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furent induits en erreur par la tromperie de l'inconnu Isidore Mercator, comme le prouvent les plaintes et l'embarras d'Hincmar, d'Yves de Chartres, de Saint Bernard et d'autres qui refusent d'admettre la plénitude des conséquences de ces maximes, sans soupçonner encore la fabrication des titres; et bientôt l'antiquité présumée des maximes nouvelles leur tint lieu de vérité.

par

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- Je réellement que, dès l'origine, et à plus forte raison pense laps du temps, les Papes et les Corps monastiques furent généralement de bonne foi, innocens de la fraude commise, et plutôt trompés que trompeurs; mais enfin ce fut au profit des uns et des autres que les maximes nouvelles prévalurent dans l'Eglise, puisque par elles le pouvoir des uns, et les priviléges des autres, s'accrurent d'une manière exorbitante. Est-il surprenant que ceux-ci, voyant ces maximes accréditées dans les Tribunaux, enseignées dans les Ecoles, dans les Monastères, et partout mises en action, se soient enfin élevés par degrés jusqu'à l'idée gigantesque de l'infaillibilité Papale, idée si cohérente avec l'immensité du pouvoir de tout genre dont les Papes se sont trouvés revêtus?

A ces vues générales que les faits justifient, se joint une considération bien puissante, puisqu'elle est fondée sur l'expérience de la foiblesse humaine. La pente de la nature incline trop aisément à exalter jusqu'aux nues le pouvoir qui nous tire de l'obscurité pour nous élever aux grandeurs. Le Cloître ne guérit pas toujours de l'ambition, et ce levain dangereux s'insinue dans les âmes les plus pures. Trop souvent, dit Fleury dans son huitième Discours sur l'Histoire Ecclésiastique, « on entre en Religion pour faire fortune; en Italie, par exemple, un Frère Prêcheur étudie dans l'espérance de devenir à Rome Théologien d'un Cardinal, Consulteur dans quelque Congrégation, Inquisiteur, Evêque, Nonce, on enfin Cardinal; ou, s'il se borne « dans son Ordre, il se proposera d'y monter par degrés aux pre"mières dignités, >> en vertu desquelles il deviendra dépositaire du pouvoir que la Religion et la Politique lui apprirent à révérer.

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Enfin l'esprit de Corps, venant à corroborer les impressions reçues par l'éducation, grave en caractères qui semblent ineffaçables les opinions généralement adoptées par ceux qui nous environnent. Cette observation s'applique à tous les états de la vie; l'homme de Loi, le

Militaire, l'Académicien, le Négociant, le Manufacturier, sont également subjugués par les préjugés de Corps, qu'ils se communiquent par une électricité morale et inaperçue; et, malgré nos lumières tant vantées, presque tous paient ce tribut involontaire. Pourquoi voudroiton que les Sociétés religieuses en fussent seules exemptes? Maintenant qui ne sait qu'une opinion, une fois adoptée dans un Ordre régulier, devient celle de presque tous ceux qui s'y engagent? Ainsi les Dominicains soutiennent la Prémotion physique, tandis que tout Jésuite se rapprochoit plus ou moins du système mitigé de Molina. Les Carmes, les Augustins, les Franciscains, ont aussi eu leurs Thèses favorites, et il seroit facile de multiplier les exemples de cette uniformité. Elle explique, surtout en y joignant les deux motifs développés ci-dessus, comment les principaux Défenseurs de l'infaillibilité du Pape se sont trouvés dans les Corps religieux établis en Italie, en Espagne et dans d'autres Etats, où l'influence de ces motifs n'a pas été contrebalancée.

XXX. Pour finir tout ce que nous avons à dire touchant l'autorité du témoignage des Théologiens scholastiques dans la question présente, écoutons un de ceux qu'on estime le plus, Melchior Canus, Evêque des Iles Canaries, Ultramontain non équivoque, et qui, plus qu'un autre, a exalté l'autorité des Docteurs de l'Ecole.

Dans son huitième Livre des Lieux Théologiques, Melchior Canus reprend l'erreur de ceux «qui ne distinguent pas assez les Décrets de « la Foi, des opinions purement scholastiques (1). »

Chap. IV. Il recommande de ne pas se laisser éblouir par l'autorité de plusieurs Théologiens, « surtout si on a pour soi un petit nombre d'hommes graves (2). »

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Chap. V. Melchior Canus ne veut même pas que les Fidèles soient obligés à suivre « l'opinion commune des Pères de l'Eglise, si elle n'est

(1) Quòd scholæ opiniones à certis constantibusque Decretis non separant. (Melch. Can. de Loc. Theol., I. VIII, cap. V.)

(2) In scholasticâ disputatione, plurium auctoritas Theologorum non debet obruere; sed si paucos viros, modò graves, secum habeat, poterit sanè adversùs plurimos stare. (Ibid, cap. IV.)

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« pas accompagnée d'un jugement bien prononcé et uniforme de leur part; à plus forte raison, ajoute-t-il, lorsqu'il ne s'agit que des « Ecoles récentes de Théologie, que les anciens Pères ont surpassées « de beaucoup par la sainteté de leur vie, et par la connoissance pro« fonde de l'Ecriture (1). »

Et s'il paroît croire dans son douzième Livre que les Catholiques doivent se conformer à quelque conclusion des Théologiens scholastiques, c'est «<lorsque d'un commun accord, uno ore omnes, dans tous « les temps et dans tous les lieux, ils enseignent un point de Théologie comme ferme, indubitable, et devant régler la croyance des Fi« dèles (2). »

Que si, en s'écartant de ces règles sages, quelques-uns se permettent de condamuer une opinion quelconque sur un sujet important, Melchior Canus dit que ce sont des téméraires « fortement agités par l'impulsion d'un vent impétueux et soudain (3).

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Je laisse ces textes à méditer aux Auteurs des deux Dissertations modernes sur l'infaillibilité du Pape.

XXXI. Avant de passer à l'examen de la Dissertation anonyme, je ne puis m'empêcher de parler d'un doute qu'il est possible de concevoir en lisant celle de M. Plowden. A-t-il réellement approfondi la question sur laquelle il prononce d'un ton si tranchant? Il affirme, vers le milieu de son Ouvrage, avoir lu tous les Traités qu'il a pu trouver sur ce sujet; son assertion suffit bien pour exclure mes doutes personnels, car je le crois un homme d'honneur et un digne prêtre, malgré la violence du préjugé qui l'offusque. Mais d'autres, moins confians, pour

(1) Si non quævis illorum (SS. Patrum) etiam in re gravi, com:nunis opinio Theologum astringit, sed firmum constansque judicium; ecquid de recentioribus Schola Theologis dicere nos oportet, quos veteres illi longè, et vitæ merito, et Scripturarum usu, et auctoritatis pondere superârunt? (Ibid, cap. V.)

(2) Si Scholastici Theologi aliquam itidem conclusionem firmam et stabilem uno ore omnes statuerint, atque ut certum Theologiæ Decretum Fidelibus amplectendum constanter et perpetuò docuerint, illam ut Catholicam veritatem Fideles sanè omncs amplectemur. (Ibid, lib. XII, cap. VI.)

(3) De rebus gravissimis temeritate quâdam, repentino quasi vento agitatos, ferre sententiam (Ibid, 1. VIII; cap. V.)

roient observer que, désirant vivement de persuader ses Lecteurs, il ne leur présente pas un seul des argumens directs dont on se sert à l'appui de sa Thèse favorite. Cependant comme l'infaillibilité du Pape est un sujet to!alement inaccessible à la raison, on ne peut espérer de convaincre qu'en alléguant l'Ecriture, ou les Saints Pères, ou les Conciles, ou les faits de l'Histoire Ecclésiastique qui y ont rapport. Il n'y a dans sa Dissertation pas une seule preuve tirée de l'Ecriture-Sainte, pas un témoignage des Pères, pas une discussion sur les Conciles; et les seuls faits de l'Histoire Ecclésiastique dont il s'occupe, ne tendent qu'à prouver que le Clergé de France a varié dans sa doctrine sur l'infaillibilité du Pape. On pourroit lui accorder cette prétendue variation sans qu'il en fût plus avancé; car, en admettant que le Clergé de France eût pu varier dans son opinion, il ne s'ensuivroit pas qu'elle fût fausse.

Si l'Auteur néglige de se servir des preuves qui seroient seules capables d'opérer la conviction, il ne manque pas d'affirmer très-souvent qu'il y en a de telles. « Elles sont, dit-il, contenues dans des vo«<lumes énormes; » et il a la candeur d'avouer que « dans tous les <«<Traités qu'il a lus pour ou contre l'infaillibilité du Pape, la ques<«<tion y semble préjugée avant que d'être discutée (1). » En cela toutefois M. Plowden a la gloire d'avoir été plus loin que ses devanciers; car il préjuge constamment la question sans jamais la discuter. Un Traité de Laurent Veith, imprimé à Augsbourg en 1781, lui paroît à la vérité contenir, plus que tout autre, « des raisonnemens solides et « serrés (2). » Mais comme il affirme solennellement «n'en avoir pas <«<<mprunté un seul mot, » les Catholiques d'Angleterre n'en sont pas plus avancés pour la preuve.

Tantôt M. Plowden declare « vouloir éviter les contentions scholas

(1) In all the Tracts which we have seen upon this subject, the question appears to be prejed before it is discussed... . The bulk of mighty volumes written upon this matter, etc. (Consider, on the Mod. Opin., p. 22.)

(2) If from among the number we distinguish the judicious treatise of Laurentius Veith for solidity and closeness of its reasoning, we still profess that we will not borrow one word from it. (Ibid.)

«tiques d'où rejailliroit une lumière éclatante; « tantôt il renonce » à << faire parade d'une érudition trop commune, pour qu'il soit possible << d'en tirer vanité (1). » Et c'est alors que, se confiant dans la force des preuves qu'il pourroit en donner, mais qu'il ne donne pas, il << proteste n'être pas effrayé des noms de Gerson, d'Almain et de l'an<«< cienne Sorbonne. » Ailleurs, et dans la vue charitable d'épargner ses Lecteurs, il se dispense « de citer l'Ecriture, les Pères, ou le témoi<< gnage des Siècles passés, et de produire des argumens Théologiques << par milliers (2). » Une autre fois il leur apprend que les réponses aux objections prises de l'autorité du Concile de Constance sont toutes prêtes « dans les Répertoires de la Théologie Scholastique (3). » Partout, comme on l'a vu, il insiste sur l'antiquité et l'universalité de son opinion; et, d'après ces titres, dont on a démontré la nullité, il se croit en droit de supposer cette opinion « dûment et légalement prouvée (4).»

Elle est prouvée, selon lui, d'une manière si irrésistible, qu'oubliant inconsidérément que l'infaillibilité du Pape n'est pas un Dogme de Foi, il ose dire que lorsqu'enfin le Pape a prononcé, « l'adhésion ou l'oppo«sition des Eglises dispersées ne sert qu'à distinguer celles qui sont << Catholiques de celles qui ont cessé de l'être (5). »

(1) The usual arguments which are urged in schools..... would, no doubt, let in a blaze of light upon the subject; but we wished to avoid scholastic contention.... to spare our readers and to avoid a shew of erudition, too common hovever to be a subject of vanity; nor would the names of Gerson, Almain, or the Sorbonists in the beginning of the fifteenth century be able to frigthen us from our proofs. (Ibid, p. 98, 99.)

(2) A thousand theological arguments which we equally forbear to alledge from Scripture, Fathers, and tradition. (Ibid, p. 90.)

(3) Our learned readers must be sensible, that to every objection drawn from the times and circumstances of the Council of Constance, a ready answer is prepared in the stores of Scholastic Divinity. (Ibid, p. 106.)

(4) Let it be observed that the ancient system to which we adhere, is in full possession confirmed by the conviction of ages, and in reasoning from it we may therefore lawfully suppose it to be proved.... We migth well suppose the ancient doctrine of all Churches to be proved. (Ibid, p. 31, 99.)

(5) The submission or the opposition of the dispersed Churches can therefore only serve to distinguish those which are Catholic from those which cease to bear that name. (Ibid, p. 58.)

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