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forte raison sont-elles applicables aux Evêques, quand il s'agit de donner leur adhésion aux Jugemens du Saint-Siège? Obligés, non seulement de croire, mais d'enseigner, avec l'autorité de Maitres en Israël, le troupeau qui leur est confié, l'examen de toute Doctrine relative au Salut est pour eux un devoir; et ils s'en acquittent, soit hors du Synode, comme le prouve l'Histoire de l'Eglise depuis son origine, soit dans le Synode, comme on l'a démontré sans qu'il reste une ombre d'incertitude, par les Actes des Conciles de Calcédoine et d'Ephèse.

Que si, par un événement déplorable, les Evêques trouvoient une opposition marquée entre le Décret Pontifical et la Foi des Eglises, ils ne perdront jamais de vue que le Pape est le Père en même temps que le Frère des Evêques; qu'il est leur Chef, et, de droit divin, supérieur à chacun d'eux. Leur devoir rigoureux sera donc alors de n'énoncer leur témoignage qu'avec une respectueuse circonspection et une extrême modestie, se souvenant qu'un des Fils de Noé fut maudit pour avoir parlé indiscrètement de la honte de son Père, et que l'Ecriture ne blâme pas les deux Frères de Cham d'en avoir transmis le souvenir à leur postérité.

Tout Evêque digne de ce nom imitera leur exemple, laissant à Dieu le soin de pourvoir ultérieurement aux besoins de son Eglise, comme ily pourvut aux temps de Libère, d'Honorius, ainsi que pendant et après les longues invasions et la dépravation qui souillèrent le Saint-Siége dixième Siècle. Ces idées sont simples, et je ne pense pas qu'il soit maintenant au pouvoir des hommes d'en obscureir la vérité; elles suffisent pour faire sentir que l'exemple de Saint Cyprien, quoique visiblement inconciliable avec le système des Ultramontains, n'autorise pas chaque Evêque à se rendre Juge des Jugemens du Saint-Siége, et à s'élever un Tribunal supérieur au sien.

XXXII. En parcourant à la hâte une partie des monumens de l'Histoire de l'Eglise, nous avons trouvé une foule de contradicteurs de l'infaillibilité des Papes: Saint Polycrate d'Ephèse et les Evêques Asiatiques, Saint Firmilien, Saint Cyprien, Saint Basile, Saint Augustin, les Evêques d'Afrique, d'Espagne, d'une grande partie de l'Occident, et de tout l'Orient à différentes époques, ceux qui siégèrent dans divers Conciles Généraux ou particuliers, les Saints Abbés et

Moines de l'Orient, les Moines Orthodoxes de Scythie, le Diacre Ennodius et le Pape Symmaque, les Papes Pélage, Innocent III, Ianocent IV, Adrien VI, le Roi Childebert, les Empereurs Justinien, Charlemagne et Louis le Débonnaire, Saint Colomban, Hinemar de Reims, et avec lui cette innombrable multitude d'Evêques de l'Eglise Gallicane, qui l'ont précédé ou suivi dans la longue série des Siècles de l'Eglise jusqu'à nos temps modernes.

L'autorité de tant de Doctes et saints Personnages est du plus grand poids, même à ne les envisager que comme un groupe immense de témoins de la Doctrine de leur âge, indépendamment du rang que chacun d'eux occupoit dans la hiérarchie religieuse et civile, ou de la science et de la sainteté qui les ont illustrés; et, si l'on considère la sainteté éminente de plusieurs de ces témoins, elle réfute complétement l'objection si étrange du Père Thyrsus Gonzalès, qui présente, comme un puissant préjugé en faveur de l'infaillibilité du Pape, la certitude qu'aucun de ceux qui l'ont combattue n'a été canonisé : Nullum allegari Doctorem cujus Sanctitatem solemni Cultu Ecclesia declaraverit.

Je sais que plusieurs Ultramontains ont pris une voie tout aussi expéditive et encore plus étrange que celle du Père Gonzalès, qui est d'injurier les Saints dont la conduite ou les Ecrits contrarient trop ouvectement leur système. C'est ainsi que le Cardinal Orsi accuse trèsmal à propos Saint Polycrate de Judaïsme, Saint Colomban « d'incon«sidération, et d'avoir débité des nouveautés inouïes dans l'Eglise, ‹ ou même opposées à la Doctrine des Pères et des Conciles (1). » Le même Cardinal, et d'autres avant lui, reprochent à Saint Cyprien et à Saint Firmilien de s'être rendus coupables d'une grande témérité (2). Le Cardinal Bellarmin discute gravement si, en résistant au Pape Saint Etienne, Saint Cyprien a commis un péché mortel ou véniel; et, après avoir pesé les raisons pour et contre, sa balance rigoureuse semble

(1) Quæ effutit (Columbanus), nova on hinò in Ecclesia Catholicâ et inaudita sunt, et ab omnium Patrum et Conciliorum sensibus absona. (Ors. de Rom. Pont. autorit., t. III, p. 199.- Ibid, p. 177 et seq.)

(2) Ibid, p. 33, 47.

...

incliner vers le péché mortel (1). Quelques-uns ne ménagent pas trop Saint Augustin, et le Père Lupus va jusqu'à imputer à Saint Basile d'avoir écrit « pendant qu'il étoit troublé par la colère, à laquelle, << ajoute-t-il, sont enclins ceux qui prennent l'habitude de jeûner fré« quemment (2). » Que dire à ces ardens zélateurs de l'infaillibilité du Pape ? Accoutumés à révérer les Saints, nous ne répondrons aux Catholiques qui les injurient que par ces paroles de Saint Augustin: Nos talem consuetudinem non habemus, nec Ecclesia Dei.

XXXIII. Nous avons vu que tout concourt à démontrer l'indéfectibilité du S. Siége et la faillibilité personnelle des Papes: sans cette distinction, le langage de l'Antiquité Ecclésiastique devient inintelligible, et ne présente qu'un tissu de contradictions, tandis que par elle tout se concilie sans peine. Elle explique la fréquence de ces oppositions regardées comme légitimes, et que les Papes ont rencontrées sur des points qui n'étoient pas encore fixés par le consentement de l'Eglise Universelle; elle explique ces recherches exactes, ces comparaisons avec la Doctrine des Pères, ces examens sérieux et préalables qui ont eu lieu dans la plupart des Conciles particuliers et dans tous les Conciles Généraux, avant de ratifier, par un nouveau Jugement, le Jugement Doctrinal déjà prononcé par le Saint-Siége; elle indique avec autant d'évidence la source de ce respect inaltérable pour l'Eglise Romaine, qui forme le caractère distinctif de l'Eglise Catholique : de sorte que tout ce qui n'a pas été infecté le Schisme ou par par l'hérésie se rallie depuis dix-huit cents ans autour d'un centre commun, en s'écriant avec Saint Jérôme et l'Eglise Gallicane : « Je m'unis à quiconque est en union avec la << Chaire de Pierre » ; Ego interim clamito: Si quis Cathedræ Petri jungitur, meus est (3). La même distinction sert encore à expliquer ce recours antique et perpétuel de toutes les Eglises à l'Eglise Romaine, le respect pour ses Décisions qui sont attendues avec une sorte

(1) Bellarm. de Rom. Pont., 1. IV, cap. VII.

(2) Basilium locutum oculo per iram turbato.... Hinc in iram, frequenti jejunio studentium more pronior Basilius clamabat. (Christian. Lup., t. I. Not. ad Conc. ? Sardic., cap. VI.)

(3) Hieron. Ep. LVIII.

d'anxiété, la pieuse présomption qu'ont les Fidèles de la pureté de sa Foi, et cette confiance si notoire, si profondément enracinée, que les Novateurs eux-mêmes n'ont pas cru pouvoir décliner le Jugement de Rome jusqu'au moment où, condamnés par Rome, ils ont, nouveaux Jeroboam, consommé la déplorable scission de Juda et d'Israël.

XXXIV. Les Ultramontains disent que l'indéfectibilité du SaintSiége, séparée de l'infaillibilité personnelle des Papes, n'est qu'une chimère, un pur être de raison, dont le corps et l'ensemble s'évanouissent à mesure qu'on montre l'inconsistance des parties qui le composent. Chaque Pape étant faillible, on peut supposer, sans sortir des bornes de la possibilité, que la plupart des Papes s'écarteront de la vraie Foi. Sans sortir des bornes de la vraisemblance, il est permis de supposer qu'une assez longue succession de Papes tombera dans l'erreur, pour que le Saint-Siége lui-même en soit long-temps ou même totalement infecté : alors la Chaire de Pierre, l'Eglise, présidée par ses Successeurs, n'aura pas d'autre indéfectibilité que les Eglises particulières dont se forme l'ensemble de l'Eglise Catholique. Elle pourra lui rester unie, en être retranchée, ou s'en retrancher elle-même, comme les Eglises de Constantinople, d'Antioche, d'Alexandrie, et, en un mot, comme toutes les Eglises qui sont actuellement engagées dans le Schisme ou dans l'hérésie, ou pleinement absorbées par le Mahométisme et l'Idolâtrie.

Je demande d'abord à tous ceux qui font cette difficulté, s'ils croient à l'infaillibilité ou même à l'indéfectibilité de l'Eglise. La réponse ne peut qu'être affirmative, sans doute, dans les principes des Catholiques, et je pense même qu'aucun Protestant ne répondra par la négative, si on le presse simplement de reconnoître l'indéfectibilité de l'Eglise de Jésus-Christ. Or, l'argument qu'on oppose à ceux qui admettent l'indéfectibilité du Saint Siege sans reconnoître l'infaillibilité du Pape, retombe avec une force équivalente sur tous les Chrétiens qui admettent l'indéfectibilité de l'Eglise en général, sans reconnoître l'indéfectibilité des Eglises particulières. Chacune d'elles étant défectible, aucune n'est à l'abri des ravages de l'hérésie ou de l'incrédulité; aucune n'est assez solidement affermie dans la Foi, pour que le flambeau qui l'éclaire ne puisse pas s'éteindre ou être transféré loin d'elle, selon la

menace faite à l'Ange de l'Eglise d'Ephèse Movebo candelabrum tuum (1). On peut donc supposer, sans sortir des bornes de la vraisemblance, que le plus grand nombre des Eglises particulières s'écartera de la vraie Foi : sans sortir des bornes de la possibilité, il est permis de supposer que toutes les Eglises particulières tomberont dans

l'erreur.

Où seroit alors l'Eglise Catholique, l'Eglise visible, la Cité bâtie sur la Montagne pour être aisément aperçue des voyageurs, et qui, un jour, servira de refuge à toutes les Nations?

Allons plus loin; et, puisque les suppositions ne coûtent rien aux Adversaires, supposons que tous les hommes qui vivent sur terre perdent le trésor de la Foi, que chacun d'eux porte, en effet, dans un vase d'argile; il n'y a rien dans cette hypothèse qui sorte des bornes de la possibilité, si on considère chacun d'eux individuellement. Alors le Fils de l'Homme pourra venir, et ne pas retrouver sur la terre un seul grain de la Foi qu'il y a plantée (2); alors auront disparu du milieu d'Israël jusqu'aux sept mille Adorateurs qui refusent de courber le genou devant Baal (5). Tel a été l'espoir de la Philosophie moderne, lorsque, s'élevant naguère jusqu'à la haine de la Divinité, elle a renversé les autels du Christianisme. « On a vu, dit un Ecrivain profond, << le combat à outrance du Christianisme et du Philosophisme. La lice << est ouverte, les deux ennemis sont aux prises, et l'Univers re<< garde (4). Ceux dont la Foi s'intimide à l'aspect des périls ont pu croire un instant que l'Athéisme, ivre de ses succès, alloit englober l'Univers, que l'œuvre Satanique touchoit à son accomplissement, et que c'en étoit fait de la Religion de Jésus Christ c'est que l'espoir impie des uns et la pusillanimité des autres se fondoient aussi sur l'aperçu des possibilités et sur la quantité des vraisemblances. Ni les uns ni les autres n'ont réfléchi que la Religion naquit sur le Calvaire, et se fortifia dans les Catacombes ; et leurs calculs ont été fautifs, pour

(1) Apocalyp. II, 5.

(2) Luc. XVIII. 8.

(3) III. Reg. XIX. 18.

(4) Considérations sur la France, par M. Le Mestre, Sénat. de Chamb.

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