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Catéchisme, et d'apprendre au commun des Fidèles le sujet de ces discordes théologiques qui occupent les Savans, mais qui n'entrent heureusement pour rien dans l'exposition des principes élémentaires et nécessaires de la Religion Catholique.

XXI. Pour achever de convaincre M. Plowden que l'infaillibilité du Pape n'est pas une opinion si universelle et si ancienne qu'il le pense, faut-il, outre le grand nombre d'Evêques des derniers siècles, citer la foule des Théologiens de renom, et respectés dans l'Eglise, qui tiennent pour l'opinion contraire? La liste en seroit trop nombreuse, et le Lecteur instruit n'er: a pas besoin; il suffira d'en indiquer quel

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ques-uns.

Quoique «<les noms de Gerson, d'Almain et des Sorbonnistes du << commencement du quinzième siècle n'effraient pas» cet Ecrivain, néanmoins les personnages dont il parle ont assez bien mérité de l'Eglise; ils ont eu assez d'influence sur l'opinion de leurs contemporains, pour qu'un homme judicieux, qui se croit obligé de les contredire, sente en lui-même, non pas de la frayeur, mais beaucoup de modestie. Au surplus, Jacques Almain ne vivoit pas au commencement, mais à la fin du quinzième siècle; et il témoigne que, de même qu'à Rome on ne permettoit pas de soutenir publiquement le sentiment de l'Ecole de Paris, en Sorbonne il n'étoit pas permis non plus de soutenir l'opinion ultramontaine.

Jean Major, Théologien Ecossois du seizième siècle, assure qu'en Sorbonne où, selon lui, «il y avoit plus de Théologiens habiles que « dans deux ou trois royaumes à la fois, >> on ne souffroit pas que les Décisions du Concile de Constance fussent contredites par qui que ce soit.

François de Victoria, Théologien Espagnol, et contemporain de Major, convient que l'opinion commune des Docteurs de Paris et de beaucoup d'autres Docteurs en Théologie et en Droit Canon de différentes Nations, est celle de la supériorité du Concile sur le Pape.

Le Cardinal Bellarmin avoue qu'Alphonse de Castro, Théologien Espagnol de l'Ordre de Saint-François, tenoit pour le sentiment de l'Ecole de Paris.

Jacques Latomus et Jean Driedo, tous deux Docteurs de Louvain,

et célèbres Controversistes du seizième siècle, ont suivi l'opinion d'Adrien VI, dont, avec raison, ils révéroient la doctrine et la piété.

Navarre, après avoir rapporté les deux opinions contraires, certifie que de son temps on soutenoit exclusivement l'une à Paris, et l'autre à Rome. Cet habile Canoniste ne mourut qu'à la fin du seizième siècle, et par conséquent il n'a pas seulement en vue les Sorbonnistes du commencement du quinzième. Pourquoi donc M. Plowden, par des phrases incidentes et qui semblent absolues, donne-t-il si souvent à entendre qu'après cette époque orageuse, les esprits étant devenus plus calmes, l'opinion de l'infaillibilité du Pape avoit généralement prévalu dans l'Eglise, tandis que, par le fait, le nombre des partisans de l'opinion contraire s'est toujours accru? vérité que la candeur chrétienne ne permet pas de déguiser, quelque parti que l'on prenne sur le fond de la Question.

Le Docteur Duval a montré plus de bonne foi. Ardent Ultramontain et Antagoniste d'Edmond Richer, il accuse ce dernier d'avoir soutenu en présence du Cardinal Duperron, qu'il étoit de foi que le Concile est supérieur au Pape; puis il ajoute ces paroles qui contiennent un aveu digne d'être remarqué : « La Faculté de Théologie de << Paris admet la supériorité des Conciles généraux, mais elle ne brise << pas pour cela le lien de l'unité, en regardant comme errans dans la << Foi les Docteurs d'autres Universités qui pensent différemment (1). » Ainsi, au commencement du dix-septième siècle, l'opinion de la supériortié du Concile sur le Pape étoit toujours celle de la Sorbonne, quoiqu'avec raison elle n'ait jamais prétendu l'ériger en Dogme de

Foi.

En 1663 elle désavoua, par une Déclaration solennelle, certaines propositions qui lui étoient faussement imputées. L'article V est ainsi conçu: « Ce n'est pas la doctrine de la Faculté que le Pape soit au-des«sus du Concile général. » Voici l'article VI : « Ce n'est pas la doctrine « de la Faculté que le Pape soit infaillible lorsque le consentement de « l'Eglise n'intervient pas (2). »

(1) Duv. Elenchus, etc., p. 9.

(3) V. Doctrinain Facultatis non esse quòd Summus Pontifex sit suprà Concilium

L'année suivante la Sorbonne déclare, dans sa censure contre le Livre de Jacques Vernant, que : « fidèle à marcher sur les traces de «ses Ancêtres, elle proteste ne vouloir déroger en rien à la Primauté << divinement instituée du Souverain Pontife, ni à l'autorité de la << Chaire de Saint Pierre, Mère et Maîtresse de toutes les Eglises; » mais elle n'en confirme pas moins, par une clause formelle, les deux Art. V et VI de sa Déclaration de l'année précédente.

C'est donc en vain que M. de Marca fait usage de toute la souplesse de son génie, pour établir une différence d'opinion entre ce qu'il appelle l'ancienne et la nouvelle Sorbonne. Les actes et les témoignages qu'on vient de rapporter, ne laissent aucun doute sur la persévérance de la Faculté de Théologie de Paris à soutenir l'autorité supérieure des Conciles Généraux conformément aux Décrets du Concile de Constance, et la nécessité du consentement de l'Eglise pour que les Décisions dogmatiques du Pape deviennent irréformables.

On tenteroit inutilement de combattre la Doctrine constante de l'Université de Paris, par le suffrage des Universités étrangères à la France. Les plus renommées d'entre elles ont été d'accord avec celle de Paris, autant du moins qu'on eu peut juger par leurs actes authentiques et connus.

L'Université de Louvain soutint, par son Député au Concile de Constance, la supériorité du Concile Général sur le Pape; on a vu tout à l'heure que ses plus fameux Théologiens persévéroient dans le même sentiment plus de cent ans après l'extinction du Schisme.

L'Université de Cologne, interrogée par Thierry, son Archevêque, lui répond entre autres choses, que «l'Eglise, synodalement assemblée, << a une juridiction souveraine à laquelle tout membre de l'Eglise, de « quelque dignité qu'il soit, même Papale, est tenu d'obéir. »

L'Université d'Erfort fait une réponse semblable à l'Archevêque de Mayence. Après avoir rapporté et adopté les Décrets du Concile de Constance, elle ajoute que « le Pape est faillible, et que les Papes ont

Ecumenicum. VI. Non esse doctrinam vel dogma Facultatis quòd Summus Pontifex, nullo accedente Ecclesiæ consensu, sit infaillibilis. (Declar. S. Fac. Paris, an. 1663.)

« quelquefois été dans l'erreur, tandis que l'Eglise soutenoit la vérité, << au lieu qu'il n'est jamais arrivé que l'Eglise tombât dans l'erreur << pendant que les Papes maintenoient la saine doctrine. »

Les Universités de Vienne, de Sienne et de Pavie ont pensé de même, et approuvé les Décrets du Concile de Constance.

Enfin, l'Université de Cracovie déclare dans sa réponse à Uladislas, Roi de Pologne et de Hongrie, qu'elle reçoit le Concile de Constance ; puis, se conformant à ses Décrets, elle statue que « la puissance de tout « Concile Général, légitimement assemblé, est supérieure à la puis<«<sance du Pape. >>

XXII. A cette nuée de témoins, à l'autorité si imposante des Corps dépositaires de la vraie Théologie, à cette immense succession d'Evêques, qu'oppose M. Plowden? D'abord son assertion répétée cent fois, que l'infaillibilité du Pape forme la croyance antique et universelle de toute la Catholicité; s'il suffit d'affirmer pour être cru, il aura gain de cause sans doute. Il cite deux ou trois époques où le Clergé de France a, selon lui, varié dans sa doctrine. On verra bientôt la fausseté de cette nouvelle assertion; il nomme quelques Evêques et un petit nombre de Théologiens modernes qui favorisent le sentiment de l'infaillibilité du Pape. Je suis loin de les lui contester tous, pourvu qu'il efface du catalogue qu'il en donne les noms de Fénélon, Belsunce, Tencin, Languet, La Fare, etc.

Mais le nom de Fénélon rappelle soudainement une foule d'idées augustes et touchantes, et surtout celles d'un Pasteur qui, à la voix du Saint-Siége, a cru « devoir être aussi docile que la dernière brebis du « Troupeau (1). » Le Clergé de France se glorifie de trouver dans son sein un si beau modèle d'obéissance religieuse, et de soumission sans réserve; et ce n'est pas seulement par de vaines paroles que l'Assemblée de 1682 a reconnu l'autorité supérieure de la Chaire de Pierre, comme le lui reproche M. Plowden (2). Ce que l'Assemblée déclara en 1682, l'Archevêque de Cambrai le mit en pratique en 1699, sans néanmoins

(1) Mandement de Fénélon pour la condamnation du Livre des Maximes des Saints.

(2) Consider. on the Mod. Opin., p. 32.

reconnoître plus que le Clergé de France l'infaillibilité du Pape indépendamment du consentement de l'Eglise. «Ma soumission, disoit-il << au Chevalier de Ramsay, ne fut point un trait de politique, ni un «silence respectueux, mais un acte intérieur d'obéissance à Dieu seul << parlant par le Chef de l'Eglise. Suivant les principes des Catho«liques, j'ai regardé le jugement du Saint-Siege et des Evêques comme « une expression de la volonté suprême, et comme un écho de la voix « divine (1). » Ainsi, dans une matière jusque-là douteuse, le docile Fénélon fut obéissant à Dieu seul parlant par le Chef de l'Eglise; mais l'expression de la volonté suprême, et l'écho de la voix divine ne résonnèrent pleinement dans son âme que par l'union de la voix des Evéques à celle du Souverain Pontife pour prononcer un même juge

ment.

Tel est le compte que l'Archevêque de Cambrai rend de ses dispositions internes, lorsque, épanchant son âme dans le sein de l'amitié, il fait profession de parler suivant les principes des Catholiques. Son antagoniste Bossuet n'avoit pas tenu un autre langage, lorsque, dixsept ans auparavant, il rédigea les quatre Articles de la Déclaration de 1682. Ainsi le nom de Fénélon, si cher à l'Eglise Gallicane, les noms des Evêques illustres que M. Plowden lui associe, resteront inscrits dans les fastes de cette Eglise, parmi les Défenseurs de sa Doctrine. M. Plowden assure hardiment que ces Evêques « ont laissé des témoi«gnages incontestables des sentimens contraires (2). » Je n'en connois aucun, mais je le somme ouvertement de les produire au grand jour; et, s'il ne le fait pas, son silence équivaudra, pour tout lecteur impartial, à la réfutation ou au désaveu formel de cette fausse imputation.

Je ne nie ni n'affirme ce qu'avance cet Ecrivain au sujet des Archevêques de Turin et de Florence, de l'Evêque de Parme, et du Synode entier des Evêques de Toscane; mais l'unique preuve qu'il donne de

(1) Vie de Fénélon, par Ramsay.

(2) The Fenelons, the Belsunces, the Tencins, the Languets, the La Fares, etc. etc. have left incontestable evidences of their sentiments. (Consider. on the Mod. Opin., p. 108.)

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