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1794 , lorsque, passant par le bourg de Carfentain, avec un jeune homme qui l'accompagnait dans ses courses, ils tombèrent entre les mains de gardes nationaux et de soldats qui les arrêtèrent. M. Saint-Pez se sauva d'abord ; mais, ayant entendu un cri, il crut qu'on égorgeait son compagnon et tomba évanoui. Dans cet état, il put être facilement repris. On les conduisit d'abord à Dol, en les accablant d'injures et d'outrages, puis, après qu'ils eurent passé quelque temps dans la prison de cette ville, on les transféra à SaintMalo, afin qu'ils y fussent jugés par la commission militaire. Dans sa nouvelle prison, M. Saint-Pez ne laissa échapper aucune occasion d'exercer son zèle. Les détenus y étaient en grand nombre, il en ramena plusieurs à la religion, et confessa presque tous ses compagnons de captivité. Parmi eux se trouvait une de ses nièces, qui était sa filleule et qui, ayant été dénoncée par un intrus, parce qu'elle avait un catéchisme, augmentait le nombre des victimes de la terreur. Elle l'avait vu arriver, altaché avec de grosses cordes à d'autres prisonniers, meurtri de coups el ayant ses habits tout déchirés ; mais le vertueux prêtre, sans laisser échapper la moindre plainte, l'avait abordée avec un visage riant et lui avait témoigné sa joie de la revoir. Leur réunion ne fut pas de longue durée. La commission militaire le condamna à mort le 13 mai, comme prêtre réfractaire. Le bourreau, homme atroce, en allant à la prison pour faire les apprêts de son supplice et lui couper les cheveux, eut la barbarie de lui couper aussi les oreilles, et le mit tout en sang ; mais

: M. Saint-Pez ne dit pas un mot. En sortant pour aller

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à la mort , il remarqua que deux gendarmes le serraient de très-près; il leur dit avec bonté et en même temps avec force : « Croyez-vous donc que je voudrais » m'évader? Non, marchons, je ne crains point la » guillotine. » Pendant le trajet qu'il fit de la prison à la place Saint-Thomas, ou devait avoir lieu l'exécution, il ne parut occupé que de Dieu, et son esprit semblait être déjà dans le ciel. Arrivé au pied de l'échafaud, il adressa ces paroles à quelqu'un qui voulait l'aider à le monter : « Je n'ai pas besoin que l'on m'aide, je monte » seul à l'autel. » Le bourreau , en le liant sur la planche, lui donnait de grands coups de genou, et l'apostrophait ainsi : « Calotin, tu ne l'échapperas » pas. » Il le serrait avec tant de violence, qu'il arracha au patient un cri de douleur qui sut bientôt suivi de ceux de vive Jésus ! -vive Marie! vive le roi ! Soit maladresse, soit raffinement de cruauté, le bourreau fit tomber une première fois le fatal couteau et enleva seulement une partie du visage du vertueux prêtre ; une seconde fois il ne coupa qu'une partie de la tête. Alors un cri d'indignation s'éleva parmi les assistants, et un militaire, s'avançant le sabre à la main vers le bourreau, dit à ce misérable : « Scélérat, si tu n'achèves, je » te plonge mon sabre dans le corps. » Ce ne fut donc qu'à une troisième fois que la têle tomba ; qu'on juge combien ce supplice dut être cruel ! Le bourreau méritait un châtiment rigoureux; mais les juges se contenlèrent de le condamner à vingt-quatre heures de prison , et lui dirent qu'il fallait sans doute guillotiner les prêtres, mais non de celle manière.

Les vertus de M. Saint-Pez, surtout son courage et sa

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constance, inspirerent de la vénération pour sa mémoire, et portèrent des catholiques à l'invoquer en particulier. Qualre prêtres fidèles étaient réunis dans le même lieu, et exposés au danger imminent de tomber entre les mains des persécuteurs qui les cherchaient; ils récla mèrent l'intercession de M. Saint-Pez, et ils échappèrent à ce danger d'une manière qui leur parut mira

à culeuse.

Quoique Carrier eût quitté Nantes dans le courant du mois de mars, et que la commission militaire, établie pour juger les Vendéens, eût cessé à peu près à la même époque ses fonctions sanguinaires, on continuait toujours de prononcer des arrêts de mort dans celle nialheureuse ville. Une religieuse Ursuline de Nantes augmenta à cette époque le nombre des victimes de la révolution; elle se nommait la seur Bertelot. Après l'expulsion des communautés, elle s'était retirée dans la Vendée, qui était peut-être son pays natal. Lorsque les troupes républicaines portèrent la désolation dans celle contrée, elles arrêtèrent la sæur Bertelot, sous le prétexte qu'elle ne voulait pas faire le serment de liberté et d'égalité, et aussi parce qu'on la trouva occupée d'enseigner le catéchisme à des enfants. On la transféra à Nantes, ou elle fut jetée en prison. Elle y eut à souffrir les privations les plus rigoureuses. Sa supérieure et cinq de ses compagnes, détenues elles-mêmes dans une autre maison d'arrêt, purent lui faire passer quelques secours, et l'engagèrent surtout à demeurer ferme dans la foi. Elle leur fit dire de bannir toute inquiétude à son sujet, que jamais elle ne prononcerait ce serment que presque tous les gens de bien regardaient alors comme criminel. Son refus décida de son sort, el le tribunal la condamna à la peine capitale. Elle montra une grande fermeté devant les juges, et comme ils lui reprochaient d'avoir enseigné la doctrine chrétienne, elle répondit qu'elle y était engagée par væu, et qu'elle ne pourrait se dispenser de le remplir, quand elle en trouverait l'occasion. En effet, les Ursulines joignent aux ræux de religion celui d'enseignement. Les mauvais traitements avaient tellement affaibli celle respectable religieuse, qu'il fallut la porter à l'échafaud, quoiqu'elle n'eût que quarante ans. Elle possédait une des voix les plus mélodieuses qu'on puisse imaginer, et l'on venait l'entendre, lorsqu'elle chanlait au choeur. Arrivée au lieu du supplice, elle enlonna un cantique à la sainte Vierge avec un courage qui surprii le bourreau el tous les spectateurs. Un instant après elle allait sans doute le continuer dans le ciel. A peu près dans le même temps une fille de la Sagesse, amenée également de la Vendée, fut aussi condamnée au dernier supplice à Nantes. La mère Davesne, supérieure des Ursulines et ses cinq compagnes, dont nous venons de parler, ne périrent pas de celte manière; mais une épidémie, qui se manifesta dans la prison ou elles étaient renfermées, et qui fit beaucoup de ravages parmi les prisonniers, les enleva loutes au moment où elles souffraient pour la foi, et où elles protestaient de leur invariable attachement à la religion catholique. La mère Davesne mourut le 15 août 1794. Elles avaient éprouvé toutes les rigueurs de la misère, et surtout le besoin d'aliments. Couvertes de vermine et mêlées parmi des prisonniers, qui élaient loin de posséder leur vertu, elles se trouvaient exposées à en

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tendre mille propos impies et licencieux; rien ne put ébranler leur constance. Elles désiraient vivement souffrir le martyre, et elles firent connaitre à quelques-unes de leurs seurs, avec lesquelles il leur était possible d'avoir des relations, qu'elles étaient comblées de consolations intérieures. Dieu bénit les compagnes de ces

. vierges fidèles. Les Ursulines de Nantes, qui survécurent au règne de la terreur, purent dans la suite se consacrer de nouveau à l'éducation chrétienne de la jeunesse de leur sexe. Les mères Achard, Angebault, Odiette, sæurs, etc., formèrent de petits pensionnats, puis rétablirent leur communauté, et cette maison est encore en ce moment nombreuse et florissante.

Nous avons jusqu'ici parlé des prêtres, des religieuses et des pieux laïques qui avaient péri sur les échafauds, et pour la condamnation desquels on avait suivi quelques formes judiciaires; mais assez souvent on négligeait d'observer ces formes, et plus d'un ministre fidèle fut mis à mort à l'instant même où il tomba entre les mains des révolutionnaires. C'est le sort qu'éprouva M. Jacques-Joseph Royer, recteur de Dompierre-du-Chemin, diocèse de Rennes. Il était né dans cette ville le 6 novembre 1746, et avait été d'abord vicaire de Luittré, puis nommé recteur de sa paroisse au commencement de l'année 1789. Son attachement à son devoir lui fit prendre le parti de se soustraire à la déportation à laquelle il était astreint à cause du refus qu'il avait fait de prêter le serment; il continua de donner avec zèle à son troupeau tous les soins d'un bon pasteur, jusqu'au commencement de 1794. A cette époque, il se trouvait dans les environs de Fougères, et, comme on avait été

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