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la plupart des Eglises d'Occident, à raison des préjugés subsistant contre le cinquième Concile, qu'approuvoit le Pape Boniface : « Plu<<< sieurs doutent de la vérité de votre Foi: veillez, Pontife, veillez. << Peut-être Vigile, qu'on accuse d'être l'auteur de ce scandale, n'a<<< voit-il pas bien veillé. Effacez cette tache qui ternit la splendeur de « l'Eglise Romaine; que la cause du Schisme soit retranchée par le « glaive de Pierre, c'est à-dire par une Profession de Foi exacté, faite « en présence du Concile. Quel sujet de douleur et de larmes, si la << Foi Catholique n'est pas intacte et pure dans le Siége Aposto<< lique (1)! >>

XIX. Pour réfuter ces passages qui établissent si clairement la faillibilité personnelle des Papes, il ne suffit pas de dire que Saint Colomban et les Eglises d'Occident se trompoient en jugeant le cinquième Concile contraire à celui de Calcédoine; qu'ainsi, leur Jugement sur la faillibilité du Pape ne peut être d'aucun poids: car il est évident que leurs préjugés contre le cinquième Concile n'étoient qu'une simple erreur de fait, causée par les notions superficielles et fausses qu'ils avoient des Actes qui en émanèrent. D'ailleurs, ce Concile ne fut pas d'abord un Concile Ecuménique proprement dit. Convoqué et tenu sans la participation des Eglises Occidentales, il n'a été mis au rang des Conciles vraiment Ecuméniques qu'après que ces mêmes Eglises, mieux informées de la justesse de ses Décisions, les ont enfin sanctionnées par la force du consentement commun : au lieu que le sentiment, les expressions, la conduite uniforme de Saint Colomban et des Evêques Occidentaux, concernant la faillibilité des Papes, sont évidemment le résultat de l'opinion alors universellement reçue dans l'Eglise. Et cette opinion ne porte pas sur un fait particulier qu'il soit possible d'ignorer ou de contredire sans altérer le Dogme, mais sur un point

(1) Multi dubitant de Fidei vestræ puritate.... Vigila, Papa, vigila; quia fortè non benè vigilavit Vigilius, quem taput scandali isti clamant.... Tollatis hunc nævum de Sanctæ Cathedræ claritate.... Causa Schismatis incidatur cultello quodammodo Sancti Petri, id est, verâ in Synodo Confessione.... Dolendum enim ac deflendum, si in Sede Apostolica Fides Catholica non tenetur. (Epist. IV, Columb. ad Bonif. T. XII, Bibl. Patr.)

Doctrinal tenant, selon M. Plowden et les Ultramontains, à la forme essentielle du Gouvernement de l'Eglise, tel qu'il a été ordonné par Jésus-Christ lui-même; de sorte que si l'infaillibilité du Pape est un préliminaire de la Foi, comme l'assure M. Plowden, il faut nécessairement avouer que les Evêques, les Fidèles et les Saints du sixième et du septième Siècle, ont méconnu et nié un des préliminaires de la Foi d'où il suit qu'il ne reste plus aux Ecrivains Ultramontains d'autre choix que de maintenir un si étrange paradoxe, ou de démentir les faits les plus authentiques.

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XX. Arrêtons-nous un moment sur la réception du sixième Concile Œcuménique, parce qu'elle montre la parfaite uniformité de sentimens qui prévaloit au septième Siècle dans les Eglises de France et d'Espagne. Avant la tenue du quatorzième Concile de Tolède, de l'an 684, le sixième Concile n'étoit pas regardé comme Ecuménique en Espagne aucun des Evêques de cette grande Eglise n'y avoit assisté ; ils n'y avoient pas même été convoqués. Le Pape Léon II, aussitôt après avoir confirmé ce Concile, leur en envoya les Décisions Synodales, et sa Lettre les invitoit à les confirmer aussi en y ajoutant le sceau de leur autorité (1). Les Pères du Concile de Tolède n'accédèrent pas sur-le-champ à l'invitation du Pape, quoique son acceptation solennelle fût sous leurs yeux. Ils examinent, ils comparent les Actes du sixième Concile avec les Conciles précédens, surtout avec celui de Nicée ; ils désirent de savoir exactement et en détail comment toutes choses se sont passées à Constantinople; ils répètent sans cesse et avec une sorte d'affectation les mots d'examen, d'examen Synodique, de comparaison Doctrinale, dont ils annoncent l'absolue nécessité; ils veulent que ces Actes soient derechef mûrement examinés et approuvés par le Jugement commun des Conciles particuliers d'Espagne. Enfin, les Pères de Tolède approuvent les Décisions du sixième Concile; ils les reçoivent avec respect, parce que, disent-ils, ils se sont convaincus qu'elles ne s'écartent en rien de la Doctrine des

(1) Gesta Synodalia et cum gestis quoque Leonis antiquæ Romæ Pontificis invitatoria Epistolaris gratiæ consulta suscepimus. ... Ut prædicta Synodalia instituta nostri vigoris manerent autoritate suffecta. (Conc. Tolet. XIV, c. I. II. T. VI. Conc.)

Conciles antérieurs (1). C'est ainsi que les Evêques d'Espagne soumirent à leur examen, non seulement le Jugement d'un Concile dont ils ne reconnoissoient pas l'Ecuménicité, mais le Décret solennel et Dogmatique par lequel le Saint-Siége avoit confirmé le Concile; d'où résulte la preuve qu'ils ne regardoient pas son Décret comme infaillible ou irreformable, indépendamment du consentement de l'Eglise.

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XXI. Près de deux Siècles après l'époque de Saint Colomban, on retrouve la France et presque tout l'Occident troublés par des soupdu même genre. Les Evêques d'Orient furent seuls convoqués à Nicée pour la tenue du septième Concile CEcuménique; l'Occident n'y eut pas d'autres Représentans que les Légats du Pape. Hincmar de Reims atteste que la France ne le reconnoissoit pas encore, plus de cent ans après sa conclusion, et lui-même paroît n'en avoir pas eu d'autre idée celle que lui en donnèrent les Livres Carolins. que Adrien Ier avoit reçu ce Concile, auquel assistèrent deux Légats du Saint-Siége. Mais en réfutant les Livres Carolins, il ne reproche pas à la France de révoquer en doute l'autorité d'un Concile Ecuménique; et le Savant Jésuite Sirmond a repoussé victorieusement les fausses imputations qu'on a osé faire à ce sujet contre l'ancienne Eglise Gallicane (2). Adrien n'accuse pas non plus les François de Schisme ou d'hérésie, parce qu'ils rejettent un Concile muni de l'autorité et confirmé les Décrets du Pontife Romain. Ces faits, pour le dire en passant, prouvent, d'une manière invincible, que ni les Décrets des Papes, ni même ceux des Conciles, n'acquièrent une autorité irréfragable que par la force du consentement de l'Eglise Universelle.

par

Le rapport qu'ils ont directement avec le sujet qui nous occupe, est

(1) Dicta gesta cum antiquis Conciliis conferentes.... Per quæ omnis ordo gestoram, gestaque ordinum dilucidè patuerunt.... Ut utraque operum gesta, et Synodico dirigantur examine, et discretá Conciliorum fulciantur autoritate.... Postquàm Synodicâ iterùm examinatione decocta.... Ideò supra dicti Acta Concilii in tantùm à nobis veneranda sunt, et recipienda constabunt, in quantùm à præmissis Conciliis non discedunt. (Conc. Tolet. XIV, c. IV, V, VI.)

(2) Sirm. Adnot. ad. Can. II. Conc. Francoford. T. II, Conc. Gall.

facile à saisir. L'ŒEcuménicité du septième Concile Général fut long-temps contestée par une grande partie de l'Occident, et surtout en France; ainsi, l'autorité dont il jouit maintenant en qualité de Concile Ecuménique, ne lioit pas alors la conscience des Fidèles, et par conséquent ne fait rien à notre question. Mais personne ne doutoit de l'adhé sion et de la confirmation que le Saint-Siége avoit données au septième Concile. Or, malgré cette confirmation solennelle et notoire, l'Eglise Gallicane a débattu, sans scrupule et sans encourir de reproches, les points Dogmatiques que le Saint-Siége avoit ainsi décidés : elle opposoit une foule de passages des Pères à la Doctrine du Concile approuvée par le Pape, et, faute de la connoître suffisamment, on la combattoit par le texte même des Préceptes du Décalogue. Charle, magne, sincèrement soumis à l'autorité Spirituelle du Saint-Siége, et ami du Pape Adrien, s'unit au Concile de Francfort, en 794, pour rejeter le second Concile de Nicée. Louis le Débonnaire et le Concile de Paris, en 824, persistent à regarder ses Décisions comme contraires à la Foi. Tous, fortement attachés à la Communion centrale de l'Eglise Romaine, et respectant en elle les droits de la Primauté, se persuadent néanmoins que le Pape s'est écarté de la saine Doctrine, et, tourmentés par une anxiété vraiment religieuse, ils ne paroissent craindre que sa persévérance dans l'erreur. « Prenez garde, » dit l'Empereur Louis le Débonnaire à Jérémie, Archevêque de Sens, et à Jonas, Evêque d'Orléans, ses Ambassadeurs vers le Pape Eugène II, « prenez garde « surtout que, par une résistance trop marquée au Seigneur Aposto« lique, vous ne le fassiez tomber dans une opiniátreté invincible; « tâchez, au contraire, de le ramener à la vérité plutôt par votre << pieuse condescendance, que par une résistance ouverte (1). »

XXII. Quand on lit ces faits dans l'histoire, et en général tous les faits relatifs à la réception tardive du septième Concile Ecuménique, on est frappé malgré soi du contraste que présentent l'honneur filial

(1) Summoperè caveatis ne nimis resistendo, Dominum Apostolicum in aliquam irrevocabilem pertinaciam incidere compellatis; sed obsequendo magis quàm apertè resistendo, ad mensuram deducere valeatis. (Commonit. Lud. Pii ad Hierem. Senon., etc. T. II, Conc. Gall.)

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que nos Pères savoient rendre à la dignité Apostolique et à la Chaire de Pierre, et la crainte, bien ou mal fondée, que le Chef visible de l'Eglise n'enseignât une fausse Doctrine. Que ceux qui accusent l'Eglise Gallicane moderne d'avoir innové en insérant, dans la Déclaration de 1682, la clause limitative du quatrième Article, pèsent ces circonstances. La force qui résulte de leur ensemble ne sauroit être alténuée par de vains subterfuges, ou par la citation de quelques textes équivoques d'Ecrivains postérieurs à l'époque dont nous nous occupons. J'ai dit la crainte, bien ou mal fondée, que le Pape n'enseigne une fausse Doctrine: car l'une et l'autre prouvent également l'opinion où l'on étoit alors de la faillibilité d'un Pape quelconque. Ici le Dogme étoit le même quant au fond, et tous s'accordoient à proscrire l'erreur des Iconoclastes; mais le mot d'adoration, que le septième Concile tempère en excluant avec soin l'idée du Culte de Latrie, et d'autres circonstances trop longues à déduire, faisoient ombrage à des Evêques Occidentaux, et il ne fut pas facile de dissiper leurs préjugés à cet égard. Ils craignoient que le Pape ne fût dans l'erreur, et ils ne vouloient pas y participer bien plus, ils s'efforçoient de l'en retirer; et de là tant de Conférences amicales, tant d'Extraits et de Commentaires des Pères, tant de Légations successives, tant d'Eclaircissemens donnés et reçus d'un bout de l'Eglise à l'autre. Plus d'un Siècle s'écoule en tentatives de la part des Papes, et pas un Pape ne met en avant son infaillibilité pour trancher la question tout d'un coup et sans réplique; plus d'un siècle se passe en résistance, et il ne vient pas à l'idée d'un seul Evêque, ou de se soumettre sans restriction aux Papes infaillibles, ou de se séparer de l'Eglise Romaine, dont le Chef étoit accusé d'erreur : lant étoit grande, dans cet âge vivifié par le génie de Charlemagne, l'influence de la Primauté Spirituelle du Pontife siégeant dans la Chaire indéfectible de Pierre ! tant on étoit persuadé que sa dignité Suprême ne le garantissoit pas entièrement de l'erreur! tant nos Evêques de l'Eglise Gallicane, les Papes eux-mêmes, et le reste de l'Eglise, étoient alors fortement imbus de cette Doctrine puisée dans l'Antiquité, que les Décisions de Foi tirent leur principale force du consentement commun de l'Eglise, et non de la seule autorité du Pape! Et comment eût-il été possible de perdre de vue cette Doctrine

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