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<< nom de Philosophes, s'étoient proposé ce grand et utile projet? Si, au licu << de répandre le pyrrhonisme et l'incrédulité, en ne présentant que les << abus introduits par les passions humaines dans la Religion, et en s'effor«çant d'altérer les caractères augustes de sa Divinité, ils eussent travaillé << avec ardeur à montrer aux hommes la source de l'unité, et le lien d'une << éternelle concorde? Quelles louanges, quelles bénédictions n'auroient-ils pas méritées ! La Postérité eût gravé leurs noms dans ses archives, parmi « ceux des bienfaiteurs du genre humain; mais ils ont préféré la vainė << gloire de faire secte eux-mêmes, et le projet absurde de créer des peuples de Philosophes. Moins prudens que le père de famille, en voulant << arracher l'ivraie, ils ont arrachéle bon grain; ils ont détruit tous les prin«cipes religieux, le seul espoir des vertus privées, et n'ont mis à la place « qu'une obscure et stérile métaphysique.

«

« Ce sont là, mon Frère, les hommes auxquels vous allez vous associer << en quittant l'Eglise. Sans le savoir, vous marchez au même but, et votre << aveuglement m'étonne. Tant qu'ils vous croiront un instrument utile de « leurs projets destructeurs, ils souriront à vos triomphes; ils applaudi<< ront à votre patriotisme: car c'est là, ce me semble, la louange dont on « décore le prétendu désintéressement de ceux qui ont acquis des riches«ses et des honneurs; ils approuveront même le zèle avec lequel vous «< conserverez quelques vestiges de la Religion Catholique. Mais n'attendez << de leur part qu'un profond mépris pour votre usurpation, lorsque l'œuvre « qu'ils méditent sera consommée, et plus d'une cause concourt à l'ac-. « célérer. >>

Ces premiers devoirs remplis, il s'occupoit à tracer pour ses Prêtres demeurés fidèles, une règle de conduite pour ces temps périlleux dont parle l'apôtre, où tous ceux qui veulent vivre pieusement en J. C. souffriront la persécution. Mais ayant eu connoissance de l'instruction que Monseigneur de La Luzerne, Evêque de Langres, venoit de donner à ce sujet, il ne crut pouvoir mieux faire que de l'adopter pour son Diocèse. « Ayant re<< connu le langage de la vraie piété, la sagesse qui est le fruit d'une longue « expérience du saint Ministère, le zèle et la charité qui animent un vrai « pasteur des âmes. >>

Il ne pouvoit mieux peindre son énergie et sa résignation, qu'il ne l'a fait dans ce peu de mots de sa lettre pastorale, portant l'adoption de cette ins

truction.

<< Mon âme, que la bonté divine fit assez courageuse pour supporter << sans murmure les injustices personnelles, s'habitue même à rendre grâces « à Dieu dans le sein de l'oppression et des souffrances je me dis avec « saint Grégoire de Naziance, que la souveraine raison n'ordonne rien à « notre égard sans raison, quoiqué nous ne le voyions pas. »

Quel bonheur pour lui d'être né avec cette force d'esprit philosophique et religieuse! L'amour de la vérité et de ses devoirs l'a mis à de grandes épreuves.

L'inquiétude que causoit à l'Evêque de Troyes l'existence physique des Prêtres confiés à sa sollicitude, n'étoit pas la seule qui tourmentât son âme douce et religieuse. Il y avoit alors une grande divergence d'opinions au sujet du Serment de liberté et d'égalité. Les uns, frappés des fausses et terribles conséquences qu'en tiroient quelques têtes ardentes ou révolutionnaires, prétendoient que ce serment étoit opposé aux principes de la morale ei de la Religion. Les autres soutenoient au contraire que ceux qui en tiroient de fausses conséquences étoient les seuls criminels; mais que ce serment, pris dans le sens véritable et naturel des mots qui l'exprimoient, n'avoit rien de coupable, la liberté légale étant diamétralement opposée à la licence, à la servitude et au despotisme; l'égalité civile ne pouvant pas exister avec l'anarchie qui donne l'empire aux brigands. Ils regardoient donc ce serment comme licite, surtout lorsque ceux qui le prêtoient, le couteau sur la gorge, ne le prêtoient cependant qu'après que les Membres de l'Administration leur avoient déclaré que ce serment étoit uniquement relatif à une liberté et à une égalité civiles, et qu'ils n'entendoient faire contracter aucun engagement contraire à la Religion Catholique, Apostolique et Ro

maine.

L'Evêque de Troyes prenoit un double intérêt à cette question. Comme Evêque, il avoit à prononcer sur l'innocence ou la culpabilité de ce scr

ment; et, après un profond examen, il s'étoit convaincu qu'il n'avoit rien de criminel. Comme Evêque de Troyes, il s'affligeoit de la douloureuse position des Prêtres déportés de son Diocèse, dont la plus grande partie l'avoit prêté, et ils étoient regardés par presque tous ceux qui n'avoient pas été mis à cette cruelle épreuve, comme des Prêtres indignes du Sacerdoce.

Heureusement, les Evêques, qui à cette époque se trouvoient à Constance, où il étoit aussi, se réunirent pour donner une décision sur cette matière.

Ces Prélats étoient Messeigneurs de Juigné, Archevêque de Paris; d'Osmond, ancien Evêque de Comminges; de La Luzerne, Evêque de Langres; Cortois de Balord, Evêque de Nîmes; Cortois de Pressigny, Evêque de Saint-Malo; et de Barral, Evêque de Troyes. Monseigneur l'Evêque de Langres fut le Rédacteur des motifs qui fixèrent leur opinion; et l'affaire ayant été mûrement examinée, il fut unanimement décidé que ce serment pouvoit être prêté sans blesser la conscience.

Fort du suffrage de ses confrères, dont l'opinion étoit d'une grande autorité par leurs vertus, leurs talens et leur science, l'Evêque de Troyes persista toujours davantage dans sa manière d'envisager le serment de liberté et d'égalité. Mais à peine arrivé à Londres, où il alla chercher un asile, peu de temps après la tenue de cette Assemblée, il reçut plusieurs lettres de quelques Evêques et d'un Docteur de Sorbonne, ses amis ils pensoient autrement que lui sur ce serment, et ils désiroient le ramener à leur opinion. Mais sa vertu, toujours inflexible lorsque le devoir parloit, ne fut point ébranlée par le langage séducteur de l'amitié; elle le fut encore moins par des motifs de fortune et de considération personnelle, que l'un d'eux, persuadé que l'ancien ordre de choses ne tarderoit pas à être rétabli, faisoit valoir pour obtenir sa rétractation. Ses lettres inédites, en réponse, sont de véritables traités sur cet objet; je me contenterai d'en citer quelques passages, où l'on verra que, fortement convaincu de la vérité de sa façon de penser, cependant, enfant soumis de l'autorité, il étoit décidé à y renoncer si le Souverain Pontife, auquel il en avoit écrit, la condamnoit. Il a fait la même démarche auprès du Pape, lors de la discussion sur la promesse de fidélité à la Constitution. Mais Leurs Saintetés, Pie VI et Pie VII, n'ont

prononcé sur aucune de ces deux questions. On y verra aussi avec quelle tendresse il chérissoit ses Prêtres, et avec quelle énergie il les défendoit. Ce qu'il fit alors, il l'a fait depuis dans les autres Diocèses dont il a été le mier Pasteur.

pre

<«< Plus je réfléchis sur ce sujet, écrit-il à un Docteur de Sorbonne, plus << j'ai de peine à me persuader, moi qui me rends le consolant témoignage << de n'avoir prêté aucun serment relatif à la révolution, que plusieurs mil<«<lions de Français fidèles, Laïcs et Prêtres, fussent obligés en conscience « de se laisser égorger aux mois d'Août et de Septembre, plutôt que de prê<< ter le serment de la liberté et de l'égalité; car il ne faut pas se le dissimu«ler, tel est précisément, et en dernière analyse, l'état de la question qui nous « осспре.

« Si, comme vous paroissez le croire, l'autorité de l'Eglise décide cette « question contre ma façon de voir, je me soumettrai sans doute, je m'ef<< forcerai même de lui sacrifier jusqu'à mes arrière-pensées...... . . . .

<< Portés, comme nous le sommes, à prendre trop de confiance dans nos << propres pensées, c'est peut-être un bien pour nous d'acquérir de temps << en temps de nouvelles preuves de notre insuffisance; le cœur s'améliore << ainsi par la conviction intime de la foiblesse de l'esprit. Voilà le fruit que « j'espère retirer de la décision, si jamais elle intervient. Londres, le « 15 Mai 1793 (1). »

Il écrivoit à un de ces Evêques : « J'ignore les détails qui, dans d'autres « Diocèses, ont déterminé une partie du Clergé à prêter, dans le courant « d'Août ou de Septembre 1792, le serment de la liberté et de l'égalité. Mais << voici le récit exact de ce qui s'est passé à Troyes lors de cette désastreuse « époque. Vous savez que les Ecclésiastiques de ce Diocèse ont été plus

(1) Dans la lettre à laquelle il répond, on lui citoit ces paroles de saint Ephrem : La Foi est une pierre précieuse; elle en a la pureté et l'éclat, mais aussi la dureté et l'inflexibilité. Je lui ai entendu dire à cette occasion: La comparaison est juste; je n'aime cependant pas ce mot de dureté : il est bien dur pour une religion de douceur et de charité, telle que la nôtre.

<< particulièrement censurés que d'autres, et pourtant je suis encore à com<< prendre comment on les accuse de n'avoir pas suivi les mouvemens d'une «< conscience ferme, pieuse et éclairée. Je ne vous retracerai point le ta<< bleau des actes de violences préliminaires qui furent exercées par ces Fé« dérés brigands, dont les cris affreux ne faisoient entendre jour et nuit " que des menaces d'incendie, de meurtres et de proscriptions. Les Ci«toyens, chassés de leurs foyers, étoient errans çà et là, cherchant un asile, « et ne pouvant l'obtenir de la piété tremblante. Le massacre d'un Chanoine << de la Cathédrale ne fut que le prélude de ceux qu'on préparoit. Les Prê<< tres domiciliés ou réfugiés dans la ville, voyant accourir les plus honnêtes « gens supplians, éplorés, disant que la fureur du peuple étoit à son comble, << et qu'on se voyoit au moment d'un massacre général, s'ils se refusoient << au nouveau serment qu'on étoit sur le point de leur demander; que ce « serment de maintenir la liberté et l'égalité n'étoit que la répétition de celui « que chacun avoit prêté sans scrupule pour le maintien des prétendus << droits de l'homme; qu'il n'en pouvoit résulter aucun scandale; que tous << les gens de bien, les factieux et le peuple connoissoient la pureté de leurs << sentimens ; qu'ils étoient sans doute les mêmes que ceux de tant de per<< sonnes honnêtes qui, forcées d'arborer la cocarde Nationale, ne la ne la por<< toient pas comme un signe de rébellion ou d'impiété; qu'ils devoient se << regarder comme dans une ville prise d'assaut, où le serment exigé par le <«< conquérant peut être prêté par les vaincus, sans qu'on les accuse d'a<< voir trahi leur Souverain légitime. Qu'enfin, ils les conjuroient, les yeux <«< baignés de larmes, de leur sauver la vie, celle de leurs femmes et de <«<leurs enfans. Alors, les Prêtres les plus recommandables se consultent <«< à la hâte; mais ignorant la formule précise du serment, ils concluent « à se laisser traîner à l'Hôtel-de-Ville, bien résolus d'y mourir plutôt «< que d'être infidèles à leur devoir. On ne tarde pas à les forcer de s'y «< rendre; et là, au milieu d'une populace immense, qui ne respiroit que << pillage, carnage et fureur, ayant sous les yeux la tête de leur vénérable «< confrère, portée au haut d'une pique, ils protestent aux Officiers munici<< paux qu'ils sont prêts à tout, plutôt que de trahir leur Religion. Ces Offi<< ciers couvrent de leurs corps ceux qu'on étoit sur le point d'immoler; ils << déclarent hautement que la formule proposée ne touchoit en rien au spi<<< rituel ni à la Constitution civile du Clergé ; qu'elle étoit uniquement relative << au gouvernement politique et temporel; qu'il ne s'agissoit que d'une li

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