr dans ses Successeurs? Toute l'Antiquité représente l'Eglise Romaine, ou le Siége Apostolique, comme immobile et invincible dans la Foi, et doué de ces prérogatives en vertu de l'autorité, de la Foi, du sang, de la prédication et de la succession de Saint Pierre, son fondateur. Saint Léon dit que Pierre préside et vit à jamais dans sa propre Chaire : Petrus in propriá Sede vivit ac præsidet. Saint Gélase affirme que Pierre gouverne encore la Chaire qu'il a bénie : Præstans

(1) Vit. Leon. II per Anast.

(2) Bar. t. VIII. an. 633 et 681.

:

Sedi quam ipse benedixit; qu'elle est le port assuré de tous ceux qui chancèlent Omnium fluctuantium tutissimus portus; que la Confession glorieuse de Pierre est la racine vivace par où la Foi se propage dans le Monde : Mundo radix est Apostoli Petri gloriosa Confessio. Les Eglises d'Orient envoient au Pape Hormisdas une Formule où elles reconnoissent que la Religion s'est toujours conservée pure et immaculée dans la Chaire Apostolique : In Sede Apostolicá immaculata est semper servata Religio. A quoi bon multiplier les témoignages, lorsqu'il est évident que tout conspire au même but? Puisqu'on avoue que le SaintSiége est le centre de l'Unité, qu'il est chargé d'exciter et de rappeler les Eglises particulières à l'Unité, et de confirmer dans la Foi tous les Frères, comment s'acquittera-t-il de cet emploi, si lui-même n'est pas fixe dans l'Unité ; si, comme les Eglises particulières, il est exposé à sortir du centre de la Catholicité, faute d'y être retenu par la force d'une main toute-puissante? Et à qui faudra-t-il que les Frères aient recours pour les confirmer dans la Foi, si celui qui en a reçu l'injonction vient à dévier honteusement de la Foi? N'est-il pas sensible pour quiconque saisit l'ensemble des promesses, que la stabilité de l'Eglise de Jésus-Christ est, en quelque sorte, liée à la stabilité des Successeurs de Pierre de sorte que cette base pouvant defaillir, comme le : suppose l'hypothèse de la faillibilité du Pape, l'édifice entier, privé du fondement ministériel que lui donna Jésus-Christ, semble désormais imparfait et prêt à crouler? Enfin, on se sert d'un ou deux passages du Pape Innocent III, pour mettre, ce semble, Rome aux prises avec Rome; mais pourquoi ne pas ajouter que ce Pontife, à la suite des passages cités du second Sermon de Consecratione, explique sans ambiguité la Prière de Jésus Christ, comme un gage certain de l'infaillibilité du Siége Apostolique? « Jésus-Christ, dit Innocent III, pria, et fut « exaucé : de là vient que la Foi du Siége Apostolique, au milieu de << tant de chocs, n'a jamais défailli, et que, demeurant pure et entière, «<le privilége de Pierre a toujours été inébranlable (1). »

(1) Rogavit et impetravit.... Et ideò Fides Apostolicæ Sedis in nullâ unquam turbatione defecit; sed integra semper et illibata permansit, ut Petri privilegium persis teret inconcussum. (Innoc. III. Serm. II, de Consecr.)

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