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core, dans le même mois, sous les coups des soldats républicains : il se nommait M. Hazard, et il exerçait

: le saint ministère dans la paroisse de Saint-Pern, près de Bécherel. Son asile était dans le bourg de SaintMaugand; c'est là où il se tenait caché. Il s'y croyait en sûreté; mais la maison qu'il habitait sut désignée au commissaire du gouvernement, qui la fit, une nuit, investir par un détachement de soldats chargé de saisir M. Hazard. Celui-ci, averti du danger qu'il courait, crut pouvoir se sauver par une porte dérobée; une sentinelle qui s'y trouvait l'arrêta, et à l'instant même une décharge de la troupe le fit tomber mort aux pieds des assassins.

Au milieu du mois de février suivant, la paroisse de Médréac, diocèse de Saint-Malo, vit aussi couler le sang de deux prêtres : l'un, nommé M. Crespel, arait été poussé par les événements dans cette paroisse, et s'y tenait caché. Jeune et plein d'activité, il rendait aux fidèles tous les services qui étaient en son pouvoir. Les courses les plus pénibles ne lui coûtaient rien et il supporlait avec gaieté les fatigues que lui causait l'exercice du saint ministère. Une troupe de soldats, qui était à la poursuite des prêtres et des chouans, arriva au bourg de Médréac, à l'époque que nous avons indiquée. Ayant saisi M. Crespel, elle le fusilla et crut l'avoir tué; mais il n'était que blessé et évanoui. L'ardeur du pillage entraina ailleurs les militaires, avant qu'ils se fussent assurés s'il était mort. Bientôt il eut repris ses sens, et voyant près de lui des femmes chrétiennes, qui étaient venues lui porter secours, il leur demanda qui l'avait tué. Elles lui répondirent que c'étaient les bleus,

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pom qu’on donnait alors en Bretagne aux soldats républicains. « Dieu soit béni, dit-il, et qu'il leur pardonne. » Une balle lui avait traversé le corps et il perdait beaucoup de sang. Ces femmes, touchées de

. compassion, l'exprimaient par des gémissements et des cris. Un soldat les entend et revient pour achever M. Crespel. Il tire son sabre et va consommer le crime, lorsqu'une d'entre elles, éperdue, lui dit : « Ne frappe » pas ; c'est un prêtre. » — « Je le sais bien , » lui répond-il, et à l'instant il fend d'un coup de sabre la tète du confesseur de la foi.

L'autre prêtre, qui périt au même lieu et en même temps que M. Crespel, se nommait M. Tiengou. Il était septuagénaire, très-infirme, et revenait des prisons de Rennes. Les soldats le trouvèrent chez son frère. Après l'avoir saisi, ils le laissèrent libre pendant quelques instants. Il se réfugia dans des masures voisines, où il commença la récitation de son bréviaire ; mais ils le reprirent bientôt, et comme ils se trouvaient près du cimetière, ils l'y conduisirent, creusèrent une fosse devant lui et l'y précipitèrent, après l'avoir assommé. Une autre relation assure qu'ils le fusillèrent et outragèrent ses restes de la manière la plus révoltante.

Tous les meurtres dont nous venons de parler furent commis dans le département d'Ille-et-Vilaine. D'autres non moins atroces ensanglantèrent deux points différents du département des Côtes-du-Nord. Le premier que nous ayons à rapporter est celui de M. de

a Rabec, ancien curé. Cet ecclésiastique, né dans le diocèse de Coulances, avail fait ses études au collége de

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Sainte-Barbe, à Paris, et élait parvenu au grade de docteur en théologie. Il devint ensuite chanoine de la collégiale de Saint-Guillaume, à Saint-Brieuc, puis archidiacre et théologal de Dol. L'air malsain de cette ville ayant nui à sa santé, il accepta, dans le diocèse du Mans, la cure d’Aron, et la gouverna pendant dix ans. Sa générosité envers les pauvres élait si grande, qu'il contracta des deltes considérables, et qu'il se vit obligé de résigner sa cure. Un de ses parents, qui était riche, l'aida à s'acquitter envers ses créanciers, et lui offrit un asile dans son château. Plus tard, il lui abandonna une maison de campagne, nommée le Val Martel, située dans la paroisse de Mégrit, près de Broons, diocèse de Saint-Malo. Si M. de Rabec vit avec quelque plaisir, comme d'autres hommes de bien, l'aurore de la révolution, il ne tarda pas à sortir de son erreur, et comprit les desseins criminels contre la religion et la monarchie qu'avaient conçus les nouveaux réformateurs. Il fit tous ses efforts pour préserver du schisme les pays qu'il avait habités, et, dans cette intention, il alla visiter son ancienne paroisse; puis il parcourut les cantons du diocèse de Dol, qui formaient son archidiaconé, afin d'en affermir les peuples dans la foi. Un ami lui ayant dit à Dol de prendre garde aux méchants qui pouvaient lui nuire : « Je ne crains rien,

répondit-il; et, s'il faut mourir pour Dieu et pour » l'Église, je sacrifie volontiers ma vie à leur sainte » cause. » Il ne fit pas le serment, et se rendit trèsutile à la paroisse de Mégrit, dont le pasteur, M. Veilhon, depuis détenu sur les vaisseaux de Rochefort, était en fuite. Quoique M. de Rabec ne fut pas fonc

»

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tionnaire public, il ne put éviter d'être mis en prison à l'époque de la terreur; et il passa près d'une année renfermé avec les vieux prêtres du département, dans la maison des Filles de la Croix, de Saint-Brieuc, et dans celle des Carmelites, à Guingamp, alors converties en prisons. Rentré dans sa propriété, en 1795, il se livra avec tant de zèle à l'exercice du saint ministère, que, lorsque la persécution eut recommencé, des personnes qui lui portaient intérêt crurent devoir l'engager à le modérer et à prendre des précautions, afin d'éviter les dangers qui le menaçaient; il leur répondit, comme un homme plein de foi, que son devoir de prêtre étail de se sacrifier pour le salut des ames; que si, pour se conserver la vie, il consentait à ne plus exercer ses fonctions, il aurait bien plus à redouter de la vengeance du Seigneur que de la malice des hommes. Il continua donc à se dévouer pour le bien spirituel des fidèles, et à soulager les pauvres autant qu'il le pouvait; car il avait toujours le même attrait pour l'aumône. Les craintes de ses amis ne tardèrent pas à se réaliser. La Brelagne renfermait, à cette déplorable époque, des impies qui s'étaient constitués les ennemis acharnés des prêtres fidèles, el qui provoquaient leur mort. Chaque localité comptait quelquesups de ces hommes dangereux, et il s'en trouvait dans le pays qu'habitait M. de Rabec. Ils n'ignoraient pas le bien qu'il opérait dans la paroisse de Mégrit, et ce bien les irritait. On a donc lieu de croire que ce furent eux qui, par leurs conseils, dirigerent vers la commune de Mégrit une colonne mobile, composée de cinquante hommes, et sortie de Broons. Cette colonne

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arriva au Val Martel le 28 février 1796. M. de Rabec venait de célébrer la messe, lorsqu'on lui annonça la présence des soldats : « Voilà donc, ô mon Dieu! s'é» cria-t-il, voilà le moment où je vais paraitre devant » vous ! » Ils forcent la porte de la maison, et trouvent le respectable prêtre dans une première salle où ils pénélrent en furieux. Lui, les reçoit avec calme, et, remarquant qu'ils sont très-fatigués, il leur offre et leur fait servir des rafraichissements, et leur parle avec bonté. Loin de lui en témoigner leur reconnaissance, ils pillent et saccagent la maison, puis ils se saisissent de M. de Rabec, et l'emmènent avec eux, en le frappant de leurs baionnettes. A peine sont-ils sortis de l'avenue qui conduit à la maison, que le chef, pressé de répandre le sang de son captif, et qui, par ce motif, avait fait suspendre le pillage, s'arrête et commande à quatre de ses soldats de le fusiller. Ce digne prêtre, qui avait souffert sans se plaindre tous les mauvais traitements dont il était accablé, et qui disait seulement : « O mon Dieu! pardonnez-leur, et faites-moi » miséricorde, » entendant prononcer son arrêt de mort, s'adressa aux soldats qui devaient le frapper, et leur dit : « Soldats qui devez me fusiller, venez m'em» brasser, je vous pardonne ma mort. » Des paroles si charitables émurent l'un d'eux, qui déclara qu'il ne tirerait point, que ce prêtre n'était pas un ennemi, et qu'il préférait être fusillé lui-même. Les trois autres, inaccessibles à la pitié, le tirent à bout portant et le tuent. Ils dépouillent ensuite le cadavre, le mutilent et le laissent ainsi sur le chemin dans un élat de nudité complėle. Lorsque ces forcenés se furent retirés,

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