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L'université de Grenoble avait été fondée par le dauphin Humbert II, vers l'an 1339. Le premier de ses actes est du 13 octobre 1340. Humbert II donne à Gui-Galbert, doyen du chapitre à Die, une place de conseiller au conseil delphinal et le nomme professeur de l'université de Grenoble pour expliquer les décrétales, aux appointements de 100 florins d'or. Compromise peu de temps après sa fondation par des causes que l'histoire a laissées dans l'oubli, cette université n'existait plus en 1452, et ce ne fut qu'un siècle plus tard que François de Bourbon, gouverneur du Dauphiné, entreprit de la rétablir, sur les instances du conseil de la cité. Cette restauration date du 1er septembre 1542. L'un des premiers professeurs qui enseignèrent alors à Grenoble fut Gribaldi de Moffa, qui avait enseigné à Valence quelques années auparavant; on tenta aussi d'y attirer un autre de nos professeurs, le fameux Jean de Coras, et, pour le déterminer à accepter, on lui offrit une charge de conseiller au parlement; mais la négociation échoua. D'ailleurs le défaut de revenus empêchait l'université de Grenoble de se procurer des régents; elle obtint, en 1547, des états du Dauphiné un secours de 500 livres. Le 19 juin 1548, Henri II, protecteur des sciences comme tous les Valois, lui permit de prélever chaque année sur la ferme du sel du Dauphiné 750 livres, mais la même faveur fut accordée à l'université de Valence; ce prélèvement fut porté à 1000 livres en 1558, et l'on y joignit 400 livres à prendre sur la ferme des gabelles du Pont-Saint-Esprit (1).

Ces fonds une fois assurés, Grenoble s'occupa de nouveau d'avoir des professeurs étrangers réputés alors les plus

(1) Revue du Dauphiné. tom. V, pag. 102.

habiles; et en 1555, il réussit à enlever à Valence l'illustre Govéa. Ce procédé déplut beaucoup aux Valentinois et à leur évêque Jean de Montluc, et ils résolurent de s'en venger en provoquant la suppression de l'université de Grenoble.

Le 15 octobre 1560, les régents de cette université furent dénoncés au duc de Guise, gouverneur du Dauphiné, comme hétérodoxes, et le conseil reçut avis qu'on les menaçait de leur interdire l'enseignement. Aussitôt un mémoire justificatif fut adressé au gouverneur; mais, le 10 novembre suivant, le roi écrivit au parlement de chasser les professeurs calvinistes, et les menaces de supprimer l'université furent réitérées. Le conseil prit des mesures énergiques pour faire retirer des ordres si rigoureux; mais toutes ses remontrances n'eurent aucun succès à la cour.

Cependant les Valentinois, dont l'évêque était ministre d'état et très-puissant dans les conseils de Charles IX et surtout auprès de Catherine de Médicis, informés du peu de crédit des réclamations faites par les Grenoblois, en profitèrent pour demander qu'on réunit l'université de Grenoble à celle de Valence. Ils soutenaient que deux universités ne pouvaient subsister ensemble dans le Dauphiné, et qu'il était urgent de supprimer la première afin de fortifier la seconde. On eut avis de leurs démarches à Grenoble, le 3 octobre 1561. Le conseil ordinaire de la ville renvoya l'affaire au conseil général, mais cette dernière assemblée, retardée par divers événements, ne se tint que le 21 du même mois, et ce jour-là même on apprit que les Valentinois venaient d'obtenir un arrêt par lequel le conseil d'état ordonnait une procédure de commodo et incommodo, tendant à déterminer dans laquelle des deux villes, de Valence ou de Grenoble, l'université devait être maintenue.

Les troubles qui éclatèrent alors dans la province suspendirent l'examen de cette question. Au retour de la paix, les Grenoblois voulurent placer à la tête de leur université un célèbre jurisconsulte, et leur choix tomba malheureusement sur Pierre Loriol, plus suspect encore que ses collègues en fait de religion. Dès-lors les Valentinois firent valoir sa réputation d'hétérodoxie pour renouveler et appuyer leur première demande d'union. Le 13 avril 1564, François Hottoman, qui professait alors à Valence, dédia à Montluc un ouvrage où il le sollicitait, en termes détournés mais assez intelligibles, à procurer, par son crédit auprès du roi, l'accroissement que son université désirait. L'été suivant, Charles IX étant venu en Dauphiné, et n'ayant pu visiter, Grenoble, alors envahi par la peste, on profita de son passage à Valence pour obtenir l'exécution de l'arrêt qui ordonnait l'enquête de commodo et incommodo; un inagistrat délégué par la cour s'en occupa durant quinze jours consécutifs, et présenta son rapport le 18 octobre 1564, lorsque le roi voyageait en Provence. De son côté, l'université de Valence chargea un de ses docteurs, Barthélemy Grillet, de faire un travail analogue et de le communiquer aux consuls de la ville, ce qui eut lieu le 4 février 1565. Les consuls l'envoyèrent à Montluc par l'abbé de Saint-Ruf qui se rendait auprès de la cour. Enfin, le 8 avril 1565, au moment où Charles IX se trouvait à Bordeaux, parut l'édit si désiré qui réunissait l'université de Grenoble à celle de Valence.

CHAPITRE IX.

Enregistrement des lettres-patentes. Protestations et opposition du conseil de ville de Grenoble. Crédit de Montluc. Retour de Cujas

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Seconde guerre civile.

Nouvelle suspension des cours universitaires.

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Bonnefoy, Roaldès.

Aussitôt que le décret qui unissait l'université de Grenoble à celle de Valence fut connu dans notre ville, le conseil général se réunit, et manda François Hottoman, Médard de Cluzet, Jacques de Saillant, Ennemond Bonnefoy, François Galbert, Barthélemy Grillet, Barthélemy du Poyet et François de Bulhiod, tous docteurs régents de l'université, pour se concerter avec eux sur l'exécution des lettres-patentes et déterminer la part du corps universitaire dans les frais que la ville aurait à supporter à l'occasion de cette grave négociation. Informés du motif de leur convocation, les docteurs se retirèrent dans une autre salle pour en délibérer, après quoi ils rentrèrent dans celle du conseil, et Médard de Cluzet, prenant la parole au nom de ses collègues, dit que déjà ils avaient fait la plus grande partie des procédures, que néanmoins si la ville voulait nommer un député pour aller à Grenoble solliciter l'enregistrement des lettres-patentes, l'université en nommerait

un autre pour l'accompagner à ses frais, qu'elle donnerait en outre pour les dépenses nécessaires tous les droits qui leur proviendraient de la promotion des quatre premiers docteurs, et que si cette somme ne suffisait pas, ils y pourvoiraient eux-inêmes jusqu'à la concurrence de la moitié des frais. Le conseil de ville accepta ces propositions et chargea Claude Rogier d'aller à Grenoble poursuivre en son nom l'enregistrement des lettres-patentes.

Or, Grenoble n'avait pas attendu jusque-là pour s'opposer à cet enregistrement comme tiers non entendu, et le procès d'abord porté au Parlement fut évoqué au Conseil d'état; mais, comme en ordonnant l'union des deux universités, l'édit avait en même temps affecté à celle de Valence le produit des gabelles destiné à celle de Grenoble, il en résulta que cette dernière ville, déjà dénuée de ressources, se trouva dans l'impuissance d'entretenir ses professeurs. Alors ceux-ci suspendirent leurs leçons; les élèves se retirèrent dans leurs familles, et l'université parut tomber d'elle-même. Vainement les Grenoblois redoublaient-ils d'efforts pour la préserver d'une ruine totale: le 16 juin, leur opposition fut rejetée par le Conseil d'état, et l'édit d'union fut maintenu avec toutes ses conséquences (1).

Il est manifeste que c'est à l'influence de Montluc qu'il faut attribuer le résultat de ces longues négociations. Les motifs d'hétérodoxie qu'on alléguait contre l'université de Grenoble n'étaient pas sérieux; car l'université de Valence avait plus d'un reproche à se faire à cet endroit. Ses professeurs, à l'époque même où la lutte s'engagea, étaient presque tous, eux aussi, fort décriés pour leurs opinions

(1) BERRIAT SAINT-PRIX, Histoire de l'université de Grenoble. Revue du Dauphiné, tom. V, pag. 139.

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