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vœu que ces Articles devinssent un jour des Canons de l'Eglise Gallicane, ne leur en attribue d'avance ni le caractère, ni l'autorité. Enfin, l'omission de l'envoi de la Déclaration au Pape prouvoit, sans équivoque, qu'on ne regardoit pas en France ces Articles comme Articles de Foi, puisque, dans toute l'Histoire de l'Eglise Gallicane, on ne trouve pas un seul exemple où les Evêques de France aient proposé aux Fidèles un Dogme de Foi, sans la concurrence du SaintSiége. C'étoit donc une espèce d'erreur volontaire de la part de ceux qui imputoient aux Evêques de France d'avoir voulu décider de nouveaux Dogmes de Foi inconnus à l'Eglise, et sans sa participation.

Cette erreur n'étoit pas seulement le partage des hommes violens que nous avons cités. Ceux d'un caractère plus modéré, tels, par exemple, que le Cardinal Daguirre, s'y laissoient entraîner par l'impulsion des premiers. Dans son Ouvrage contre la Déclaration de 1682, il reproche aux Evêques de l'Assemblée d'avoir envoyé ce qu'il appelle leurs Paradoxes aux Eglises de France « comme une Formule de « Doctrine Catholique, obligatoire pour tous les Chrétiens (1); » en cela à peu près d'accord avec l'Archevêque de Valence, qui, dans son Epitre dédicatoire au Pape, accuse le Clergé de France d'avoir ait scission avec toutes les Nations Catholiques, en se formant un Décret particulier sur la Foi (2). Peut être aussi l'envoi de la Déclaration dans tous les Diocèses a-t-il accrédité l'opinion que l'Assemblée avoit voulu prononcer un Décret Synodal. On a pu ignorer en Espagne et dans la Hongrie, que l'usage fraternel des Assemblées du Clergé de France a toujours été d'instruire les Diocèses, par des Lettres Circulaires, des Délibérations qu'on venoit de prendre, pour peu qu'elles fussent importantes.

Ces diverses circonstances, favorisées par les clameurs politiques de l'Espagne et de l'Autriche, dont Innocent XI épousoit ouvertement les intérêts contre la France, ont pu rendre la vérité long-temps

(1) Veluti quamdam sanæ omninò, imò et Catholicæ Doctrinæ Formulam, quâ omnes constringerent. (Daguir., Autor. Infal. Cath. S. Petr., etc. Disput. XI. ) (2) Roccab. de Rom. P. infall., t. III, Epist. Dedic.

inaccessible auprès du trône Pontifical: et qu'on ne se récrie pas contre la hardiesse de cette expression, comme si elle étoit offensante pour le Saint-Siége! Nous ne faisons ici que répéter et adoucir ce que le Cardinal Bellarmin a osé dire, sans le moindre fondement, d'un Concile approuvé par le Saint-Siége, et reconnu dans l'Eglise comme Ecuménique. Le Lecteur s'en souvient. Ce Cardinal, ne réfléchissant pas qu'il s'agit du fait Dogmatique des Lettres d'Honorius, n'a pas craint d'avancer « qu'on peut dire avec sûreté que les Pères du << sixième Concile ont été trompés par de fausses rumeurs; qu'ils << n'ont pas bien compris les Lettres d'Honorius, et qu'ils ont eu tort << de le ranger parmi les Hérétiques (1). »

Disons donc, sans crainte d'être démentis par quiconque a parcouru les nombreux Ecrits des Ultramontains de cette époque, que les Papes ont pu être, ont été trompés par de fausses rumeurs, sur la Déclaration de 1682. Tout à l'heure on verra que le Bref qui l'annule ne fait que confirmer cette supposition. Disons qu'on leur a peut-être caché les circonstances, connues en France, de la Déclaration du Clergé, par lesquelles ils auroient vu que l'Assemblée n'avoit pas voulu faire des quatre Articles une Décision de Foi, mais seulement en adopter l'opinion; disons que les clameurs des Archevêques de Strigonie et de Valence, ainsi que de leurs bruyans et nombreux Emissaires, ont pu persuader aux Papes que le Clergé de France s'étoit formé un Décret particulier sur la Foi. Certes! la haine Espagnole contre la France étoit alors bien active et persévérante, puisqu'elle poursuivoit encore les enfans réconciliés avec leur père; car cette réconciliation eut lieu en 1693, et ce fut en 1694 que l'implacable Roccaberti, en publiant son Ouvrage, appeloit sur l'Eglise Gallicane la vengeance et les derniers anathèmes, afin d'extirper sa Doctrine erronée, scandaleuse et impie dans la Foi, dit cet Archevêque, avec une témérité impardonnable : Erroneas, scandalosas, impias in Fide (2);

(1) Itaque tutò dicere possumus hos Patres (Concilii generalis sexti) deceptos ex falsis rumoribus, et non intellectis Honorii Epistolis, immeritò cum Hæreticis connumerasse Honorium. (Bellarm., de Rom. Pont., l. IV, c. XI.)

(2) Roccab. loc. cit.

et, comme si son propre fiel n'étoit pas assez amer, il relate, dans le second volume, une Lettre d'Isidore Aparacius, approbateur de son Ouvrage. On frémit en lisant l'apostrophe de cet Aparacius à Innocent XII: << Servez-vous, Très Saint-Père, de l'occasion que Dieu « vous offre d'opprimer des perfides. Il appartient à l'office d'Innocent « de réprimer ou de punir le péché, afin que celui qui est frappé « soit corrigé par le châtiment, ou qu'au moins les autres soient « épouvantés par son exemple (1). » Disons qu'en considérant la Déclaration de 1682, d'après des rumeurs si industrieusement répandues et si fausses, les Papes ont pu la regarder comme une injure faite au Saint-Siége, comme une injure faite à l'Eglise. Ajoutons que, sous ce point de vue, qui ne suppose qu'une simple erreur de fait, les Papes ont pu se croire fondés à exiger des douze Prélats la réparation de l'injure prétendue; peut-être même à étendré, jusqu'à ce qu'elle fût réparée, le refus des Bulles sur les vingt-trois autres, dont l'adhésion à la Déclaration de 1682 étoit notoire.

Disons enfin que le texte de la Lettre, exigée par le Pape, et souscrite par les douze anciens Membres de l'Assemblée, prouve évidemment qu'il ne leur demanda pas de renoncer à la Déclaration, mais seulement de ne pas la considérer comme un Décret Synodal; ce qu'ils ont pu et dû faire sans hésiter.

XVIII. Plus je relis cette Lettre, dont on a tant abusé, moins je conçois qu'on ait pu la regarder comme une rétractation des quatre Articles de 1682. Tout s'explique de soi-même lorsqu'on rapproche les circonstances, et qu'on a sous les yeux l'intégrité de la Lettre; et nous pouvons laisser l'Anonyme se débattre dans les syllogismes qu'il compose des lambeaux de la Lettre mutilée (2).

L'Assemblée de 1682 avoit souverainc ment déplu à Innocent XI; nous ne l'avons pas dissimulé, et des calomnies, cent fois renouvelées, nous ont forcés à rétablir, par la simple exposition des faits, la gloire

(1) Utinini oblatâ vobis à Deo opprimendi perfidos occasione; pertinet ad officium Innocentis cohibere à peccato, vel punire peccatum, ut aut ipse qui plectitur corrigatur experimento, aut alii terreantur exemplo. ( Roccab., t. II; Ep. Isid. Apar.) (2) Dissert. Hist. , P. 64 et suiv.

de cette Assemblée mémorable: mais il convenoit à des enfans respectueux et amis de l'Unité d'être touchés jusqu'au coeur des suites d'une funeste mésintelligence, et même de toutes les choses qui avoient pu déplaire au Père Commun: Ex corde dolere de rebus gestis in prædictis comitiis quæ Sanctitati Vestræ et ejus Prædecessoribus summoperè displicuerunt. S'il leur convenoit d'en ressentir de la douleur, ils devoient l'exprimer, sans recourir à des excuses mensongères, mais de manière à ne pas causer de nouvelles irritations. Ce qu'on leur reproche, est d'avoir témérairement rendu des Décrets nouveaux concernant la Puissance Ecclésiastique et l'autorité Pontificale : sûrement ils n'ont pas commis cette faute, et leur conscience, d'accord avec tous les monumens, rend témoignage à leur innocence; mais le Père Commun n'est pas encore guéri de ses préventions et de ses soupçons, et la multitude des malveillans qui l'obsèdent, les envenime par de faux rapports. Il suffit qu'on en ait conçu la pensée, Decretum censeri potuit, pour qu'ils désirent d'écarter tant de nuages, et le succès ne leur coûtera pas maintenant de grands efforts; ils vont répéter ce qu'ils ont dit hautement dans leur Procès-Verbal, et ce que, jusqu'à présent, on a refusé d'entendre. Nous n'avons pas voulu en faire de Décision (ou de Décret), mais seulement en adopter l'opinion (1). Loin de nous toute idée d'un Décret incompétent, auquel nous n'avons même pas songé! Pro non Decreto habemus et habendum esse declaramus; mens nempè nostra non fuit quidquam decernere. On nous reproche encore d'avoir délibéré sur la Régale au préjudice des droits de nos Eglises : ceux qui font ce reproche ignorent apparemment les combats que l'Eglise de France à soutenus pendant plus de soixante ans pour empêcher l'extension de la Régale, la force des Jugemens qu'elle a pu et dû recounoître, les bienfaits insignes d'un Roi grand et généreux, et l'avantage réel qu'a procuré aux Eglises une soumission que la prudence ne motivoit pas moins que le devoir. A quoi serviroit d'expliquer de nouveau des choses si évidentes? Ah! notre consentement n'étoit pas du tout nécessaire pour le Roi, et nous avons bien su le dire au Pape

(1) Procès-Verbal de l'Assemblée de 1682.

Innocent XI, quand nous lui demandâmes sa Bénédiction Apostolique pour cet ouvrage de paix et de Charité (1). Mais, puisqu'on persiste à croire que cette Délibération a pu nuire à nos Eglises, nous la révoquons en ce qui nous concerne, et notre Roi, qui n'en a pas besoin, nous autorise à la révoquer. Jamais nous n'eûmes la coupable pensée de nuire à nos Eglises : Pro non deliberato habemus illud quod in præjudicium jurium Ecclesiarum deliberatum censeri potuit ; mens nempè nostra non fuit Ecclesiis nostris præjudicium afferre (2).

Ainsi, pour faire évanouir jusqu'à l'ombre d'une difficulté dont on a fait tant de bruit, il a suffi de se reporter aux circonstances du temps, et de comparer les expressions de la Lettre au sujet de la Déclaration de 1682, avec celles qui sont relatives au consentement donné à l'extension de la Régale. Ce consentement, inutile au Roi, est pleinement révoqué par la Lettre des Prélats: Pro non deliberato habemus. Quant à la Déclaration, ils la laissent intacte, et répètent simplement ce qu'ils avoient dit en délibérant à l'Assemblée : « Nous « n'avons voulu qu'en adopter et publier l'opinion, » mens nostra non fuit quidquam decernere.

Il est temps de finir ce Commentaire lumineux de la Lettre écrite en 1693, mais qui n'emprunte sa clarté que des expressions simples et vraies qu'on s'est plu à travestir en un langage plein de bassesse et d'hypocrisie. Bossuet avoit indiqué par un seul mot le sens de ce langage, et ce mot suffisoit il y a cent ans (3); mais la subtilité des Détracteurs s'étant accrue, il a fallu entrer dans les explications détaillées que nous venons de donner, et qu'une attention médiocre de leur part, avec un peu de bonne foi, eût rendues inutiles. XIX. Après avoir disculpé tout à la fois les Papes et l'Eglise Gallicane, il reste à demander compte à M. Robert Plowden, comme je l'ai promis en commençant cet Ouvrage, des expressions téméraires

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(1) Epist. Cl. Gallic. ad Innoc. XI, tert. Non. Febr. 1682. Pièces Justificatives,

n° III.

(2) Lettre à Innocent XII, du mois d'Août 1693.- Pièces Justificatives, n° X. (3) Gall. Orthod., § VI.

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