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Voilà ce que peuvent dire les Ultramontains; et sans doute ils ne se plaindront pas qu'on ait dissimulé ou attenué leur plus spécieuse objection contre la clause additionelle du quatrième Article de la Déclaration de 1682.

XIII. J'observe d'abord qu'en lui supposant plus de force qu'elle n'en a réellement, les Docteurs de l'Ecole Ultramontaine ne sont pas moins obligés que l'Eglise Gallicane à en chercher la solution : de sorte que, si la stabilité de la Foi du Saint-Siége et l'obligation où il est de confirmer ses Frères ne sont pas compatibles avec le sentiment de cette Eglise, on tenteroit vainement de les concilier avec le système de l'infaillibilité du Pape, du moins tel qu'il est soutenu par le plus grand nombre des Docteurs Ultramontains.

Le Lecteur n'a pas oublié les deux époques qui partagent, pour ainsi dire, ce système en deux sections, auxquelles on affecte de donner le même nom, malgré la dissemblance absolue de leurs principes. La première époque, ou section, comprend les Ultramontains qui enseignèrent la Théologie avant le seizième Siècle; la seconde renferme ceux qui ont vécu depuis le seizième Siècle jusqu'à nos jours. Nous avons vu le Moine Gratien reconnoître, au douzième Siècle, que le Pape « peut annoncer l'hérésie, même dans ses Décrétales; » c'est-àdire en prononçant comme Pape. Nous avons vu Saint Bonaventure, au treizième Siècle, assurer « que l'Eglise ne fera pas naufrage dans <«< la Foi, quoique Pierre puisse tomber. » Au quinzième Siècle, le Cardinal Turrecremata admet la supposition d'un Pape « qui définisse « solennellement une erreur. » Denys le Chartreux avoue «que le Pape, en jugeant, peut errer dans la Foi, dans la Morale, et dans « les choses nécessaires au Salut, parce qu'il ne repose pas sur une Règle infaillible, ni sur un fondement à l'abri de l'erreur. » Saint Antonin, et avec lui la foule des Théologiens ou Canonistes du même Siècle, les plus favorables à l'extension de l'autorité des Papes, font les mêmes aveux, qu'ils expriment plus ou moins disertement. Il n'y a pas jusqu'au Docteur Duval, ce grand champion de l'Ultramontanisme dans le dix-septième Siècle, qui ne convienne « qu'un Pape légiti❤ mement élu peut devenir hérétique ou schismatique en se séparant « de la Communion de l'Eglise ; » auquel cas, suivant ce Docteur,

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l'Eglise a droit de le déposer, de lui désobéir; » et, dans des cas moins graves, « de le dénoncer au Concile, pour y être fortement réprimandé (1).

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Sans doute ce n'est pas à l'Eglise Gallicane à expliquer comment de telles assertions s'accordent avec l'infaillibilité du Pape, puisqu'en effet elles la contredisent; ce seroit aux Ultramontains à convenir de bonne foi qu'avant le seizième Siècle, on ne trouve pas un seul Docteur qui ait formellement soutenu cette infaillibilité, prise dans un sens exact et rigoureux; mais je crains qu'ils ne sachent pas encore se résoudre à sacrifier tant de noms fameux dont ils aiment à se parer, et mon dessein n'est pas non plus de leur contester ici cette jouissance idéale. Concluons au moins, l'évidence des textes nous y autorise, que leur système, pris dans son ensemble, a les mêmes objections à résoudre que le sentiment de l'Eglise Gallicane; de sorte que, s'il faut renoncer à concilier le sentiment de cette Eglise illustre avec la stabilité de la Foi du Saint-Siége, elle ne s'accorde pas davantage avec l'opinion réelle du plus grand nombre de ceux qu'on appelle les défenseurs de l'infaillibilité des Papes.

Nous pourrions borner là notre réponse à l'objection que les défenseurs modernes de ce système opposent à l'Eglise Gallicane, tels tels que Caïétan, Bellarmin, Roccaberti, Suarez, Daguirre et le Cardinal Orsi. Plus ils s'efforcent d'établir leurs Règles subtiles et arbitraires pour discerner si le Pontife a prononcé ex Cathedrá, ou comme Docteur privé, plus ils démontrent l'embarras inextricable où les plonge une hypothèse que tout contrarie; et, convaincus d'avoir essentiellement altéré le langage de leurs Prédécesseurs, le Protestant babile les accable à bon droit du reproche terrible de nouveauté. D'autre part, le Catholique s'alarme de ce qu'ils fondent sur le sable mouvant d'une opinion Scholastique la stabilité de la Foi de Pierre dans sa Chaire immortelle et principale. Ainsi pressés de toutes parts, s'ils regardent en arrière, ils ne peuvent plus voir que leur isolement de l'Antiquité,

(1) Duv., de Supr. Rom. Pont. in Eccl. potest., Part. III, Quæst. IX, p. 433. – Quæst. X, p. 440.- Part. IV, Quæst. XI, p. 615 et seq. et alib.

et la solitude effrayante à laquelle ils se condamnent. S'ils regardent en avant, ils sentent chanceler dans leurs mains, et par leurs propres inventions, le fondement ministériel de la Foi des Fidèles. Donc, si leur attachement pour le Saint-Siége est aussi réel qu'ils le prétendent, s'ils préfèrent sa vraie gloire et l'intérêt de l'Eglise à la vanité de soutenir une simple opinion, ils doivent s'unir aux Ultramontains de la première époque et à l'Eglise Gallicane, pour rechercher d'un commun accord en quoi consiste l'immobilité de la Foi du Siége Apostolique.

XIV. Sauvons avec eux du naufrage de l'infaillibilité, une indéfectibilité morale dans la Foi, qui est le privilége incommutable de la Chaire de Pierre, et que n'altèrent pas davantage les chutes passagères et rares de ses Successeurs, que la Foi de Pierre lui-même n'a défailli, lorsqu'il renonça le Divin Maître à la voix d'une servante. Malgré cette chute prévue, la promesse de Jésus-Christ a eu son entier accomplissement : « Tu es Pierre, et sur cette pierre j'établirai mon Eglise, « et les portes de l'Enfer ne prévaudront point contre elle. » « Et qu'on « ne dise point, qu'on ne pense point, s'écrie Bossuet, que le Minis«tère de Saint Pierre finisse avec lui; ce qui doit servir de soutien à << une Eglise éternelle, ne peut jamais avoir de fin. Pierre vivra dans « ses Successeurs; Pierre parlera toujours dans sa Chaire : c'est ce

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<< que disent les Pères; c'est ce que confirment six cent trente Evê«ques au Concile de Calcédoine (1). ×

Mais qu'on y fasse attention. S'il est vrai que les Saints Pères, les Papes et les Conciles dont parle Bossuet, et qui forment la chaîne de la Tradition, font allusion à l'indéfectibilité, à l'immobilité de la Foi dans la Chaire de Pierre et dans l'ensemble de la succession, il n'en est pas un seul qui parle de l'indéfectibilité, de l'immobilité de la Foi de chaque Pape pris individuellement.

XV. J'ajoute que plusieurs la contredisent, et, dans ce nombre, il faut d'abord comprendre les Conciles Ecuméniques qui ont soumis à un nouvel examen les Décrets Dogmatiques des Papes avant que d'y

(1) Sermon sur l'Unité de l'Eglise.

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donner leur sanction. Cet examen fut précédé et accompagné des formes les plus respectueuses, sans doute l'honneur de la Primauté demandoit cet hommage; mais le respect et la pieuse présomption qu'il entraîne, n'ont jamais exclu de la part des Conciles la délibération, le doute et les recherches exactes: non simpliciter, nec sine inquisitione, comme l'affirme le cinquième Concile Général, dont nous avons déjà cité le témoignage. On a fait, dans plusieurs de ces Conciles, le rapprochement et la comparaison de la Doctrine du Décret Pontifical avec la Foi des Apôtres, des Pères, des Synodes antérieurs, et tous les Coneiles Ecuméniques qui ont pris connoissance de quelque Jugement Dogmatique du Saint-Siége, offrent un semblable résultat. Quand les Pères, synodalement assemblés, ont retrouvé dans l'enseignement des Papes la Foi de leurs Eglises, la Foi de l'Eglise Universelle, la Foi de Pierre, ils se sont écriés à Ephèse : Pierre a parlé par Célestin; à Calcédoine : Pierre a parlé par Léon ; et le sixième Coneile a loué dans les mêmes termes la Foi du Pape Agathon. Lorsqu'au contraire, et heureusement dans des cas très-rares, l'enseignement d'un Souverain Pontife a dévié de la saine Doctrine, soit en niant la Foi, soit en la dissimulant, les Conciles l'ont dit avec candeur et fermeté; ils ont condamné le Pape, dont les Réponses contenoient les fausses Doctrines des Hérétiques, et confirmoient leurs Dogmes impies; ils ont gémi sur Pierre qui avoit failli, sans pour cela méconnoître la Chaire immortelle de Pierre, sans cesser un instant de porter leurs regards vers le centre de l'Unité Catholique. Loin de s'en désunir, c'est à la Chaire de Pierre, c'est à un Successeur d'Honorius qu'ils adressent sa condamnation, et Léon II cimente l'union perdurable du Saint-Siége et de l'Eglise, en accédant à la Décision du Concile qui la représente.

XVI. Plus de cent ans avant cette époque, l'histoire du cinquième Concile ŒEcuménique nous offre un autre exemple de l'éclipse passagère de la Foi dans un Successeur de Pierre, et de la stabilité de la Foi dans la Chaire de Pierre. Le Pape Vigile, dans son Décret solennel, connu sous le nom de Constitutum, affirme que non seulement la personne d'Ibas, Evêque d'Edesse, fut reconnue innocente au Concile de Calcédoine, mais encore que la Lettre adressée sous son nom

áu Persan Maris fut déclarée Orthodoxe; sur quoi Vigile approuve cette Lettre, la croyant susceptible d'un sens bon et pieux, et ordonne, comme le rapporte Fleury, « que le Jugement du Saint Con«cile de Calcédoine demeure en son entier à l'égard de la Lettre << d'Ibas comme à l'égard de tout le reste (1). » Mais le cinquième Concile ne pensa pas, comme le Pape Vigile, que le Concile de Calcédoine eût approuvé la Lettre d'Ibas, et, pour juger en grande connoissance de cause, il fit lire en sa présence les Actes des Conciles d'Ephèse et de Calcédoine, afin de s'assurer dans quelle forme les Pères de ces Conciles avoient donné leur approbation aux Lettres de Saint Cyrille et de Saint Léon. Cette Lecture les convainquit que les Pères n'avoient pas approuvé les deux Lettres simplement et sans examen, comme on vient de le dire, non simpliciter, nec sine inquisitione. Nous avons rapporté le texte en son entier dans la Discussion sur le Concile de Calcédoine. S'apercevant enfin que la Lettre d'Ibas ne fut pas soumise à un tel examen par les Pères de Calcédoine, ceux du cinquième Concile en conclurent qu'elle n'y avoit reçu aucune approbation; puis, l'examinant en elle-même, ils la condamnèrent comme manifestement hérétique, Nestorienne, et contraire à la Foi du Concile de Calcédoine (2). « Vigile, dit Fleury, se rendit enfin à l'avis du << Concile, et avoua, dans sa Lettre au Patriarche Eutychius, qu'il «< avoit manqué à la Charité en se divisant d'avec ses Frères. Il y << ajoute << qu'on ne doit point avoir honte de se rétracter, quand on « reconnoît la vérité..... ; qu'ayant mieux examiné l'affaire des Trois « Chapitres, il les trouve condamnables...., » et conclut en disant : <«<< Nous faisons savoir à toute l'Eglise Catholique que nous condam<<nons et anathématisons... la Lettre à Maris Persan, que l'on dit être « d'Ibas........ Et nous cassons, par cet Ecrit, tout ce qui a été fait par << nous ou par d'autres pour la défense des Trois Chapitres (5). » Les Papes Pélage et Saint Grégoire le Grand confirmèrent après Vigile les Décrets du cinquième Concile. Ainsi, le Successeur de Pierre put faillir

(1) Hist. Ecclés. de Fleury, 1. XXXIII, no 46.
(2) Conc. Constantinop. gener. V. Collat. VI et VIII.
(3) Hist. Eccl. de Fleury, 1. XXXIII, no 52.

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