Sayfadaki görseller
PDF
ePub

3 nivose. Il tenait Carbon et Saint-Réjant, deux de ses auteurs, agens du parti royaliste. Il convenait que, tandis qu'au moment même de l'explosion on l'imputait aux anarchistes, il avait déjà d'autres soupçons, parce qu'il avait alors d'autres indications. Il racontait le complot apporté d'Angleterre par Georges Cadoudal, en brumaire, pour assassiner le premier Consul; le débarquement successif et les manœuvres des complices Carbon, Joyan, Hyde, Limoelan, Saint-Réjant, et autres; l'ordre par lui donné, le 15 frimaire, de les arrêter, qui ne put être exécuté, à cause de l'ombre impénétrable dont ils avaient su s'environner; il apprenait enfin que le cheval attelé à la voiture sur laquelle était la machine infernale avait servi à diriger les recherches, et conduit à l'arrestation de Carbon chez des ex-religieuses, mesdames de Goyon et de Cicé, et qu'il avait fait connaître ses complices. Suivant le ministre, il y avait apparence que les royalistes s'étaient emparés de l'idée de Chevalier, auteur d'une première machine infernale, dans l'espérance de faire tomber le soupçon du crime sur lui et son parti. Le premier Consul ordonna que les individus dénommés dans ce rapport, et leurs fauteurs et complices, seraient poursuivis conformément aux lois.

Hyde de Neuville fit publier à Paris, en ventose,

1 On a dit depuis que dans la prison de Chevalier se trouvaient déte nus des royalistes arrêtés pour avoir voulu tuer le premier Consul avec

un mémoire daté du 28 pluviose, en réponse au rapport du ministre de la police du 11, relatif à l'événement du 3 nivose, que Hyde appelait exécrable. Il repoussait avec indignation l'accusation de complicité portée contre lui. Il avouait avoir servi la cause des princes, et niait qu'il eût jamais été l'agent de l'Angleterre. Il disait que plusieurs mois avant l'époque fixée dans le rapport du ministre, il était rentré en France pour jouir du bienfait de la pacification intérieure, dont il avait com→ mencé la négociation auprès du premier Consul, à laquelle il avait contribué, et dans laquelle il se croyait compris. Il réclamait franchement la liberté de rentrer en France, et d'y vivre tranquille au sein de sa famille.

D'après le rapport du ministre de la police, il ne restait plus le moindre doute sur l'injustice, au fond et dans la forme, de la mesure prise contre les anarchistes. Il était démontré qu'on avait sciemment proscrit cent trente individus pour un crime qu'ils n'avaient pas commis. Fouché ne les en avait pas cru un seul instant coupables. Le premier Consul avait dit clairement, dans la séance du conseil d'état du 11 nivose, que s'il n'y avait pas de preuves contre eux, on les déportait pour le 2 septembre, le 31 mai, la conspiration de Baboeuf, etc. Mais des conseillers d'état et des sénateurs avaient cru de

des fusils à vent; que les deux partis fraternisèrent, et que les royalistes transmirent à leurs amis du dehors l'idée de la machine infernale."

bonne foi que les anarchistes avaient fait le 3 nivose, et, d'après les rapports et les actes officiels, toute la France avait été dans cette opinion. On n'en persista pas moins dans leur proscription, malgré la découverte des véritables auteurs du crime, agens reconnus du royalisme et de l'Angleterre. Et, comme pour faire ressortir davantage l'arbitraire dont on avait frappé les anarchistes, on renvoya les assassins royalistes devant les tribunaux, et l'on suivit à leur égard les formes légales.

Cette violation des lois avait, dit-on, porté sur quelques noms souillés, sur quelques hommes diffamés, sur un parti discrédité. Pour ne pas paraître vouloir les défendre dans les conseils, on ne défendit que bien faiblement les principes. Accoutumée au triste spectacle des proscriptions, la multitude applaudit à celle de quelques hommes auxquels elle ne prenait aucun intérêt. Des personnages éclai rés regardèrent même ce sacrifice comme une représaille, une juste expiation. On ne vit pas tout ce que ce premier acte extraordinaire pouvait entraîner de conséquences fâcheuses pour la sûreté individuelle, et qu'après s'être essayé sur des patriotes exaltés, et sur la lie de la révolution, on pourrait ne pas ménager ses plus purs défenseurs, et finir par atteindre toutes les classes des citoyens.

Saint-Réjant et Carbon, condamnés à mort, portèrent leur tête sur l'échafaud. Alors on espéra quelque adoucissement à la mesure rigoureuse prise contre les anarchistes. Le conseiller d'état, Berlier,

s'intéressa pour Destrem et Talot auprès du premier Consul; mais il fut inébranlable. Presque tout ce qui subit la déportation, y périt. Quelques-uns trouvèrent le moyen de s'y soustraire, soit par la fuite, soit par la protection de Fouché, tels que Félix Lepelletier, Charles de Hesse, Choudieu, Talot, Destrem. Le dernier mourut en 1803, à l'île d'Oleron, au moment où il venait d'obtenir sa liberté; Talot fut dans la suite employé comme militaire.

w

CHAPITRE XIV.

Congrès de Lunéville. - Dénonciation des hostilités. — Plan de

campagne.

Mouvemens de l'armée du Rhin.

--

Bataille de

Hohenlinden. Armistice de Steyer. Armée des Grisons.

Sa destination changée. Passage du Splugen. - Opérations de l'armée d'Italie. Armistice de Trévise. - Convention avec Cobentzel pour céder Mantoue à la France. Relations amicales entre Paul Ier et le premier Consul. se retire du ministère anglais.

Pitt

Parmi les apologies du gouvernement et de la France révolutionnée, on distingua un livre intitulé De l'Etat de la France à la fin de l'an ví, publié par Hauterive, employé au ministère des relations extérieures. L'auteur prenait l'époque du traité de Westphalie pour date de l'établissement du droit public, et prouvait qu'à partir de cette époque, les grandes puissances de l'Europe n'avaient cessé dy porter atteinte; que des principes actifs de désorganisation avaient, pendant le cours de cent cinquante ans, travaillé sans relâche à détruire l'ouvrage des négociations de Munster et d'Osnabruck; qu'avant la guerre actuelle, le système politique de l'Europe était en ruine, et que la guerre de la coalition avait été le dernier signal de sa destruction. L'auteur disculpait victorieusement la révolution d'avoir été une

« ÖncekiDevam »