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des priviléges nouveaux : An si quis Sanctorum in epistold honoret Papam, excipiet hoc pro privilegio (1).

Par les mêmes moyens, et surtout à la faveur d'une fausse interprétation de la treizième Epître du Pape Gelase, s'étoit introduite dans quelques esprits une opinion qui a beaucoup d'affinité avec celle de l'infaillibilité du Pape : je veux parler de l'opinion qui tient pour illégitime, dans tous les cas et sous toutes les formes imaginables, l'appel porté des Jugemens du Souverain Pontife au Concile OEcuménique, M. de Marca, qui regarde ces appels comme étrangers à l'ancienne discipline de l'Eglise, est cependant obligé d'avouer qu'ils furent employés dans plusieurs Conciles généraux, comme un remède extraordinaire, Si les Papes avoient, en effet, regardé leurs décisions comme irréfor mables indépendamment du consentement de l'Eglise, c'étoit à eux, sans doute, qu'il appartenoit de réprimer en face de l'Eglise les téméraires qui cherchoient à s'y soustraire par des appels illegitimes. Cependant nous ne voyons pas que, pendant les quatorze premiers Siècles, ces appels, portés au Concile général, aient été prohibés par un jugement émané du Saint-Siége. Un silence si remarquable de leur part n'est interrompu qu'après quinze cents ans, et l'Anti-Pape opiniâtre, Pierre de Lune, lance les premiers anathèmes contre les Rois, les Cardinaux, les Evêques et toute l'Eglise, qui se révoltoient, selon lui, par des appels présomptueux contre la plénitude de la puissance de l'Eglise Romaine (2).

Où est maintenant cette conviction universelle et perpétuelle de l'infaillibilité du Pape, sanctionnée, comme le dit M. Plowden, par la persuasion non contestée de dix-sept siècles, et qu'avant 1683 aucun Evéque Catholique n'avoit osé révoquer en doute? Qu'il montre cette harmonie non interrompue jusqu'à Bossuet et trente-trois Evêques François. Qu'il efface, s'il le peut, des fastes de l'Eglise, le savant et pieux Guillaume Durand, Evêque de Mende; Pierre d'Ailly, Maître de Gerson, Evêque de Cambrai, Cardinal et Légat du Pape Martin V; le célèbre Panormitain, Archevêque de Palerme, sur

(1) Conc. Flor., p. 507.

(2) Bulla: Crescit faciliter. — Epist. ad. Car. IV. Spicil.. t. IV, p. 180, 182.

nommé la lumière du Droit Canonique; le vénérable Zabarella, Cardinal de Florence, que Bellarmin et son siècle reconnoissent comme un grand homme; le Cardinal de Cusa, Evêque de Brixen, qui, malgré ses opinions Gallicanes, selon l'expression de Bellarmin, fut employé comme Légat sous quatre Papes consécutifs; et cet illustre Evêque d'Avila, Alphonse Tostat, que le Cardinal d'Aguirre nomme le Salomon d'Espagne; qui fut aux yeux de Bellarmin l'étonnement du monde, stupor mundi, quoique mort à l'âge de quarante ans. Malgré cet éloge pompeux, Bellarmin avertit, dans son Traité de Scriptoribus Ecclesiasticis, qu'il faut lire avec précaution le Defensorium de l'Evêque d'Avila, cautè legendum, et je ne m'en étonne pas : car il y avance et il prouve que « Jésus-Christ a institué un Tribunal supérieur au Pape; que le Concile OEcuménique peut corriger et juger le Pape, même pour ses Décisions sur la Foi ; et que le Con«< cile seul n'est pas sujet à l'erreur, tandis que le Pape peut errer en << condamnant les hérésies (1). » Jamais sans doute le Clergé de France ne s'est servi d'expressions aussi énergiques que cet Evêque du quinzième siècle. J'ajoute que si l'Evêque d'Avila eût vécu après le Cardinal Bellarmin, il n'eût probablement pas manqué d'avertir aussi que les Ouvrages de ce savant Cardinal doivent être lus avec beaucoup de précaution, cautè, cautè, legenda.

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XIX. Il seroit aisé de prolonger cette nomenclature des Evêques du quatorzième et du quinzième siècle, qui se sont déclarés, soit en France, soit ailleurs, contre l'opinion de l'infaillibilité du Pape. Ceux des deux siècles suivans sont encore en plus grand nombre. On sait qu'au Concile de Trente « le Cardinal de Lorraine déclara que l'Eglise Gallicane et toute la France tenoient pour certaine la Doc<< trine de la supériorité du Concile sur le Pape; de sorte que ce seroit « une erreur et une folie d'imaginer qu'un seul Evêque François « voulût embrasser l'opinion contraire. (2)

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(1) A Christo institutum est Tribunal superius Papâ; nempè Concilium, quod Papam corrigere et judicare possit, non solùm in Fide, sed etiam in aliis casibus ; solumque illud Tribunal id habere ut errare non possit, Papam autem errare posse, etiam in damnandâ hæresi. ( Defensor., part. II, cap. 30, 69, 70.)

(2) Palavic,, 1. XIX, cap. 13, 14. Lettre du Card. de Lor. à Bert. son secrét.

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On sait aussi que le Pape Adrien VI, successeur de Léon X, seigna publiquement à Louvain, où il avoit été Professeur de Théologie, non pas que l'Eglise Romaine puisse jamais perdre la Foi; mais qu'il est « certain que le Souverain Pontife, Chef de l'Eglise Romaine, « peut errer, même sur la Foi, en avançant une hérésie dans ses Déci«sions ou Décrétales; » c'est-à-dire, en prononçant ex Cathedrá, ou avec toute l'autorité de sa Chaire Suprême (1). Et cette opinion, qu'Adrien VI soutint, d'abord comme Docteur particulier tandis qu'il professoit la Théologie, puis comme Evêque de Tortose et comme Cardinal, ne l'empêcha pas d'être élevé à la Papauté ; et, après son élévation, loin d'imiter la versatilité d'Enéas Sylvius, devenu Pape sous le nom de Pie II, Adrien VI eut le courage de faire réimprimer à Rome, en 1522, sans aucun changement, son Commentaire sur le quatrième Livre du Maître des Sentences, où est contenue la proposition que nous avons rapportée; de sorte qu'au lieu de dire, comme son prédécesseur, en 1463 : Récusez Enéas Sylvius, et recevez Pie II, Adrien VI a dit à son Siècle et à la Postérité : «Les bonneurs n'ont changé ni «mes mœurs, ni ma doctrine : l'opinion que vous avez reçue avec applaudissement d'Adrien Florent est encore celle du Pape Adrien VI, « et je ne m'aperçois pas que la Tiare m'ait donné le privilége de l'infaillibilité, que je n'avois pas comme Docteur de Louvain. >>

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XX. Maintenant, si l'on compare avec la proposition d'Adrien VI eelle qu'il a plu à M. Plowden de censurer, on verra qu'elles sont parfaitement identiques. Adrien enseigne « que le Pape peut errer dans la « Foi.» M. Plowden condamne ceux qui disent : « Nous ne recon<«<noissons pas l'infaillibilité du Pape. » We acknowledge no infali·bility in the Pope. Il n'y a entre ces deux propositions que le son des mots qui differe; le sens est absolument le même. Or, voici comment s'exprime M. Plowden au sujet de la dernière : « Tous les tonnerres « du Vatican ont stigmatisé la proposition suivante :..... Futilis et « toties convulsa est assertio de Pontificis Romani in Fidei quæstio

(1) Si per Romanam Ecclesiam intelligitur Caput ejus, putà Pontifex, certum est quòd possit errare, etiam in iis quæ tangunt Fidem, hæresim per suam Determinationem aut Decretalem asserendo. (Adr. in IV Sentent. Quæst. de Confirm.)

<<< nibus decernendis infaillibilitate. Il est vrai que l'autre proposition: « Nous ne reconnoissons pas l'infaillibilité du Pape n'est pas frappée « de la foudre en ligne directe; mais elle semble presque s'en appro<«< cher par une ligne parallèle, et d'assez près pour en être rous« sie (1). »

Que répondre à un homme qui, dans les accès d'un zèle inconsidéré, emploie des métaphores outrées, et qui les entremêle d'épithètes bizarres, ou de mots vagues, tels que presque, il semble, ligne parallèle, etc.? Personne ne trouvera mauvais, sans doute, que le Censeur ne se joigne pas à ceux qui refusent de croire à l'infaillibilité du Pape; mais on a droit d'attendre qu'en adoptant l'opinion contraire, il parle avec l'exactitude théologique, et surtout qu'il parle avec discrétion et charité. D'abord, c'est une témérité fort répréhensible dans un Théologien d'appliquer des qualifications odieuses à toute opinion que l'Eglise n'a pas désapprouvée, qu'elle n'a jamais notée de la moindre censure, qu'en un mot elle permet à tous ses Enfans de croire et de soutenir publiquement. De plus, il n'est pas vrai que la proposition censurée par Alexandre VI ait été stigmatisée par tous les tonnerres du Vatican. Tout au plus de telles expressions pourroient-elles se tolérer, s'il s'agissoit d'une proposition condamnée comme hérétique, impie, ou blasphématoire ; celle dont il est question n'a d'autre défaut que d'énoncer trop crûment ce que pensent peut-être intérieurement nombre de Théologiens estimables, et de sortir ainsi de la modération sagement prescrite par les Papes dans la discussion des opinions théologiques. M. Plowden doit savoir que de tels écarts suffisent à Rome pour faire censurer une proposition quelconque, et il n'est pas douteux que plusieurs des siennes n'y subissent la censure sous ce rapport, si elles étoient déférées au Tribunal du Saint-Siége.

Le Lecteur peut maintenant apprécier la justesse des assertions ex

(1) A proposition stigmatized with all the thunders of the Vatican: Futilis et toties convulsa est assertio de Pontificis Romani in Fidei quæstionibus decernendis infaillibilitate. The other proposition : We acknowledge no infallibility in the Pope, does not indeed meet the bolt in a direct line, but still it seems to approach it in a parallel almost near enough to be singed by it. (Consid. on the Mod. Opin., p. 78.

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traites de son Ouvrage, et juger si en effet « les Evêques de toutes les «Nations Catholiques regardent l'infaillibilité du Saint-Siége comme « aussi nécessaire à la Constitution de l'Eglise et à la conservation de la « Foi, que l'infaillibilité des Conciles eux-mêmes. » Je suis encore à concevoir que, malgré l'évidence du fait contraire, il ait osé assurer « qu'avant 1682 aucun Evêque Catholique n'avoit songé à révoquer <<< en doute l'une ou l'autre. >>

A tant de suffrages tirés de l'ordre Episcopal, il faut ajouter celui de quatre Evêques, Vicaires Apostoliques ou Coadjuteurs, qui, en 1790, gouvernoient l'Eglise Catholique d'Angleterre. C'est ce que nous apprenons de M. Plowden lui-même, et il ajoute qu'à cette époque ces Evêques étoient au nombre de six en tout (1). C'est à lui à nous expliquer la manière dont ce fait s'accorde avec ce qu'il dit ailleurs, toujours en parlant de l'infaillibilité du Pape : « Telle est la Théologie « que nous professons; This is the Theology which we profess. Tel est «le Catéchisme que nous avons appris et toujours enseigné : This is « the Catechism which we learned and have always taught (2). » On a peine à se persuader que des Prêtres missionnaires et des Religieux, qui font tant de bruit sur l'infaillibilité du Pape, quoique aucun Pape ne l'ait enseignée doctrinalement, ne soient pas effrayés de professer une Théologie et d'enseigner un Catéchisme directement contraires au sentiment connu de la pluralité des Evêques qui les gouvernent dans l'ordre spirituel. Il seroit bien plus extraordinaire encore que l'infaillibilité du Pape fît partie du Catéchisme des Catholiques d'Angleterre. Catholiques infortunés, si tel est en effet le Catéchisme qu'on vous enseigne! Mais j'aime à croire qu'ici l'Auteur a voulu dire toute autre chose que ce qu'il a dit, quoiqu'il s'agisse d'un fait dont il doit avoir la connoissance immédiate et personnelle; car sûrement partout ailleurs, même à Rome, on se garde bien de transplanter dans le

(1) Our scattered Roman Catholics in this Nation have always considered themselves as governed in Spirituals by Vicary of an infallible head..... They are now for the first time informed by at least four of their six Bishops that this persuasion is an error. (Ibid, p. 20, 21.)

(2) Ibid, p. 3, 24.

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