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XVe NOTE.

(Page 339.)

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On sait comment Napoléon parvint de l'île d'Elbe jusqu'à Paris. Il était à peine maître de cette capitale, lorsqu'il vit se déclarer contre lui toute l'Europe et les deux tiers de la France; il n'avait pour lui qu'une armée de 150,000 hommes et le prestige d'un nom brillant de l'éclat de plus de trente victoires. Déja plusieurs armées royales se pressent dans l'intérieur, et 800,000 étrangers le menacent sur tous les points à l'extérieur. Attendra-t-il de se voir attaqué par la réunion de tous ses ennemis, en se bornant à une guerre défensive? ou bien prendra-t-il l'initiative des opérations, afin de troubler leur concert et de porter des coups importants avant qu'ils ne soient tous en ligne? Il se décide pour le dernier parti : il rassemble ses troupes, et le 15 juin, il se met en marche sur trois colonnes en partant de Philippeville, Beaumont et Maubeuge, pour aller passer la Sambre le même jour à Chatelet, Charleroi et Marchienne, à la tête de 100,000 combattants. Le reste de ses forces était occupé dans l'intérieur ou sur les autres frontières. L'armée anglaise était cantonnée de Bruxelles, à Nivelles; l'armée prussienne, aux environs de Fleurus et de Namur. Le projet du général français était d'aller se placer brusquement au milieu des cantonnements de ces deux amrées, d'empêcher leur réunion et de tomber successivement sur les troupes éparses avec toute sa cavalerie, qu'il avait formée à cet effet en un seul corps de 20,000 chevaux. Tout le succès de cette opération était dans la rapidité de ses mouvements; il devait porter le même jour toute son armée jusqu'à

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Fleurus, par une marche forcée de 8 ou 10 lieues, et pousser son avant-garde jusqu'à Sombref, sur la route de Namur à Bruxelles; mais, au lieu de se hâter d'arriver au milieu de ses ennemis, il s'arrêta à Charleroi, soit qu'il fût retardé par le mauvais temps, soit d'autres motifs. par

,,Le lendemaiu, nous nous mettons en mouvement sur trois colonnes; la colonne de gauche, forte de 55,000 hommes, prend la route de Charleroi à Bruxelles, et rencontre une partie de l'armée anglaise en marche pour se joindre aux Prussiens, aux Quatre-Bras, nœud de jonction des deux routes de Charleroi et de Namur à Bruxelles. On se bat de part et d'autre avec des succès variés: mais enfin nous obtenons le point capital, celui d'arrêter la marche des Anglais sur la route de Namur. Nos deux autres colonnes marchent, l'une sur la route de Fleurus, et l'autre à demi-lieue à droite. Cependant les Prussiens s'étaient rassemblés avec beaucoup de célérité; et lorsque nous arrivons à Fleurus, à onze heures du matin; nous trouvons leur armée en position, la gauche à Sombref sur la route de Namur à Bruxelles, la droite à St.Amand, ayant son front couvert par le ruisseau escarpé de Ligny; nous arrivons sur leur flanc droit. La raison nous conseillait d'attaquer cette ville: par là, nous évitions en partie les défilés du ruisseau; nous nous rapprochions de notre corps de gauche, qui se battait aux Quatre-Bras, de manière que les deux armées pussent se donner mutuellement du secours, et enfin nous rejettions les Prussiens loin des Anglais, en les forçant de se retirer sur Namur. Mais le général français agit différemment; il attaqua de front: et après plusieurs combats sanglants, il força enfin le défilé de Ligny avec sa réserve, et il déboucha sur le centre de l'armée prussienne, dont la retraite favorisée par la nuit, se fait naturellement vers les Anglais, du côté de Bruxelles, puisque nous les chassions dans le sens. Nous couchons sur le champ de bataille après cette victoire sanglante et peu décisive, qui nous coûta 15,000 hommes y compris nos ertes au combat des Quatre-Bras.

Le

marchons sur deux colonnes; la colonner

principale, après avoir rallié les troupes qui s'étaient battues la veille aux Quatre-Bras, suit la route de Bruxelles, et trouve à l'entrée de la nuit l'armée anglaise en position au village de Mont-St.-Jean. Notre colonne de droite, forte de 30,000 hommes, chargée de suivre les mouvements des Prussieus, incertaine de leur direction, s'arrête à Gembloux, non loin du champ de bataille de la veille.

,,Le 18 matin, nons reconnaissons l'armée anglaise dans la même position que la veille, rangée sur deux lignes, avec une réserve centrale; sa gauche un peu en arrière allant s'appuyer à la forêt de Soignes; son centre fortifié par le village de Mont-St-Jean, au nœud des routes de Charleroi et de Nivelles à Bruxelles, et sa droite couverte par un ravin. Non loin de Braine la Leud, le terrein s'étendait en glacis assez uniformes sur son front. Le général anglais, sur le champ de bataille étudié d'avance, avait profité de toutes ses hauteurs, pour y placer avantageusement son artillerie, et de tous les mouvements du terrain pour dérober son infanterie à nos coups. Son armée nous parut forte de 80,000 hommes, à en juger d'après l'étendue de son champ de bataille. Nous employons toute la matinée, jusqu'à midi, à développer notre armée et à nous préparer au combat. Nous avions 53,000 combattants, non compris notre colonne de droite de 30,000 hommes, qui, dès le matin, était partie de Gembloux pour suivre la marche des Prussiens sur la route de Wavre. Cette colonne, séparée du reste de l'armée par la rivière fangeuse de la Dyle, resta près de Wavre, à plus de trois lieues du champ de bataille, éloignement fatal au succès de la journée! Le combat s'engage à midi au Mont-St-Jean, et nous sommes privés de ce corps de 30,000 hommes, que le général français semble avoir oublié loin de lui, par un aveuglement ou une présomption sans exemple, et cette colonne reste stupidement sur la rive droite de la Dyle, au lieu d'accourir vers le bruit du canon, pour prendre part à la bataille; au lieu du moins de marcher vivement sur les traces des Prussiens, qui passent la Dyle à Wavre, et viennent renforcer l'armée anglaise. Si

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cette colonne latérale, suivant nos principes, se fût rapprochée à une lieue de la colonne principale, en passant la Dyle dès le matin, pour se placer entre la grande route et la rivière, on eût pu l'employer, suivant les circonstances, ou à contenir l'armée prussienne, ou à frapper un coup décisif sur la gauche des Anglais, et la victoire se décidait pour l'armée française, du moins les probabilités portent à le croire. Ce qui perdit le général français, ce fut d'être privé d'une partie de son armée, en la portant à trois lieues du point capital par une fausse marche. Quant à la bataille elle-même, la plus grande faute que lui reprochent les connaisseurs, c'est l'engagement prématuré de sa cavalerie, que j'ai déja eu lieu de faire remarquer.

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,,Mais, si nous voulions la faire charger dès le commencement de la bataille sur l'infanterie intacte et aguerrie, elle serait infailliblement' ramenée sur le reste de l'armée où elle communiquerait son désordre. Je sais qu'on pourrait opposer à ces raisonnements l'exemple récent de deux généraux illustres qui engagèrent leur cavalevie presque dès le début de la bataille de Waterloo. Voici comment la droite des Français, composée de quatre divisions d'infanterie, chacune formée en colonne serrée par division, s'armerait pour attaquer la gauche et le centre de la ligne anglaise. lorsque le général anglais lança sur les colonnes en marche une brigade de cavalerie de sa gauche: cette charge eut du suceès contre toute probabilité. Une de nos colonnes, effrayée au seul aspect de cette cavalerie, s'enfuit et se dispersa en abandonnant une batterie de 30 pièces d'artillarie qu'elle était chargée de soutenir; mais la çavalerie anglaise, en se retirant après sa charge, fut prise en flanc et à dos par les autres divisions d'infanterie et par quelques escadrons français; elle souffrit beaucoup. et ces deux régiments furent presque détruits,"

ja

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Cependant, comme son caractère inflexible ne savait

opos à l'empire des circonstances, il aima mieux

faire détruire assez inutilement sa cavalerie sous le feu des Anglais, que de la faire plier, Cette charge déplacée se fit sans doute à son insu: mais pourquoi se tenait-il hors de portée de bien voir? pourquoi ne surveillait-il pas son champ de bataille pour donner et faire exécuter ses ordres ? Tout général en chef u'est-il pas responsable des fautes qui se commettent sur un champ de bataille qui n'a qu'une demi-lieue d'étendue? et le sien n'était guères plus grand."

Quoi, les deux tiers de la France étaient contre Napoléon! Plusieurs armées royales manœuvrèrent dans l'intérieur? Comment donc, débarqué seul sur la côte de Provence, s'est-il rassis en 20 jours sur son trône? Comment donc la France entière l'a-t-elle proclamé pour la troisième fois depuis quinze ans son souverain, au champ de mai? Comment donc, 500,000 Français ont-ils à sa voix accouru sous ses enseignes? Comment donc tant de généraux de toutes les armées, tant d'officiers éclairés lui ontils prète serment, quand, peu de jours avant, ils avaient reçu la croix de St-Louis des mains de Louis XVIII? Comment donc son nom seul fait-il encore aujourd'hui trembler sur leurs trônes tous les rois du monde conjurés contre lui.......

Napoléon n'a jamais réuni 20,000 hommes de cavalerie pour les jeter entre l'armée prusso-saxonne et l'armée anglo-hollandaise, dans un pays coupé, couvert de mamelons; ce qu'il a fait, il l'avait projeté. Le 15 au soir, son armée ne resta pas à Charleroi; les corps du général Vandamme et du maréchal Grouchy bivaquèrent dans les bois à un quart de lieue de Fleurus. Le prince de la Moskowa, après

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